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Michel Lafon (II) (Traducteur)
EAN : 9782742768295
101 pages
Actes Sud (06/10/2010)
3.55/5   11 notes
Résumé :

La Princesse Printemps règne sur une île paradisiaque et minuscule, au large du Panama. Jeune, belle et célibataire, elle mène une existence austère dans un palais de marbre blanc avec vue sur la mer. Pour subvenir à ses modestes besoins, elle traduit avec constance des romans médiocres, publiés sous le manteau par des éditeurs pirates. Mais un jour, un nuage de mauvais augure apparaît à l'horizon : i... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« La princesse Printemps » de l'écrivain argentin César Aira, traduit par Michel Lafon (2003, André Dimanche, 101 p.) puis (2005, Christian Bourgois, 142 p.) est le livre qui inaugure la trilogie de Panama. Les deux romans qui suivent « Varamo » (2005, Christian Bourgois, 142 p.) et « le Magicien » (2006, Christian Bourgois,149 p.) tous deux traduits par Michel Lafon, complètent le trio. Ce qui change des livres qui ont trait à l'Argentine.
Alors que les deux derniers ouvrages se passent à Colón, Panama, « La Princesse Printemps » vit dans son palais de marbre blanc sur une île paradisiaque face aux côtes du Panama. Pour s'occuper et éventuellement subvenir à ses besoins, elle traduit des romans médiocres, que publient des éditeurs pirates. Jusqu'au jour où un vaisseau noir hérissé de canons vient menacer la solitude de la discrète princesse.
Cet ouvrage, qui est aussi un roman d'aventures et un manifeste poétique, signe les adieux de son auteur à la traduction, métier qu'il a pratiqué quotidiennement pendant plus de trente ans. L'ouvrage est de 2000 sous la belle couverture rouge des Editions André Dimanche.

Sur une île paradisiaque face aux côtes du Panama, dans un beau Palais de marbre blanc, vivait la Princesse Printemps. La princesse dont il est ici question vit une existence austère, dans un palais de marbre blanc avec vue sur la mer. « Elle était jeune, belle, célibataire ». Elle a pour seule compagnie ses gens, placés sous l'autorité d'une gouvernante Wanda Toscanini. Assise à sa table de travail dans son bureau du premier étage, la demoiselle traduit sans relâche des romans...
Wanda est venue avec la dépouille de son marin, le pianiste Horowitz, qu'elle a fait recabler et qui ne joue quasi que du Chopin. C'est la fille d'Arturo Toscanini, le chef d'orchestre.

Mais voilà, un jour arrive sur l'horizon un vaisseau noir, « hérissé de canons et de batteries antiaériennes, de radars et d'antennes ». C'est celui du Général Hiver et de son lieutenant (il passera commandant plus tard) l'Arbre de Noël. « Un monstre miniature, avec ses aiguilles en plastique et ses boules en verre de couleur ». L'ennemi intime, avec l « Armée Républicaine Omar Torrijos »(AROT) qui vient déloger « Ana Elvira Printemps, odieux emblème judéo-bourbonien du féodalisme décadent ». Seul, un français, vieux et décadent (« il n'était pas si vieux, il avait soixante ans) » résiste, plutôt par ignorance. C'est l'âge de César Aira qui corrige ainsi son texte. « Il s'appelait Henri Lissaurrie, mais il était, pour tout le monde « le vieux pédé. Un vieux français, qui s'était établi sur l'île comme naturaliste dans un passé lointain et qui, après avoir achevé le catalogue de la flore, de la faune et de la formation géologique, s'était mis à repousser indéfiniment son départ »

Et arrive, de l'autre côté de l'ile, un jeune naufragé, Picnic. Qui rêvait depuis longtemps de rencontrer la Princesse Printemps.
« Prenons par ce sentier. / Lequel ? / celui-ci : celui qui n'existe pas ». On dirait un passage d'« Alice au Pays des Merveilles », et on s'attend à voir surgir la Dame de Pique.
« L'évènement pouvait être un nouveau commencement (ou un commencement tout court, ou le nouveau tout court ».
« C'était un homme, un enfant, hâbleur et prétentieux, mais il était beaucoup d'autres choses encore, un roi, un lapin, un cabinet bleu dans un pré, un camion de pompier, la semelle d'un soulier, un parapluie, une tubéreuse, une vache, un tuyau, un poème ».

Ou bien César Aira s'invente des doubles, sous les masques successifs d'un écrivain vulgaire qui plastronne sur son yacht, d'un savant fou qui cherche à dominer le monde, d'un docteur aux guérisons miracles, d'une petite fille qui est en fait un garçon,
La Princesse mène une existence austère dans un palais de marbre blanc avec vue sur la mer. Pour subvenir à ses modestes besoins, elle traduit avec constance des romans médiocres, publiés sous le manteau par des éditeurs pirates. Mais un jour, un nuage de mauvais augure apparaît à l'horizon : il annonce un vaisseau noir hérissé de canons venu menacer la quiète solitude de la discrète altesse.
Un conte de fées pratiquement surréaliste, à la fois roman d'aventures et manifeste poétique, est un hommage exubérant aux pouvoirs subversifs et monstrueux de l'imaginaire.
Dans son essai « La nouvelle écriture », César Aira a dit que « les grands artistes du XXe siècle ne sont pas ceux qui ont fait des oeuvres, mais ceux qui ont inventé des procédés pour que les oeuvres se fassent par eux-mêmes... »
Dans ce court roman, qui sera ensuite une forme de standard des suivants, une centaine de pages, César Aira suit approximativement un même plan. Une courte introduction plus ou moins longue. A sa suite, un changement souvent à quatre-vingt-dix degrés du scénario.
Cycle du Panama, dans lequel l'histoire, l'île et la Princesse elle-même n'ont aucune importance. Cela pourrait être et avoir eu lieu dans n'importe quelle autre Ile. Mais était-ce le but de décrire le Panama. A cet effet, je préfère beaucoup plus les romans de Georges Siménon, du moins les romans du début, les « Romans Durs » (2012, Omnibus, 1902 p.) tels « Quartier Nègre » (1935), dans lequel Dupuche, un blanc récemment marié, échoue à Panama, car sa société a fait faillite. Il est obligé de se loger dans le quartier nègre. Evidement, le style est tout différente et la psychologie est reine chez le père de Maigret. Et puis c'est le climat des années trente, avec la distinction notoire entre le fonctionnaire blanc et les populations locales, invariablement considérées comme « nègre ». L'alcool bon marché aidant, la société blanche, exploitante est en partie dégénérée. Chez César Aira, trois quarts de siècle plus tard, l'atmosphère a complètement changé. Heureusement. A vrai dire dans « La Princesse Printemps », on est même passé quasiment de l'autre côté du miroir.
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Envie d'une bonne bouffée délirante malgré (ou à cause) du temps maussade ? Si vous n'avez peur de rien (et pas de rire), La Princesse Printemps saura à coup sûr vous charmer avec son innocence délicieuse.

Acheté il y a des mois sur un coup de tête dans une librairie, ce court roman a été exhumé, grâce à son format, pour une lecture à vois haute dans le cadre d'un long trajet en voiture (à l'instar d'un Marai ou du premier Otsuka).

"Sur une île paradisiaque face aux côtes du Panama, dans un beau Palais de marbre blanc, vivait la Princesse Printemps."

Ça commence comme un conte de fées. La rêveuse Princesse Printemps vit avec ses sujets pêcheurs sur son île centre-américaine plutôt perdue. Jeune, belle, quoique pas très courageuse comme les évènements le révèleront - elle vit dans un palais de Belle au Bois dormant. Elle est bien sûr dotée d'une gouvernante repoussante - Wanda Toscanini, veuve d'un célèbre pianiste - qui fait tourner la baraque, car, côté sens pratique, la Princesse Printemps, c'est pas vraiment ça. Elle mène a vie tranquille d'une traductrice de sous-littérature (de belles pages d'ailleurs de défense de ce genre) pirate dont vivent les éditeurs panaméens.

"Dans cette île aussi ? Décidément, ça fait beaucoup de ... d'êtres ... dans ce minuscule recoin de l'univers. Une vraie boîte à surprises. Quand je pense qu'en me réveillant sur la plage, je croyais être sur une île déserte".

Mais ce bel équilibre est bouleversé par l'attaque odieuse du Général Hiver, son ennemi de toujours, qui aborde l'île avec des moyens plus importants que ceux de l'armée américaine en Irak, à des fins d'intimidation, et d'anéantissement. Lui-même est épaulé par l'affreux Arbre de Noël,un infâme second couteau qui haït la Princesse plus que tout. C'est sans compter l'aide de Picnic, un jeune premier procrastinate échoué par un hasard heureux au moment propice sur l'île de la Princesse Printemps. Seront-ils toutefois assez pour lutter contre le pouvoir de séduction ordurier des Glaces Parlantes ? Pourront-ils s'appuyer sur les talents d'un Horowitz mystérieusement ressuscité ? Quel rôle joueront le naturaliste français égaré ou les hippies perdus du centre de l'île dans cet affrontemet ontologique ?

Vous le découvrirez en vous plongeant sans a priori dans le féérique - satirique - cynique et surréaliste roman d'Aira.Une friandise hivernale d'une rare qualité, une lecture follement jubilatoire, mortellement drôle et hautement recommandable, dans la foulée de laquelle j'ai aussitôt acquis un autre roman d'Aira, au titre évocateur, La guerre des gymnases, une sorte de guerre des gangs dans le monde du sport en salle portègne.
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Ce week-end, je suis partie en voyage avec César Aira sur une toute petite île imaginaire au large du Panama. La princesse Printemps est un conte qui fait ressortir l'enfant qui est en nous et nous entraîne dans une folle aventure.

Je suis malgré tout quelque peu déçue par la tournure que prend l'histoire. Si j'ai adoré le début avec les descriptions (le style de l'auteur vaut vraiment le détour), j'ai été moins emballée par la suite qui prend une drôle de tournure. C'est cynique et loufoque a souhait et ça m'a quelque peu dérangé.

Je suis quand même très contente de cette rencontre avec l'auteur et il me tarde de découvrir d'autres de ses romans.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Le seul résident étranger du village était un vieux français, qui s’était établi sur l'île comme naturaliste dans un passé lointain et qui, après avoir achevé le catalogue de la flore, de la faune et de la formation géologique, s’était mis à repousser indéfiniment son départ. Nouvelle victime de la mollesse tropicale, enchainé par les délices de la sieste et de la prévarication il n'attendait plus que la décadence (qui l'avait deja frappé) et l'extinction. En réalité, il n’était pas si vieux (il n'avait pas soixante ans), mais il s’était fané prématurément, comme il arrive aux Européens sous les climats chauds, et sa vie sans objet l'avait dépouillé du peu d’intelligence de ses débuts. Faute de pratique, il lui semblait qu'il avait oublié sa langue maternelle ; et il ne parvint jamais à apprendre vraiment l'espagnol, au milieu de ces pécheurs taciturnes qu'il ne fréquentait guère. Ses voisins l'observaient avec ironie, non sans motif. Il était efféminé, hypocondriaque, pusillanime : il s'enfermait dès qu'il tombait deux gouttes, gémissait au moindre grondement du tonnerre, ne s’approchait jamais du rivage et se protégeait du soleil avec une ombrelle ridicule, qu'il avait lui-même fabriquée. A la fois pour justifier son inutilité et parce que personne ne peut vivre sans l'illusion d'une histoire, il s’était inventé, tout au fond de son cœur, un amour secret pour la Princesse Printemps, qu'il n'avait jamais aperçue que de loin. Quand à elle, elle n'était informée de son existence que par les conversations de ses gens. Il s'appelait Henri Lissaurrie, mais il était, pour tout le monde "le vieux pédé".
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Ils passèrent quelques jours dans cette impasse. La Princesse cloîtrée, pleurnichant et se plaignant de la manière la plus inefficace du monde ; Wanda et le Français se réunissant tous les après-midi pour rédiger des rapports fantaisistes ; Arbre de Noël se réjouissant de ces rapports, qui convenaient parfaitement à ses intentions dilatatoires et qu'il faxait tels quels au général Hiver, qui ne savait qu'en faire et se rongeait les sangs sur son navire.
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De sa lointaine origine volcanique, l'île gardait comme seule trace visible une accumulation de hauteurs et de failles, qui étaient totalement recouvertes, à ce moment-là du processus, par des forets plusieurs fois centenaires. Elle jaillissait de la mer bleue comme un royaume d’Éden, qui paraissait immense à première vue, mais qui en réalité était tout petit, paisible dans sa sieste perpétuelle, enveloppé de brises, arrosé de pluies vespérales, avec les rondes ponctuelles du Soleil et de la Lune, des oiseaux le jour et des étoiles la nuit.
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- Mais bien sûr Altesse. Nous allons tomber sur eux tout de suite. Il est même miraculeux qu'ils n'aient pas déjà croisé notre chemin. C'est une simple question de densité démographique. Mais assez papoté. Allons-y ! Allons-y ! Prenons par ce sentier !
- Lequel ?
- Celui-ci : celui qui n'existe pas.
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Dans cette île aussi ? Décidément, ça fait beaucoup de ... d'êtres ... dans ce minuscule recoin de l'univers. Une vraie boîte à surprises. Quand je pense qu'en me réveillant sur la plage, je croyais être sur une île déserte.
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