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Michel Lafon (II) (Traducteur)
EAN : 9782742772568
150 pages
Actes Sud (06/02/2008)
3.19/5   21 notes
Résumé :

Quand le jeune et beau Ferdie, acteur-vedette d'une série télévisée pour adolescents, va s'inscrire dans un gymnase du quartier de Flores, à Buenos Aires, il espère obtenir un corps qui provoquera " la peur chez les hommes et le désir chez les femmes ". Ce qu'il ignore, c'est que le gymnase Chin Fu, qu'il fréquente assidûment, est engagé dans une guerre sans merci contre le gymnase Hokkama, et que les ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« La guerre des gymnases » est un roman de César Aira traduit par Michel Lafon (2000, André Dimanche Editeur, 116 p.) qui se déroule à Buenos Aires, dans le quartier de Florès, bien entendu. Mais c'est aussi le deuxième tome de la « Tétralogie du Lièvre » après « La liebre » (1991, Emece Editores, 254 p.), « Embalse » (1992, Emece Editores, 222 p.), « La guerra de los gimnasios » (1993, Emece Editores, 168 p.) et « Los misterios de Rosario » (1994, Emece Editores, 224 p.). Il est dommage que ce soit le seul traduit en français actuellement.
Tout commence « au beau milieu de la guerre des gymnases de Florès ». Diantre, l'Argentine, et Buenos Aires en particulier, était en guerre, et le monde entier ne le savait pas. Chin Fu d'un côté, et Hokkama de l'autre. Comme souvent chez Aira, il faut attendre 17 pages avant de connaître le nom de l'opposant. Entre temps, on aura droit aux doutes de Ferdie Calvino quant à son inscription, et les motifs qui l'ont poussé à choisir le Chin Fu. Cela laisse le temps de parler des vitres brisées et des ninjas bondissants de nulle part. Ambiance….
Il faut dire que Ferdie Calvino est le célèbre présentateur d'une émission pour enfants à la télévision. S'il s'est inscrit dans ce gymnase de Flores, ce n'est pas parce que le propriétaire est un géant. Mais l'acteur veut se sculpter un corps à même de provoquer « la peur chez les hommes et le désir chez les femmes ». Vaste programme, à soulever des tonnes de fonte. Il faut dire que Ferdie est, pour l'instant, une montane de muscles. « C'est un garçon d'une vingtaine d'années, un blond à l'aspect ordinaire, ni grand ni petit, ni gros maigre, ni beau ni laid ».
Ce qu'il ignore, du moins pour l'instant, c'est que les deux gymnases sont engagés dans une guerre sans merci et que les spectaculaires épisodes de ce conflit hors norme vont remettre en cause l'idée qu'il se faisait du sport, des femmes, de la virilité et de l'identité sexuelle. « A peine entré, il se trouva nez à nez avec une fille nue qui se dirigeait vers la douche Il resta pétrifié. En un éclair, mille idées bizarres traversèrent son esprit. Dans cet instant fugitif, il aurait pu écrire un roman. Il balbutia quelque chose, et la fille, s'enveloppant dans une serviette de bain blanche, lui demanda sur un ton désagréable s'il n'avait pas vu l'écriteau. Elle ajouta entre ses dents : « Imbécile ! ». Il se précipita comme un automate vers l'autre vestiaire, dont il ouvrit la porte avec une frayeur insolite, vu qu'il est plus facile de s'enlever un vêtement qu'une idée ». Tout commence donc assez mal pour le bellâtre, mais la partie n'est pas finie et le roman initiatique tourne un peu à vide. D'autant que « Ferdie savait plus ou moins ce qu'il faut savoir sur le sexe, mais il n'avait encore aucune expérience. Il savait que les femmes sont très difficiles à satisfaire sexuellement, que seuls y arrivent des hommes spécialement doués, à force d'acrobaties fantastiques ». Il y a donc du boulot en perspective avant d'en arriver aux tablettes de chocolat qui font tomber les autres de pamoison.
Connaissant les idées de César Aira, on peut s'attendre à tout. de la guerre et ses motifs progressivement remplacés par le devenir de son pucelage, jusqu'au sort de l'Argentine tout entière, si l'on se souvient de l'épisode du « lièvre légibrérien » et de son inquiétante prédiction. Pour ajouter au suspense, la mère de Ferdie est atteinte de « léporose ». « La lèvre se fendait, la peau se couvrait d'un duvet laineux, et les oreilles poussaient en pointe ».
Mais il y a bien la guerre entre les salles de sport. « Les trois jeunes gens virent le fakir se faire attaquer par une demi-douzaine de gymnastes armés de massues en forme d'hippocampe, qu'ils tenaient par le bout. […] le fakir tenait une arbalète chargée et tournait sur place en les menaçant d'un air égaré […] d'autant plus que la flèche avait une pointe en fer portée au rouge ».
Dans cet univers essentiellement urbain, la guerre prend une autre tournure. Finie celle « du Bien et de Mal, des Pauvres et des Riches ». Finie celle avec les indiens comme du temps du « Martin Fierro ». La société a évolué, les indiens sont assimilés et anéantis. Reste la guerre entre blancs, guerre culturelle comme dans toute société libérale. « L'art, poursuivit-elle, est depuis toujours la méthode “naturelle” pour augmenter les capacités de perception ». Cette compétition passe tout d'abord par la maitrise du corps, avec éventuellement une transformation. « Entre les sexes, il n'y a pas de guerre, mais une transformation. Un sexe se transforme en l'autre sexe ». « le Mal guette. La réalité peut devenir réelle d'un instant à l'autre, ce qui signifierait la fin de l'univers. »
La chute, si l'on peut dire, se termine par une vraie chute dans laquelle Ferdie « était tombé sur le cygne, avec lequel il se retrouva emmêlé en un noeud asphyxiant de bras, d'ailes et de jambes qui l'entraîna au fond de la piscine »
« Spectacle charmant du jeune premier montant un cygne qui sillonnait majestueusement les airs ». Pendant que la foule massée scande « Quand tu avances et tu recules. Comment veux tu, comment veux tu… »
Pendant ce temps, « le cerveau s'était mis à diffuser une lumière bleue ; d'un rose vénéneux » « elle avait pris la forme que l'on commençait à reconnaître vaguement…Des pattes, un visage ensommeillé aux lèvres fendues, des oreilles. C'était de toute évidence un lièvre ». Cette apparition suggérait irrésistiblement l'apparition du Lièvre légibrérien, mythe « dont la naissance doit coïncider avec la fin de l'Argentine ».
Donc, à propos de la genèse du « Lièvre » César Aira raconte dans un interview « le thème m'a été donné par Rodolfo Fogwill, non pas en personne mais dans un rêve. […]. J'ai rêvé que nous marchions dans la rue avec nos enfants et Fogwill me disait : « Maintenant, une chose catastrophique arrive, c'est la fin de tout. Ils sont sur le point de réaliser, par manipulation génétique, un spécimen du lièvre légibrérien ». Selon Fogwill, dans le rêve, il s'agissait d'un petit lièvre dont le territoire écologique se composait de la Patagonie, des îles Falkland et de la Sibérie. Ces trois domaines géologiques n'étaient pas encore réunis ; mais en réalisant le lièvre légibrérien par génie génétique, ils allaient être réunis ; par conséquent, l'Argentine allait être annexée à l'Union Soviétique. de ce rêve, j'ai écrit deux romans. Dans « le Lièvre » proprement dit, j'ai fait une généalogie de l'animal ».
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César Aira est né à Coronel Pringles (rien à voir avec les chips), dans la Province de Buenos Aires, le 23 Février 1949. Il réside à Buenos Aires depuis 1967, dans le quartier de Flores. C'est d'ailleurs dans ce quartier que se situe l'action même de mon premier César Aira, considéré, depuis la disparition de Roberto Bolaño, comme un écrivain majeur de l'Amérique du Sud. (Note personnelle : il me faut un livre de Roberto Bolaño !)

En fait du quartier de Flores, je ne vais pas y voir grand-chose à l'exception d'une salle de gym, le Chin Fu. Ferdie Calvano est le jeune et bel acteur indispensable d'une série télévisée pour adolescentes. Presque une vedette qui le deviendra certainement encore plus après son inscription au Chin Fu et quelques de séances de vélos et de musculations. Sa motivation principale : avoir un corps qui provoquera « la peur chez les hommes et le désir chez les femmes ». Drôle de phrase lancée en l'air, qui aussitôt sortie de sa bouche ne semble plus lui appartenir. (Note personnelle : après plusieurs années de pratique d'une salle de gym, le corps du bison ne provoque ni crainte chez les hommes, ma foi cela m'est presque égal, ni envie sexuelle chez les femmes, à mon grand regret et désarroi). Mais la première séance de Ferdie va être riche en émotion et en rebondissements fracassantes. Vitres brisées et ninjas bondissants de nulle part : Ferdie vient d'être témoin d'un épisode de « la guerre des gymnases ». Une guerre sans merci contre un autre gymnase du coin : le Hokkama. Tous les coups sont permis y compris les actes diffamatoires venant à souiller la vie privée de notre acteur-vedette principal.

Mais si le récit au début est bien ancré dans la réalité de Buenos Aires, petit à petit, César Aira dérive et divague vers une imagination des plus fertiles. Chin Fu devient un géant qui rapetisse une fois par millénaire, une légende enfantine qui semble bien réelle, le cerveau de Ferdie, masse rose volée par les soi-disant ninjas du Hokkama Club qui émet un rayonnement bleue… Dit de cette façon, cela peut ressembler à du « un peu n'importe quoi ». Au final, il me reste donc une impression plutôt déroutante de mon premier César Aira ; mais je pense que si son imagination s'emballe parfois, et compte tenu de tout le bien que les gens semble lui accorder (et qu'à priori, je serai prêt à croire), je ne devrais pas en rester là…
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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Le roman est court. Et c'est tant mieux car on nage en plein surréalisme et abracadabantesqueries. Un roman de junkie comme Jack Kérouac ou William Burroughs est beaucoup plus compréhensible. Mais peut-être n'y a t-il rien à comprendre donc à lire. (simple opinion)
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Ils contemplèrent le désastre en silence. La salle semblait très grande. Les appareils, en effet, avaient dû tous sauter en même temps ; ils n'étaient pas seulement renversés ; ils avaient été projetés au loin et étaient retombés n'importe où, pattes en l'air, certains même les uns sur les autres. Il y aurait du travail pour les remettre en place.
- Ce qui est vraiment inexplicable, continua Julio, c'est la façon dont ils l'ont fait. Il est facile d'expliquer ce qui s'est passé, mais il est difficile d'expliquer comment ça s'est passé. C'est toujours pareil.
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De toute façon, ces accidents entraient dans le cours naturel des choses. Même pour lui, ou surtout pour lui, en dépit des idées si bizarres qu'il s'était faites la première fois, ils finissaient par sembler naturels, presque nécessaires. Dans son innocence et son ignorance, il considérait que si un homme et une femme se voyaient nus, c'était forcément le résultat d'un accident, d'une distraction. Et si cet homme et cette femme étaient réels, en chair et en os, il lui semblait que la vision devait être instantanée, juste la fraction de seconde où l'accident était un pur événement - quitte à rester ensuite fixée comme une photo dans la mémoire.
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A peine entré, il se trouva nez à nez avec une fille nue qui se dirigeait vers la douche Il resta pétrifié . En un éclair, mille idées bizarres traversèrent son esprit. Dans cet instant fugitif, il aurait pu écrire un roman. Il balbutia quelque chose, et la fille, s'enveloppant dans une serviette de bain blanche, lui demanda sur un ton désagréable s'il n'avait pas vu l'écriteau. Elle ajouta entre ses dents : "Imbécile !" Il se précipita comme un automate vers l'autre vestiaire, dont il ouvrit la porte avec une frayeur insolite, vu qu'il est plus facile de s'enlever un vêtement qu'une idée.
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Ferdie savait plus ou moins ce qu'il faut savoir sur le sexe, mais il n'avait encore aucune expérience. Il savait que les femmes sont très difficiles à satisfaire sexuellement, que seuls y arrivent des hommes spécialement doués, à force d'acrobaties fantastiques.
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A peine entré, il se trouva nez à nez avec une fille nue qui se dirigeait vers la douche Il resta pétrifié. En un éclair, mille idées bizarres traversèrent son esprit. Dans cet instant fugitif, il aurait pu écrire un roman. Il balbutia quelque chose, et la fille, s'enveloppant dans une serviette de bain blanche, lui demanda sur un ton désagréable s'il n'avait pas vu l'écriteau. Elle ajouta entre ses dents : « Imbécile ! ». Il se précipita comme un automate vers l'autre vestiaire, dont il ouvrit la porte avec une frayeur insolite, vu qu'il est plus facile de s'enlever un vêtement qu'une idée
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