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EAN : 9782253932826
413 pages
Le Livre de Poche (21/11/2001)
3.73/5   39 notes
Résumé :
La Boutique aux miracles Pedro Archango, fils de Bahia, est un homme plein d'esprit et de charme, un amoureux des femmes (qui lui rendent bien son amour), un faiseur de miracles aussi redouté que le Diable. C'est aussi un écrivain, auteur d'un livre sur les aristocrates de Bahia, qui fit grand scandale, démontrant qu'il n'y a pas de sang pur et que le propre de la civilisation brésilienne, c'est le mélange des races et des croyances. Malgré son auréole de gloire pop... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Un grand moment de bonheur que cette Boutique aux Miracles dont les intitulés de chapitres suivants reflètent assez bien la tonalité générale :
"Où l'on traite de gens illustres et distingués, d'intellectuels de grande classe, dont quelques-uns savent ce qu'ils disent"
et "Où il question de défilés de carnaval, de batailles de rues et autres merveilles, avec des mulâtresses, des négresses et une Suédoise (qui en vérité était finlandaise)".
Ajoutons à cela d'inénarrables cuites à la cachaça (alcool de canne), des séances de macumba ou de candomblé (cérémonies mystico-religieuses), aussi des spécialités culinaires de Bahia et mille autres petites choses qui font que le Brésil n'est pas l'Espagne, la Suisse ou le Liechtenstein. de sorte que la lecture d'Amado permet de voyager loin et à moindre coût, d'élargir ses horizons sans bouger de chez soi, de voir le monde à travers d'autres yeux depuis un autre lieu, d'appréhender analogies et différences sans éprouver pour elles aucune espèce d'hostilité, tout le contraire de la xénophobie contre laquelle s'éleva un jour le personnage central de ce roman : le mulâtre Pedro Archanjo.
Cette Boutique aux Miracles est donc un roman bariolé où, à travers une écriture ludique et acrobatique , Amado s'amuse à enchevêtrer les tribulations d'Archanjo à ses aventures post-mortem ; on suit les unes avec intérêt, les autres avec plaisir, amusement et parfois même émotion.
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Tenda de los Milagres
Traduction : Alice Raillard
A sa manière baroque et lyrique de conteur-né, Amado nous y retrace l'histoire de Pedro Archanjo, humble appariteur à la Faculté de Médecine de Bahia, poète passionné par ce melting-pot unique au monde que fut son pays, fervent défenseur des pauvres et des opprimés, haute figure du candomblé et mulâtre.
Pedro Archanjo naît en 1868 et sa vie ne sera qu'une succession de combats. Combats contre lui-même tout d'abord pour s'instruire et apprendre - apprendre encore et toujours plus - et puis pour ne pas enlever à son « frère » Lidio Corro la femme qu'aime celui-ci. Avec l'âge viennent les combats publics : contre les lois qui visent à interdire la tenue des candomblés, ces cérémonies où les cultes animistes africains s'unissent aux pompes et aux ors du catholicisme, contre la misère qui n'arrête pas de rôder comme une hyène parmi le peuple brésilien, contre la volonté d'apartheid qui commence à se répandre dans le pays à l'aube de la Seconde guerre mondiale …
Quand Archanjo decède d'une crise cardiaque en 1943 et comme nul n'est prophète en son pays, les quatre ouvrages qu'il a écrits sont retombés dans l'oubli. Mais, en 1968, voilà que débarque à Bahia un Prix Nobel made in USA, James D. Levenson, lequel lance sans le savoir le pavé dans la mare en affirmant publiquement que les écrits qui ont eu le plus d'influence sur les siens ne sont autres que ceux de l'ancien appariteur brésilien.
Chez les journalistes et les notables bahianais, la stupeur est totale. Mais ils ne veulent ni ne peuvent révéler à l'Américain qu'ils ignorent tout – ou presque – de Pedro Archanjo et de son oeuvre. Et la course commence : hommes de presse, hommes de sciences, hommes de lettres, snobs tous azimuts, tout le monde se rue sur la mémoire de Pedro Archanjo.
Tant bien que mal, tout ce beau monde se décide à rendre un hommage mérité et mémorable à celui qui, s'il avait vécu, aurait alors fêté son siècle d'existence. Mais, pour ce faire, il faut bien entendu obtenir un maximum de renseignements sur cette gloire inconnue – et surtout trier ceux que l'on pourra utiliser …
Ça pourrait être horriblement triste mais Amado adoucit le ton par son humour – bien que celui-ci soit souvent féroce. Les chapitres font alterner les deux intrigues : le grand branle-bas de 1968, cette course-poursuite au Pedro Archanjo politiquement correct et la relation de la vie de Pedro Archanjo, tel qu'il fut – c'est à dire tout le contraire du « politiquement correct. » Les personnages sont brossés à grands traits colorés : ils éclatent littéralement de couleurs et de saveurs – au reste, Pedro Archanjo et son auteur n'ont-ils pas tous deux rédigés des livres de recettes de cuisine ? Jelisavecplaisir Et ce qu'ils font, ce qu'ils pensent, ce qu'ils ressentent, tout cela sonne vrai – en tout cas, c'est ainsi pour moi mais ce ne sera peut-être pas votre avis.
Peut-être parce que, comme dans la vie réelle, la douleur et le chagrin tiennent également leur rôle dans l'histoire de Pedro Archanjo : son amour pour Rosa da Oshala tout d'abord et puis – et c'est peut-être le plus triste – l'abandon dans lequel son fils Tadeú le laissera peu à peu glisser après que lui-même se sera élevé socialement par ses études (supportées par Archanjo et ses amis) et par son mariage avec la fille – blanche – du colonel Gomes.
Mais cela aussi, Pedro Archanjo, le philosophe, l'accepte. C'est pour que tous les Tadeú du Brésil aient leur chance que lui-même s'est battu si longtemps – et il le sait. le jeu en valait bien la chandelle, non ? ...
En conclusion, j'ajouterai qu'il est rare de voir un héros de roman revendiquer de façon aussi égale et aussi puissante sa part européenne et sa part africaine - et se montrer aussi fier de l'une comme de l'autre. Par les temps qui courent, que voulez-vous, ça me fait plaisir - d'autant qu'Amado le fait avec la simplicité du vrai poète.
Un auteur à découvrir, donc, si vous ne le connaissez pas encore. ;o)
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Publié en 1969, ce roman appartient à la dernière période de l'auteur, celle où il a abandonné l'expression explicite d'un message politique. Il s'agit de nous raconter de la vie de Pedro Archango, pauvre métis appariteur à la faculté de médecine, mais aussi écrivain, dont l'oeuvre est complètement ignorée par ses compatriotes, jusqu'au moment où un célèbre professeur américain le remet à l'honneur. Devenu tout d'un coup une gloire nationale, il s'agit maintenant de savoir qui est cet homme mort depuis pas si longtemps. Nous suivons donc à la fois la véritable vie de Archango et la biographie officielle en train de se constituer et qui n'a pas grand-chose à voir avec la véritable existence du nouveau héros national. Il faut dire qu'il n'était guerre présentable, buveur, coureur de jupons, et en plus avec des idées sur les mélanges de races, qui ne sont pas vraiment au goût des respectables professeurs. Et il faut dire que de son vivant, aucune reconnaissance de son travail littéraire ne lui est venue dans son pays, qu'il a du vivre dans la misère, et qu'il habitait au moment de sa mort dans un bordel. Décidément il faut l'arrange au mieux pour la rendre plus présentable cette vie.

On est en terrain connu, la vie haute en couleurs, des petites gens, dont les qualités de coeur et l'humanité s'opposent à l'égoïsme et à la sécheresse de ceux qui ont réussi, qui disposent du pouvoir de décider. C'est vif et enlevé, on s'attache aux personnages, il y a des passages très drôles. En même temps, il y a un arrière fond d'amertume, Jorge Amado ne se faisait aucune illusion sur l'évolution de la société, ni sur la nature humaine. Un agréable moment de lecture, même s'il n'y a pas de véritable surprise dans ce roman, un petit quelque chose au goût d'inédit, qui en ferait un moment exceptionnel.
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Pedro Archango fut une figure originale du bon peuple bahianais. Métis, autodidacte et érudit, l'homme vécu une existence pleine et riche. Séducteur impénitent, père d'une innombrable lignée d'enfants naturels, Archango s'érigea en chantre de la mixité raciale et en promoteur des coutumes populaires et métissées. Cela lui valut les foudres de la bien-pensance bahianaise, des sachants et de toute une frange réactionnaire de la population. L'homme mourut littéralement dans le ruisseau et sombra dans l'anonymat et l'indifférence. Lorsque plusieurs décennies après sa mort, un universitaire américain, récemment auréolé du prix Nobel, se fait le champion du mulâtre ami des petites gens et apologue de la miscégénation, c'est la panique dans le microcosme influent de Bahia : se met alors en place une vaste et impudente entreprise de récupération du génie méprisé en son temps par l'intelligentsia de la ville brésilienne.

La boutique aux miracles est une ode au métissage, à la tolérance, à la liberté. Cette oeuvre profondément humaniste, haute en couleur, ironique et drôle, à la prose savoureuse, fait partie des grands romans du plus digne représentant de la littérature brésilienne.
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Un livre qui nous fait découvrir les atmosphères de Bahia au travers d'un de ses fils, Pedro Archango, appariteur de la faculté de médecine et anthropologue amateur de la vie de Bahia.
Le début du roman est passionnant sur la manière de faire revivre ou plutôt vivre un érudit oublié, un troublion soudainement érigé au rang d'icône national. La mise en route de la machine médiatique entre universitaire, journaliste, éditeur et homme politique est magnifique.
Le récit suit alors une deuxième temporalité en sondant la vie de Pedro Archango, ses amis, ses déboires et évidemment ses femmes. Personnage charismatique, il magnétise son entourage et fascine ceux qui l'approchent.

Le roman est riche de mots, d'expressions propres à la culture et à l'histoire de Bahia. le plaisir est à rechercher alors dans cette découverte d'une culture inconnue à l'image de ceux qui se passionnent soudainement pour cet érudit oublié. Mais l'accumulation de ces multiples références linguistiques rend la lecture parfois laborieuse mais c'est sans doute le prix à payer pour se plonger dans cet environnement ethnographique spécifique .
Mais cette boutique aux miracles, c'est surtout une critique du racisme, des vilipendeurs du métissage et du métipassage aussi d'ailleurs. Amado s'attèle à détruire les clichés et la condescendance des élites intellectuelles, économiques et politiques du pays.

Un roman agréable mais un peu trop long à mon goût.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Les gazettes protestaient contre « la façon dont s’est africanisée, parmi nous, la fête du carnaval, cette grande fête de civilisation ». Durant les premières années du nouveau siècle, la campagne de presse contre les afoshés grandit, violente et systématique, à chaque succès des « cortèges des Africains » et à chaque échec des Grandes Sociétés carnavalesques – avec la Grèce antique, avec Louis XV, avec Catherine de Médicis –, favoris des messieurs bien, des docteurs, des riches. « Les autorités devraient interdir ces tambourinades et ces candomblés qui envahissent actuellement nos rues, qui produisent cette cacophonie innommable comme si l’on était à la Quinta das Beatas ou à Engenho Velho, de même que cette mascarade enjuponnée et enturbannée qui entonne l’abominable samba, car tout cela est incompatible avec notre état de civilisation »
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Un coup de pinceau par-ci, un autre par-là, pour accentuer le vert de la forêt, le noir ciel nocturne, la pâleur des enfants ; la scène est pathétique et le maître parvient à la fin de son travail. Peut-être devrait-il ajouter un éclair ou deux, fendant les ténèbres, pour donner plus de force au drame.
Quand il prit le pinceau pour retoucher et terminer le miracle, Lídio Corró, quadragénaire petit et trapu, mulâtre vif et jovial, le fit à contrecœur. La veille, il avait bu plus que de raison ; Budião et lui avaient passé la mesure chez Sabina, au batuque. À partir d’un certain moment, Lídio ne se rappelle rien : comment s’est terminée la fête et comment il a regagné la Boutique, qui l’y a amené – quand il s’est réveillé, presque à deux heures de l’après-midi, il s’est retrouvé tout habillé, avec ses chaussures, sur la banquette où il dort et trousse les filles, dans une alcôve au fond de l’atelier.
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Ce fut alors le tour de Pedro Archanjo d'ignorer la main osseuse, se bornant à un signe de tête identique au salut dont l'avait gratifié le professeur Nilo Argolo de Araùjo au début de la conversation, peut-être un peu, un brin plus petit.
- Canaille ! grommela, livide, le professeur.
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Pourquoi compter le temps, ça n’avance à rien. Elle aussi, Rosália, était jeune et jolie, plus une jeune fille mais une femme faite et appétissante, dans la force de l’âge ; Archanjo frôlait la cinquantaine. Un amour sans mesure, une passion folle, désespérée.
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Le journal a grand besoin d’une bonne campagne. Depuis qu’on ne peut plus attaquer le gouvernement, la vente baisse.
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Vidéo de Jorge Amado
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