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EAN : 978B01MG5H131
Broché (30/11/-1)
4.27/5   15 notes
Résumé :
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine

Ces vers du "Pont Mirabeau", comme ceux de "La Chanson du mal-aimé" ou de "Zone", tous issus du recueil Alcools ont fait la fortune littéraire d'Apollinaire, et un grand classique de la poésie. Toutefois, ce classicisme ne doit pas faire oublier qu'en son temps ce recueil constitua une véritable révolution poétiqu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
N° 1444 - Mars 2020.

AlcoolsApollinairePoésie Gallimard.

Lorsque en 1913, ce recueil est édité, Apollinaire (1880-1918) a déjà publié des romans, des contes, des critiques d'art sur la peinture, « Calligrammes » paraîtra en 1918 et les « poèmes à Lou » longtemps après sa mort. Il est composé de textes écrits auparavant et publiés dans des revues d'où il ressort différents thèmes d' inspirations. On ne retient généralement d' « Alcools » que « Le Pont Mirabeau » ou « La chanson du Mal-Aimé »(Cette édition comporte également « Le bestiaire » et »Vitam impendere amori »). le titre, « alcools » (au pluriel) évoque le vin, l'eau de vie qui soûlent, (Vendemiaire- Zone), l'amour qui grise, mais aussi Baudelaire qui dans un de ces textes invite son lecteur à s'enivrer « de vin, de poésie ou de vertu, à votre guise » . Ce recueil est composé de nombreux poèmes où se mêlent le passé et le présent. C'est une poésie expérimentale où, à l'exemple de Blaise Cendras, il supprime toute ponctuation. On sent une inspiration classique, narrative tragique et même lyrique dans les références qu'il fait dans ses poèmes, mais l'architecture des textes va des vers libres au respect de la prosodie, de la métrique et de la rime mais aussi son écriture s'épanouit dans la plus grande liberté de création.
Cette énième relecture laisse apercevoir un homme qui est sensible à la beauté des femmes, qu'elles soient passantes (Annie- 1909), amantes (Le pont Mirabeau - Marie) ou prostituée (Marizibill), un homme qui cherche désespérément le grand amour à travers toutes celles qu'il rencontre, sans peut-être jamais le trouver(L'Adieu), et cette recherche révèle un être tourmenté quand il est éconduit par une femme(La chanson du mal-aimé), par la liaison quelque peu orageuse qu'il entretient avec Marie Laurencin, ou par son amour non partagé avec Annie Playden, lui à qui on prête pourtant de multiples conquêtes. Il en résulte pour lui une sorte de mal-être, d'enfermement (hôtels) et, dans le poème « les colchiques » il fait une allusion à la beauté des femmes mais aussi à leur nocivité, cette fleur secrétant également un poison et paradoxalement, il associe sa saison préférée, l'automne, à l'infidélité (Automne). Il finira par épouser Jacqueline (Amélia Kolbe- « La jolie rousse ») qui réalisera des publications posthumes de ses oeuvres, le 2 mai 1918, quelques mois avant sa mort en novembre.
Le mystère qui plane sur le nom de son père et qui générera une crise d'identité exorcisée par l'écriture, ajoutera sans doute à cette souffrance. Cette quête se conjugue à une certaine obsession de la fuite du temps et de la mort (Cortège), à la résurrection (La maison des morts), mais aussi de nombreuses allusions au Christ, à la religion chrétienne, comme un recours (Zone). D'ailleurs ses états d'âme transparaissent et il en conçoit de la mélancolie et même de la souffrance (Automne malade - Automne) qu'il exorcise dans l'amour qu'il porte à la nature, au voyage, à la ville(Paris), à la vie... Pourtant, c'est avec « Vendémiaire » qui évoque aussi l'automne et les vendanges, qu'il renaît à la vie et entrevoit l'avenir . Il y a beaucoup de référence au Rhin à cause d'un voyage qu'il fit en Allemagne mais il choisit ce fleuve mythique pour ses secrets, ses mystères ses légendes (La Loreley- Nuit rhénane)
C'est donc un recueil qui explorent une mosaïque de thèmes d'inspiration qu'il traite d'une manière originale. C'est un truisme que de dire qu'Apollinaire a été un poète de transition qui révolutionna la poésie par son amour des mots, de leur musique et par la liberté de sa plume qui célébra notre si belle langue française. de lui se recommanderont les surréalistes qui lui doivent leur nom, un courant de la poésie italienne (« la poésie narrative »)son existence et la chanson française qui est un formidable vecteur de la poésie s'en est largement inspiré. Il n'est heureusement pas comme beaucoup aujourd'hui un poète oublié, « maudit », puisqu'il a influencé durablement la poésie française et que l'histoire, la littérature et la culture se souviennent de son passage sur terre.
©Hervé Gautier mhttp:// hervegautier.e-monsite.com

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Griserie
Je relis ce recueil d'Apollinaire, beaucoup plus lisible que Calligrammes, avec un plaisir infini. J'aime sa façon de concevoir la poésie comme un excitant, son goût de la surprise et de la modernité, dynamique, populaire et effervescente. Il est allié à son sens des émotions simples et secrètes.
Enivrons-nous d' Apollinaire.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
MARIE

Vous y dansiez petite fille
Y danserez-vous mère-grand
C’est la maclotte qui sautille
Toutes les cloches sonneront
Quand donc reviendrez-vous Marie

Les masques sont silencieux
Et la musique est si lointaine
Qu’elle semble venir des cieux
Oui je veux vous aimer mais vous aimer à peine
Et mon mal est délicieux

Les brebis s’en vont dans la neige
Flocons de laine et ceux d’argent
Des soldats passent et que n’ai-je
Un cœur à moi ce cœur changeant
Changeant et puis encor que sais-je

Sais-je où s’en iront tes cheveux
Crépus comme mer qui moutonne
Sais-je où s’en iront tes cheveux
Et tes mains feuilles de l’automne
Que jonchent aussi nos aveux

Je passais au bord de la Seine
Un livre ancien sous le bras
Le fleuve est pareil à ma peine
Il s’écoule et ne tarit pas
Quand donc finira la semaine

Apollinaire
Alcools (1913)
© 1977 Poésie / Gallimard, page 57
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Le chat

Je souhaite dans ma maison
Une femme ayant sa raison,
Un chat passant parmi les livres,
Des amis en toute saison
Sans lesquels je ne peux pas vivre.
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L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'espérance est violente
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