On connaît
Guillaume Apollinaire comme l'un des plus grands poètes du début du XXe siècle. D'abord, on s'est inspiré de ses
Calligrammes. Un peu plus tard, on a étudié méticuleusement ses vers en cours de Littérature. On l'a découvert amoureux de Lou. On l'a dit avant-gardiste, partisan du cubisme, surréaliste. On se rappelle qu'il est mort pour la France en 1918, à tout juste 38 ans. Mais on oublie parfois qu'il était né polonais (il a été naturalisé Français en 1916). Qu'il était aussi bibliophile et critique d'art. Qu'il a participé au premier inventaire de l'Enfer de la
Bibliothèque Nationale de France. Ou encore qu'il a écrit certains des textes les plus marquants de la littérature licencieuse.
Ses
Oeuvres érotiques complètes ont été publiées pour la première fois en 1934. Elles comprenaient
Les Onze Mille Verges,
Les Exploits d'un jeune Don Juan et Poésies. Elles n'avaient plus été rééditées ensemble, jusqu'à ce que les éditions
La Musardine les ressortent en 2013. Les voici aujourd'hui en édition de poche.
Quand j'ai ouvert ce livre, j'étais surtout curieuse de lire les Poésies, évidemment. Ce fut donc aussi l'occasion de découvrir les autres textes, que je connaissais surtout de nom (et de réputation).
Soyons clair : on est bien plus proche du Marquis de
Sade que de
E. L. James. D'ailleurs, la couleur est donnée dès la couverture, avec une illustration très évocatrice signée Picasso. Les textes sont crus, parfois choquants, mais souvent empreints d'humour.
Si les Poésies peuvent prêter à rire,
Les Onze Mille Verges a de quoi nous mettre plus que mal à l'aise, et ce dès les premières pages. Publié pour la première fois en 1907 et signé seulement des initiales « G. A. », ce roman pornographique raconte l'histoire de l'autoproclamé prince Mony Vibescu, faite d'un enchaînement de scènes toutes plus perverses les unes que les autres. Par contre,
Les Exploits d'un jeune Don Juan, dont la paternité est un peu plus discutée, laisse plus de place au récit. Écrit à partir d'un texte allemand et publié pour la première fois en 1911, ce roman d'initiation raconte l'histoire de Robert, adolescent, et sa découverte de la sexualité, un été à la campagne.
Par ailleurs, j'ai beaucoup apprécié le travail de présentation de l'oeuvre par
Alexandre Dupouy, photographe et spécialiste de la littérature érotique. Dans la préface, il nous livre de précieux détails biographiques, agrémentés par-ci par-là de quelques vers et de nombreux extraits de correspondances de l'auteur. de plus, chaque texte est introduit par une notice qui nous donne des clefs de lectures très intéressantes et bien utiles.
À ceux que le poète ennuie, je conseille ces oeuvres érotiques, qui permettront au lecteur de découvrir d'autres facettes de la personnalité de l'auteur et de son oeuvre.
Je remercie les éditions
La Musardine et Babelio pour m'avoir permis de découvrir ce livre.