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Nathalie Bauer (Traducteur)
EAN : 9782714448170
180 pages
Belfond (02/09/2010)
3.15/5   10 notes
Résumé :

Dans la torpeur d'une fin d'été à Turin, la confrontation d'un improbable trio : un professeur au crépuscule de sa vie, un jeune homme désoeuvré et une charmante effrontée, une réflexion magistrale sur le courage de vivre. Après Une âme perdue, la redécouverte d'un chef-d'oeuvre de Giovanni Arpino, figure rebelle de la littérature italienne de l'après-guerre. Comme tous les dimanches, le Pr ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Giovanni Arpino est un prolifique écrivain piémontais né en 1927. Il a obtenu de nombreux prix dont le Strega avec l'Ombre aux collines en 1964. Il a aussi beaucoup travaillé pour le cinéma, écrit notamment Parfum de femme qui sera adapté à l'écran par Dino Risi en 1975 avec l'inoubliable Vittorio Gassman. Un an avant sa mort en 1987 Giovanni Arpino écrit ce court roman sur le thème de l'euthanasie.
Chaque dimanche le jeune et sérieux Carlo Meroni se rend chez son vieux maître Giovanni Bertola, professeur de mathématiques depuis longtemps à la retraite, très affaibli par une maladie dégénérative. Celui-ci l'attend avec impatience, penché sur l'échiquier. Il l'enjoint de profiter de la vie, des femmes au lieu de passer son temps comme lui dans les équations. le vieux professeur vit dans une chambre louée par les jumelles Mimi et Violetta Rubino, deux vieilles filles mélomanes. Une fois de plus le jeune Meroni gagne la partie puis se rend chez Nino Zaza petit restaurateur qui l'adule. Meroni est tourmenté ; Il a passé un pacte avec le vieux professeur : il mettra un terme à ses souffrances grâce à une seringue cachée dans le jeu d'échecs. Elle provoquera indubitablement une embolie fatale… Meroni n'arrive pas à passer à l'acte. Au contraire les jumelles et lui-même prennent toutes les précautions possibles pour empêcher Bertola de se suicider. Mais bientôt arrive une nouvelle pensionnaire, la sémillante Ginetta, nièce des jumelles qui l'exècrent.

Ce livre ne m'a pas éblouie. J'ai tenu le coup grâce à Vittorio Gassman que j'imaginais dans le rôle du vieux professeur. L'histoire désespérante est cousue de fil blanc. Les personnages secondaires sans grande nuances n'évoluent pas au fil du texte. Les jumelles sont des caricatures de vieilles bourgeoises rapaces. On se demande pourquoi l'intelligent professeur a choisi un tel ramollo pour l'exécuter et pourquoi le jeune a accepté un tel pacte. La fille sorte de putain au grand coeur est évidemment beaucoup plus forte.
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Carlo Meroni est un jeune enseignant chercheur en logique mathématique promis à un bel avenir. Il consacre chaque dimanche après-midi à son vieux professeur de mathématiques Giovanni Bertola. Ce dernier est malade, il s'évapore de temps à autre selon l'expression des deux demoiselles Rubino chez qui il est en pension depuis plus de vingt ans. Il ‘s'évapore' est le terme élégant qu'elles emploient dans une sorte de déni de sa maladie cardiaque dégénérative, pour dire qu'il perd connaissance.

Cet étonnant rituel du dimanche avec son ancien élève est immuable. Tout d'abord ils jouent aux échecs puis suit une discussion animée philosophico-mathématique sur des thèmes choisis à l'avance par le professeur. Ensuite vient l'irruption un peu fantaisiste des deux soeurs Rubino qui viennent leur apporter une tasse de chocolat.

Carlo Meroni reste attaché à son vieux professeur par la passion de la logique, des mathématiques, du raisonnement. Il est un peu hors du monde, peu en phase avec le commun des mortels. Fort de cet attachement, Giovanni Bertola lui a fait promettre que, le moment venu, alors qu'il serait trop affaibli pour mener une vie digne, Carlo ferait le nécessaire pour abréger ses jours.

L'apparition de Ginetta, nièce des soeurs Rubino, une jeune femme libre, sensuelle, pleine de bon sens et de vitalité semble faire entrer un peu de lumière dans ce monde très cérébral, poussiéreux et assez crépusculaire. Carlo n'est pas insensible à son charme mais il est assez incapable de sortir de son monde logique d'équations. La vraie vie lui fait peur, les sentiments profonds l'effraient et lui sont étrangers. Il recule devant la vie, l'amour et la mort. L'état du professeur se dégrade mais il est incapable de tenir sa promesse et remet toujours à plus tard le geste fatal. Ginetta l'effrontée sera bien la seule à incarner l'humanité face à la cérébralité glaciale De Carlo et à la pusillanimité bien-pensante des deux soeurs.

Un livre que l'on peut trouver difficile d'accès au départ, mais qui est riche et devient assez captivant. C'est un beau roman autour des thèmes graves que sont la vieillesse, la morale et l'euthanasie.
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Le professeur mathématicien Carlo Meroni a pris l'habitude de rendre une visite dominicale à son maître le professeur à la retraite Giovanni Bertola. Un rituel précis auquel appartiennent une partie d'échec, un débat sur une maxime imposée et le chocolat chaud de fin de journée préparé par les hôtes de l'habitation, les soeurs jumelles Rubinos. Celles-ci sont au petit soin de leur plus ancien pensionnaire d'une petite chambre depuis une vingtaine d'années. Carlo est rongé par un pacte accepté avec Bertola et troublé par Ginneta, la nièce des jumelles. Une femme libérée. Des ingrédients destinés à rendre une pièce dramatique intelligente et douce.
J'en suis arrivé au moment fatidique que j'appréhende depuis belle lurette. Une espèce de crainte, qui n'empêche pas de m'enchanter, mais qui est proche de me frustrer. Lire un ouvrage qui semble me dépasser (tellement il est riche de sens, et de manière générale, construit d'un « package » dense de référence culturelle philosophique et surtout mathématique, me figent devant la limite de ma compréhension des choses. Et cette impression s'éveilla à vingt pages de l'ouvrage reçu par la maison généreusement cette semaine. Dans une argumentation, évoquer des piliers de la connaissance comme certains échangent sur le football me surprend, car je suis facilement impressionnable vu ma faible densité de savoir en matière si poussée intellectuellement. J'aperçois une esquisse sommaire, qui me permet de croire que ces centres névralgiques sont en plus d'êtres brillants, les vecteurs principaux de la pensée logique humaine. Et c'est là que ma crainte initiale apparaît, telle une réminiscence qui me dit bonjour, je peux regarder ces piliers de la pensée, trouver cela beau, mais en comprendre leurs constitutions me dépasse. J'admire et je me perds dans ce que je ne maîtrise absolument pas. Il fallait que je le dise. Je verrai ce que j'en ai plus ou moins compris au final.
Une ode à la vieillesse et son acceptation, à la mort et à la direction que peut prendre une vie, à la solitude et aux regrets. Les questions existentielles foisonnent sur un nombre de pages léger. Un roman à l'allure d'un grand classique aux coutures fines dignes d'un « précieux » de « la Pléiade ». Les mouvements principaux de cette symphonie sonnent comme la gravité, la profondeur et la quintessence d'une « E lucevan le stelle » chantée par Placido Domingo. L'amertume d'un vieux professeur qui n'accepte pas l'adjectif vieux prenant le pas sur celui du titre éminent de professeur mathématicien philosophe. Un homme seul impuissant devant une fin inévitable. Un regret le détruit autant que la maladie. Victime de son implication, il en oublia de titiller la sensualité qui lui aurait permis de goûter au plaisir de la chaire, de la relation amoureuse, de la vie sociale et de famille pour tempérer la folie du mathématicien.
« Un poids l'écrasait du ventre jusqu'au scrotum, mais ce n'étaient pas des pierres, ce n'étaient pas des fers de prisonnier : c'était une bouillie de lascivité inachevée, impuissante et pourtant encore bestiale, encore à l'affût. Ce poids ignoble, cette humiliation glandulaire l'accablait depuis des années » (p65)
Carlo est le reflet qui apparaît dans le miroir de Bertola. Un homme dans la fleur de l'âge promit à une carrière brillante qui risque de passer à côté de l'impulsion de sérénité qu'apporte le contact humain, en dehors du quantifiable et théorisable à coup de formule oblitérant la noirceur des tableaux d'amphithéâtre universitaire. C'est la jeune Ginetta, une femme libérée, qui représente l'autre facette occultée par les deux hommes. Donc, l'un ouvre les yeux trop tard et tente de sauver l'autre de sa cécité. La jeune femme représente la vie croquée à pleines dents, sans manquer à ses obligations sur le marché du travail. Elle vit, elle rencontre d'autres gens tout simplement. Bien qu'elle craigne l'engagement d'une vie commune solide, elle tâte, elle ne se cloître pas dans 30 m² attendant tel une nonne à l'âme pure qu'un prince use de la mandoline sous le balcon. Rico ne veut pas ressembler à son maître penseur et Ginneta encore moins à ses tantes, les soeurs Rubinos, serviable, de vraies béguines.
La recherche de la pureté de l'âme, du savoir absolu, de l'homme ou de la femme idéale, de la programmation émotionnelle à outrance pour une vie linéaire, est ce à quoi sont confrontés les personnages attachants, tristes et amusants de ce livre très fin. Un exercice d'où transpire une écriture pointilleuse, un ton classique, des scènes lâchant des effluves poétiques, beaucoup de profondeur, très riche sur le contenu, un décor simplifié au profit du relationnel. Un tout proche d'une fable philosophique, d'une pièce de théâtre, d'un chant d'opéra dramatique qui aurait pu s'intituler le requiem du mathématicien.
Dernier Acte.
Une coïncidence ?
À l'instant où j'abordai le chapitre onze du roman, l'ultime. Cécilia Porti cantonnait « Lascia la spina » cogli la rosa de l'opéra « Il trionfo del Tempo e del Disinganno ». Je le découvrais à l'instant où je levai les yeux sur la fenêtre du webplayer de la radio suisse classique. J'écoutais de la musique douce et suis tombé à point au moment ou j'entamais ce chapitre final. Très beau. C'est tout ce qui compte, même si je ne comprends pas un traitre mot d'italien. Étonnant, je suis « une Ginneta », car j'écoute et je savoure sans en percevoir la véritable identité des choses. J'ai indirectement provoqué l'instant magique ou la musique se mariait parfaitement à ma lecture en cours. du rassemblement d'actes naïfs éclos un moment agréable. Une poésie à facettes multiples qui permet aux « Ginneta » de ressentir la beauté de concepts, d'oeuvres textuelles et musicales qui s'affichent inaccessible de prime abord.
Court, dense et délicieux.
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N°529– Juillet 2011.
LE PAS DE L'ADIEUGiovanni Arpino [1985] – Belfond.
Traduit de l'italien par Nathalie Bauer.

Nous sommes à Turin par une fin d'été étouffante d'un dimanche après-midi. le rituel est toujours le même. le vieux professeur Giovanni Bertola reçoit la visite de son ancien élève, Carlo Meroni, déjà vieux garçon, à cause ou malgré la quarantaine. Ensemble ils parlent à bâton rompu des mathématiques, de la science, de la marche du monde, de la vanité des choses, de la vieillesse, des femmes... Ou plus exactement, c'est bien souvent le vieil homme qui parle. Puis c'est l'immuable partie d'échecs que le vieillard perd toujours. Ainsi se passent les dimanches sous la houlette de deux vieilles demoiselles, les soeurs Rubino, férues de respectabilité, de musique classique et de propreté, et accessoirement logeuses, depuis de nombreuses années du vieux professeur. Ici, on ne déroge jamais aux habitudes, comme les évanouissements temporaires du professeur que celui-ci vit comme l'antichambre de la mort à cause de son artériosclérose. C'est que c'est bien de mort qu'il s'agit puisque Bertola se plaint d'être encore en vie et ne cesse d'invoquer « Mme Requiem ». Meroni désire ardemment assassiner le vieillard lors d'une de ses « évaporations » mais recule toujours. Bref, on est ainsi depuis longtemps, dans cet état attentiste ou rien ne se produit de ce qui est espéré... et le vieil homme encourage son disciple à le faire passer dans l'au-delà puisqu'il se sait condamné. Ce sont les termes du pacte conclu entre eux.

Voilà que dans cet océan d'habitudes surannées qui sentent fort le moisi, derrière la cire et l'absence de poussière et qu'il ne faut surtout pas bousculer, apparaît Ginetta, nièce des vieilles filles. Cela ne fut pas pour déplaire au vieillard « sa silhouette lui apparut comme une minuscule et joyeuse virgule tombée sur la page du quotidien ». Elle apporte dans cette atmosphère grise « un éclair blanc » et voilà que le vieil homme se découvre des souvenirs de jeune Don Juan qu'il n'avait peut-être jamais été. La jeune femme est mal élevée mais sensuelle, pleine de vie et sa spontanéité bouscule la logique mathématique de Meroni . Dès lors, Bertola qui l'encourage à se marier, à profiter de la vie, voit dans la jeune fille une maîtresse possible pour le jeune homme. Effectivement, elle le deviendra mais Bertola disparaîtra dans la nuit et des idées de suicide ou les prémices de la maladie d'Alzheimer s'emparent de ses proches. Sans vouloir se l'avouer ils pensent que cela solutionnerait la situation. Pourtant des rapports particuliers se font jour entre le vieil homme et la jeune femme qui saura ce qu'il faut faire.
Il ne faudrait pas oublier non plus parmi les personnages secondaires, Nino Zarra, un pizzaïolo au grand coeur avide de connaissances.

Je ne connaissais Giovanni Arpino (1927-1987) qu 'à travers un film éponyme adapté par Dino Risi d'un de ses romans (Parfum de femme – La Feuille Volante n° 350). Je n'ai pas été déçu. Malgré le thème axé sur la mort, ce roman n'est pas triste. Bien écrit, bien traduit, le style humoristique et poétique rend la lecture agréable et même captivante. Mais il reste que, malheureusement, cet écrivain, romancier, nouvelliste, journaliste est inconnu en France.

  ©Hervé GAUTIER – juillet 2011.http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Pour faire rapide et instruit, Giovanni Arpino est un célèbre écrivain italien, mort depuis une bonne vingtaine d'années et auteur du génialissime Parfum de femme.
On se souvient du film éponyme et de son acteur principal, le fringant et flamboyant Vittorio Gassmann – j'avoue avoir croisé un jour chez Lipp, ce bel acteur déjà vieillissant et être resté stupéfait, le regardant évoluer, théâtraliser sa vie, et tirer avantage de sa comédie.

Fin d'été à Turin, le professeur Giovanni Bertola est au crépuscule de sa vie et ne veut pas se voir mourir. Aussi a-t-il chargé son ancien élève, Carlo Meroni, un jeune homme qui hésite dans sa vie, qui ne sait comment la prendre, ni comment la mener, de l'aider à passer le pas.

Mais dimanche après dimanche, Meroni n'arrive pas à s'affranchir et il reste à jouer aux échecs avec Bertola, sous les yeux des deux soeurs, vieilles filles « mélomanes », Mimi et Violetta qui hébergent le vieux professeur.

Tout va basculer lorsque la nièce de ces deux soeurs, Ginetta débarque dans l'appartement. Non seulement, elle va guider Meroni mais aidera tendrement Bertola à franchir ce pas de l'adieu.

De prime abord surannée, la narration scintille, elle farfouille dans les recoins des émotions, des sensations, des sentiments, etc.

Ce court roman est une brillante réflexion sur la mort et sur la place qu'elle occupe dans notre monde. C'est aussi le roman d'un amitié trahie, de la vieillesse insupportable, redoutée et rejetée.

Le Pas de l'adieu est la découverte italienne de cette rentrée littéraire, que vous ne pouvez pas rater.
Lien : http://livrespourvous.center..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Tout est équation, songea avec envie Meroni en piquant sa fourchette dans la chair grillée de l'espadon : chaque minute que nous respirons contient une équation bourrée d'inconnues ; et qui d'autres que moi peut résoudre celle de Giovanni Bertola, pauvre vieillard désespéré, privé de tout, y compris du soutien de ses vénérables mathématiques ? C'est à moi qu'il reviendra de pousser son second pied dans la tombe, si le professeur n'a pas la grâce, n'a pas la chance de mourir cette nuit ou l'une de celles qui nous séparent de dimanche prochain.
Il s'aperçut que Nino Zaza inclinait savamment sur son verre une bouteille bien maquillée.
"Champagne, murmura l'homme d'une voix de velours. Grande marque. Dignes des vraies veuves françaises. Ne dites rien. Laissez-vous servir. Le moment venu, moi aussi je peux être un grand seigneur, à ma façon."
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sa silhouette lui apparut comme une minuscule et joyeuse virgule tombée sur la page du quotidien
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