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Anne-Laure Tissut (Traducteur)
EAN : 9782330155438
1248 pages
Actes Sud (13/10/2021)
3.84/5   22 notes
Résumé :
Fasciné par la trajectoire de Stephen Crane (1871-1900), comète rimbaldienne de la littérature américaine, mort de la tuberculose à 28 ans, Paul Auster remet en lumière sa vie et son œuvre, lui rendant ainsi un hommage éclatant, celui d’un “vieil écrivain empli d’admiration pour le génie d’un jeune écrivain”.
D’abord journaliste à New York, Crane commence à écrire en 1893 et, après de nombreux revers, connaît le succès avec “L'Insigne rouge du courage”. Se dé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Lorsque paraît un nouvel ouvrage de Paul Auster, j'embarque sans réfléchir plus avant au thème abordé par son auteur. Ainsi en est-il de ce Burning Boy, biographie fouillée de l'oeuvre littéraire de Stephen Crane (1871-1900) dont je ne connaissais que La Conquête du courage (ou l'Insigne rouge du courage), lu il y a plusieurs années et qui ne m'avait pas tant marquée.
« Je l'aborde non en tant que spécialiste ou érudit, mais en tant que vieil écrivain empli d'admiration pour le génie d'un jeune écrivain. » Paul Auster, en véritable fan de son sujet, décortique pour nous le style, l'écriture et l'imagination mis au service d'une littérature américaine qui naissait à peine à la fin du XIXe siècle. Crane s'est d'abord attaché à créer de courtes histoires publiées dans les journaux et les magazines avant d'aborder le roman proprement dit. Il a connu un certain succès dès son premier, dont l'action se déroulait lors de la guerre de Sécession, mais a rapidement renoué avec les nouvelles, qu'il pouvait produire à un rythme effréné. Sa poésie étrange détonait dans le paysage culturel de l'époque et pour gagner sa pitance, il rédigeait des articles pour la presse et agissait comme correspondant de guerre sur les champs de bataille d'alors (guerres gréco-turque et hispano-américaine). Ce grand jeune homme incandescent a mené une vie de barreau de chaise, souvent sans-le-sou, de santé fragile, trompé par ses éditeurs, harcelé par ses créanciers et malchanceux en amour. Et pourtant, sa soif de décrire et de dire ne s'est jamais démentie. « Écrire, ce fut la seule chose qu'il fit sans hésiter, tout au long de sa vie, brève et souvent hésitante. Si cette vie vaut la peine qu'on se penche sur elle aujourd'hui, ce n'est que pour l'oeuvre qui en est sortie. »
À la lumière de cet ouvrage colossal, je relirai évidemment La Conquête du courage avec un nouveau souffle et un oeil aiguisé, mais auparavant il m'aura fallu marcher avec Paul Auster dans les pas de Stephen Crane, lentement mais sûrement. J'ai interrompu ma lecture, le temps de quelques autres, alors que j'en étais à la moitié du volume, essoufflée de constater la somme de pages taillées au cordeau qu'il me restait à lire, dixit Auster : « (…) je dois me montrer sélectif dans ce sur quoi je choisis d'écrire, sinon on sera encore là l'an prochain. »
Burning boy croule sur une surcharge de détails et de nombreuses redites, mais la plume de Paul Auster se charge de nous les faire oublier.

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Il trônait au beau milieu de la vitrine et bien que j'en fusse éloigné de plusieurs mètres, à l'autre bout du trottoir, je fus irrésistiblement attiré par la couverture de ce livre, plus encore que d'ordinaire quand mes pas me conduisent à proximité d'une librairie. La photo aux couleurs passées me rappelait fortement l'illustration d'un soldat de l'armée américaine dans une encyclopédie pour la jeunesse que je feuilletais régulièrement quand j'étais enfant et qui représentait l'uniforme des fantassins US en 1898. Je m'approche donc pour satisfaire ma légitime curiosité (en matière de littérature la curiosité est toujours légitime mais je préfère quand même préciser). le large titre bleu foncé, en haut à gauche, s'impose à moi : "Burning Boy". Je le trouve flamboyant mais déjà mon oeil est happé par le nom de l'auteur qui se détache en jaune vif, en bas à droite de la couverture, dans la même police et taille de caractères que le titre : Paul Auster. Son dernier roman 4321 m'avait un peu effrayé tant par la complexité du thème abordé que par le nombre de pages monumental qui le composait. Mais comme c'est mon auteur américain contemporain préféré, j'examine plus attentivement la couverture qui me plaît énormément et je m'imagine déjà plongé avec délice dans ce roman. Un sous-titre indique "Vie et oeuvre de Stephen Crane". Je pense alors que Paul Auster a voulu imiter Stendhal qui a sous titré "le Rouge et le Noir" avec "Chronique du XIXème siècle" ou Mary Shelley qui a intitulé son roman le plus célèbre "Frankenstein" en lui apposant le sous-titre "le Prométhée moderne". Pas une seconde j'imagine qu'il s'agit d'une biographie car qui connait Stephen Crane ? Si Auster avait accolé à son formidable "Burning Boy" "la vie et l'oeuvre de T.S. Eliot", "Ralph Waldo Emerson et le transcendantalisme américain" ou "Walt Whitman poète et démocrate" le lecteur aurait su à quoi s'en tenir mais avec Stephen Crane, l'auteur du "Léviathan" peut tromper son monde. Il le reconnait lui-même, Stephen Crane est un inconnu. Ses romans, "l'insigne rouge du courage" et "Maggie, fille des rues", ses poèmes sont inconnus. Même les connaissances de Paul Auster dans les milieux littéraires non anglophones ne connaissent pas Crane, et les connaissances anglo-saxonnes de Paul Auster hors milieux littéraires n'en n'ont jamais entendu parlé. Alors oui, avec "Burning Boy - vie et oeuvre de Stephen Crane" Paul Auster nous induit en erreur et nous fait prendre une biographie pour un roman mais c'est trop tard car mon épouse qui m'accompagne a bien vu dans mon regard captivé et séduit cette petite lueur de désir et je vais le retrouver au pied du sapin (c'est vrai que je n'ai pas précisé que cette petite aventure s'est déroulée un peu avant Noël). Et pourtant, tout lecteur un peu aguerri sait bien qu'il faut se méfier des titres séduisants qui laissent libre court à l'imaginaire, qui nous invitent au choix d'un livre et dont la lecture s'avère finalement au mieux frustrante, au pire carrément décevante. Mais c'est un malin ce Paul Auster et oui, j'ai cédé aux charmes de ce péritexte élaboré, titre, sous-titre, photo... ce dont je me suis félicité tout au long des mille pages de papier bible de cet ouvrage fort bien documenté qui m'a permis de découvrir un écrivain jusqu'alors inconnu, à la vie trépidante dans le dernier quart bouillonnant du XIXème siècle et à l'oeuvre romanesque et poétique innovante et crépitante, mort trop jeune. Paul Auster raconte cette vie et analyse cette oeuvre avec finesse, entrain et passion pour faire revivre cet auteur trop souvent tombé dans l'oubli. du grand art !
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Burning Boy de Paul Auster

Un écrivain qui écrit sur un autre écrivain, surtout si c'est la plume de Paul Auster, bien sûr je suis intéressée !!
C'est avec minutie que Paul Auster nous décrit la courte vie Stephen Crane. Cet écrivain, qui faisait partie des auteurs classiques du programme scolaire et qui en a disparu.
Un écrivain un peu bad boy à la vie pas très saine, fils de pasteur né de parents qui écrivaient mais des textes tournés vers la religion. L'écriture a été une évidence. Il a commencé à 8 ans.
J'ai mis plusieurs semaines à venir à bout de ce petit pavé qui demande de la concentration.
J'ai adoré les parties consacrées à la vie tumultueuse de Shephen Crane, rencontrer Willa Cather, Henry James, connaître le milieu de l'édition de l'époque et suivre cet écrivain dans la galère, contraint d'écrire pour survivre, endetté mais qui n'arrive pas à être payé correctement pour son travail. Les passages en tant que correspondant de guerre sont très captivants. Sa vie est pleine d'aventures et méritait bien que Paul Auster nous la fasse découvrir !
Certaines parties demandent une attention plus importante comme celles consacrées à l'analyse minutieuse de son oeuvre que je ne connais pas à part l'insigne rouge du courage. Mais ne pas les connaître n'est pas une lacune car il décrit les écrits avant de les analyser très finement.
C'est une vie très intéressante, courte mais prolifique que j'ai adoré découvrir.
Ce qui rend le texte vibrant, c'est qu'on sent toute l'admiration que Paul Auster avait pour cet auteur talentueux et visionnaire ne tarissant pas d'éloges en nous offrant une bibliographie et une analyse d'oeuvre formidables.
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"Écrire, ce fut la seule chose qu'il fit sans hésiter tout au long de sa vie, brève et souvent hésitante. Si cette vie vaut la peine qu'on se penche sur elle aujourd'hui, ce n'est que pour l'oeuvre qui en est sortie."

S'il est bien une lecture qui m'a demandé de l'attention et de la concentration, c'est Burning Boy de Paul Auster, qui m'a permis de découvrir Stephen Crane. Je ne le connaissais pas, même pas de nom, alors qu'il fut un proche d'Henry James, de Joseph Conrad, qu'il a écrit L'insigne rouge du courage qui a été étudié en classe par des millions de lycéens américains, et qu'il a été un auteur prolifique du 19ème siècle.

Affecté de synesthésie, à l'instar d'Arthur Rimbaud et ses voyelles colorées, ce qui se ressent dans le titre de ses ouvrages : L'insigne rouge du courage, La troisième Violette, Les Cavaliers noirs, l'hôtel Bleu..., Stephen Crane respire le monde, et le restitue dans ses écrits.
Doté de poumons fragiles et pourtant fumeur invétéré, en avance sur son temps et montrant parfois des idées conservatrices, travailleur acharné et toujours en quête d'argent, Crane est bourré de contradictions. C'est un personnage complexe et fascinant et l'on est en droit de se demander quelle oeuvre il aurait pu nous léguer s'il en avait eu le temps.

Burning Boy n'est pas qu'une biographie, c'est aussi une analyse pointue et brillante de toute l'oeuvre écrite de Stephen Crane. On sent toute l'admiration de Paul Auster pour ce jeune écrivain.
L'ensemble peut parfois sembler touffu et les mille pages de cet ouvrage peuvent effrayer, mais je suis ravie d'avoir fait la connaissance de Stephen Crane. il va falloir maintenant dénicher ses rares oeuvres traduites en français pour continuer la découverte.

Je salue également l'immense travail de la traductrice qui a repris également les textes de Crane pour que les analyses de Paul Auster soient pertinentes.
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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
09 janvier 2022
L’écrivain new-yorkais célèbre avec ferveur la vie et l’œuvre novatrice de Stephen Crane, disparu prématurément en 1900.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
L’œuvre de Crane, s’écartant de presque toutes les traditions précédentes, fut si radicale pour son époque qu’il peut à présent être considéré comme le premier moderniste américain, celui, de tous les artistes, qui porte la plus grande responsabilité dans le bouleversement de notre façon de voir le monde au prisme du texte.
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Entre l'assassinat d'Abraham Lincoln et l'assassinat de William McKinley en septembre 1901, qui déboucha sur la présidence de Theodore Roosevelt, les États-Unis traversèrent une longue période de croissance, de tumulte et d'échec moral qui les métamorphosa, les faisant passer d'un pays isolé et attardé à une puissance mondiale, mais dont les leaders pour l'essentiel étaient ineptes ou corrumpus ou les deux, si bien que les deux grands crimes qui sous-tendent l'Expérience américaine - l'asservissement des Noirs-Africains et l'annihilation systématique des premiers habitants du continent, cette immense diversité de cultures regroupées sous le nom d'Indiens - ne firent jamais l'objet d'une réflexion sérieuse et encore moins de repentir.
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Mais l'œuvre de Crane, s'écartant de presque toutes les traditions précédentes, fut si radicale pour son époque qu'il peut à présent être considéré comme le premier moderniste américain, celui, de tous les artistes, qui porte la plus grande responsabilité dans le bouleversement de notre façon de voir le monde au prisme du texte.
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Hawker est un autre genre d'animal artistique, qui se consacre entièrement à son art, animé d'une fièvre compulsive le poussant à changer ses toiles en armes au service de la vérité.
Ses amis artistes vouent une profonde admiration à son travail, signe convaincant de son talent hors-norme, mais comme c'est le cas de la plupart des gens qui visent des degrés toujours plus élevés d'excellence, Hawker est exceptionnellement dur envers lui-même, et ses tableaux peuvent bien être bons et très admirés, il est rarement satisfait. C'est le paradoxe dans lequel tout artiste authentique est forcé de se débattre: vivre dans un état de doute perpétuel et pourtant avancer résolument, de toile en toile, de livre en livre, dans l'espoir de faire mieux la prochaine fois, et là, même s'il fait mieux, éprouver un autre accès de déception de ne pas avoir fait encore mieux.
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Cela n'est pas sans rappeler le sort du premier livre de Thoreau. Une semaine sur les fleuves Concord et Merrimac, dont à l'origine mille exemplaires furent publiés. Après avoir reçu sept cent six exemplaires invendus de son éditeur qui n'avait pas la place pour les stocker, Thoreau écrivit dans son journal le 28 octobre 1853 : "Ma bibliothèque compte à présent près de neuf cents volumes, dont sept cents écrits de ma main."
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Notre mot sur, écrit par Paul Auster, traduit par Anne-Laure Tissut et publié aux éditions Actes Sud : https://www.librairie-ledivan.com/livre/9782330188757
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