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EAN : 9782072719943
96 pages
Gallimard (14/09/2017)
3.77/5   53 notes
Résumé :
Durant l'Occupation, deux compères entreprennent nuitamment la traversée de Paris afin de livrer un cochon découpé dans des valises. Toutefois, si le premier, Martin, est un gars honnête et courageux, le second, Grandgil, se révèle vite antipathique : il extorque de l’argent à Jamblier, le propriétaire du cochon, traite les tenanciers d’un bar de « salauds de pauvres » et assomme un agent de police. Lorsque, Martin découvre que Grandgil est un peintre aisé qui n’est... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Je m'en doutais… Pire, je le savais que je ne pourrais pas me détacher du visage de fouine de Louis de Funès jouant Jambier le charcutier dans le film éponyme de Claude Autan-Lara en 1956.
J'étais aux anges lorsque Jean Gabin truculent à souhait braillait : « Jambier, 45 rue Poliveau, Jambier… » en incarnant Grangil, un faux-méchant qui profite de la naïveté de Martin personnifié par un Bourvil attendrissant.
Traverser Paris pendant l'occupation, la nuit, avec cent kilos de cochon découpés dans quatre valises a été pour moi un régal. Les mots de Marcel Aymé bien qu'un peu datés sont rehaussés par l'argot de l'époque et font sourire lorsque je me les rappelle prononcés avec la gouaille de Gabin et l'ingénuité de Bourvil.
Je l'avoue, ce roman je l'ai lu en noir et blanc mais avec en plus toute la finesse et l'épaisseur des personnages créées par l'auteur :
- le mal-être de Martin, profondément honnête et loyal mais contraint pour vivre à faire le passeur pour un charcutier cupide et vénal.
- La duplicité de Grangil, aristo à l'allure de clodo, associé pour une soirée à Martin pour s'encanailler, faire son malin et rouler des mécaniques.

Ceci-dit, j'aurais dû me méfier, le ton badin peut parfois dissimuler des dénouements beaucoup moins plaisants qu'espérés.
Finalement, je l'ai bien Aymé, ce petit roman.




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Voilà Une traversée qui ne laisse pas indemne, habitués des courses nocturnes et autres diagonale du fou, sachez qu'on sort de cette virée nocturne avec quelques ribambelles d'étoiles dans la tête et une belle cicatrice sur la face. Mais une cicatrice qui ne laisse que de bonnes traces, car il s'agit d'un sourire, tant le cheminement fut bon. Court, mais bon.

Pendant l'occupation, l'ami Grandgil cherche à s'occuper, et il va faire marcher ce bon Martin, qui a mis les deux pieds dans le marché noir, quitte à le faire voir rouge. le fieffé Jamblier, qui vit comme un coq en pâte sur le malheur des gens, sera le gros dindon de la farce...

« Je veux deux mille francs Jamblier, nom de Dieu !  Jamblier ! Jamblier ! »

Eh bien il crachera au bassinet le père Jamblier, et plutôt deux fois qu'une ! Grandgil se contentera, lui, de cracher son mépris sur les petites vies éteintes de quelques vulgus pecum, qui ont pour lui le tort d'être ce qu'ils sont, devant un Martin déridé, qui n'en croit pas ses yeux ni ses esgourdes, mais qui se retrouve gonflé à bloc pour suivre son compagnon de virée, à face « de bélier ».

« Regardez-moi ces gueules d'abrutis, ces anatomies de catastrophe. »

Ces deux là se trouveront copains comme cochon, le temps d'en transporter un dans le paname endormi mais qui reste un peu traître, la trajectoire comportant quelques risques du genre fatal.

La bidoche empaquetée quartier par quartier traverse les quartiers, transbahutée par deux drôles de quidam, qui effilochent souvenirs et morceaux de bravoure dans la nuit qui file.

Chronique de la France ordinaire à une époque qui ne l'était pas, écrite de façon extraordinaire par un auteur qui l'est tout autant.

« Brillant de lune et d'étoiles, le ciel était d'un bleu glacé ».

Brillant, lumineux, que ceux qui ont les yeux clairs se protègent, on sort de ce livre ébloui.
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J'ai relu la version Marcel Aymé , cette courte nouvelle suite à la rediffusion du film culte mené de main de maître par Claude Autan-Lara avec Jean Gabin, Bourvil et Jambier en la personne de Louis de Funès qui reste comme d'autres de cette époque un bonheur à relire et revoir.
Des personnages attachant dans leur travers, une Ville éternelle comme décore et une histoire peu recommandable mais il faut bien se débrouiller en temps de guerre, hélas bien mal acquis ne profite jamais et l'un deux va l'apprendre à ses dépends, pour un temps.
une petite histoire dans la grande bien écrite et facile à lire.
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Quand on a vu le film, comme tout le monde, difficile de s'imaginer que la nouvelle puisse être aussi forte ... et pourtant ! Épurée, magnifiquement écrite, cette histoire que tout le monde croit connaître par coeur est redessinée à la lumière de ses origines. Les personnages de Grangil et Martin diffèrent singulièrement de ce que Gabin et Bourvil ont pu en faire au cinéma, particulièrement dans les dernières pages, sombres, dramatiques au point que les scénaristes voulurent la modifier pour l'adaptation sur grand écran. Il est donc temps de rendre justice à Marcel Aymé en redécouvrant cette Traversée de Paris, chef d'oeuvre littéraire avant tout !
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J'avais un vague souvenir du film, mais le livre m'a secouée. C'est grinçant, c'est noir, c'est tragique.

Deux truands qui ne se connaissent pas vont traverser Paris avec des valises remplies de morceaux de porc pour le marché noir en pleine occupation Allemande. Mais l'un des "truands" l'est-il réellement ? C'est la question qui va faire tout déraper.

Le moment où tout "bascule" est très bien amené, comme dans une tragédie grecque : on le voit venir, mais on ne peut rien faire pour l'empêcher. La conclusion fataliste sera donné par l'un d'eux, ancien soldat et malheureux en amour : "On ne fait pas ce qu'on veut..." .
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Sous un ciel bas, dans le grand vent du nord qui soufflait sur le canal vers la Seine, le jour semblait mourir de froid. Adossé au comptoir, dans la pénombre chaude de l'établissement, Martin regardait à travers la vitre le crépuscule glacé où passaient des silhouettes torturées par la bise.
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-Bourlinguer un cochon du boulevard de l'Hôpital à la rue Caulaincourt, s'enfoncer au pas de chasseur toute la traversée de Paris en plein noir, huit kilomètres au raccourci avec la montée de Montmartre en finale, et partout les flics, les poulets, les Fritz, pour gagner six cents francs, vous appelez ça profiter?
-Je vous donne quatre cents francs.
-À ce prix-là, cherchez des clochards. Nous, on est des hommes
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Regardez-moi ces gueules d'abrutis, ces anatomies de catastrophe. Admirez le mignon, sa face d'alcoolique, sa viande grise et du mou partout, les bajoues qui croulent de bêtises. Dis donc, ça va durer longtemps ? Tu vas pas changer de gueule un jour ? Et l'autre rombière, la guenon, l'enflure, la dignité en gélatine avec ses trois mentons de renfort et ses gros nichons en saindoux qui lui dévalent sur la brioche. Cinquante ans chacun. Cinquante ans de connerie.
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-Je veux deux mille francs, nom de Dieu! Jamblier! Jamblier! deux mille francs! Jamblier!
-Je voudrais pas être indiscret, dit Martin au silence qui suivit. Mais si vous avez besoin de quelqu'un pour lui rentrer son compliment dans la gueule...
-Jamblier! hurla de nouveau Grandgil.
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-Bonne tête, lui dit Grandgil, mon gros sentiment, mon bon cœur, t'es timide comme pas une rosière, mais je résiste pas à ton charme. Tes valises, je te les porterais jusqu'au Havre, à pied, sur les genoux, n'importe comment, n'importe où. Viens-t'en. Je veux plus les voir jamais.
Empoignant ses valises, il se dirigea vers la porte et, par-dessus l'épaule, lança aux mastroquets:
-Vilains, je vous ignore pour la toute. Je vous chasse de ma mémoire.
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Videos de Marcel Aymé (36) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marcel Aymé
Il était une fois un petit café-restaurant, entre ville et campagne, refuge d'une poignée de drôles d'oiseaux que le monde moderne n'avait pas encore engloutis.
« On boit un coup, on mange un morceau, on écoute des histoires. Toutes activités qui s'accommodent mal du va-vite. Chacun offre son grain de temps au sablier commun, et ça donne qu'on n'est pas obligé de se hâter pour faire les choses ou pour les dire. »
Madoval, le patron, Mésange, sa fille, Comdinitch, Failagueule et les accoudés du zinc – braves de comptoir… « Pas des gueules de progrès », ces gens-là, mais de l'amitié, des rires, de l'humanité en partage et un certain talent pour cultiver la différence.
Jean-Pierre Ancèle signe un premier roman tendre et perlé comme une gorgée de muscadet, aux accents de Raymond Queneau ou de Marcel Aymé.
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