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EAN : 9782842636586
160 pages
Le Dilettante (01/01/2011)
3.34/5   29 notes
Résumé :
Il ne fait pas bon perdre sa baguette magique lorsqu’on est une fée… Un conte de fées noir, goguenard et féroce.
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Quand on referme « La fée Benninkova » et qu'on s'apprête à faire un billet, la tentation est grande de commencer celui-ci par « il était une fois » comme pour tout conte de fée qui se respecte. Seulement voilà, ce conte de fée serait plutôt ascendant compte de faits. On n'est pas dans une gentille fable cul cul, non non juste dans une histoire de cul.
Oh toi âme pure et prude, tu peux ranger ton indignation car on est loin du petit kamasutra illustré, à des années lumière même. Enfin la range pas trop loin quand même car tu vas pouvoir la ressortir rapidement. En effet le sujet de ce bouquin c'est la misère sexuelle, et plus particulièrement celle des handicapés, et ses dommages collatéraux dus à ceux qui en profitent.
Clinty est handicapé. On n'en sait pas trop si ce n'est qu'il s'approche d'un prototype genre maxi tête qui aurait buggé au moment de la lecture de la notice de montage Ikéa version Ouzbek. Bref, pas facile tous les jours. Heureusement qu'il a sa sortie au super marché où il croise régulièrement Marylène, sa caissière préférée. Une relation nait petit à petit jusqu'au jour où…
Et la fée alors ?
Ah oui la fée. Elle sonne à la porte de Clinty dès le début pour échapper aux lutins noirs qui la poursuivent et qui ne lui veulent pas que du bien. En plus elle a envie de faire pipi (quelle déception, je pensais que les fées… snif). Deux bonnes raisons pour que Clinty (le rayon de soleil du quartier tant il ne fait subir son mal être à personne comme souvent avec les personnes ayant la malchance que les fées aient merdé au dessus de leur berceau) se change en chevalier servant en attendant que madame Benninkova le transforme en prince charmant d'un coup de baguette magique pour le remercier.
Il va raconter son histoire d'amour à la fée, de son p'tit nom la Fée Rosse parce que c'est féroce comme conte.
Jusqu'où peut-on aller pour dissiper le trouble provoqué par le sexe opposé et le transformer en frisson ?
Jusqu'où certains peuvent-ils profiter d'une situation où ils sont en position de force ?

Ca aurait pu mais il y a deux trois trucs qui m'ont « gêné ». Enfin surtout deux.
Si le fond est cruel, ignoble et révoltant, on est quand même, il faut le dire, au pays de Oui Oui tant c'est « gentillet ». J'aurais aimé si ça avait été trash, bien acide, rempli d'ironie et d'humour noir. J'aurais aussi aimé si ça avait été écrit sur le mode « témoignage » ou je ne sais quoi, sans pathos, sans jugement, sérieux quoi.
Là on a le cul cul (finalement un peu oui) entre deux chaises. C'est trop propre tout en se voulant sulfureux, alors oui mais bof bof.
La deuxième chose qui me pose problème c'est que dès la page 38 (j'aurais pu commencer à 37 ou 24) on sait ce qui va se passer à la page 39 et qu'à la page 39 on se doute de ce qui va se passer à la 40 et que rapidement, les plus naïfs d'entre nous seront prêts à acheter une caravane et une boule de cristal pour arrondir les fins de mois tant « La voyance pour les nuls » c'est moins pointu que « La fée Benninkova ».
Laisse toi porter par la fée et ri. Mouais…
Premier rendez vous manqué avec Franz Bartelt avec qui je retenterai malgré tout le coup.
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Ma nièce de six ans, présente lorsque j'ai reçu ce livre, a immédiatement été attirée par sa couverture. Et je la comprends : Avec cette fée sommairement dessinée, on pourrait croire qu'il s'agit d'un conte plein de magie pour les plus petits, ce que ne dément pas le titre.
- Tonton, c'est pour moi ?
- Non, non, ma puce. A priori ça n'est pas pour les enfants.
J'ai ensuite résisté à son sourire quand elle m'a demandé si je pouvais lui lire l'histoire, ainsi qu'à son petit air boudeur lorsque j'ai répondu par la négative.
Mais je ne me voyais vraiment pas me lancer dans cette novella à voix haute ( cent cinquante pages : ni elle ni moi n'aurions eu la patience ! ) et fort bien m'en a pris.
Parce que dans le cas contraire, j'aurais peut-être eu des questions relatives à la fascination masculine pour les charmes du sexe opposé.
Ou elle m'aurait éventuellement demandé ce qu'était une forme phallique lorsque Franz Bartelt ose la métaphore en parlant de la tour Eiffel.

La fée Benninkova est pourtant bien un conte, moderne et cruel.
Son principal personnage se nomme Clinty Dabot. Oui, Clinty, un état civil improbable qui fait d'ailleurs partie de ... l'anti-guide des prénoms.
Mais à l'instar d'Amélie Nothomb, Franz Bartelt aime l'originalité dans les appellations de ses personnages, et ce n'est pas Vertigo Kulbertus, l'inspecteur farfelu de son dernier roman ( Hôtel du grand cerf ), qui me contredira.

Clinty est le plus célèbre handicapé de son quartier. de quoi souffre-t-il exactement ? Ca n'est jamais précisé, mais ces quelques extraits permettront de mieux visualiser son état et sa souffrance physique : "Je suis un écorché vif, l'expression n'a rien de métaphorique.", "Je suis secoué par des tics, des convulsions bizarres, des contractions musculaires.", "J'ai les os comme des biscottes, je suis friable.", "Je me suis traîné jusqu'au couloir, pas facile avec ma patte folle et mon dos qui se tord."
Mais Clinty ne se résume pas à son handicap. Il s'agit d'un personnage extrèmement naïf, grand amateur de dessins animés, lâche et surtout seul.
Condamné à être malheureux.
Jusqu'au jour où le merveilleux va s'introduire dans son existence.

En effet, un soir, une fée de sept mille ans va sonner à sa porte. Benninkova apprécie son sens de l'hospitalité puisque dans les environs, il est le seul à lui avoir ouvert et à avoir accepté qu'elle utilise ses toilettes, puis son canapé.
"Vous êtes un brave parmi les braves."
Cette magicienne tient donc à le remercier, et elle est prête à exaucer un de ses voeux. Peu importe lequel, elle sait tout faire ! Changer les citrouilles en grosses cylindrées, guérir les maladies incurables, transformer les crapauds en princes charmants.
"Mais vous ne me racontez pas des carabistouilles, là ?"
Rien n'est impossible pour elle pourvu qu'elle ait sa baguette magique.
Mais elle l'a perdue. Et de méchants lutins noirs sont en outre à sa poursuite, des créatures carnivores qui se nourrissent de fées ou, à défaut, de vierges et de tendres enfants.
Clinty s'improvisera alors comme son sauveur, l'hébergera, la laissera commander sa baguette au centre régional des fées ( livraison par voie postale ).
Et il commencera à s'imaginer sous les traits d'un Dom Juan une fois que son voeu sera réalisé.

Et la véritable histoire commence alors, quand il va se confier à son hôte sur ses récentes mésaventures, qui sont le véritable sujet du roman.
En effet, on va découvrir que le handicap de Clinty ne l'empêche pas d'avoir des sentiments, ni d'être attiré physiquement par les formes féminines les plus voluptueuses.
"Le handicapé est à même d'apprécier aussi bien qu'un valide les courbes glorieuses d'une paire de fesses."
"Une des prérogatives de la beauté est d'être universellement convoitée."
Et c'est là qu'on entre totalement dans une littérature plus adulte, teintée d'un érotisme d'une rare finesse.
Son dévolu, Clinty l'a jeté sur Marylène, une magnifique hôtesse de caisse à la poitrine plus que généreuse. Il a tenté de la séduire, d'attirer son attention. Les deux semblent d'une timidité maladive, mais un jour le pas est franchi et Clinty, encouragé, invite la femme de tous ses fantasmes à boire un verre chez lui.
La prude Marylène et le peureux Clinty semblent se tourner autour, une belle histoire d'amour est-elle en train de naître ?
Pas sûr puisque le lendemain ça n'est pas avec lui que Marylène compte se marier à l'église.
Mais un jour, le regard de Clinty ne pourra pas se détacher de l'obnubilant décolleté de son invitée, et après de nombreuses transactions et hésitations, la belle caissière acceptera contre une somme très modique ( afin de préserver son honneur ) de lui dévoiler brièvement un de ses seins.
A partir de là, l'engrenage se met en place. Clinty découvre les prémisses de la sculpturale nudité féminine, c'est son premier contact visuel en trois dimensions.
Jusqu'où est-il prêt à aller pour en voir davantage ? Et pourquoi pas plus encore ?
"Vous savez, madame Benninkova, la femme nue est rare dans la vie d'un handicapé. Ce qui est rare est cher."
Vous le découvrirez en allant au bout de ce livre, à la conclusion aussi glaciale que réjouissante.

Malgré ses airs de ne pas y toucher, j'ai pensé en lisant ce conte aussi amusant que dérangeant à toutes les personnes seules prêtes à tout pour briser ce cercle de solitude. Parce qu'il s'agit ici d'un hurlement de détresse. La transaction a beau se dérouler entre deux personnes consentantes, il y en a clairement une qui cherche à abuser du désespoir de l'autre.
"Elle aurait pu faire de moi ce qu'elle voulait."
Dans le même esprit, j'ai pensé à toutes ces victimes du "broutage informatique" sur les sites de rencontre, ces personnes qui ne se rendent pas compte que la superbe créature qui est tombée folle amoureuse d'eux et qui a besoin d'argent pour se sortir du pétrin ou les rejoindre en Europe n'est autre qu'un arnaqueur dont c'est le mode de vie.
Pitoyable ? La naïveté peut-être mais pourquoi condamner quelqu'un qui a besoin justement qu'on lui vende du rêve, qui a besoin de croire que c'est vrai et qui préfère finalement risquer d'être manipulé, risquer de tout perdre, juste au cas où il y aurait une infime chance que cet amour soit sincère ?
Parce qu'avant la nudité féminine, c'est bien la réciprocité de sentiments que cherche à découvrir Clinty, émouvant et grotesque à la fois, et dont le malheur n'intéresse personne.
"J'avais fait mon deuil de bien des éventualités de bonheur."
Un petit coup de gueule au passage contre tous ceux qui profitent de la misère humaine, qu'elle soit financière, intellectuelle ou physique.
Qu'il s'agisse de pilules miracles amaigrissantes ou autres, de faux héritage, de voyance de pacotille, ça me scandalise qu'on puisse s'enrichir en profitant des faiblesses d'autrui, en appuyant là où ça fait mal.
"Il n'est pas loyal d'abuser de la faiblesse d'un handicapé, d'exploiter sa crédulité."

Et comment ne pas évoquer également la plume de Franz Bartelt ?
Avec un tel sujet, il était très facile de tomber dans le graveleux et pourtant, l'écriture demeure d'un bout à l'autre d'une rare délicatesse. Pour évoquer la relation ambiguë entre Marylène et Clinty, l'auteur utilise des termes comme "marivaudage initiatique" ou "accointances vespérales".
Franz Bartlet est un auteur vraiment unique. Il parvient avec succès à mélanger des genres comme le conte de fée dans son aspect le plus enfantin avec des passages limite gore et d'autres teintés donc d'un léger érotisme. Il parvient en quelques lignes à nous faire comprendre qu'une situation en apparence très drôle peut s'avérer finalement tragique. On est dans un décalage constant tant le court roman présente de degrés de lectures. On passe de l'absurde à l'émouvant, du rire au malaise et à la révolte, du propos léger à la réflexion profonde, et ce toujours en une fraction de seconde.
Parce que la magie de ce livre, elle est finalement avant tout dans les mots.

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La Fée Benninkova - Franz Bartelt - le dilettante ( 158pages- 15€)

Ne vous fiez pas au titre! Cette histoire de fée et de prince charmant s'adresse bien à un public adulte, averti, oserais-je ajouter.
Clinty Dabot , le protagoniste, voit débarquer chez lui , en pleine nuit, une belle en larmes, harassée,
tenaillée par une envie pressante. Pour lui « partager les mêmes toilettes »pouvait être un pas vers plus de convivialité. Drôle de rencontre pour cet invalide « à la patte folle, au dos qui se tord, une loque humaine , tout en vrilles » qui s' avère avenant et capable de « remonter le moral ».
Cette visite inopinée, cette apparition magique « une révélation absolue , cette présence enchantée » , plonge son quotidien dans l'univers du merveilleux et en bouleversera son destin.
Mais qui est cette fée Benninkova « éblouissante de beauté et de tristesse »,aux gestes gracieux,une fée du 21ème siècle qui « ne travaille que dans le développement durable »? La méfiance sécuritaire de Clinty dissipée, (car « la beauté n'est pas une garantie contre les mauvaises surprises »),il lui offre l' hospitalité. Ils s' apprivoisent et s'épanchent. Elle lui confie la raison de son désarroi, ses frayeurs après avoir échappé à ses poursuivants cannibales susceptibles de la « dévorer crue, de l' éplucher comme un fruit ». Pour lui témoigner sa gratitude , elle lui promet de satisfaire un de ses desiderata, mais elle a un service de plus à lui soutirer!
A son tour Clinty évoque son enfance, ses parents, lui confie sa liaison avec Marylène, sa caissière préférée. Il revisite les balbutiements de leur commerce amoureux « équitable »,leurs « accointances vespérales ».Il lui explique comment il réussit à venir à bout de la résistance de Marylène, une fille honnête, introvertie , écartelée entre ses préjugés et sa bonté . « Féru en sciences de la séduction », il étaya ses arguments en se référant à la nudité dans l'art , à Vénus, symbole de l' amour et de la beauté que les artistes peuvent représenter nue sans craindre la censure. Démarche qui prête à sourire tout comme sa contribution en kilos de sucre .
Il revit avec beaucoup d' exaltation, le séisme émotionnel , l' extase , le plaisir ineffable suscité à l' ouverture de son corsage , tel un lever de rideau sur « ce duo merveilleusement synchronisé ».
Pétrifié , fasciné, subjugué par «  cette femme aux allures de princesse » , comme victime du syndrome de Stendhal, « son corps réinventait des fusions , il était ébranlé par des séries d' explosions, il chavirait dans un délire total».La fée « à la curiosité inépuisable » sait relancer la conversation . Elle parvient à déshabiller l' intimité que Clinty avait nouée avec Marylène. On subodore la surenchère à chaque visite selon « la loi du syndicaliste:Plus on en a, plus on en veut » .L' exploration du corps de Marylène s'étant déroulée par effeuillages successifs dans une langue sulfureuse , suggère des scènes érotiques. Où en fut la limite ?
La fée lucide , psychologue,tente de lui ouvrir les yeux sur la cupidité de sa maligne prédatrice en train de le dépouiller, en monnayant ses charmes( « Vous avez mis le doigt dans l' engrenage ».) Mais lui, préfère occulter la vérité tout en laissant poindre sa jalousie envers son rival , Raoul, « un sombre bouffon, un vil chef de rayon si laid» sur le point de convoler.
A quelques chapitres de l' épilogue, la fée Benninkova reprend les commandes avec la complicité de l' auteur , esthète de l' humour noir. Ils font croître le suspense en fomentant une cascade de rebondissements . le récit prend des allures de thriller lors de l' agression de Clinty menacé d'être désossé , lors de l' explosion d' « une calotte crânienne», une vraie scène de carnage . Clinty dont « le coeur crie justice » sera-t-il vengé grâce à la baguette magique ? Son voeu le plus cher sera-t-il exaucé? Ou risque-t-il la furie des sadiques lutins noirs ?Car pour l' auteur  « les choses les plus incroyables arrivent », pourtant! Tout bascule à la sortie de l' église .
Le coup de théâtre final ubuesque, abracadabranteque ne saurait être dévoilé sous peine d' attenter au charme de cette historiette à dormir debout qui entremêle l' univers des rêves , du conte, fantasmes et réalité.
Chez Franz Bartelt , l' humour , la prouesse des mots, des quiproquos(la baguette), des formules(le feu à la casserole, le cierge:une variante de la baguette magique), l' ironie (les photographes aux gestes de sémaphores), les scènes cocasses(l' once de tendresse de la fée installant Clinty au lit ), le coup de griffe à des professions( les facteurs)sont sa seconde nature.
Il promène son regard caustique sur la société et son retour à l' individualisme , sur les villes qui oublient de favoriser l' accès aux handicapés .
Il est au sommet de son art de portraitiste : Clinty, « handicapé de partout sauf des yeux » dont la philosophie force le respect , « étourdissant de bonté »plus galant et plus philanthropique qu' un Apollon ingambe »; Raoul «le bellâtre, le tueur à la clef anglaise ».Il dépeint tel Bonnard la « foisonnante poitrine » de Marylène, ses appas, tel Courbet « sa toison, le souvenir le plus soyeux de Clinty », tel Ingres « son derrière rond,blanc comme de la mie de pain, riche , luxueux » .
L' imagination intarissable de Franz Bartelt fonctionne à plein régime .
Il a su métamorphoser ce fait divers en un récit jubilatoire où affleure la démesure .Il signe une farce tragi-comique, truculente qui saura tenir en haleine et captiver les lecteurs friands de récit déjanté .
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Voici un conte teinté d'humour et de dérision, avec une façon très subtile mais franche de dénoncer, le regard porté sur les handicapés. L'histoire commence comme un conte de fées et se finit par une mise au point, très nette et définitive ! Un point final brutal et sanglant !

Je ne peux hélas que vous souffler les grandes lignes de ce conte afin de vous laisser tout le plaisir de pénétrer dans la bulle enchanteresse de Franz Bartelt, sa plume tantôt douce tantôt acérée mais toujours vive et chatouilleuse, est un pur régal pour tout lecteur qui aime lire et s'amuser tout en abordant des thèmes sérieux.

Il était une fois, une fée qui avait perdu sa baguette : fâcheux ! Quand soudain, une envie pressante (sans baguette pas moyen de se soulager là sur le champ), elle frappa à la porte d'un monsieur handicapé, seul, nommé Clinty !

Imaginez-vous, ouvrir à une charmante personne qui se dit être une fée ! Cette charmante fée, promet évidemment de réaliser le voeu de Clinty mais seulement, il lui faut commander une nouvelle baguette, et en attendant, elle demande l'hospitalité car elle est sans défense contre les grands nains noirs dont elle semble voir partout, même en la personne du très charmant facteur alcoolique qui viendra apporter le paquet.

Devant dissimuler, son identité et sa présence, elle demande donc à Clinty de commander à son nom et contre remboursement cette fameuse baguette.

En attendant la réception du colis magique, il faut bien occuper cet espace libre. Clinty tout heureux être en si bonne compagnie, commence à se confier et lui raconter sa vie du moins des tranches de vie et notamment les derniers évènements avec une caissière de supermarché qui l'a bien roulé dans la farine ! La gentille caissière commence par lier une amitié puis s'immiscer dans la vie de Clinty en lui vendant un peu de plaisir visuel contre des kilos de sucre ! Sucre pour arriver au salon en cuir ! Etrange et loufoque, mais l'étrange cache toujours une bien triste réalité dont je me dois de vous cacher aussi.

La fameuse baguette étant arrivée à bon port, la chute de l'histoire se révèle inattendue. Sans pouvoir vous en dire plus, je vous avoue que j'ai passé un super moment de lecture, avec des portraits qui m'ont fait rire notamment sur le responsable du rayon auto, bravo monsieur Bartelt !
Au-delà de l'humour parfois acide, l'auteur nous dépeint la place de l'handicap dans notre société, leur solitude et leur souffrance, le regard des autres, et ces mêmes autres qui profitent de leur faiblesse pour les escroquer, les abuser et les rabaisser plus bas que terre.

Un beau portrait en la personne de Clinty, qui nous laisse en interrogation, et ne peut que soulever un vent de révolte face à la société qui met peu de moyen pour faciliter le quotidien des handicapés.

En résumé, beaucoup d'humour certes mais une belle approche sur le handicap, pour un vrai coup de maître à la sauce Bartelt ! Une lecture délicieuse et fracassante au parfum de nos belles Ardennes !

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Clinty Dabot, célèbre (on se demande pourquoi ?) handicapé à la patte folle et au dos qui se tord a la surprise d'entendre frapper à sa porte une fée charmante, mais triste : elle a perdu sa baguette magique et de grands lutins noirs la poursuivent. Elle est en danger, en détresse même.

De lui offrir l'hospitalité vaut, bien sûr, à son bienfaiteur qu'elle exauce son voeu le plus cher.

Celui-ci, en homme aimable et sympathisant, ouvre son coeur à la fée attentive et compatissante. le pauvre a tout donné, ou presque, pour Marylène, la femme de ses rêves.

Il raconte sa rencontre avec cette hôtesse de caisse avec laquelle il a entretenu une relation privilégiée (le croit-il) durant deux ans.

Marylène, subtile intrigante, lui a en fait extorqué argent et vaisselle, babioles et meubles et toute une liste de choses aussi infinie que le sortilège sous lequel il a succombé. le pouvoir du charme, des charmes de Marylène a entraîné Clinty à la banqueroute… Et tout cela n'était pas innocent.

En véritable Conscience, la fée Benninkova tente de lui ouvrir les yeux… Mais qui donc est-elle ? Existe-t-elle vraiment ? Transformera-t-elle le pauvre Clinty en prince charmant ?

La réalité est sans pitié pour le rêveur, surtout sous la plume de Franz Bartelt qui nous surprend en nous servant cette histoire qui débute comme un conte.

D'une écriture simple et fluide, mais attentive et précise, l'auteur dissèque la vie tourmentée d'un homme entamé dès la naissance, frustré par l'isolement et la solitude, faible et naïf, aveuglé par la femme et ses contours, même quand elle se révèle bien plus opportuniste et vénale qu'il n'aurait pu le croire.

La lecture est divertissante, le ton est plaisant, le détail toujours présent sous la plume de Bartelt, qui jongle avec l'anatomie –surtout féminine- et la pensée comme un artiste le ferait avec ses quilles, mais qui ne manque jamais de ramener le lecteur à des réalités bien moins agréables.



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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Pour rêver d'elle, je n'avais pas besoin de trouver le sommeil. Elle faisait partie de ma vie intime. Comme un rêve, bien entendu. Mais un rêve dont les fantaisies s'appuyaient sur la réalité.
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« Ah, Clinty, Clinty, Clinty! s'est-elle exclamée en essuyant ses joues à l'aide d'un morceau de papier toilette.
- On se connaît? me suis-je enquis, au cas où.
- Je suis la fée Benninkova. Vous ne me connaissez sans doute pas, car je suis moins réputée en qualité de fée que vous ne l'êtes en tant que handicapé.
- Benninkova? C'est un nom qui ne me rappelle rien. Mais vous savez, je ne connais pas tout ce qui mérite d'être connu. À cause de ma mémoire. Elle a toujours été très moyenne. Mais Benninkova, ça se retient bien, je trouve. Je suis sûr que je ne l'oublierai jamais. >>
Je ne croyais pas si bien dire. Je ne suis pas près de l'oublier, la fée Benninkova.
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A notre époque, vous pouvez bien mourir sur un paillasson, on ne vous portera pas secours, on ne vous offrira pas un verre d'eau, on ne vous accordera pas un regard. Les locataires vous enjamberont pour rentrer chez eux, c'est tout. C'est comme si les malheureux n'existaient pas.
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Le catalogue des adjectifs dont sa colère disposait était inépuisable, comme c'est souvent le cas dans le petit monde des fées. Je suis sensible à la mélodie qualificative. Les attributs me troublent autant que les épithètes m'échauffent. Bien placé, un adverbe de soutien peut emporter mon adhésion à n'importe quelle idéologie de la spontanéité. Une flambée de rage grammaticalement attisée peut me convaincre de lever le poing, de jeter l'anathème, de prendre en chasse, de voter contre ou de me convertir à. En moi, le handicap a développé une sensibilité d'artiste. Je suis un écorché vif, l'expression n'a rien de métaphorique.
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Un miracle de loin en loin entretient l’espérance. Systématisé ou généralisé, le miracle devient un droit de l’homme, une forme de justice. Le bancal ne l’espère plus : il l’exige ! Et à juste titre, d’ailleurs, dans une société qui se revendique égalitaire. Ici-bas, l’espoir est une très grande source de profits. Alors que le droit coûte cher. Il ruine le valide et constitue une charge pour la collectivité
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Vidéo de Franz Bartelt
Une minute quarante de Franz Bartelt à consommer sans modération, extrait du livre "Le bon temps" paru à L'Arbre vengeur.
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