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Hélène Fau (Préfacier, etc.)
EAN : 9782258070219
830 pages
Omnibus (20/01/2006)
3.75/5   40 notes
Résumé :
Ce sont trois "romans policiers sans police" selon le mot de Colete. Il y a des secrets de famille, des histoires enfouies que l'on croyait perdues à jamais, des maisons silencieuses qui ne demandent qu'à parler. En butte à la bassesse et au mensonge, des femmes solitaires enquêtent, parfois dans leur propre passé, savent écouter la pierre, les meubles, les jardins, témoins et gardiens de drames oubliés. Elles bouleverseront ainsi l'ordre des choses.
Que lire après Des maisons, des mystères : La Harpe irlandaise, Les Clefs, Agnès de rienVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Ce roman policier fut un enchantement. C'est le premier livre de Germaine Beaumont que je lis et celui-ci ne sera pas le dernier. Bien que l'auteure soit française, on retrouve beaucoup de détails anglais. Et pour preuve en lisant sa préface, elle a lu autant d'auteurs français qu'Anglais. Elle a vécu en Angleterre et elle a traduit certains romans de Truman Capote, Virginia Woolf et Mary Westmacott qui n'est autre que le pseudonyme d'Agatha Christie. ..excusez du peu. Les manoirs, ces grandes maisons mystérieuses, ainsi que les parcs et jardins si bien décrits...le mystère plane, les secrets de famille pullulent, les froides propriétés où la cheminée est nécessaire même en plein été. J'adore ces ambiances feutrées et vraiment très britanniques. Et pourtant le récit se passe en France près de Chartres dans les années trente. Il y a un petit air de démodé, suranné mais juste ce qu'il faut pour garder un certain charme. Ce roman à été écrit en 1941. Flore et Laura, quinquagénaires, deux cousines par alliance se rendent dans la maison de campagne de Laura à Saint-Suger. Cette dernière est veuve d'Edmond, le cousin de Flore depuis cinq ans. Elle a eu une âme d'artiste, rêveuse, contemplative. Sa cousine Flore est plus stressée, nerveuse, sèche. Mais toutes deux vont chercher à savoir pourquoi une très belle maison campagnarde à vendre depuis longtemps et semble se délabrée alors que des personnes sont payés pour l'entretenir. La propriétaire vit à Paris et n'est plus jamais revenue voir sa maison depuis...bref que de mystères. Les deux cousines vont "enquêter" chacune de leur côté.
Je ne peux que vous le conseiller.
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L'auteur est la fille d'une amie de Colette. Elle était surtout connue comme journaliste et spécialiste des romans policiers anglais.

On retrouve ce goût du mystère dans les trois histoires énigmatiques réunies ici, ayant pour coeur une maison, ce qui ne pouvait que me plaire, ayant une fascination ( pourquoi? Je ne saurai le dire...) pour ce thème. Mais, selon le mot de Colette, ce sont " des romans policiers sans police".

L'ambiance est un brin surannée, désuète, mais délicieusement envoûtante, il émane un parfum de romantisme noir et d'exaltation secrète dans les couloirs sombres de ces maisons , derrière les lourdes tentures, qui fait frissonner de plaisir...On pense à Daphné du Maurier, avec une plume peut-être plus incisive.

Car elle écrit fort bien, et sait créer une atmosphère oppressante et inquiétante, par fines touches, avec une grande précision du détail. Et de la poésie aussi.

" La harpe irlandaise, " Les clefs", "Agnès de rien": trois personnages de femmes solitaires attachantes , qui mettent à jour des secrets de famille, au sein de ces habitations étranges et brumeuses.Les soeurs Brontë auraient aimé !

Une romancière à réhabiliter, vraiment, elle en vaut la peine!

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Beaumont Germaine (1890-1983, pseudonyme de Germaine Battendier) – "Des maisons, des mystères" (titre factice), avec une préface d'Hélène Fau – Omnibus, 2013 (ISBN 978-2-258-10048-0)
Recueil de trois romans  : "La harpe irlandaise" (publié en 1941), "Les clefs" (publié en 1940) et "Agnès de rien" (publié en 1943) ; "préface" signée Hélène Fau, résumant à grands traits la carrière littéraire et radiophonique de Germaine Beaumont, suivie d'une "Chronologie" et d'une "Bibliographie des oeuvres de Germaine Beaumont".

Un livre rencontré tout bêtement lors d'une escale dans l'une de ces stations d'essence jalonnant les autoroutes, toujours flanquées d'une sorte de supermarché détaillant aux prix les plus forts les alimentations industrielles les plus ignobles, en présence d'un ou deux tourniquets ou présentoirs à livres neufs soldés, parmi lesquels surnagent parfois l'un ou l'autre volume présentant un réel intérêt, que l'on ne trouvera que difficilement ailleurs. Cette fois-là, donc, c'était sur l'autoroute reliant Strasbourg à Paris via Metz, et ce fut le nom de Germaine Beaumont.

Comme pour de nombreuses autres personnes de ma génération, ce nom évoque immédiatement les "Maîtres du mystère", que nous écoutions groupés autour de ma grand-mère paternelle (grande dévoreuse de romans policiers... et de matchs de catch) et de son hénaurme poste radio (ceux qui étaient équipés de vraies lampes, qui étaient couramment désignés par le sigle TSF, qui servirent à écouter Radio Londres – toute une époque). Cela commençait par un indicatif sonore inoubliable (que l'on retrouve sur "Youtube") et l'énoncé "les maîtres du mystère, Pierre Billard et Germaine Beaumont ont choisi pour vous..."

Par la suite, au fil de lectures hétéroclites, les lectrices et lecteurs qui eurent par hasard la chance de découvrir l'oeuvre de Colette (auteur jugé mineur, donc rarement abordée dans les sacro-saints programmes de l'Éducation National franchouillarde, alors qu'elle avait les honneurs du Lagarde et Michard) croisaient immanquablement ce nom de Germaine Beaumont, fille de la grande amie Annie de Pène, devenue la quasi fille adoptive de Colette pendant un temps, laquelle lui mit le pied à l'étrier. On apprenait qu'elle fut membre du jury attribuant le Prix Femina tout d'abord de 1934 à 1945, puis à partir de 1952, tout en assurant une présence sur la scène du roman policier, ou du roman "à mystère". Bref, un nom qui nous accroche d'autant plus que ses propres romans, souvent épuisés en édition originale, sont devenus difficiles à trouver en librairie.

Les trois romans proposés ici sont centrés sur une maison (la Cour Jamoise dans le premier, la Jondraie dans le deuxième, les Fonts de Laumes dans le troisième), située dans un coin perdu de la campagne profonde, dans un état d'abandon ou de délabrement avancé, appartenant à une famille dont il ne reste qu'une vieille mère plus ou moins manipulée par sa fille, toutes deux acariâtres et pingres, faisant subir la pire tyrannie à des servantes incarnées par de pauvres filles issues de la campagne (ambiance Thénardier à la Victor Hugo, mâtinée de Père Goriot à la Balzac).
Le mystère – fort bien mené – concerne soit la découverte progressive d'une filiation inattendue (thème assez conventionnel dans la littérature des siècles précédents), d'un horrible passé à oublier, d'une passion bien entendu in-vivable en raison des conventions sociales (moteur inépuisable du genre romanesque depuis "Tristan et Iseut" ou "La princesse de Clèves"). le tout sur un fond de campagne prêtant lieu à des descriptions dignes de la grande Colette.

Deux bémols cependant : nous sommes dans un monde proche de celui dépeint par Irène Némirovsky, peuplé de riches héritières, disposant de fortunes colossales leur permettant de vivre dans l'oisiveté ou de gérer la ruine et la décadence d'une fortune patricienne, alors que le peuple des campagnes ne comprend que des dégénérés, des alcooliques incultes, de sombres brutes à la limite de l'état sauvage (cf le "Journal d'une femme de chambre" d'Octave Mirbeau).
Par ailleurs, l'auteur appartient à ces générations qui croyaient encore fermement à l'hérédité, à la race, aux théories à la Gobineau, à la physiognomonie des Lavater et autres Gratiolet, comme le montre par exemple l'exposé des origines des familles Coutreras-Clauvel (pp. 356-357).

L'intérêt de la prose de Germaine Beaumont réside dans l'accent mis avant tout sur les personnages féminins, qui occupent pratiquement toute la scène. Les personnages masculins sont relégués soit dans les vapeurs du souvenir (la plupart des héroïnes sont veuves), soit dans la fange du vice (éloge du matriarcat dans "Les clefs", pages 402 puis 414, ou condamnation collective "les hommes sont répugnants" dans "Agnès de rien", p. 648). La gent féminine est incarnée par des personnages contrastés, l'héroïne du récit représentant le côté positif voire éthéré, se heurtant à des femmes peintes au vitriol.
Dans "La harpe irlandaise", Germaine Beaumont raille avec férocité ces femmes gestionnaires (les manadgeuses hyper-actives d'aujourd'hui) dépourvues de toute sensibilité (voir par exemple pp. 173-175 puis 296-298). Dans "Les clefs", elle dresse le portrait d'une mère à l'avarice sordide manipulée par une fille sans scrupule aucun (Mme Clauvel "ne faisait pas toujours des additions" p. 403). le portrait féminin le plus féroce se trouve probablement dans "Agnès de rien", avec cette Alix en représentation perpétuelle, martyrisant hypocritement son entourage y compris sa propre mère sans avoir l'air d'y toucher.

Comme Irène Némirovsky, Germaine Beaumont excelle dans les portraits incisifs, cruels, férocement ironiques et décapants de femmes avides et manipulatrices, témoignages de cette époque de l'entre-deux guerres, qui invente le "féminisme forcené" incarné par la manipulation des "torches de la liberté" d'Edward Bernays et le mépris de nos grand-mères reléguées au rang de potiches.
Un véritable régal dans le genre (si l'on peut encore l'écrire ainsi).
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Trois romans rassemblés en un seul volume, sous la plume de celle que certains, sans doute seulement les plus âgés d'entre nous, ont connue sur les ondes de la radio nationale. Rappelez-vous "L'heure du mystère", que l'on attendait avidement à chaque début de soirée. le mystère, elle connait. Des maisons, plus ou moins habitées, certaines abandonnées depuis longtemps déjà. Il en émane une étrange atmosphère, que Germaine Beaumont excelle à rendre, par des mots savamment choisis et des tournures imagées, parfois désuètes, qui semblent loucher du côté des auteurs romantiques du dix-neuvième siècle. La folie aussi habite ces demeures, riches de secrets de famille soigneusement enfouis, qu'une femme étrangère à ces lieux va se charger de déterrer. Au-delà des parentés évidentes entre ces trois romans écrits de 1940 à 1943, chacun conserve son caractère unique. de petits bijoux, à (re)découvrir…
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Trois romans à découvrir et à savourer pour la délicatesse de la narration et cette plongée au coeur des êtres, de femmes perdues et abimées par la vie. Dans chacune de ces histoires, une femme rencontre aussi une maison, on est juste avant la seconde guerre mondiale, et soudain ces femmes, qui semblent tellement subir une vie désolante, sont attirées par une maison. Ces demeures, vieilles et peu entretenues pour deux d'entre elles quasiment en ruines, recèlent un mystère.
Trois récits et trois femmes Laura, de la Harpe irlandaise, une pianiste finie et désespérée après la mort de son mari, un être fantasque et enfantin qui, à la suite d'une sorte d'apparition fantomatique, va se révéler et aller au bout de la mission dont elle se sent investie.
Frédérique énigmatique accablée par un lourd mystère et qui achète, sans même la visiter, une maison décrépite dans Les Clefs et qui marche sans le savoir vers son destin avec une ferme délicatesse, et enfin Agnès, dans Agnès de rien, envoyée dans la maison sinistre de sa belle-famille où un grand bouleversement l'attend.
Chaque fois, ces maisons sont aussi prises par la nature à l'assaut des demeures ; les fleurs, les arbres, les odeurs, les moindres bruits ou les plus forts ( le vent, l'eau) habitent l'espace et lui donnent de la chair.
Il est question aussi d'enfants, de maternité transposée avec Marie et
Pauline, sauvées de leur destin funeste.
Mais ce qui séduit aussi c'est la prose fluide et délicate de Germaine Beaumont, bien-sûr certains pourraient trouver son style un peu démodé, mais la phrase est ample et ouvre à la rêverie, un vrai plaisir de lecture !
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Elle essayait de se ressaisir.
Mais elle sentait sa propre pâleur la dénoncer, elle l'a sentait se superposer à sa chair comme un masque. Elle percevait la rumeur du passé comme une marée montante. Si loin d'abord, qu'on ne la distingue ni ne la redoute plus. Puis galopant vers vous comme des chevaux sauvages, s'élevant au-dessus de vous comme une muraille d'eau qui va crouler.
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Flore, entre autres habitudes qui l'a rendaient parfois d'un contact difficile, avait celle de professer à l'égard de la nourriture des théories d'une déprimante rigueur. Sa ligne, qu'elle soignait avec acharnement de femme qui veut plaire, alors qu'elle tirait grande vanité de ne s'en préoccuper jamais, la contraignait à l'aridité des régimes dissociés, des calculs de calories et des biscottes.
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Juliette Sacherel disposait de toutes les ressources d'une paresse incurable, congénitale. A longueur de journée, ayant promené un plumeau languissant sur les meubles, poussé vaguement son balai sur le carrelage, elle restait assise, contemplant, sans y toucher, la corbeille de linge à repriser posée devant elle, ne se levant que pour aller redresser les oreillers du malade dans la pièce voisine, lui donner un bol de lait, un bol de soupe.
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Car elle aussi, elle commençait plusieurs tartines, les entamait en demi-lunes et ne les finissait pas.
Edmond avait expliqué une fois à Laura ébahie, que ce n'était pas la même chose de manger trois demi-tartines, et d'en manger une et demie.
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Laura avait de ces grâces, entièrement perdues, qui glissaient sur Flore comme la pluie sur un marbre incliné.
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Video de Germaine Beaumont (1) Voir plusAjouter une vidéo

Colette ; 1
5'50 - 14'15 - 55' - Colette, sa rencontre avec Debussy ; l'ennui au théâtre ; sa conception du repos. 20'-Pierre FRESNAY, son témoignage sur Colette. Jean COCTEAU, son style. 28'- Germaine BEAUMONT, anecdote sur Colettepianiste. 46'45 - Maurice CHEVALIER, ses souvenirs concernant Colette. PLUS DISQUES ET DOCUMENTS INA
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