AAAARRRRGG !!! RRRAAAAHHH !!!
Ouh ! Que je suis énervée ! Permettez-moi de pousser un immense, un vibrant, un tonnant, un phénoménal coup de gueule !
Mesdames et Messieurs les éditeurs ! Oui, vous ! Sortez, bande de pleutres, bande de pusillanimes coquins ! Montrez-vous, chiffes molles ! Sortez de votre grotte à fric !
Oui je vous hais, oui je vous vomis, je vous chie dessus, je vous inonde de ma plus infecte urine, je vous badigeonne de glaires infâmes et de prurits vermineux, je vous enfouis sous des hectares de fange ! Allez tous crever en Enfer !!
N'avez-vous donc aucun honneur ? N'avez-vous donc que l'intérêt à la gueule ? N'en avez-vous pas assez de ne publier sans cesse que des merdes rentables ? Ça suffit les ronds de jambe aux
Beigbeder, Foenkinos, Levy, Musso et autres faquins baratineurs de niaiseries insolentes !
Voici un dramaturge espagnol,
Jacinto Benavente, reconnu comme l'un des plus grands, si ce n'est LE plus grand de son siècle en son pays, récompensé internationalement par un prix Nobel en 1922 et...
... TOTALEMENT introuvable en France !!!
Vous n'avez donc vraiment aucune ambition culturelle ?! Aucun vouloir de qualité dans l'édition française ?!
Aïe ! que je VOUS plains ! Aïe ! que je NOUS plains !
Alors, c'est vrai, et je suis bien d'accord avec vous, qu'un prix Nobel n'est jamais un gage absolu de qualité et ne signifie pas toujours grand-chose, mais, pour le coup, celui-ci était justifié !
Bon, et si je vous parlais un peu de la pièce, plutôt que de ces sales éditeurs à la gomme ?
Nous avons donc affaire aujourd'hui à une pièce de Commedia dell'arte, oui, oui, vous avez bien lu, une pièce de Commedia dell'arte, au XXème siècle et sous la plume d'un espagnol.
Mais ici, point de comédie qui vaille. Bien que respectant tous les codes de la Commedia italienne et de ses personnages types,
Jacinto Benavente nous offre une savoureuse critique sociale, une satire sociale, devrais-je écrire, ayant pour musique de fond, l'étiquette sociale, le paraître, les calculs troubles et la cupidité de chacun.
Le héros ici est Crispin, magnifique manipulateur qui avec son ami Léandre, bellâtre trop honnête pour être malin, tâche de faire accéder celui-ci à la fortune en lui faisant obtenir la main de Sylvie, fille de Polichinelle.
Polichinelle est un gros coquin plein aux as qui ne s'est jamais trop soucié des moyens pour accroître sa fortune.
Crispin, s'adjoignant les services d'Arlequin et du Capitan, usant et abusant de la noble et belle prestance de Léandre pour s'ouvrir des crédits chez un peu tout le monde, notamment Pantalon, qui espère bien gagner quelques écus grâce à ce " prince ", car, à n'en pas douter, il est si beau qu'il ne peut être que prince.
Crispin débauche également Colombine à son intérêt pour convaincre sa maîtresse à servir d'entremetteuse et forcer Polichinelle à accepter le mariage et donc, à distribuer à chacun
les intérêts créés par le Crispin-aux-poches-vides.
Mais Polichinelle sera-t-il si pressé de cracher au bassinet ? N'utilisera-t-il pas quelques " moyens légaux " pour conserver sa précieuse fortune ?
Bref, du très bon théâtre par un grand amoureux du théâtre qu'était Benavente et que je recommande vivement.
Alors, Mesdames et Messieurs les éditeurs (marchands de livres devrait-on dire), entonnez avec moi et à jamais, sur un air de Brassens :
" ♫Trompettes♪ de la ♪NOUVEAUTÉ♪
♪Vous êtes♪ bien ♫mal embouchées !♫ "
et surtout dépêchez-vous de me republier tout ça si vous ne voulez pas passer au pilon éternel de mon mépris aussi vite que vous faites tourner les ouvrages dans votre catalogue de pacotille.
En outre, ce que j'exprime ici bas, n'est que mon avis, qui n'offre certes que très peu d'intérêts créés, c'est-à-dire, pas grand-chose.