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EAN : 9782070316502
192 pages
Gallimard (07/10/2004)
3.33/5   18 notes
Résumé :
"On connaît l'aphorisme de Jean Cocteau : qu'on peigne un paysage ou une nature morte, on fait toujours son propre portrait. Ai-je tracé le mien ? Ce n'est pas impossible. J'ai surtout voulu cerner celui d'hommes et de femmes qui ont traversé ma vie. C'est mon itinéraire. J'ai choisi de témoigner, de parler de ceux que j'ai aimés, admirés. De les éclairer à ma façon. Je n'ai jamais tenu de journal, je me suis fié à ma mémoire. Comme toutes les mémoires, la mienne es... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
******Première critique de cette lecture écrite en octobre 2013, reprise et complétée à la lumière d'une relecture le 11 avril 2021, car mon exemplaire rejoint la bibliothèque d'une amie à qui je souhaite l'offrir !...

Un petit volume où Pierre Bergé dessine le portrait de ceux qu'il a "aimés, admirés": Jean Cocteau, François Mitterrand, Marie-Laure de Noailles, Bernard Buffet, avec qui il a vécu huit années, , Louise de Vilmorin, Aragon, Chanel et Schiaparelli; Lili Brik et Tatiana Yakovleva, Ferdinand Céline, Pierre Mac Orlan, Les Rostand, Rudol Nureev, Andy Warhol, Jean-Louis Barrault et Madeleine Renaud, etc. sans oublier le premier texte, plein de vénération pour Jean Giono : "Ce que je lui dois est indicible. Il fut mon mentor, mon ami, mon guide. Il m'a fait découvrir tant de choses, lire tant de livres ! (p.24)

Un texte sobre, sans confidence ou déclaration fracassantes... juste des hommages à des rencontres amicales , intellectuelles, artistiques, bienfaisantes et lumineuses.
Toutefois un bémol qui doit tenir à la personnalité de Pierre Bergé ; il ne peut pas se départir parfois d'une certaine arrogance et de remarques désobligeantes, inutiles, qui nuisent à l'ensemble de ce petit livre qui aurait pu être plus lumineux avec une once supplémentaire d'indulgence et de bienveillance ; je préfère retenir le positif dont la partie consacrée à Ferdinand Céline, qui pour le coup, reste plus nuancée
« Les chiens aboyèrent et se jetèrent sur la grille lorsque nous arrivâmes à Meudon, rue des Gardes, pour rencontrer Louis-Ferdinand Céline. La lecture du –Voyage- m'avait terrassé lorsqu'à quinze ans j'ai découvert ce qu'était l'écriture, comment on pouvait tordre les mots, faire jaillir des images, des épithètes et cracher à la face du monde. A cette époque je ne savais rien de Céline, de sa vie , de son comportement pendant la guerre. L'antisémitisme m'était inconnu. Aussi lorsque Daragnès, trois années plus tard, m'apprit qu'il récoltait un peu d'argent pour l'envoyer à Céline , au Danemark, je mis la main à la poche, même si elle était presque vide.
Lorsque Céline revint en France, j'avais, bien sûr, tout appris, mais mon admiration pour l'écrivain était restée la même. Alors, lorsqu ‘on m'offrit de le rencontrer, je ne pouvais qu'accepter avec joie. Que dis-je ? Avec fébrilité ! Pensez : c'était comme rencontrer Proust, Genet, Claudel, Valéry. Ce que j'avais déjà fait avec Giono. Je dois avouer que je n'éprouvais aucun dégoût, aucun rejet. Flaubert s'était dressé contre la commune, d'autres contre Dreyfus et Péguy aimait les « justes guerres ». Ce qu'a fait Céline est impardonnable, mais qui parle de pardonner ? Donnons plutôt la parole à D.H Lawrence : « Ne faites aucune confiance à l'artiste. Faites confiance à son oeuvre. La vraie fonction d'un critique est de sauver l ' « oeuvre des mains de son créateur » (p. 114)

Pour oublier mon agacement face , parfois, à cette arrogance, ce ton supérieur, je me rappelle avec reconnaissance, que parmi ses très nombreux mécénats culturels et artistiques, Pierre Bergé a sauvé de la destruction la maison- Musée Emile Zola, à Médan… alors …à mon tour de me plaider à moi-même l'indulgence !!!...

je termine cette brève présentation par le texte de Clément Marot, choisi par Pierre Bergé, pour introduire ses souvenirs ,ses rencontres, et ce satané temps... qui passe trop vite :
Plus ne suis ce que j'ai été,
Et plus ne saurais jamais l'être.
Mon beau printemps et mon été
Ont fait le saut par la fenêtre.
Amour, tu as été mon maître,
Je t'ai servi sur tous les dieux.
Ah si je pouvais deux fois naître,
Comme je te servirais mieux !
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Déjà à la vision du film L'amour fou de Pierre Thoretton (2010), qui retraçait la relation tant professionnelle que personnelle entre Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé, ce dernier m'était apparu comme un homme déplaisant, vaniteux, infantilisant le couturier et faisant souvent preuve d'une ahurissante arrogance. La lecture de cet ouvrage, dans lequel le mécène raconte ses rencontres avec des personnalités comme Giono, Noureev ou encore Robert Mapplethorpe, n'a fait que conforter ma première opinion vis-à-vis du personnage. S'érigeant en gardien de la mémoire de ces illustres disparus, Bergé se permet parfois (souvent?) d'indignes réflexions et considérations, persuadé de détenir LA vérité ultime sur ces personnalités, débordements qui finissent par rendre nauséabond un projet déjà égocentrique.
Lien : http://territoirescritiques...
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Rudolf Nureev

Rudolf était solaire, c'est-à-dire qu'il rayonnait. Sa beauté coupait le souffle et affirmer qu'il fut le plus grand danseur de son temps est-au dessous de la vérité. Il fut -la- danse, comme Callas fut -le- chant. D'ailleurs, n'écoutons pas ceux qui font des réserves sur l'un ou sur l'autre. Ils avaient tout simplement du génie. L'un et l'autre n'avaient qu'à apparaître. (p. 152)
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Céline

Les chiens aboyèrent et se jetèrent sur la grille lorsque nous arrivâmes à Meudon, rue des Gardes, pour rencontrer Louis-Ferdinand Céline. La lecture du –Voyage- m’avait terrassé lorsqu’à quinze ans j’ai découvert ce qu’était l’écriture, comment on pouvait tordre les mots, faire jaillir des images, des épithètes et cracher à la face du monde. A cette époque je ne savais rien de Céline, de sa vie , de son comportement pendant la guerre. L’antisémitisme m’était inconnu. Aussi lorsque Daragnès, trois années plus tard, m’apprit qu’il récoltait un peu d’argent pour l’envoyer à Céline , au Danemark, je mis la main à la poche, même si elle était presque vide.
Lorsque Céline revint en France, j’avais, bien sûr, tout appris, mais mon admiration pour l’écrivain était restée la même. Alors, lorsqu ‘on m’offrit de le rencontrer, je ne pouvais qu’accepter avec joie. Que dis-je ? Avec fébrilité ! Pensez : c’était comme rencontrer Proust, Genet, Claudel, Valéry. Ce que j’avais déjà fait avec Giono. Je dois avouer que je n’éprouvais aucun dégoût, aucun rejet. Flaubert s’était dressé contre la commune, d’autres contre Dreyfus et Péguy aimait les « justes guerres ». Ce qu’a fait Céline est impardonnable, mais qui parle de pardonner ? Donnons plutôt la parole à D.H Lawrence : « Ne faites aucune confiance à l’artiste. Faites confiance à son œuvre. La vraie fonction d’un critique est de sauver l ’ « œuvre des mains de son créateur » (p. 114)
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-François Mitterrand-

On a souvent vanté sa fidélité. elle est légendaire. Cela ne l'empêchait pas de créer des clans, de les entretenir, voir de les opposer, de savourer les antagonismes des uns et des autres. Il avait peu d'illusions sur la nature humaine, la croyait prête à tout. Il disait que la vanité, seule, mène le monde, plus que l'argent, plus que l'amour. (p.45)

Il devait trouver qu'il y avait de l'impudeur à étaler ses sentiments. Il aimait Renan, -la Prière sur l'acropole-, Barrès à cause des -Cahiers-.Tous ceux qui avaient une écriture chargée de mysticisme, qui avaient passé de longues années à s'interroger. S'était-il interrogé ? assurément, mais je le soupçonne d'avoir préféré ne pas répondre. Il n'aimait pas les questions précises, celles qui avaient l'air de lui forcer la main. (p.49)
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Aragon

Comment ne pas admirer, sans restriction, le poète et l'écrivain qu'il fut ? L'auteur d'-Aurélien-, du -Paysan de Paris-, des Cloches de Bâle, de -La semaine sainte? de tant de poèmes parmi les plus beaux de notre langue ? Comment pourrais-je oublier ce vers que j'ai lu lorsque j'avais quinze ans, qui me fit découvrir la poésie de mon époque, ce vers digne de Charles d'Orléans, que je n'ai cessé de me répéter depuis : "La rose pour mourir a simplement pâli". (p. 92)
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-Marguerite duras-

je l'ai admirée plus qu'aucune autre femme écrivain de notre siècle. elle n'avait aucun snobisme; ne faisait pas dans le nouveau roman comme d'autres dans la nouvelle cuisine (..) elle menait avec courage son métier d'écrivain (p.135)
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Vidéo de Pierre Bergé
Yves Saint-Laurent, Pierre Bergé, L'amour fou.
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