Six mois après avoir résolu l'affaire des petites filles assassinées et y avoir laissé quelques plumes, Hunger Munch et Mia Krüger s'attaquent à un 'Hibou' assassin qui a accompagné son meurtre d'un rituel pour le moins tordu. Plus tordus encore : les sévices subis par la victime les semaines précédant sa mort. Qui fait tout ça ? Combien sont-ils ? Pourquoi ? etc. Les questions qu'on se pose en lisant un roman policier, en gros !
Je me suis immergée avec délice dans ce deuxième opus. On retrouve des thématiques qui semblent chères à l'auteur, et la construction est à peu près la même - quelques pistes pour embrouiller le lecteur.
Avantages sur le premier : on connaît les enquêteurs, on les aime déjà, et il y a moins de longueurs (les incursions auprès des allumés de la forêt étaient longuettes dans 'Je voyage seule').
J'aime beaucoup l'écriture de Samuel Bjørk, les relations subtiles qu'il tisse entre ses personnages, et tout particulièrement les dialogues ou monologues intérieurs des enfants et de ceux qui présentent des troubles mentaux.
Une fois le livre terminé, je me dis que l'intrigue est un peu tirée par les cheveux, sans doute, que certains éléments sont invraisemblables, et que j'ai déjà rencontré maintes fois ce profil d'assassin. Mais peu importe, ce délicieux page-turner m'a distraite pendant 4h30.
Commenter  J’apprécie         410
J'adore le polar nordique. Son ambiance, son atmosphère quasiment conditionnée par la météo. Ce genre de relations humaines, retenues, sinon froides. J'aime lorsque l'on prend le temps de bien désamorcer les choses, de bien dénouer. Un genre en soi le polar nordique, presque. Après la lecture de "Le Hibou", je me demande si j'ai retrouvé ça. Samel Bjork nous livre ici un cadavre dans une étrange, non macabre mise en scène. On cherche du côté des rituels sataniques, de l'ésotérisme, de la folie...Puis, les policiers auront accès à une vidéo, diffusée sur le web, encore plus terrifiante, plus incompréhensible. Malgré le fait que l'auteur connaît bien toutes les touches pour tenir en haleine un lecteur avide, malgré le fait que tous les personnages sont intéressants et importants, même les plus secondaires, j'ai ressenti un manque. J'ai eu l'impression qu'on me parlait de beaucoup de choses en surface toujours, que nous ne faisions qu'effleurer, énoncer la situation des familles d'accueil, des enfants abandonnés, des foyers, des pratiques rituelles, de la santé mentale, de la drogue, du web et ses secrets, des hackers médaillés d'or . Vous me direz qu'une seule intrigue, un seul roman ne peut parler de tout cela en profondeur. C'est bien vrai. Alors pourquoi juste en dire 2 mots? Mais c'est sûrement ma faute, j'aurais dû commencer avec le premier opus de cet auteur soit "Je voyage seule" . Il est évident que j'aurais mieux compris la façon de faire et de raconter de cet auteur.
"Le hibou" ne se mérite que 3 étoiles par ma faute. Remarquez que je n'hésiterai pas à faire un retour en arrière et me lancer dans "Je voyage seule".
Commenter  J’apprécie         327
J'avais déjà beaucoup aimé Je voyage seul de l'auteur, j'ai donc commencé ma lecture sans appréhension, je suis pourtant très difficile avec les polars nordiques qui sont à mon goût souvent beaucoup trop lent.
Ici ce n'est pas le cas et comme il s'agit d'un second tome j'ai retrouvé avec grand plaisir Mia et Hunger Munch (ce livre peut tout de même se lire sans avoir lu le précédent).
Une jeune fille est retrouvée morte dans une forêt une fleur dans la bouche avec des symboles occultes et des bougies autour d'elle, de plus des plumes de volatiles sont disposées également autour de son corps. Il ne m'en fallait pas plus pour commencer et dévorer cette lecture en deux petits jours avec une seule envie continuer celle-ci jusqu'à l'arrestation du coupable.
Je trouve également que ce livre est parfait en cette saison avec le froid qui revient et la nuit qui tombe de plus en plus tôt.
J'attends avec impatience la prochaine parution de l'auteur! le coup de coeur n'est pas passé loin pour cette lecture.
Commenter  J’apprécie         281
Marion, sa petite-fille, la prunelle de ses yeux, fêtait ses six ans. Avait-il exagéré, cette fois encore ? Sa fille, Miriam, lui avait souvent fait la leçon ces dernières années, parce qu'elle estimait que le grand-père gâtait trop la petite, en accédant à tous ses désirs. Pour cet anniversaire, il lui offrait un cadeau qu'il savait très politiquement incorrect, mais qui était précisément ce qu'elle souhaitait : une poupée Barbie, avec une grande maison Barbie et une voiture Barbie. Il entendait déjà les reproches de Miriam. Comme quoi, outre qu'il pourrissait Marion, il souscrivait implicitement à une image erronée de la femme. Ce n'était pourtant qu'une poupée, bon sang...
(p. 21)
Elle observa les phares, qui l'éblouirent un instant. Elle sourit en repensant à cette naïveté très enfantine, quand tout lui semblait beau et inoffensif. Les doigts de maman qui s'enroulaient dans les cheveux de papa. Leurs regards enamourés. Leurs sourires. Une impression de bonheur éternel. Quand chaque instant s'étire et dure. Voilà ce que c'était d'être une petite fille. Elle y avait beaucoup repensé ces derniers temps: au début de l'adolescence, ce désir soudain impérieux d'être adulte, de tout décider par elle-même, de suivre ses propres règles, d'être libre. Alors qu'aujourd'hui elle aurait presque envie de retourner dans la sécurité et l'innocence de cette enfance. Elle ferma les yeux tandis que des images du passé défilaient sur sa rétine.
Car, vois-tu, le plus drôle au sein de ces sectes qui prônent l'affranchissement de toute forme d'organisation de la société, c'est leur manière de singer cette même hiérarchie sociale. Ils te promettent la liberté alors qu'il n'y en a aucune dans leur structure. Tu commences en bas et tu montes peu à peu en grade : grand conseiller, grand maître, sénateur, président, etc. Il y a toujours quelqu'un au-dessus de toi. Tu ne trouves pas ça étrange ?
(p. 214-215)
- C'est vrai ? répéta-t-il avec un sourire timide.
- Quoi ? demanda Miriam [...].
- Que Holger Munch est ton père ? Le policier. Il est enquêteur au sein de la section criminelle, non ?
La question suscita chez la jeune femme une certaine irritation. On le lui avait servi tant et tant de fois quand elle était petite : « Son papa, il est policier. Il ne faut rien dire à Miriam. » Mais elle n'avait plus huit ans [...].
(p. 44)
La lueur qui tombait de la fenêtre aux carreaux sales révélait une main pleine de plumes qui se leva. Un sourire se dessina sur sa bouche , montrant des dents blanches et brillantes lorsqu'il fit tomber la souris. Vrillant son regard mort dans celui de sa sœur, il gonfla ses plumes et dit :
- Je suis le hibou.
P14
Chronique littéraire de Sophie PEUGNEZ sur Je voyage seule de Samuel BJORK aux éditions JC Lattès et aux éditions Pocket