La rentrée littéraire de 2012 a vu paraitre bon nombre de romans et, parmi cette production, le septième roman d'
Alain Blottière. Pour
Rêveurs, l'écrivain se penche une fois de plus sur le golfe Méditerranéen et, plus précisément, sur l'Égypte, qu'il traite depuis
L'Oasis, paru en 1992.
Rêveurs dévoile le quotidien de deux adolescents que tout semble opposer. L'un, Nathan, est parisien et pratique le jeu du foulard, jeu dangereux consistant à se pendre quelques secondes et ayant pour but de s'enfuir de la réalité et de ressentir des émotions nouvelles. L'autre, Goma, est cairote, se trouve en pleine révolution arabe, place Tahrir, et ne rêve que d'une chose, que son quotidien change. Envie de changement, marre de cette réalité, voici la seule chose qui semble rapprocher les deux garçons qui pourtant semblent se compléter. D'ailleurs,
Alain Blottière utilise un procédé d'écriture qui fait sentir très tôt au lecteur que ces deux garçons se complètent. En effet, un personnage commence un paragraphe et, au beau milieu d'une phrase, laisse place à l'autre personnage après un saut de ligne.
Avant même la rencontre des deux adolescents, le lecteur sent ainsi qu'ils se complètent, que leurs aspirations sont semblables. Nathan a beau avoir un père aimant et une petite amie qui s'inquiète pour lui, il n'est pas satisfait de la réalité. Il préfère jouer à Serious Sam, un jeu vidéo d'action qui prend place en pleine Égypte antique envahie par des morts vivants, ou même, ne plus respirer pendant quelques secondes en jouant au «jeu du foulard», avec ou sans ses amis, pour se permettre quelques hallucinations. Goma, de son côté, est horrifié par les événements du Caire, il aimerait aller vivre en Europe, là où il ne se ferait pas maltraiter par la police en subissant des coups ou même des emprisonnements arbitraire. La rencontre, point central du roman, se déroule par hasard, dans la discrétion et permet à Nathan de se détacher de sa vie, des contraintes qu'il a pu s'imposer et de profiter de ce moment de partage avec Goma en plongeant dans le Nil, un fleuve, alors que la propreté lui tient à coeur.
Dans ce roman, on peut ressentir la volonté de l'auteur de décrire la révolution égyptienne, une révolution dans un pays qu'il connait bien, de par ses écrits, et qui a tout changé. On ressent également son souhait d'écrire du point de vue d'un orphelin adolescent qui a grandit dans une Egypte qui ne laisse pas la chance aux pauvres, une Égypte gouvernée par la police.
Ce livre est a placer entre les mains de lycéens car le style est simple et facile à lire, ou encore dans celles de parents qui souhaiteraient savoir ce qui peut se passer dans la tête de leurs enfants. Les lecteurs qui ont apprécié
Rue des Voleurs de
Mathias Enard, livre qui est également
paru lors de cette même rentrée littéraire, apprécieront sans doute
Rêveurs aux thèmes similaires, et dont l'arrière-plan est une des révolutions qui a parcouru le monde arabe.