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José Blanco (Éditeur scientifique)Simone Biberfeld (Traducteur)Dominique Touati (Traducteur)
EAN : 9782264026828
414 pages
10-18 (12/09/1999)
3.75/5   12 notes
Résumé :
Porté aux nues par les plus grands - d'Ocatvio Paz à Roman Jakobson et Antonio Tabucchi -, Pessoa compte aujourd'hui, avec un Rilke, un Joyce ou un Kafka, comme l'un des sommets de la culture européenne de ce siècle. Ce premier volume des proses publiées de son vivant par l'auteur réunit, parmi d'autres, certains des textes dont le style provocateur lui valut d'être remercié par les rédacteurs des journaux où ils furent publiés. Pessoa y soutenait "le contradictoire... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
[ L'état d'âme qui s'élevait ] « Chronique de la vie qui passe » de Fernando Pessoa est un recueil de textes courts qui se grappille. Chaque fragment est une plongée dans le dialogue intime de l'auteur avec son époque en général, avec son Portugal en particulier. L'expression de sa sensibilité et de ses désirs (où l'esprit, le corps et l'oeuvre littéraire ne sont qu'une seule et même chose), se mêle à une acuité scientifique (historique, sociologique et psychologique), analytique et politique. Il pose ses pensées comme autant de fruits que le lecteur peut cueillir pour alimenter sa propre réflexion. Mais n'oublions pas que Fernando Pessoa est poète et spécialiste du théâtre de Shakespeare. Sa plume m'a embarquée dans une aventure oscillante, entre pensée en construction, provocation et érudition. Au-delà de la compréhension d'un regard pointu et sans concession sur un monde qui ressemble étrangement au nôtre, c'est l'expérience d'un verbe incarné et de la transmission de cette incarnation que j'ai trouvée au fil des pages. Je me suis, par exemple, laissée saisir par « La feuille qui tombait / Était l'état d'âme qui s'élevait » (p. 101), le texte intitulé « Dans la forêt de l'absence » (p. 167), ou encore ces quelques mots « Avec plus de louanges, l'éloge serait moins grand » (p.179).

[ Cette chronique fait suite à une demande non rémunérée de Gleeph pour le éditons des Belles Lettres . Merci à eux pour leur proposition et pour leur confiance !]
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Recueil de textes publiés dans les journaux de 1912 à 1919.
En 1915, Pessoa participe au lancement d'Orpheu. En mars, le numéro 1 obtient un gros succès de scandale à Lisbonne. Pessoa profite des attaques contre les poètes d'Orpheu pour publier dans O Jornal une rubrique intitulée "Chronique de la vie qui passe".

Pessoa multiplie les provocations tapageuses pour choquer les bourgeois (surnommés "les lépidoptères").
Selon lui, "une créature de nerfs modernes, d'intelligence sans niveaux et de sensibilité éraillée à l'obligation cérébrale de changer d'opinion et de certitude plusieurs fois dans la même journée".
Il veut construire une anarchie portugaise, soutient "le contradictoire comme thérapeutique de libération". "Travaillons à désorienter les esprits".
Il fait un éloge ironique de la trahison.
Il compare moqueusement une association d'ouvriers monarchistes à un syndicat de chauffeurs de taxis. Ces derniers protestent, se croyant outragés ! le directeur du journal désavoue Pessoa... Fin de la collaboration d'un journaliste jeune et tendre...
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
S'il est un fait étrange et inexplicable, c'est bien qu'une créature douée d'intelligence et de sensibilité reste toujours assise sur la même opinion, toujours cohérente avec elle-même. Tout se transforme continuellement, dans notre corps aussi et par conséquent dans notre cerveau. Alors, comment, sinon pour cause de maladie, tomber et retomber dans cette anomalie de vouloir penser aujourd'hui la même chose qu'hier, alors que non seulement le cerveau d'aujourd'hui n'est déjà plus celui d'hier mais que même le jour d'aujourd'hui n'est pas celui d'hier ? Être cohérent est une maladie, un atavisme peut-être ; cela remonte à des ancêtres animaux, à un stade de leur évolution où cette disgrâce était naturelle.

Un être doté de nerfs moderne, d'une intelligence sans œillères, d'une sensibilité en éveil, a le devoir cérébral de changer d'opinion et de certitude plusieurs fois par jour.

L'homme discipliné et cultivé fait de son intelligence les miroirs du milieu ambiant transitoire ; il est républicain le matin, monarchiste au crépuscule ; athée sous un soleil éclatant et catholique transmontain à certaines heures d'ombre et de silence ; et ne jurant que par Mallarmé à ces moments de la tombée de la nuit sur la ville où éclosent les lumières, il doit sentir que tout le symbolisme est une invention de fou quand, solitaire devant la mer, il ne sait plus que l’Odyssée.

Des convictions profondes, seuls en ont les êtres superficiels. Ceux qui ne font pas attention aux choses, ne les voient guère que pour ne pas s'y cogner, ceux-là sont toujours du même avis, ils sont tout d'une pièce et cohérents. Ils sont du bois dont se servent la politique et la religion, c'est pourquoi ils brûlent si mal devant la Vérité et la Vie.

Quand nous éveillerons-nous à la juste notion que politique, religion et vie en société ne sont que des degrés inférieurs et plébéiens de l'esthétique - l'esthétique de ceux qui ne sont pas capables d'en avoir une ? Ce n'est que lorsqu'une humanité libérée des préjugés de la sincérité et de la cohérence aura habitué ses sensations à vivre indépendantes, qu'on pourra atteindre, dans la vie, un semblant de beauté, d'élégance et de sincérité.
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Etre révolutionnaire, c'est servir l'ennemi. Etre libéral, c'est haïr la patrie. La démocratie moderne est une orgie de traîtres.
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Une créature de nerfs modernes, d'intelligence sans niveaux et de sensibilité éraillée à l'obligation cérébrale de changer d'opinion et de certitude plusieurs fois dans la même journée.
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En effet, puisque l'essence de l'univers est la contradiction - l'irréalisation du réel, qui est la même chose que la réalisation de l'irréel -, une affirmation est d'autant plus vraie qu'elle est plus contradictoire.
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Travaillons à désorienter les esprits.
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Vidéo de Fernando Pessoa
En librairie le 2 juin 2023 et sur https://www.lesbelleslettres.com/livre/9782251454054/comment-les-autres-nous-voient
Après Chronique de la vie qui passe, le présent volume vient compléter l'édition des Proses publiées du vivant de Pessoa telles qu'elles avaient été présentées au public français dès 1987 par José Blanco, l'un des meilleurs spécialistes du grand auteur portugais.
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