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EAN : 9782070709083
128 pages
Gallimard (20/02/1987)
4.07/5   15 notes
Résumé :
« Borges a dit et répété que toute lecture enrichit un livre; que les livres, avec le temps et les générations de lecteurs successives, peuvent même changer de genre; qu'il n'y a pas de description d'une actualité quelconque qui ne coure le risque de devenir une élégie... Il n'a pas seulement lu et relu la Commedia, mais de multiples commentaires. Lecteur hédoniste, Borges nous propose, comme d'habitude, mais plus particulièrement dans ces essais qui sont une sorte ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce recueil très intéressant, paru en 1982 et qui porte très bien son titre a été traduit de l'espagnol par Françoise Rosset et préfacé par Hector Bianciotti. Je m'y suis intéressée suite à la lecture de Simurgul de Violeta Lăcătușu. En effet, le dernier essai (Le Simurgh et l'Aigle) se pose la question de l'être « composé d'autres êtres, par exemple, l'oiseau fait d'oiseaux ».
C'est avec beaucoup d'érudition, de mises en abime, mais aussi sensibilité que Borges éclaire l'oeuvre de Dante qu'il vénérait, tout en laissant entrevoir sa propre expérience notamment face au sentiment amoureux.
Je termine par l'affirmation du préfacier : « Borges a dit et répété que toute lecture enrichit un livre ; que les livres, avec le temps et les générations de lecteurs successives, peuvent même changer de genre ; qu'il n'y a pas de description d'une actualité quelconque qui ne coure le risque de devenir une élégie… »

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Borges est un grand lecteur de Dante dont il nous livre une réception « moderne » ; c'est avec cette lecture qu'il a appris seul l'italien, durant ses trajets en tramway. L'auteur argentin fait une lecture de Dante qui lui ressemble et conseille de s'y plonger sans connaissance préalable.
Le prologue montre notamment comment le détail exact fait sens chez Dante (détails précis, détails psychologiques) et combien Borges y est sensible:

« J'ai imaginé une oeuvre magique, une estampe qui serait aussi un microcosme : le poème de Dante est cette estampe de portée universelle » (p. 23-24).

« Tout le monde sait que les poètes procèdent par hyperboles […] ; cet alphabet de symboles, mécanique et grossier, affaiblit la rigueur des mots et semble se fonder sur l'indifférence d'une observation imparfaite. Dante s'interdit cette erreur ; il n'y a pas un mot dans son poème qui ne soit justifié » (p. 25).

« le poète est chacun des hommes de son monde fictif, il en est chaque souffle et chaque détail. Une de ses tâches, et non des moindres, est de cacher ou de dissimuler cette omniprésence » (p. 31).
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
La disparité entre l'Aigle et le Simurgh n'est pas moins évidente que sa ressemblance. L'Aigle est seulement invraisemblable ; le Simurgh est impossible. Les individus qui composent l'Aigle ne se perdent pas en lui (David joue le rôle de pupille de l'œil, Trajan, Ézéchias et Constantin de sourcils) : les oiseaux qui regardent le Simurgh sont aussi le Simurgh. L'Aigle est un symbole momentané, comme auparavant l'avaient été les lettres de feu, et ceux qui le forment ne cessent pour autant d'être ce qu'ils sont ; le Simurgh et d'une ubiquité inextricable. Derrière l'Aigle il y a le Dieu personnel d'Israël et de Rome ; derrière le magnifique Simurgh il y a le panthéisme.
Une dernière remarque. Dans la parabole du Simurgh, la force inventive est frappante ; moins emphatique mais non moins réelle est son économie ou sa rigueur. Les pèlerins cherchent à atteindre un but ignoré. Ce but, que nous ne connaîtrons qu'à la fin, doit nécessairement nous émerveiller et ne pas être ou sembler un ajout. L'auteur tourne la difficulté avec une élégance classique ; adroitement, les chercheurs sont ce qu'ils cherchent. De même, David est l'occulte protagoniste de l'histoire que lui raconte Nathan (2, Samuel, 12) ; de même, De Quincey a avancé l'hypothèse que l'homme Œdipe, et non pas l'homme en général, était la véritable solution de l'énigme du sphinx thébain.

(pp. 118-119)
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Simurgh, le lointain roi des oiseaux, laisse tomber une plume magnifique au centre de la Chine ; les oiseaux, lassés de leur longue anarchie, décident d'aller chercher ce roi. Ils savent que son nom veut dire trente oiseaux ; ils savent que son palais et dans le Kaf, la montagne circulaire qui entoure la Terre.
Ils se lancent dans cette aventure presque infinie ; ils franchissent sept vallées ou mers ; le nom de l'avant-dernière est Vertige ; la dernière s'appelle Anéantissement. Beaucoup de pèlerins désertent ; d'autre périssent. Trente d’entre eux, purifiés par leurs épreuves, se posent sur la montagne de Simurgh. Enfin ils la contemplent : ils s'aperçoivent qu’ils sont le Simurgh et que le Simurgh est chacun d'eux et eux tous. Les trente oiseaux sont dans le Simurgh et le Simurgh est en chacun d’eux.
(p. 117-118)
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Béatrice exista infiniment pour Dante. Celui-ci très peu, sinon pas du tout, pour Béatrice; nous avons tous tendance par pitié, par vénération, à oublier cette malheureuse discordance, inoubliable pour Dante. Je lis et relis les péripéties de sa rencontre fictive et je pense aux deux amants que l'Alighieri rêva dans l'ouragan du deuxième cercle et qui sont l'emblème obscur , même à son insu ou contre sa volonté, de ce bonheur qu'il n'a pu atteindre. Je pense à Francesca et à Paolo, unis pour toujours dans leur Enfer. ("Questi, che mai da me non fia diviso..."). C'est avec un terrible sentiment d'amour, avec anxiété, avec admiration, avec envie que Dante a dû forger ce vers.
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Je soupçonne Dante d'avoir édifié le plus beau livre de la littérature pour y introduire quelques rencontres avec l'irrécupérable Béatrice.
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Etre amoureux, c'est se créer une religion dont le dieu est faillible.
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Vidéo de Jorge Luis Borges
INTRODUCTION : « Le siècle qui commence trouve une Argentine confiante en l'avenir. le positivisme à la mode met une foi illimitée dans les avancées du progrès et de la science, et la croissance de la jeune république autorise une vision optimiste du destin national. La classe dirigeante a bâti son programme sur la base d'une instruction publique et gratuite pour tous, destinée à réaliser l'intégration culturelle de la deuxième génération d'une masse énorme et hétérogène d'immigrants à peine débarqués d'Europe. Cette Argentine, qui est à l'époque une toute jeune nation - sa guerre contre les Indiens n'est terminée que depuis vingt ans -, dépend économiquement de l'Angleterre, est fascinée par la culture française et admire autant l'opéra italien que la technologie allemande. Ce qui ne l'empêchera pas de tâtonner à la recherche de sa propre identité, à la faveur d'un sentiment nationaliste exacerbé dès 1910 […]. L'avant-garde poétique porte le sceau du modernisme, largement diffusé à Buenos Aires par Rubén Darío qui […] marquera d'une empreinte durable la vie culturelle du pays. […] La quête de la modernité inscrite dans le nouveau courant anime déjà ce pays avide de rallier un monde qui ne jure que par Le Louvre, la Sorbonne et Montparnasse. […].  […]  La seconde décennie du siècle […] marque un tournant décisif dans la réalité argentine. […] Hipólito Yrigoyen accède au pouvoir. Avec lui surgit une nouvelle classe sociale, issue de l'immigration et amenée, pour un temps, à prendre la place de la vieille oligarchie qui a dirigé le pays depuis les premiers jours de l'indépendance. […] Cette modernité, qui relie les poètes argentins à l'avant-garde européenne, se concrétise avec le retour au pays de Jorge Luis Borges, en 1921. […] Dans un article polémique paru dans la revue Nosotros (XII, 1921), Borges explique : « Schématiquement, l'ultraïsme aujourd'hui se résume aux principes suivants : 1°) Réduction de la lyrique à son élément fondamental : la métaphore. 2°) Suppression des transitions, des liaisons et des adjectifs inutiles. 3°) Abolition des motifs ornementaux, du confessionnalisme, de la circonstanciation, de l'endoctrinement et d'une recherche d'obscurité. 4°) Synthèse de deux ou plusieurs images en une seule, de façon à en élargir le pouvoir de suggestion. » […] […] les jeunes poètes des années 20 se reconnaissent au besoin qu'ils éprouvent de revendiquer une appartenance et de se trouver des racines. […] Il faut attendre une dizaine d'années encore pour que, dans le calme de l'époque, de jeunes créateurs, avec l'enthousiasme de leurs vingt ans, apportent un élan nouveau et de nouvelles valeurs poétiques. Prenant leurs distances par rapport à l'actualité, ils remettent à l'honneur le paysage et l'abstraction, ainsi qu'un ton empreint de nostalgie et de mélancolie. […] Les années 60 correspondent en Argentine à une période d'apogée culturel. le secteur du livre est en plein essor ; de nouvelles maisons d'édition voient le jour et, conséquence du boom de la littérature sud-américaine, la demande d'auteurs autochtones augmente, ce qui facilite l'émergence de noms nouveaux. […] La génération des années 70, à l'inverse, est marquée au coin de la violence. Plus se multiplient les groupes de combat qui luttent pour l'instauration d'un régime de gauche, plus la riposte des dictatures militaires successives donne lieu à une répression sanglante et sans discrimination qui impose au pays un régime de terreur, torture à l'appui, avec pour résultat quelque trente mille disparus. […] » (Horacio Salas.)
CHAPITRES : 0:00 - Titre
0:06 - Alejandra Pizarnik 2:30 - Santiago Kovadloff 3:26 - Daniel Freidemberg 4:52 - Jorge Boccanera
5:51 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Horacio Salas, Poésie argentine du XXe siècle, traduction de Nicole Priollaud, Genève, Patiño, 1996.
IMAGES D'ILLUSTRATION : Alejandra Pizarnik : https://universoabierto.org/2021/09/27/alejandra-pizarnik/ Santiago Kovadloff : https://www.lagaceta.com.ar/nota/936394/actualidad/santiago-kovadloff-argentina-pais-donde-fragmentacion-ha-perdurado-desde-siempre.html Daniel Freidemberg : https://sites.google.com/site/10preguntaspara1poeta
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