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EAN : 9782848655345
304 pages
Sarbacane (28/09/2012)
3.56/5   31 notes
Résumé :
De part et d'autre du bras de fer, il y a le fils et le père. Le fils, Julian. 18 ans, champion de natation et amoureux de Leïla. Le père, Louis. Ouvrier syndicaliste, mutique, forgé dans l'acier. Et puis il y a l'accident de moto. Fini la natation, fini la "vie normale", fini aussi les bras de fer avec le père. Julian a tout perdu, croit-il. Tout sauf Leïla.
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Julian, 1 mètre 90 de muscles, le regard bleu acier, champion d'Île de France junior de natation, amoureux de Leila, tout juste bachelier, 18 ans dans quelques jours et bientôt une moto pour emmener Leila en balade. Mais entre lui et ce rêve, il a Louis, son père. Pour obtenir sa moto, il doit battre Louis au bras de fer et ce n'est pas une mince affaire. Personne ne peut battre Louis...D'ailleurs, le jour J, Julian perd. Dépité, il emprunte une moto, file sur la route et tombe. Amputé d'un bras, Julian voit sa vie s'effondrer, plus d'envies, plus de projets, plus d'avenir. Malgré l'amour de Leila, Julian n'a plus le goût de vivre jusqu'au jour où il fume son premier joint. Sous l'emprise de la drogue, tout redevient possible! Même son bras semble être là à nouveau! Alors pendant que Leila se démène pour faire bouillir la marmite, Julian fume en cachette, puis sniffe de la coke, prend de l'ecstasy, se pique à l'héroïne...Leila est impuissante à stopper cette descente aux enfers, ce tourbillon qui les emporte tous les deux vers le fond. Julian peut-il encore être sauvé?


Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas pris une telle claque en lisant un roman! Jérôme BOURGINE raconte une histoire poignante, terriblement dure, choquante parfois mais ce qui fait la force de son récit, c'est la puissance qu'il insuffle à ses personnages. Julian, son mal de vivre, son handicap et sa déchéance sont très bien rendus mais sans trémolos, dans toute la dureté de la réalité des drogués. le cynisme de ce monde où l'amour, les amis, la famille n'existent plus, la perte de la dignité, le manque, les pensées uniquement tournées vers la prochaine dose, tout est décrit à la perfection et Julian en devient touchant par sa fragilité, même quand il vole, ment, trahit.
Mais même si la drogue tient une grande place dans l'histoire, Bras de fer est surtout un roman sur l'amour, celui incarné par la belle Leila. Une guerrière qui n'a pas eu la vie douce jusqu'à présent et qui met tous ses espoirs dans sa vie à deux avec Julian. Quand son bonheur s'effondre, elle tient bon. Portée par ses sentiments, elle continue à espérer qu'ils finiront par s'en sortir. Sa chute prévisible, loin d'être pathétique, est un hymne à ses sentiments. Leila est un personnage qui émeut certes mais surtout qui force l'admiration.
Et l'amour se retrouve aussi dans ce qui lie Julian à son père, autre personnage clé de ce roman. D'emblée, j'ai aimé cet homme taciturne et pudique. Ouvrier syndicaliste, droit dans ses bottes, il est de cette génération d'hommes durs qui ne font pas dans le sentimental. Parler, rêver, rire, pleurer, se plaindre, ça sert à rien! Et dire aux autres qu'on les aime? Totalement inutile puisqu'il est évidemment qu'un bon mari aime sa femme, qu'un bon père aime son fils. Il lui faudra bien du courage à cet homme d'un autre temps pour accepter un fils écorché vif, remettre en cause ses valeurs et s'ouvrir aux sentiments.
Du début jusqu'à sa fin en apothéose, Bras de fer est une histoire sombre qui prend aux tripes. J'ai du mal à comprendre qu'il soit classé en littérature jeunesse. C'est une lecture d'adulte qui remue, choque et secoue le lecteur.
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Je tiens a remercier Sandrine57 (babelio) qui a gentillement fait voyager son exemplaire pour permettre a des lecteurs/ lectrices de découvrir "Bras de fer". Je l'avais remarqué lors d'une masse critique mais je n'avais pas été sélectionné pour ce titre.

Après lecture, j'ai un avis en demi-teinte. Il s'agit la, d'un livre très poignant, fort et prenant. Les thèmes du handicap ou encore de la drogue sont très bien traités et jamais on ne tombe dans le pathos ou le mélo.

Le roman est aussi très bien construit, on est spectateur de la descente aux enfers de Julian et de Leila, que l'on s'en en détresse de jours en jours.

Ce qui m'a moins plu, c'est l'écriture de l'auteur. Elle est dure et tranchante. Elle s'harmonise très bien avec les thèmes du livres mais elle m'a empêché de bien apprécier les personnages. Je les trouvé froid et n'arrivait pas a n'y attacher.

En tout cas, c'est un roman qui se lit vite et qui fait réfléchir. La vie ne tient qu'a un fil et en 5 minutes tout peut basculer.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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La vie de Julian, 18 ans, tout jeune bachelier, champion d'Ile-de-France de natation, promis à devenir un talentueux infographiste, bascule le jour où il perd son bras après un accident de moto. Amputé net, comme sa vie. Son père l'avait pourtant prévenu. Il a désobéi.

Tout ça parce qu'il a perdu contre lui au bras de fer le jour de son 18ème anniversaire. L'enjeu était de taille : s'il gagnait, son père lui offrait sa propre moto. Un jour qu'il attendait depuis si longtemps.

Plus rien ne sera pareil à présent, malgré le soutien de ses amis, de sa famille et surtout de Leila, celle qu'il aime et qui l'aime comme personne. Leila qui travaille à n'en plus finir pour les aider à construire leur « vie à eux» dans un petit appartement, à Orgemont. Pas très cosy, mais c'est toujours ça. Ils sont libres, c'est tout ce qui compte. La vraie vie, loin des parents, va pouvoir commencer.

Pourtant, c'est le début d'une lente descente aux enfers pour Julian. Rongé par le remords, faible, malheureux, il devient rapidement influençable. Il essaie de penser à autre chose, abandonne son credo selon lequel « tu évites la première fois, tu évites la deuxième», en fumant son premier joint. Puis c'est le shit, l'héroïne, la coke. Julian devient vite accro et l'apparition du Manque, ce vieux démon qui le hante et qui n'arrive pas à sortir de sa tête, le déchire de l'intérieur, s'immisce peu à peu dans sa vie pour finalement prendre toute la place. Mystérieusement, les revenus du couple fondent comme neige au soleil. Leila se demande ce qu'il se passe, ne s'en sort plus, cherche des solutions, des explications, puis comprend, pardonne, console. Comme toujours.

Je crois que c'est la première fois que des personnages de fiction me manquent autant après avoir refermé un livre. Un livre passionnant avec des protagonistes attachants, qui nous prend aux tripes, et que j'ai lu d'une traite. J'ai eu peur pour eux à chaque page, je tremblais pour Leila en me demandant quelle catastrophe pouvait bien encore lui arriver. Au moment où ils semblaient toucher le fond, ils creusaient encore.

On croit à 100% en cette histoire malgré les tournures et les rebondissements qu'elle emprunte à certains moments-lorsque l'on se retrouve dans la maison d'un trafiquant d'armes ou dans une soirée échangiste par exemple-en ces personnages-ou plutôt ces personnes, ces gens-, à la relation qu'ils entretiennent tout au long du livre : celle de Julian et Leila bien sûr, de Julian et de son père, ou encore de Véro et de Leila.

Merci à Babelio et aux éditions Sarbacane pour cette belle découverte, je ne manquerai pas de recommander ce livre !
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En lisant le résumé du livre, on aurait pu aisément croire que Bras de fer traité d'un sujet sur le handicap et la difficulté à surmonter cette déficience physique, mais que nenni, c'est toute une histoire de drogue et d'addiction qui se cache derrière ce roman.

Julian est un grand jeune homme de 18 ans, il est champion de natation d'île de France. Il est en couple avec Leila, une arabe très gentille, et follement amoureuse de Julian. le père de Julian, Louis, est surnommé depuis sa plus tendre enfance "Bras de fer", dû au fait d'une histoire inventée par un médecin quand il était à l'hôpital, pour se faire recoudre le bras. Depuis ce jour, il est devenu le champion incontesté du jeu du bras d'honneur, communément appelé bras de fer. Julian essaie de battre son père depuis sa plus tendre enfance, mais en vain. Louis l'a alors mit au défi de le battre à sa majorité, et il lui paierait, en contrepartie, la moto dont il rêve depuis tout petit. Ayant perdu une nouvelle fois contre son père, Julian vole la moto d'un de ses amis, et décide de rejoindre sa copine... mais catastrophe, il attrape un accident ! A partir de ce jour, sa vie va déraper et changer du tout au tout.

Le début du roman ne laisse pas du tout présager l'histoire qui va se déroule tout à long du livre.
On démarre sur les chapeaux de roues, tous les évènements s'enchaînent à une grand vitesse, sans laisser aux lecteurs le temps de dire "ouf". J'avoue qu'avec toutes les informations que Jérôme Bourgine nous balance au début, j'avais du mal à tout enregistrer au fur et à mesure. L'entrée dans le roman est brutal, l'auteur nous met directement face aux vies et aux situations des différents personnages.

Julian représente au début du livre un garçon normal, mais qui va se transformer au fil des pages. Sa lente descente aux enfers va commencer dès son accident, pour ne faire qu'empirer tout au long de l'histoire.
Leila est réellement amoureuse de Julian. L'amour qu'elle lui voue et inconditionnel, omniprésent, et les preuves d'amour qu'elle lui montre (aussi indirectement que directement), démontre bien toute l'importance qu'elle lui accorde. Elle fait beaucoup de sacrifice pour lui. Après son accident, elle aurait pu le quitter, le laisser tout seul, mais non, elle est restée, et à continuer à vivre avec lui comme si rien ne s'était passé. Même après qu'il ait commencé à sombrer dans la drogue, elle est restée auprès de lui, et lui a voué une confiance exceptionnelle. Elle a crut en lui, en ses promesses, et même en ses mensonges.
Attachants, vulnérables mais également touchants, ces deux jeunes gens vont émouvoir le lecteur, et faire en sorte qu'il ne sorte pas indemne de sa lecture.

Un sujet fragile, un thème qui remue et percute le lecteur. Mais pour nuancer ce fort sujet, Jérôme Bourgine a ajouté des touches d'humour, de tendresse et beaucoup d'amour qui permettent d'atténuer la violence du roman.

Je tenais à féliciter l'auteur pour la dénouement de son livre. Une fin bouleversante, où j'ai failli pleurer, pour la première fois en lisant un texte. J'aurais bien lu encore quelques centaines de pages de ce livre : les pages filent toutes seules, on s'attache aux personnages, et l'histoire et fort agréable et réaliste...

Un livre qui fait prendre conscience de certaines réalités de la vie d'aujourd'hui, il est fort, très troublant. Ceux qui le liront ne ressortiront pas indemnes, et s'en souviendront longtemps.
Lien : http://addictbooks.skyrock.c..
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Jeune homme amoureux et lycéen insouciant, Julian est le reflet de la jeunesse d'aujourd'hui : désabusé, il est écoeuré d'une vie qu'il n'a pas encore pleinement goûté et son quotidien lui semble morne et insipide. Il est pourtant champion de natation et vit une jolie histoire d'amour avec Leila ! Mais il se plaint, parce qu'il est jeune et qu'à cet âge là une simple broutille prend des proportions gigantesques. L'âge ingrat ! Bref, son anniversaire approche, c'est le moment de s'assumer et d'annoncer à ses parents qu'il ne souhaite pas devenir dessinateur industriel, mais infographiste. On retrouve le stéréotype du père froid et distant, autoritaire, qui dirige sa petite famille sans accepter le moindre faux pas : l'affrontement est inévitable si Julian souhaite vivre la vie qu'il a choisi, et non celle qu'il lui impose. Jusqu'ici, rien d'original : le roman s'adresse à un public jeune en exploitant un thème d'actualité. Puis, c'est le rituel du bras de fer : chaque année, le soir de son anniversaire, Julian affronte le force légendaire de son père dans l'espoir de remporter la moto qu'il lui a promise en récompense de sa victoire. Il est sûr de gagner cette fois ! Il a 18 ans, il a décroché son bac', il a une copine et surtout un grand besoin de cette moto pour frimer en allant en cours et faire de longues virées en amoureux. Il ne peut pas échouer, d'ailleurs il sait qu'il va gagner, il le sent. Mais il se fait battre, une fois de plus. Une fois de trop ? Ravalant ses larmes, il court et s'enfuit, cherche sa Leila. Il décide de la rejoindre et emprunte la moto d'un de ses amis - t'inquiète mec, je te la ramène dans deux minutes - et il roule, avale les kilomètres et son chagrin avec : c'est l'euphorie. Cette sensation de liberté, le plaisir du vent glacial qui mord sa peau : il se sent invincible et prend des risques inconsidérés. La moto dérape et sa vie avec : il chute et perd un bras dans l'accident.
Ce passage est franchement triste et la détresse de son père est plus douloureuse encore. Heureusement, Julian n'est pas seul pour affronter son handicap : ses parents, et Leila surtout, sont à ses côtés pour l'aider à se relever de cette épreuve. Leila est une courageuse jeune femme, assez solide pour deux, qui n'hésite pas à tout lâcher - sa famille, ses études - pour soutenir Julian et vivre à ses côtés. C'est un roc sur lequel Julian va s'échouer. Elle se démène pour trouver un emploi et pour faire plaisir à Julian, sacrifie toutes ses économies pour payer un petit studio minable. Elle lui est entièrement dévouée, amoureuse jusqu'au bout des ongles. Julian retrouve le sourire. C'est alors que son père lui propose un voyage entre mecs, à bord d'un voilier : c'est inespéré et délicieux, Julian se sent revivre. Ils passent la nuit dans un port, en Angleterre, et c'est là qu'il commence à déconner. Une jeune femme inconnue enlève son pull devant lui pour rigoler et lui faire rater sa manoeuvre : c'est juste une blague, mais les yeux de Julian ne rigolent pas, ils s'attardent sur la chair offerte. Puis, le groupe de jeunes qui accompagne la jeune femme l'invite à passer la soirée avec eux. Julian, tout content de ne pas être mis à l'écart malgré son bras en moins, s'empresse d'accepter. C'est là qu'on lui propose de l'herbe, pour goûter, pour s'amuser. Pour se sentir bien. Il refuse bien sûr, il ne connait que trop bien les dangers de ces plaisirs là, ses parents l'ont bien éduqué. Mais tout de même, c'est tentant. Une main glisse sur sa cuisse, Julian désire la fille, il prend le joint. Son bras fantôme devient une excuse pour justifier sa bêtise, sa traîtrise et son égoïsme, et ce n'est que le début. Avouer son infidélité et l'exquis plaisir qu'il en a tiré à Leila ne le délivre pas de la délicieuse sensation que lui a procuré la drogue : alors, sans hésiter, il se procure du shit. de plus en plus souvent. Différents sources, différentes herbes. Très vite, il se laisse carrément sombrer dans la drogue et entraîne avec lui l'énergie et la force de sa Leila, pauvre petit ange, qui va lutter jusqu'à l'humiliation et le dégoût de soi pour le relever et l'aider à combattre cet autre lui, le Manque.

Bras de fer est un roman très sombre, plus sombre que ne le laisse penser la quatrième de couverture. Je n'ai pas vraiment apprécié ma lecture, et pourtant j'affirme qu'il s'agit d'un très bon livre. La lente descente dans l'enfer de la drogue est très bien écrite, Jérôme Bourgine parvient à mettre des mots justes sur la dépendance qui s'installe progressivement et sur le manque obsédant qui bousille tout sur son passage. de plus, le roman est écrit dans un langage familier et jeune qui mélange les langues et s'amuse des jeux stylistiques, c'est un choix efficace qui donne une dimension très réelle au récit. Je n'ai jamais touché à la drogue de ma vie mais grâce à ce livre je suis aujourd'hui en mesure d'expliquer les symptômes de la dépendance et les manifestations du manque, je suis à présent capable de comprendre pourquoi il est si difficile pour un drogué de s'en sortir seul et de recouvrer la raison. La drogue est un poison terrible qui s'infiltre dans toutes les brèches et détruit progressivement les sentiments, puis les individus. C'est donc un livre efficace, enrichissant et percutant - car franchement, Jérôme Bourgine n'épargne pas le lecteur : la vie commune du jeune couple se transforme en véritable cauchemar et tout comme eux, on ne voit pas le bout du tunnel.

Je n'ai pas réussi à décrocher du roman de toute la soirée car je voulais absolument terminer ma lecture sur une note positive. J'avais besoin d'un passage joyeux, ou au moins qui ne soit pas déprimant - mais les pages se tournent et c'est toujours pire. C'est pourtant un roman très bien écrit et qui s'inspire de faits réels, mais si j'avais souhaitée lire un ouvrage aussi sombre, je me serais orientée vers un témoignage. En choisissant un roman, j'espérais que le récit serait certes instructif et percutant, mais qu'il balancerait également la morosité par l'amour ou tout autre sentiment positif. Malheureusement, même les dernières pages n'apportent pas la joie nécessaire pour délivrer le lecteur de cet univers mélancolique : j'ai refermé ce livre totalement démoralisée et abattu.

Par ailleurs, je n'ai pas apprécié l'humiliation de Leila, contrainte de poser nue puis de subir les pulsions sexuelles tout à fait écoeurantes d'immondes pervers sans scrupule - tout ça pour quatre milles euros, une somme bien dérisoire en comparaison de ce qu'elle accepte de subir. C'est un livre qui est conseillé dès 14 ans et cela me perturbe énormément : la société a-t-elle à ce point changé que les jeunes adolescents ne soient même plus choqués de lire la prostitution forcée d'une jeune femme ? L'auteur a souhaité coller à la réalité, le langage est donc constamment familier et bien souvent grossier ; le pire étant ces passages sexuels assez choquants, qui sont très crus et vulgaires. Personnellement, je ne mettrai pas cet ouvrage dans les mains de mon petit garçon lorsqu'il aura 14 ans, je pense qu'il faut essayer de préserver l'innocence de nos enfants - bien que notre société de consommation érotise les enfants de plus en plus jeune et sans complexe ! C'est un marché très porteur auquel je suis fermement opposée. Dans ce roman, il est également question d'homosexualité lorsqu'un sexagénaire manipulateur et pervers abuse à multiples reprises de Julian en paiement de la drogue qu'il lui fournit. Ces passages sont moins précis et certaines scènes sont sous-entendues, mais l'auteur reste tout de même assez explicite - d'autant plus que Julian finit par avouer très vulgairement jusqu'où il est allé pour se procurer sa dose. C'est donc un livre que je déconseille aux enfants et adolescents, il faut selon moi une vraie maturité pour aborder cet ouvrage et en ressortir indemne.

"-Grouille-toi, on va rater le bus.
Il referme la porte-fenêtre et chope son blouson au passage. Sur les murs nus de l'appartement, un groupe de dauphins ricane en silence.
Ils s'installent tout au fond du bus. Julian laisse ses yeux glisser sur la ville où l'or des feuilles se mêle depuis quelques jours à la boue.
Une feuille de platane fait des pointes sur une flaque, un pied rabat ses prétentions de ballerine. Leila ne dit rien. Les premiers temps, elle pensait pouvoir échapper à la torpeur du flot humain charrié par la ville. Rien ne doit m'entamer, se répétait-elle, ni la médiocrité de notre existence actuelle, ni les humeurs de Julian, ni les tuiles. On marche sur un fil et il est forcément relié à quelque chose, de l'autre côté.
-Il suffit de tenir, Julian. Comme en compète.
-Pourquoi tu dis ça ?
-Parce que j'y pense. Parce que c'est toi qui me l'as dit, une fois. Parce que c'est vrai. Tu ne vas pas bien et c'est normal, l'appart est triste mais on va le rendre beau, mon boulot est moche mais ça ne durera pas éternellement. Il suffit qu'on tienne, Julian.
-Oui, ma puce.
Il était en train de penser à l'autre, à Jeanne."

Une sélection de titres musicaux est proposée en début de roman, afin d'accompagner agréablement la lecture : c'est une jolie attention que j'ai beaucoup appréciée.

Retrouvez cette chronique ainsi que de nombreuses autres découvertes sur mon site internet : Rêveries Littéraires.

Je remercie sincèrement les éditions Sarbacane pour la confiance dont elles m'honorent.
Lien : http://reverieslitteraires.fr/
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critiques presse (1)
Ricochet
23 janvier 2013
Bras de fer est un grand roman comme on en fait peu, intensément vivant, sachant évoluer sur un fil dans un marasme de misère morale et physique, et toujours juste dans le glauque... A lire le cœur (très) bien accroché.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Heureusement, il y a la douleur. Elle a longtemps fait diversion et elle continue, si cuisante par moments qu’il est bien forcé de lui prêter attention. Une douleur sur laquelle les médicaments n’ont pas d’effet : localisée dans ce bras qu’il n’a plus ! Il y a eu en particulier ce jour de septembre où il était censé reprendre l’entraînement de natation. De cinq à sept heures, la mâchoire invisible n’a pas desserré son étreinte. Peut-être que mon bras libre crawle comme un fou dans sa tombe, a pensé Julian. Z’auraient pu me le rendre, quand même. Il imagine une cérémonie dans le jardin de la cité avec les gosses dont il était le champion amassés autour de lui.
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C’est ça, le problème : vous, vous êtes dehors et vous me voyez comme avant, juste avec un morceau en moins. Mais moi, je ne suis plus du tout pareil. Je suis dans un bocal avec une vitre sans tain, et je m’en fous des trucs que j’aimais. Plus rien ne m’intéresse ; tu peux le comprendre ça, non ?! C’est pas mon bras, le problème, c’est dans ma tête que c’est l’enfer.
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Ouvre les yeux, Julian: tu ne pourras jamais battre ton père. Pas avant des années. Il est beaucoup trop fort encore. Qu'est-ce que tu crois? Qu'il faut que tu le battes là où personne ne l'a jamais battu pour qu'il t'admire? Qu'il te dise C'est bien mon fils, tu es un homme maintenant, tu peux faire ce que tu veux!
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La naïveté de son amour lui apparaît soudain comme un talisman précieux pour l'avenir.
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L'espèce humaine était égoïste, sourde à tout sauf à elle-même.
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