En premier lieu, un grand Merci à rabanne… pour sa chronique concernant ce petit volume de textes d'un écrivain-voyageur ( dans mon « Panthéon personnel » , depuis longtemps !) ; chronique à l'enthousiasme communicatif puisqu' aussitôt j'ai passé commande de ce poche aux éditions Zoé [Editions dont j'ai un grand nombre de publications et dont le fonds littéraire est très riche)
Une lecture touchante… qui nous fait pénétrer dans la société suisse, ses rigidités, son histoire et dans un même temps dans les souvenirs d'enfance de notre écrivain…
« Les hasards de la vie m'ont un peu marié aux bibliothèques. Mon père était bibliothécaire et parlait quatre langues, ma mère les parlait avec la même aisance et était sans doute la plus piètre cuisinière à l'ouest de Suez. C'est dire que, dans mon enfance, le coupe-papier l'emportait sur le couteau à pain et que cette constellation familiale a fait de moi un grand bouffeur de livres et un voyageur à l'épreuve de n'importe quelle tambouille. » (p. 63)
Trois textes personnels où
Nicolas Bouvier narre son enfance : « Souvenirs, Souvenirs », où il évoque ses étés enchanteurs chez ses grands-parents ; « Thesaurus pauperum ou
La guerre à huit ans » : souvenirs toujours près de ses grands-parents, avec une ombre au tableau : une figure détestée et tyrannique : la gouvernante prussienne tyrannique, Bertha…et « Bibliothèques » plus lumineux, où
Nicolas Bouvier exprime sa dévoration des livres et du savoir grâce à un père brillant, admiré , bibliothécaire…comme une mère aussi cultivée, parlant plusieurs langues…Une enfance privilégiée dans un milieu intellectuel ; seul bé-mol dans cette société genevoise : une haine du corps, le poids de la religion, et un puritanisme , des règles sociales « corsetées »…
« Elle n'était pas seule dans son cas : dans les grandes demeures huguenotes et wilelminiennes, puritaines et victoriennes de la côte lémanique, ces oies blanches étaient légion à se marier sans savoir comment l'esprit vient aux filles. On s'en tenait résolument à la cigogne. Non seulement l'éros était un tabou absolu, mais une bonne partie de notre physiologie était lestée d'une charge négative, considérée comme une épreuve à supporter vaillamment et parfois comme "salaire du péché" (p. 38)
Lecture attachante ,qui nous éclaire un peu plus sur le parcours ultérieur de notre auteur-voyageur-photographe…Un style dense, parsemé de poésie et de digressions …instructives !
© Soazic Boucard- -@5 juillet 2020