Les chemins du Halla San

Court récit de l'ascension du volcan Halla san en Corée, en 1970.
Cette étape semble se placer directement après les récits fragmentaires parus dans le vide et le plein, ainsi que l'indique la date. En revanche, Les chemins du Halla san a été publié du vivant de l'auteur et cela fait une différence. le texte est en effet davantage construit pour mener à la rencontre de la Corée, de ses habitants, avec le ton humoristique et détaché propre à l'auteur, pour culminer par l'ascension du volcan éteint. Tout semble fait pour accueillir et attendre ces voyageurs dans un pays qui se remet d'une guerre et commence à peine à s'ouvrir au tourisme et à l'occident. Nicolas Bouvier sait mêler portraits individuels de brèves rencontres, histoire d'un pays lointain et récit d'un voyage dans le voyage avec sa femme Éliane.

Bouvier a du succès dans la littérature occidentale.
Tant mieux.
J'ai trouvé sa vision de la Corée et du Japon particulièrement perchée, voire méprisante.
Ses anecdotes se concentrent surtout sur des détails scabreux et désagréables du quotidien. Les gens y apparaissent limités, sales, avides et lubriques. En réalité, je me demande si son côté "helvète supérieur" n'a pas fini par le desservir.
A lire Bouvier, on devine surtout une personne narcissique qui se complait à créer son propre mythe où la réalité se mêle à la fiction.
L'anecdote du Bouddha rouge par exemple, sert surtout de prétexte pour mettre en avant la notion de performance. L'auteur s'y félicite sur ses lointaines incursions au moyen d'une plaisanterie sur l'étonnement de la statue de voir des visiteurs venus de si loin.
Le culte du voyage-performance commence à poindre son nez. Bouvier, ancêtre d'Instagram.
Le rapport aux femmes est tout aussi particulier dans le récit. L'auteur se focalise essentiellement sur les prostituées asiatiques et une jeune fille "hystérique" dans un bus. La manière dont il y décrit également sa femme Eliane est édifiante, plus précisément le terme "la femme qui me plaisait" et non pas qu'il aimait ou sa femme, etc.
Bref, l'Amour en Occident (clin d'oeil à ceux qui comprendront le lien) "c'était mieux avant" très certainement.
Un livre témoin d'une époque que Libération porte aux nues...

Dans ce court récit que l'on regrette d'ailleurs de quitter si vite , Nicolas Bouvier , le grand maître du récit de voyage , nous invite à une escapade en Corée après une escale au Japon et une traversée sur l'entrepont d'un bateau . le but de la randonnée qu'il effectue avec son épouse est l'ascencion d'un volcan , le Halla San situé sur l'île de Ched Ju .
Bouvier profite de la situation pour nous faire entrevoir l'étendue de ses connaissances encyclopédiques sur la région . Il compare le Japon et la Corée , les paysages , les habitants , les moeurs , les caractères . Il s'extasie sur la rusticité , le courage et la résistance exceptionnelle du peuple coréen .
Cette marche sur les pentes du volcan peut aussi se comprendre comme l'archétype même du voyage dans son essence et de la traversée de la vie , elle-même voyage sous un aspect plus philosophique .
"Si on ne laisse pas au voyage le droit de nous détruire un peu , autant rester chez soi!" dit Bouvier . le livre est agréable et bien écrit ; on apprend beaucoup de choses sur l'histoire , la géographie et la civilisation de la région . Mais , j'aurais aimé que Bouvier soit un peu moins discret sur lui-même et qu'un peu à la manière d'un Moitessier , il nous parle de ses idées , de ses motivations , de ses impressions et de ses sentiments . Ce n'est pas le style du personnage qui préfère en rester visiblement au style "guide touristique" , un brin professoral , dommage ...
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