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Frédéric Vitoux (Préfacier, etc.)
EAN : 9782228894999
320 pages
Payot et Rivages (02/04/2004)
3.77/5   116 notes
Résumé :
En juin 1939, alors que l'Europe s'apprête à basculer dans la guerre, Ella Maillart et son amie Christina décident de partir, au volant d'une Ford, moteur V8 de dix-huit chevaux, vers l'Afghanistan, pour découvrir "comment on peut vivre en accord avec son coeur".
Ella Maillart en est à son cinquième voyage en Asie.
Sa compagne, Christina, malade et morphinomane, est un véritable gouffre de souffrance et de désespoir. Ensemble, elles traversent l'Arméni... >Voir plus
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Juin 1930 : l'Europe se prépare à entrer en guerre, mais 2 femmes que tout oppose vont partir au volant d'une Ford puissante vers l'Afghanistan pour " vivre en accord avec leur coeur " !
Ella Maillart ( l'auteure ) qui est une sportive de haut niveau ( ski alpin/hockey ) a déja visité l'Asie et fait des reportages ! Elle est calme, solide, endurante et,
Christina ( Anne-Marie Scharzenbach ), séparée d'un mari diplomate est une poètesse, une écrivaine fragile, maigre et toxicomane.
Parties de Suisse dont elles sont originaires, elles vont traverser l'Italie Mussolinienne, la Serbie, la Bulgarie, la Turquie pour l'Afghanistan !
Elles vont coucher sous la tente, chez des hôtes, des amis et se faire régulièrement contrôler par les autorités qui les prennent pour des allemandes, elles ne peuvent pas faire des photos et, elles doivent cacher leur matériel sophistiqué , mais elles vont découvrir des paysages somptueux, des mosquées, des tombeaux prestigieux chargés d'histoire, des villes saintes, des villages souvent accueillants ou parfois à l'abandon, des barrages, des européens qui y travaillent et bien sur des Afghans avec leurs coutumes, leurs modes de vie si éloignés d'elles !
C'est Ella qui encourage Christina, la guide, et tente de lui faire passer son addiction à la morphine. En effet si Ella cherche " un paradis perdu, un monde originel simple et harmonieux", sa compagne fascinante, énigmatique est masochiste : elle s'impose des épreuves pour alimenter une souffrance permanente, elle est " un ange déchu" qui cherche refuge dans l'alcool, la drogue ! Elles s'admirent mutuellement et, se respectent car elles sont 2 femmes brillantes bourrées de talent.
A Kaboul, elles vont se séparer , la guerre est déclarée : Ella veut se réfugier en Inde alors que Christina persiste à vouloir retourner en Suisse.
Ella Maillart nous raconte ce voyage étonnant et téméraire de 2 femmes seules dans des pays qui étaient déja dangereux en une période qui l'était tout autant !
Le titre " la voie cruelle"a été donné par Ella : car Christina choisissait toujours celle de l'enfer car elle croyait à la souffrance qui mène à la grandeur !
L.C thématique de juillet 2021 : les voyages
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Juin 1939. Deux femmes éprises de liberté, d'une soif d'aventures et de grands espaces, loin de l'atmosphère angoissante de la guerre qui se rapproche inexorablement... Si l'objectif premier de leur périple est de rejoindre le Kafiristan, province montagneuse du Nord de l'Afghanistan pour y étudier ses peuplades sous prétexte d'ethnologie, on comprend vite que le voyage sur les pistes à travers déserts, steppes ou montagnes compte plus que l'objectif. Ella Maillart et son amie Christina sont en quête d'un absolu qu'elles ont du mal à définir, surtout Christina, morphinomane, qui traîne sa souffrance et son mal de vivre dans une vaine tentative de s'en sortir. Sous le pseudonyme de Christina se cache son amie Annemarie Schwarzenbach, photographe.

Les deux femmes quittent Genève au volant d'une Ford et traversent successivement l'Italie, la Yougoslavie, la Bulgarie, la Turquie, l'Iran pour arriver finalement à Kaboul. Mais presque jusqu'au bout du voyage, elles seront confrontées à la peste brune qui se répand comme une traînée de poudre dans tous les lieux traversés.

Ella Maillart couchait par écrit son voyage pour envoyer articles et photos aux journaux qui lui finançaient son périple. Elle décrit son éblouissement devant les minarets turcs, les mausolées mongols ou les mosquées iraniennes, la volupté éprouvée devant les falaises de Bamiyan qui abritait les grands bouddhas sculptés dans la roche, l'âpre beauté du plateau anatolien, la monotonie des paysages arméniens, son émerveillement face aux six lacs du Band-i-Amir qui sont enserrés entre des falaises roses...

Voyage intérieur, fuite en avant, méditation sur la vie patriarcale menée par les peuples qu'elle rencontre sur sa route, Ella Maillart ne cesse de se questionner : faut-il vraiment moderniser l'Iran et l'Afghanistan, troquer leur vie simple de bergers de moutons et de paysans cultivant du blé ou des melons contre une vie matérialiste, industrialisée avec une population éduquée ? La grande voyageuse ne répond pas mais on ressent son attraction pour cette vie rude, simple, où pourtant les femmes ne sont que des ombres sans visage.

Ella Maillart s'étend rarement sur les désagréments rencontrés sur la route : pannes mécaniques de la Ford, fréquents enlisements dans le sable, chaleur extrême, attaques multiples d'insectes piqueurs. On devine une femme qui ne redoute ni l'inconfort, ni les péripéties habituelles à ce type de voyage. Elle s'attarde plus volontiers sur les soucis rencontrés avec les autorités policières de chaque pays pour avoir l'autorisation de franchir la frontière, pour ne pas se faire confisquer les pellicules déjà utilisées ou leurs appareils photo, car, plus elles vont vers l'Est, plus les interdictions se font nombreuses.

Son récit est aussi tissé de nombreuses évocations historiques que j'ai moins goûtées, n'ayant pas l'érudition nécessaire pour les apprécier toutes.

C'est un livre qui se lit en prenant son temps, en lambinant, en s'interrompant pour regarder pour la nième fois le tracé en pointillés de son trajet ou pour aller chercher sur Internet à quoi ressemble le mausolée du prince mongol Oldjaytu (Oldjaïtou) dont l'email turquoise éblouit Ella Maillart à Soltaniyyé en Iran.

Challenge multi-défis 2023
Challenge plumes féminines 2023
Challenge non fiction 2023
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J'ai souvent entendu parler des récits de voyages d'Ella Maillart en termes assez (et uniquement) dithyrambiques: cette femme exploratrice, courageuse, voyageant seule à une époque où ça ne se faisait pas, pionnière de l'émancipation féminine, etc.

Curieuse depuis longtemps de découvrir son écriture, je me suis enfin lancée dans un des ses livres, La voie cruelle, où elle relate un voyage en Ford de la Suisse à l'Afghanistan, en passant par la Turquie et l'Iran, en compagnie d'Annemarie Schwarzenbach, autre figure de l'orientalisme du début du XXème siècle.

Alors qu'Ella dégage l'impression d'être une femme très saine, solaire, simple, toujours prête à aller de l'avant, Annemarie (renommée ici Christina) est son versant obscur : icône androgyne à l'orientation sexuelle peu claire, elle est torturée par ses pensées, rongée par l'addiction à la morphine et la dépression. Un bien étrange duo, qui s'aventure dans des contrées lointaines et évidemment, le voyage physique vers l'inconnu s'accompagne d'un voyage intérieur qui ne va pas bien se terminer pour Annemarie.

Je ressors assez déçue de cette lecture, et je vais essayer de formuler une critique pas trop injuste.

Bien sûr, pour l'époque (et je dirais même encore plus aujourd'hui, alors que ces pays se sont tragiquement radicalisés), ce voyage réalisé par deux femmes est exceptionnel, et nous permet de découvrir des régions mal connues depuis l'Occident: un must pour les fans de voyage, d'Orient et de dépaysement.
Mais à lire Ella Maillart, le voyage est loin d'être aussi risqué et "émancipateur" qu'annoncé.

Partout où elles arrivent, les deux Suisses se font accueillir par les expatriés ou les autorités locales, et traiter avec pleins d'égards, inviter à manger et à dormir. J'ai un peu tiqué quand Ella avoue débarquer dans une ville turque où "à la meilleure auberge de la ville on délogea un docile commis voyageur pour nous donner sa chambre."

"Lorsque nous avions besoin d'eau pour nos radiateurs surchauffés, l'appel du gouverneur faisait surgir des hommes portant des outres pourvues de bretelles".

Et les exemples dans ce genre se multiplient.

Loin d'avoir à affronter à un moment ou l'autre un réel danger ou à faire appel à des ressources personnelles insoupçonnées, les deux femmes sont tout le long littéralement escortées par des hommes, certes (parfois trop) curieux de les voir là, mais empressés de les nourrir, aider et de réparer leur voiture. Pas vraiment ce à quoi je m'attendais en termes d'aventure ou de découverte authentique des cultures locales....

Il m'a semblé qu'Ella Maillart pose un regard sur le monde qui reste très suisse/occidental et, il faut le dire, bourgeois. L'argent et les ressources en tout genre ne semblent jamais être un problème pour elle, avec sa longue liste de contacts parmi les élites culturelles et économiques de tout le continent. Son regard sur l'Orient est celui d'une touriste aisée, cultivée certes, mais un regard qui reste distant, supérieur, à la "National Geographic".

Alors que Nicolas Bouvier, par exemple, se retrouve malade et désorienté à la fin de son voyage où il passe des mois seul à Ceylan, remettant tout en question dans un semi-délire qui donnera naissance à son plus beau texte, Ella Maillart garde en tout temps son sang-froid, son bon sens, et suit son plan de départ à la lettre. En quelque sorte, pour reprendre les mots de Bouvier, le voyage ne la défait pas. Alors, à quoi bon partir, si c'est pour aller voir ailleurs ce qu'on sait déjà, pour ne faire que confirmer nos idées préconçues?

Le personnage tourmenté de Christina introduit un peu d'imprévu dans le récit mais à nouveau, Ella Maillart, trop raisonnable, ne parvient jamais à la comprendre, ni son questionnement sur sa sexualité, ni son mal-être, qui semblent l'agacer plus qu'autre chose.

Alors que Christina, en plein sevrage, souffre le martyre et gît au lit avec des doses d'aspirine, Ella achète les manteaux brodés qui lui plaisent (directement à leur propriétaire!) et se "goinfr[e] de coq au vin suivi d'un soufflé un chocolat"... Malaise...

J'espère ne pas être trop dure avec cette critique. Bien sûr, il faut replacer ce texte dans son époque et ce voyage est en lui-même un témoignage passionnant de l'histoire, de la culture de ces régions et des rapports complexes entre Orient et Occident. Rien que pour ça, il vaut tout à fait la peine d'être lu. Mais si vous venez à ce texte avec l'intention d'être "secoué" par un voyage et une écriture, vous risquez comme moi d'être un peu déçu.
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À l'heure où la malheureuse actualité internationale nous parle de l'éventualité de ré-établir des couloirs humanitaires aériens (de Mazar-i-Sherif et de Kandahar vers Islamabad, Pakistan et Machhad, Iran) pour évacuer une population afghane meurtrie par une vicennale dernière agression militaire étrangère misérablement perdue (dernière d'une série de cinq depuis les Moghols et les Seldjoukides...), ce livre relate le périple de deux femmes en automobile, quittant l'Europe à la veille de sa chute dans une guerre mondiale, en juin 1939. Ella Maillart, déjà célèbre notamment pour avoir voyagé seule jusqu'au Turkménistan soviétique en 1937 et avoir interviewé au passage Kemal Atatürk et Reza Shah Pahlavi, cherche à prendre de la distance d'avec les ressorts d'une modernité qui présente les signes avant-coureurs du suicide collectif, et elle propose de se faire accompagner par Christina, alias de la journaliste et écrivain Annemarie Schwarzenbach, qu'elle veut sauver de la toxicomanie et de la dépression.
J'ai trouvé dans ce récit de voyage très touffu et extrêmement touchant, humainement et émotionnellement, trois matières tout aussi intéressantes l'une que l'autre. D'abord le parcours qui ne se focalise pas principalement sur les aventures des conditions matérielles du déplacement ou sur les tourments de la mécanique du véhicule, contrairement aux récits écrits par des hommes, dont celui de Nicolas Bouvier qui, me semble-t-il reprend le même itinéraire qu'Ella Maillart quelques années plus tard. Délesté de ces préoccupations, le récit se concentre donc davantage sur les lieux, sur les rencontres et sur les évocations historiques, culturelles et artistiques qu'ils permettent. Et défilent ainsi des sites – entre l'Italie, les Balkans, la Turquie, l'Iran et l'Afghanistan – que je connais ou dont je rêve de m'y rendre.
En filigrane, et surtout par le non-dit dû à la pudeur et à l'époque, il apparaît la profondeur tragique des sentiments amoureux qui lient ces deux femmes. Ella Maillart ne semble pas assumer une attraction homosexuelle, qu'elle prête pourtant à sa compagne (cf. cit. 6), mais déclare explicitement à plusieurs reprises un amour pour elle qui ne ressemble à celui de personne d'autre (cf. cit. 2), qui détermine la nature de la mission de rédemption qu'elle s'assigne à son égard. Dans cette mission elle a, à l'évidence, un succès très relatif. Quant à la rédemption, elle est double : par rapport à l'addiction aux drogues, mais plus généralement, vis-à-vis de la souffrance qui caractérise une partie de la personnalité de Christina qu'Ella récuse avec violence comme étant insincère voire empruntée.
Comme si la droguée souffrait d'un dédoublement de personnalité.
Troisième matière qui en découle : la tentative de traitement de la toxicomanie par le voyage nous est décrite à travers les rares moments de dialogue entre les deux femmes, et surtout les interprétations d'Ella dont elle pourrait découvrir, à chaque rechute de l'amie, qu'elles étaient probablement erronées, ou a minima inadaptées. Ella possède un tempérament trop trempé pour remettre en question radicalement son diagnostique et sa méthode de persuasion de l'autre. Peut-être à la fin atteint-elle les limites de son amour : « Je faisais appel à toutes ces excellentes raisons pour voiler le fait que je redevenais égoïste. J'étais fatiguée de Christina, mes pensées avaient été centrées sur elle durant les six derniers mois et je ne pouvais plus soutenir cet effort. » (p. 352).
Pour développer cette partie, il faut assurément écouter aussi la parole de Christina, et j'ai la chance d'avoir découvert que, en 2002 et sous la forme d'articles, le journal de ce voyage par Annemarie Schwarzenbach a été publié sous le titre très suggestif de : Où est la terre des promesses ? - Avec Ella Maillart en Afghanistan (1939-1940).
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J'avais depuis longtemps envie de lire Ella Maillart.



La voie cruelle raconte son voyage jusqu'en Afghanistan, en voiture, en compagnie d'une amie Christina ( l'écrivaine Annemarie Schwartzenbach) à la veille de la Seconde Guerre Mondiale. Elles traversent l'Italie, la Serbie, la Bulgarie, la Turquie et l'Iran, campent parfois, le plus souvent logent dans des maisons d'hôtes aménagées pour les voyageurs le long de la Route de la Soie, sont souvent invitées chez les notables...



Ce n'est pas le premier voyage des deux voyageuses dans ces contrées. Ella Maillart a séjourné dans la région. Christina est la femme d'un diplomate à Téhéran. Point de découverte ou d'exotisme mais une réflexion sur le voyage très originale.

ella maillart et annemarie

"Ce voyage ne sera pas une folle escapade, comme si nous avions vingt ans ; et d'ailleurs ce serait impossible avec l'actuelle tragédie européenne. Ce voyage d'étude doit nous apprendre à atteindre notre but: devenir des êtres conscients, capable de répondre d'eux-mêmes. Il m'est devenu insupportable de vivre ainsi à l'aveuglette...Quelles est la cause, quelle est la signification de ce chaos qui sape hommes et nations. Et puis il doit y avoir quelque chose que je puisse faire de ma vie, une idée un but pour lequel je puisse mourir avec joie ou vivre..."

déclare Christina.

Ella Maillart essaie aussi de détourner son amie de la drogue.

Le récit aura donc plusieurs facettes : la description des paysages, moeurs, et coutumes d'Orient mais aussi l'aspect psychologique et enfin une réflexion politique sur le chaos qui se dessine en 1939. Regard féminin (féministe?) de ces deux femmes indépendantes dans un pays où les femmes sont invisibles.

Ella Maillart est une merveilleuse conteuse. Elle raconte l'histoire, les légendes attachés aux monuments qu'elles visitent. Elle décrit merveilleusement bien les paysages :

"Il était encore tôt le matin lorsque, émergeant d'une gorge, nous atteignîmes Haibak, le Samagan des légendes persanes. le jeune soleil baignait une scène idyllique. Les ruines impressionnantes d'un château crénelé couronnaient une colline[....]

Assises sur une natte et buvant du thé dans des bols de porcelaine, nous admirions les montagnes où nous allions pénétrer, puis les champs ambrés qui entouraient le village. Plus près encore, les têtes superbes et le maintien aristocratique de trois "anciens". Il y avait aussi, près d'une pile de melons tachetés un vendeur. Avant de faire son achat, chaque client opérait un choix minutieux. Plus loin, un mouton pendait à un arbre, habilement dépecé par le boucher. Derrière nous, une rangée de théières rondes brillaient doucement dans l'ombre d'une étagère tandis qu'un garçon éventait le charbon de bois de son samovar. Deux hommes portaient des calots brodés, gais comme un bouquet de fleurs vives. [...]Etudiant attentivement les étrangères, un garçonnet caressait sa perdrix d'une manière machinale...."

Juste après cette vision élégiaque elles découvrent la construction d'un barrage électrique sous la direction d'un ingénieur allemand. Enfer de la construction mais aussi destruction d'une vie nomade et industrialisation. Réflexion des deux journalistes sur l'irruption du monde moderne dans cet Afghanistan encore médiéval.


Elles campent à Bamyan, découvrent les vestiges bouddhiques, ainsi que les traces du passage d'Alexandre le Grand.

En quoi cette route était elle "cruelle"?

interrogation de la lectrice.

Au contraire cette route m'a paru particulièrement douce, en considérant les contrées désertiques, les très hautes montagnes, le handicap d'être deux femmes seules (elles le détournent pour en faire un avantage.) La cruauté sera à la fin du voyage : Kaboul, la maladie de Christina, Ella qui l'abandonne, malade et dépressive. Cruauté aussi qui les attendent avec l'irruption de la Guerre en Europe. Que vont faire les deux Suissesses?

Je referme ce livre avec l'impatience de retrouver Ella Maillart dans Des monts célestes aux sables rouges qui m'attend à la bibliothèque.


Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Le lis ou le reptile, le chat ou l'ortie savent être splendidement, totalement eux-mêmes. Créatures tourmentées par nos contradictions innées, nous devons dénouer l'écheveau qui est en nous, devenir assez simples pour pouvoir libérer la "note" fondamentale de notre Centre. Notre manière d'y parvenir peut paraître amorale, mais je sais que néanmoins cela est bon, car nous sommes davantage que des êtres moraux. La moralité n'est pas le but de la vie mais tout au plus un raccourci menant à la Réalité. Et ce n'est qu'en épuisant notre propre particularité que nous pouvons aller au-delà, jusqu'au coeur de notre être. Le héros est celui qui est immuablement centré, écrivit Emerson. Ce Centre est aussi cela auquel rien, ni aucun malheur, ne saurait arracher l'homme heureux. Aussitôt dépassés notre angoisse, notre lâcheté, notre vanité, notre patience, notre courage ou notre amour pour un but ou pour un seul être, alors nous atteignons notre "note" la plus profonde, notre Centre, le même en chacun de nous, ce son silencieux auquel toutes les diversités se réfèrent, toutes les différences que nous croyions divergeantes et isolantes se réduisent réellement.



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Il me semble que ce développement, par lequel nous donnons forme à notre tendance la plus profonde, mûrit sur un plan qui est au-delà de l'éthique. Pour certains êtres, il vient un moment où, envers et contre tout, ils doivent être aussi vrais qu'ils le peuvent afin de révéler leur essence. Notre mort peut l'exprimer, ou bien notre vie quotidienne, la manière dont une mère aime son enfant, un acte d'héroïsme spontané ou bien un poème sincère. (...) Le lis ou le reptile, le chat ou l'ortie savent être splendidement, totalement eux-mêmes. (...) La moralité n'est pas le but de la vie mais tout au plus un raccourci menant à la Réalité. Et ce n'est qu'en épuisant notre propre particularité que nous pouvons aller au-delà, jusqu'au coeur de notre être. "Le héros est celui qui est immuablement centré", écrivit Emerson.
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Dans ce grand espace vide, il y avait à ce moment moi-même et la terre, et nous formions une paire d'amis s'entendant bien. Réduit à l'essentiel (un squelette de collines revêtues d'une chair maigre), le monde n'avait pas grand-chose à m'offrir, mais il me plaisait ainsi. Rien de trop, et presque rien du tout. Parfois, au milieu d'une succession d'épaules ocrées, un carré de luzerne verte dans une aisselle maigre ; arêtes avec leur ligne fuyante qui s'estompe et vous attire ; autant de pistes suivies par mes idées bondissantes, utilisant ces rudiments de paysages pour les associer à des étapes parcourues prés de l'Issyk-Koul ou dans les Kunlun. Fascination d'un horizon que l'on voudrait atteindre mais que chaque pas repousse plus loin.
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Et qu'aurait dit Nicole si je lui avais avoué que mon vœu suprême était de me débarasser de mon moi fatiguant, de mes désirs toujours changeants et presque toujours dénués de sagesse ? Je ne voulais pas le faire en me tuant, ou en me jetant à corps perdu d'une contrée dans une autre comme je l'avais fait jusqu'ici ; ou encore en travaillant dans quelque léproserie , moyen qui doit certainement contribuer à diminuer un ego vaniteux et encombrant. Il doit y avoir un procédé moins sentimental qui atteigne le même but, un moyen rationnel de percer cet ego ou encore de le transmuer.
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Maintenant, comme l'araignée ayant allongé sa toile jusqu'au bout de ses branches, j'ai élargi mon horizon et comme si j'avais partout laissé quelque chose issu de ma substance je suis directement touchée par ce qui se passe au long des fils de mon existence.
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