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EAN : 9782883400542
Métropolis (16/10/1997)
4.06/5   27 notes
Résumé :
« ... Si les moments d’extrême bonheur, d’extrême danger ou d’extrême malheur sont si difficiles à décrire, c’est précisément parce que le langage s’arrête à un certain point et que vous, vous allez un peu plus loin... La musique, elle, passe plus furtivement cette douane mais sans aller jusqu’au bout, sinon, de nouveau, le firmament s’éteindrait. ... Je ne sais pas dans quelle mesure, ni dans quel état je la passe, mais ce sont des moments qui vous saignent. Et qua... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un excellent moment de lecture avec ce volume d'entretiens avec l'écrivain voyageur, Nicolas Bouvier. Je lirais ou relirais désormais les textes de ce voyageur-philosophe avec un autre oeil, une approche différente...

L'un parmi moult éléments découverts, ce sont les "coulisses" de ses voyages..., les difficultés, épreuves, maladies supportées...la durée...les débuts de son autre métier de photographe pour ne pas mourir de faim...etc

Une lecture très riche et très prenante, agrémentée de certaines de ses photographies.
Je termine sur deux remarques qui expriment beaucoup de sa trajectoire très exigeante de voyageur-écrivain:

"Je me suis rendu compte- c'est la dernière page de "L'Usage du monde"- que c'était un état de manque qui faisait que je me précipitais sur les routes , de même que c'était un état de manque qui faisais que je me précipitais sur des grimoires dans les bibliothèques. C'est ce qui nous fait courir" (p.165)

-Il y a quelque chose de fondamentalement heureux dans le simple fait d'être au monde et par carence, par insuffisance d'être, on l'oublie. (...)
Et si j'avais un reproche à adresser à mon pays, c'est qu'il a toujours mis le faire avant l'être. Or je trouve qu'il est plus difficile d'être que de faire. d'ailleurs, la condition du bien faire est qu'il faut d'abord être là. Donc, cette allégresse originelle est le fait d'être au monde. Evidemment, dès qu'on a des projets linéaires, des ambitions sociales, qu'on poursuit un statut, on oublie d'exister parce qu'il n'y a plus que le faire. L'être reste en friche. (p.145)
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Foin des nuances entre écrivain-voyageur et voyageur-écrivain...( Bouvier relèverait plutôt de la première catégorie . Ayant relativement apprécié ses grands livres " L'usage du monde" , "La descente de l'Inde" , "Chronique japonaise " et " le poisson-scorpion" , j'étais resté sur ma faim en ce qui concerne l'homme , ses motivations et ses sentiments . En effet , Bouvier , de part son éducation calviniste rigoriste (pléonasme) est d'une extrème discrétion sur lui-même dans tous ses ouvrages , ce qui laisse le lecteur frustré ou , à tout le moins , perplexe . Heureusement , "Routes et Déroutes" , oeuvre composée à partir d'une très longue interview de l'auteur , vient combler avantageusement ce manque et apporte tous les compléments et explications dont on peut avoir besoin pour apprécier vraiment ce qu'on a lu . Enfin , l'homme apparait , avec ses souffrances , ses doutes , l'importance de son état de santé du moment etc ...On le trouve éminement sympathique , humain , philosophe et on en tire grand profit . On a l'impression d'avoir rencontré un des derniers grands humanistes de notre temps . On comprend enfin pourquoi ses livres se situent aux antipodes des textes habituels dits "d'aventures" et pourquoi , ils peuvent sembler si didactiques et désincarnés .
Livre indispensable si l'on veut comprendre vraiment Bouvier .
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Un livre de questions-réponses qui permettent de jeter un oeil dans les coulisses des voyages et des écrits de Nicolas Bouvier, notamment l'L'usage du Monde, Chronique japonaise et Journal d'aran et autres lieux.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Depuis la toute petite enfance, j'ai une fringale de connaissances disparates et un peu tsiganes. Je chéris ce qu'on appelle la culture générale et je bricole de petits morceaux de savoir comme on ramasserait les morceaux épars d'une mosaïque détruite, partout où je peux, sans esprit de système. Et je vois ces choses se mettre en place, d'une façon mystérieuse, comme à l'intérieur d'une sphère où tout conspirerait à achever une sorte d'ensemble harmonique, polyphonique. Encore maintenant, à chaque fois que je peux glaner un petit truc, à gauche ou à droite, je suis content comme un gamin qui va marauder des œufs dans des nids de passereaux. La seule chose qui me fasse accepter l'idée de vieillir, c'est de compléter cette mosaïque encore lacunaire. (p. 55)
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Les premières fois que j'ai voulu partir, je n'ai même pas eu à fuguer: mon père m'y a poussé. Lui n'ayant pu voyager autant qu'il le souhaitait, l' a ainsi fait par procuration. Juste après la guerre, alors que j'avais seize ans, je suis parti seul pour l'Italie avec quelques sous. ça ne se faisait pas, en tout cas dans notre milieu. J'ai dit à mon père que j'avais trouvé un billet de chemin de fer, ce qui était encore difficile, et l'adresse d'un hôtel pas cher à Florence. Il m'a dit: "Vas - y et raconte-moi." Ensuite, dès qu'il a vu que je me débrouillais, j'ai eu la permission de partir beaucoup plus loin. Je l'aurais fait de toute façon, mais avec la bénédiction paternelle, c'était plus agréable. Une des raisons principales pour lesquelles j'ai été très attentif dans mes voyages, était que je voulais lui en faire un compte rendu détaillé. J'ai commencé à lui écrire de longues lettres. Je suis très épistolier, raison pour laquelle je ne crains pas les séparations prolongées. (...)
Le mode épistolier permet d'exprimer des choses qu'on ne dit pas de vive voix, de les faire comprendre et de les faire accepter. Je regrette que la correspondance ait disparu de nos vies. (p.21)
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Les écrivains ne vivent pas des choses exceptionnelles. Simplement, ils font ce travail de recherche, de greffier, par lequel ils parviennent à convaincre le lecteur qu'il est beaucoup plus riche intérieurement et beaucoup plus intelligent qu'il ne le pensait. Ils lui font découvrir des territoires qu'il a en lui, mais qu'il a laissés en friche.
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– Vous choisissez pour y séjourner – je pense en particulier au Japon – des pays où le rapport avec le sacré est primordial.

Pour les Japonais, toutes les forces naturelles sont sacrées. Dans le shintoïsme, vous avez des dieux pour tout : le dieu du peigne, de l'aiguille, voire du crachat… Ça m'intéresse, parce que ça donne à l'existence un supplément d'être. Je suis à la fois frugal et affamé. Si j'entre dans une église romane et que j'ai le sentiment d'être dans un lieux spirituellement habité, c'est pour moi un cadeau inestimable. Dans un pays comme le Japon, j'ai souvent eu ce sentiment. Entre autres au temple d'Ise, dans la grande île d'Honshu, qui est un lieu énergiquement chargé jusqu'à la gueule. Également au temple bouddhique de Borobudur, à Java, sorte de Pierrelatte mystique. Tout ce territoire entre le magique et le sacré compte beaucoup pour moi.

– Vivez-vous le magique et le sacré de l'intérieur où vous bornez-vous à y assister ?

On les vit lorsqu'on les laisse entrer. Mais justement, créer en soi l'hospitalité à ce qui vous est supérieur demande un apprentissage très ardu. C'est comme laisser entrer un géant dans notre petite maison : on a peur qu'il se mettre à tout fracasser. Il y a donc en nous une certaine réticence à l'égard de forces dont on a pourtant besoin pour exister. Non en tant qu'ego : dans ces moments-là, il disparaît complètement dans la fusion qui se produit avec ce qui nous environne. J'ai connu ces moments grâce au mélange de fraîcheur et de fatigue que procure la vie nomade.
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Je suis parvenu à la conviction que quelles que soient les conneries que l'on puisse faire sur le plan pédagogique, il y a des valeurs qui font le carat, qui résistent. Elles peuvent rester sous terre pendant quarante, cinquante ans. Mais aussitôt qu'on leur donne de l'air, elles sont là. Une chose qui me touche beaucoup dans le monde slave, c'est une forme de piété candide, innocente, assez sonore aussi. Aussitôt qu'avec l'effet Gorbatchev on a réouvert les églises, le chant choral, la dévotion aux icônes et cette folie d'allumer des cierges à tout propos sont revenus. Parce que ce sont de bonnes choses. C'est comme les tranches géologiques. Il y a des reliefs durs qui survivent et des reliefs molassiques qui s'érodent. C'est pourquoi tous ces problèmes d'identité, qu'on chérit et qu'on évoque si souvent maintenant, me paraissent une véritable tarte à la crème. Parce que de deux choses l'une : ou bien on a une identité authentique, auquel cas on ne peut la perdre, ou bien on n'en a pas et ce n'est pas la peine d'utiliser son énergie à défendre ce qu'on n'a jamais eu. Le seul problème réel c'est le problème de l'identité personnelle. C'est-à-dire qu'il y a des jours où on existe et des jours où on existe pas. Moi, il y a des jours où je ne fais que pomper de l'air et rendre de l'oxyde de carbone. Où je n'existe absolument pas. Et il y a des jours où j'ai de brefs moments de présence aux choses, où la vie m'amuse. Michaux a très bien exprimé ceci dans "Ecuador" : "dix, quinze minutes, voilà ma vie."
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Vidéo de Nicolas Bouvier
"On ne fait pas un voyage, c'est le voyage qui nous fait" - Nicolas Bouvier La Ride : un road movie où l'amitié vous guidera d'un coup de pédale dans une aventure au coeur de la France !
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2766780/simon-boileau-la-ride
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