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sur 426 notes
Andrew Compton, alias l'Hôte Éternel, accusé du meurtres de 23 jeunes hommes homosexuels, purge sa peine à Painswick. Lui qui voulait combler sa solitude, garder dans son lit ces amants de quelques jours réduits au silence n'a qu'une envie : tuer encore, sans concession aucune, car telle est son envie.
Adepte de la nécrophilie, photographiant ses victimes dans différents états de démembrement, il reste un pauvre hère désabusé qui sait uniquement que la solitude est inexorable.
Des jeux morbido-érotiques auquel il s'initia dans son adolescence, en révérence aux cadavres dont il chérit l'esthétique, il tire sa planche de salut et réussit l'exploit de feindre la mort afin d'échapper à ses barreaux en abusant et assassinant sauvagement les médecins légistes chargés de son autopsie.
En prison, il a découvert sa séropositivité et l'ombre de virus encore méconnu en cette année 1994, date qui concorde avec le décès du véritable Boucher de Milwaujee.
Semant la mort dans la capitale britannique, ses pas vont le mener vers son destin, vers cette flamboyante ville de la nouvelle Orléans, fief de son alter ego Jay Byrne.

Ce dernier est un dandy issu d'une famille de Louisiane au passé corrompu, maître dans l'art de la torture, cannibale à ses heures et amateur de jeunes éphèbes paumés ou sans domicile fixe.
Cette rencontre improbable entre ces deux êtres abjects va donner naissance à une passion énorme dans un éternel tandem homosexuel à la base des romans de Poppy Z. Brite.
Tantôt maître ou disciple, c'est finalement Jay Byrne qui initiera son acolyte au "raffinement" de la dégustation de chair humaine.
Autre histoire, autre passion, celle qui exista entre Luke Ransom et Tran.

Entre cet écrivain rebelle, reconverti en animateur de radio pirate, diminué par le virus du SIDA et le jeune dealer Vietnamien à la beauté troublante et androgyne s'est tissée une passion déçue et romantique chère à l'oeuvre de la sorcière underground.
L'un à travers ses frasques sur les ondes, vitupérant contre la société américaine hétérosexuelle et abrutie, l'autre dans les raves et l'hallucination de ses sens, cherchent à exorciser cette passion qui les a fait toucher du doigt la folie et la rancoeur sourde.

Reliant ces 2 tandems par les liens du meurtre et de la sensualité, l'égérie de la nouvelle génération littéraire américaine nous livre un témoignage coup de poing.
Explorant avec ambiguïté les tréfonds les plus sombres et repoussants de l'âme humaine, elle nous plonge dans la sensualité, la torture, la fascination morbide et l'effroi le plus complet.

Un ouvrage cultissime dont on ne ressort pas indemne et qui fascine autant qu'il choque, toujours avec autant de brio et d'intérêt stylistiques et narratifs. Pour conclure, je vous livre la dédicace de Poppy Z. Brite : "A ma mère, Connie Burton Brite, qui m'a donné toutes les tripes dont j'ai besoin." Pourtant Dieu sait qu'elle en a. Un pur chef-d'oeuvre répugnant, fascinant et palpitant qui vous secouera de l'intérieur. Un bijou absolument et vivement recommandé.
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Qu'est ce qu'il y a dans le pitch susceptible de me faire vibrer ? A part le fait qu'il s'agisse d'une histoire de tueurs en série, rien. Rien de rien ! J'assume totalement mon hétérosexualité donc une histoire d'amour entre deux mecs pervers (et Dieu sait qu'ils ne manquent pas de perversité), au mieux je passe mon tour, au pire ça me laisse de marbre. Baiser ou bouffer les morts ? Merci mais je crois que je vais passer mon tour. Courage mon gars, faut pas mourir idiot !

C'est donc pas franchement convaincu que je me suis lancé… et c'est toujours aussi peu convaincu que j'ai refermé ce bouquin (sans toutefois avoir renoncé en cours de route).

Malsain ce bouquin ? Même pas. Juste ultra gore et trash, souvent plus qu'il n'eut été nécessaire, à se demander si l'auteur(e) ne se complaît pas dans la surenchère. Il faut plus que ça pour me choquer mais le trop plein de descriptions fini se fait au détriment du rythme et de l'intrigue.

Intrigue ? Hmouais faut le dire vite… Pour qu'il y ait intrigue il faudrait un minimum de suspense, en l'occurrence on flirte avec un taux zéro niveau adrénaline. A part peut être sur la fin, et encore ça manque tellement de crédibilité que ça en devient pathétique.

Bon alors quid des personnages ? Andrew et Jay sont de purs produits psychotiques qui accumulent les clichés du genre, résultat des courses on atteint là encore un taux zéro, mais niveau crédibilité cette fois. Et les autres ? D'un côté on a Luke, homo baroudeur séropositif qui vomit son hétérophobie sur une radio pirate. de l'autre Tran, un jeune viet homo, ex-amant de Luke, rejeté par sa famille qui vivote tant bien que mal… Tout un programme ! Ah oui, au cas où vous ne le sauriez pas, la Nouvelle-Orléans semble peuplée à 99% par des homos. Hé hé, que voilà une info qui ne figure pas dans le guide du routard !

Est-il nécessaire de vous dire que le côté romantique / érotique / pornographique (rayez les mentions inutiles) ne m'a aucunement convaincu ? Là encore encéphalogramme (et accessoirement bandogramme) plat… Je suis (sans surprise) définitivement hermétique au gay porn.

Ajoutez à tout ça un style très quelconque, vous aurez alors un bilan exhaustif de mon ressenti. Une lecture sans grand intérêt, parfois même chiante… S'il évite le zéro pointé c'est uniquement par sa noirceur et son amoralité, mais ce n'est pas suffisant pour lui accorder la moyenne.
Lien : https://amnezik666.wordpress..
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Extrait de la chronique :

"Le corps exquis" est une histoire d'amour et de mort, dans leur caractère le plus primaire, le plus impitoyable qui soit. Comme si l'auteur voulait répondre à cette double question : des tueurs en série sont-ils capables d'aimer ? Et si oui, quel serait l'objet de leur amour ? Je vous vois tiquer. Vous dites « oui mais non, un tueur en série ça n'aime rien ni personne, c'est d'ailleurs ce qui le caractérise. » Bon, admettons. Mais en vérité, qu'est-ce qu'on en sait ? Pourriez-vous affirmer que jamais un tueur en série n'est tombé amoureux ? Beaucoup de sociopathes ont donné des interviews. Mais notre malheur, c'est qu'ils adorent raconter n'importe quoi, mêler le vrai au faux afin de contrôler leur interlocuteur. Ce qui fait qu'on n'en sait fichtre rien, et qu'un écrivain doué pourrait nous faire croire à cet idylle impossible. du talent, elle en a à revendre Poppy, et elle est parvenue à imaginer le genre d'amour qui unirait deux prédateurs. C'est effrayant de réalisme, en vérité. Cauchemardesque.

L'histoire se passe a Nouvelle-Orléans. J'adore James Lee Burke, donc j'adore cette foutue ville, où je n'ai jamais fichu les pieds mais que j'ai pourtant l'impression de connaître. Poppy nous en dévoile la façade la plus glauque, la plus trouble. Sa ville grouille de paumés, d'ados en perdition, drogués, prostitués, proies idéales pour les psychopathes qui y sont bien installés, à l'abri du danger. La police est corrompue à l'extrême, écoeurante, à un tel point qu'on se demande si l'auteur ne règle pas quelques comptes personnels. Mais le décor n'est qu'à peine esquissé, juste ce qu'il faut pour donner de la substance au livre, pour ne pas empiéter sur le corps du sujet : cette histoire abominable d'un amour contre-nature, qui repousse les limites de l'extrême. le récit suit une trame limpide, nous relate les trajectoires de quatre personnages tous fêlés à leur manière, qui vont finir par se croiser. Aussi simple qu'efficace.

Si vous trouvez que "cinquante nuances de gris" est un bouquin osé, que vous êtes émoustillé par les films érotiques de M6 ou si « esprits criminels » vous file des cauchemars, oubliez ce livre, ne vous aventurez pas à le lire : votre santé mentale n'y survivra pas. le corps exquis fait partie de ces bouquins qui s'imprègnent durablement dans votre psyché, une agression littéraire à classer dans votre bibliothèque à côté d'Enfer clos (Claude Ecken), American psycho (Brett Easton Ellis), Haka (Caryl Férey) ou certaines nouvelles de Hubert Selby Jr. La preuve irréfutable que les mots ont un pouvoir, une force sans commune mesure, ce qui explique les critiques négatives, voire agressives, que vous trouverez ici ou là sur les blogs. Pour apprécier ce livre, il faut accepter l'idée que l'homme n'est ni bon, ni juste, que certains individus ont une structure mentale qui nous échappe, et que l'amour n'implique pas obligatoirement une femme et un homme sains, aux dents blanches, qui mangent des légumes vapeur bio et font du sport trois fois par semaine.

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Jay et Andrew sont des maniaques nécrophiles. La différence entre les deux est, d'une part, dans leur situation sociale (si Andrew, un Londonien, n'a jamais dépassé les positions basses dans les organisations budgétaires, Jay, lui, est un descendant d'une famille riche de la Nouvelle-Orléans), et d'autre part, dans le fait qu' Andrew a pris la vie de ses victimes «sans cruauté» en leur tranchant la gorge, tandis que Jay les a coupées en morceaux. Andrew s'échappera de prison et ira en Amérique, où leurs chemins se croiseront de nouveau. Ces deux pervers trouveront l'un dans l'autre des amants idéaux et des personnes aux vues similaires, mais ils ne pourront pas profiter de l'idylle bien longtemps.

Poppy Brite a certainement un talent littéraire. Elle écrit fait parler avec brio ses personnages quand il est nécessaire de critiquer l'agencement d'une société capitaliste, où tout est à vendre, traditions obsolètes ou corruption. Brite est une excellente satiriste, et peut-être que cet univers de laideur a été choisi par elle juste pour parler au nom des marginaux - ceux qui voient tout avec l'expérience de ce monde pourri. La deuxième raison de choisir un tel sujet trash, à mon avis, est d'épater des "petits bourgeois". Brite, calculatrice, sait parfaitement ce qui peut retenir l'attention sur son livre et utilise tout l'arsenal de ce qui sera choquant.

Il est néanmoins dommage que ce désir de choquer domine le talent de l'autrice. Je voudrais lire un autre roman d'elle d'où ne se dégage pas une vile puanteur de perversion. Ce serait une expérience intéressante.
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En Angleterre Andrew Compton, tueur en série homosexuel, est enfermé pour les meurtres sanglants de vingt trois jeunes hommes.
Après cinq années d' incarcération, il s'évade en se faisant passer pour mort. Il usurpe l'identité d'un américain qu'il vient de tuer et s'envole pour la Nouvelle Orléans où il compte bien reprendre ses anciennes activités.
Andrew est un prédateur, il a besoin de sang !
C'est dans le Vieux Carré, quartier gay de la Nouvelle Orléans, qu'il rencontrera un de ses semblables, Jay Byrne. Leur histoire d'amour laissera derrière elle le carnage et le chaos.




Il y a quelques temps que je désire découvrir l' univers underground de Poppy Z. Brite. Je profite du challenge “Sérial Killers” de Alcapone pour m' initier.
J' ai lu au fil de mes visites blogosphériques que l' écriture et le style de Poppy sont crus et sans détour. Après la lecture d' une dizaine de pages, je dirais que c'est peu de le dire. On se prend les mots en pleine face, on entre dans un monde brut. Les phrases sont claires, les mots sont choisis avec exactitude même s'ils choquent.
“Le sang est rouge, les plaies sont profondes et les coups douloureux”
Poppy et ses personnages , qu'ils soient victimes ou bourreaux, offrent un mélange visqueux de sexe, de drogue, de violence, de torture, de mort et d' horreur.
Je trouve que ce roman ( publié en 1999) s'approche réellement du mécanisme de déviance du tueur en série. Sans faire le procès ni l'apologie du monstre, Poppy nous trace le quotidien de ses hommes sans barrière morale.
Andrew Compton et Jay Byrne ne sont pas sans rappeler un certain Jeffrey Dahmer “Le cannibale de Milwaukee” (Sérial Killer homosexuel qui a sévi aux Etats-Unis dans les années 80. Il attirait ses victimes chez lui afin d' assouvir ses fantasmes nécrophiles et cannibales).Jay propose à ses futures victimes de poser pour une séance photos à son domicile, Andrew les étrangle pour abuser de leur cadavres : mode opératoire de Dahmer.
Etant amatrice de roman d' horreur, je dois avouer que le réalisme de certaines scènes m'ont soulevé le coeur, les mises à mort sont insoutenables, écoeurante de détails.
Je dois aussi vous prévenir que si les rapports homosexuels vous dérangent, passez votre chemin. Car à l' instar des séquences sanglantes, le sexe entre hommes est décrit dans le détail et de manière crue. L' acte sexuel, ici, est au-delà d' une union entre deux êtres, il bascule à la limite de la déviance mêlant amour et douleur.
J'ai donc été conquise par l' univers underground de Poppy Z.Brite et je pense sérieusement renouveler l' expérience en lisant un autre de ses romans.

En conclusion, si vous portez un intérêt certain pour la psyché du tueur en série et que vous n'êtes pas d'une nature sensible, vous apprécierez la lecture du “Corps Exquis”.


Lien : http://ecritureetpoesie.cana..
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Avec ce roman, je m'attendais à du Poppy Z. Brite comme j'aime mais je ne m'attendais pas à être disséquée à vif par sa plume. C'est un roman violent, choquant, bouleversant, il y a quelque chose de gênant à dire qu'on a aimé et pourtant la talent, que dis-je le prodige de Brite, est tel que l'on ne peut qu'aimer ce roman, enfin si on supporte le contexte…
[Petite aparté ici, je vais utiliser le masculin pour désigner Brite puisque c'est ce qu'il souhaite]

L'écriture est crue et même parfois très vulgaire mais plonger dans la tête de tueurs en série rend le tout très cohérent. C'est ultra hardcore avec moult trigger warning : viols, meurtres, tortures, cannibalisme, nécrophilie, suicide mais quelle virtuosité.
J'avais déjà beaucoup d'admiration pour son talent avec Âme Perdues et Sang d'Encre et je tombe encore des nues tant il m'impressionne avec celui-ci. Nous sommes dans l'horreur brute, sans filtre, sans bienséance ou bien-pensance et pourtant je suis restée accrochée au livre avec plaisir…

Rien ne nous est épargné, on plonge dans l'anatomie du malsain, du pulsionnel et de la torture créative, aucun détail n'est oublié. Vous êtes prévenus ! Si la couverture vous dérange, ce n'est même pas la peine d'ouvrir le livre, d'autant que le début commence dans la touffeur des boyaux et l'amour glacé des cadavres. Les premières 30 pages sont un filtre pour savoir si l'on peut lire la suite et si tel n'est pas le cas, soit, mais n'allez pas en tirer le conclusion d'un roman gratuit qui ne ferait qu'enchaîner les passages choquants, ce serait vraiment très éloigné de la réalité de la réflexion que le roman propose.

Il faut que je place ici que vraiment les livres de tueurs en série, ce n'est pas trop ma cam habituellement, j'ai vu le nom de l'auteur, j'ai pris le livre, je ne me suis pas posée de question. Et je dois bien dire que je pense, honnêtement, ne pas pouvoir aimer ce genre de livre par n'importe quel autre auteur. Il n'y a pas de surnaturel, juste le pire d'une humanité pervertie belle et bien réelle.

On pourrait parler de la plume de Brite pendant des heures, sachez juste que ce roman est excellent uniquement par la grâce de sa plume, c'est l'ossature de la cathédrale horrifique du roman, le reste n'est que de l'habillage habilement dressé…

L'histoire en elle-même est bien construite, je ne suis pas une spécialiste des thrillers mais j'ai trouvé que la structure narrative nous guidait habillement d'un personnage à l'autre. Tantôt à Londres, tantôt à la Nouvelle-Orléans, on écume les bas fonds majoritairement à travers la psyché de deux tueurs en série, fin gourmets parmi les fins gourmets du meurtre. Ce roman est inspiré d'un tueur en série bien réel, Jeffrey Dahmer, je vous assure qu'après avoir lu le roman ça glace le sang ! Mais revenons aux personnages principaux.

Parmi la pléthore de personnages, quatre d'entre eux sont particulièrement mis en avant : Andrew Compton et Jay, inspirés de Jeffrey Dahmer, Tran et Luke. Chaque personnage a une personnalité bien différente et bien établie, l'auteur prend le temps de brosser le caractère et l'émotionnel de chacun de ses personnages surtout à travers ses relations aux autres.

Cette oeuvre n'est pas seulement l'occasion de parler de tueurs en série, c'est également un roman de son époque qui parle notamment du VIH, des malades séropositifs, de la façon dont la maladie est perçue par la bien-pensance américaine et la façon dont les malades sont traités, et enfin la façon dont la maladie évolue, la solitude, la souffrance, le spectre d'une mort qui rôde quand on ne l'attendait pas.
C'est la patte de Brite, chanter le mal d'une génération désenchantée, paumée et qui ne sait plus à quoi s'accrocher sur les murs lisses d'une Amérique hypocrite et bien trop puritaine.

J'ai eu la sensation en refermant le roman que l'amour perverti est présenté comme du mieux que pas d'amour du tout, loin de cautionner les démons qu'il représente l'auteur montre que ce qui engendre des monstres ce n'est pas seulement des maladies psychiatriques mais bien une société où, si on ne rentre pas dans le moule, on fini par crever de souffrance en chien errant rattrapé par la maladie ou par un prédateur quelconque…

Je me rends compte en écrivant cette chronique de la difficulté de recommander ce roman. On me l'aurait conseillé avec juste la thématique, en toute honnêteté, je ne l'aurai même pas regardé. Je suis bien la première à comprendre que tueur en série, boyaux, nécrophilie et cannibalisme ne sont pas spécialement vendeur, surtout avec les détails mis en avant. Et, pourtant… pourtant, que vous dire sinon que ce qui rend ce roman si bon et si spécial, c'est le génie de l'auteur, que dire sinon que les messages sous-jacents sont fabuleusement pertinents et que la violence ambiante nourrie une atmosphère ultra travaillée qui exprime, en 300 pages, la tragédie de millions d'âmes perdues dans les ruelles sombres d'une Amérique qui bannie les marginaux sans sourciller.

Pour conclure, c'est encore une fois un roman réussi sur une thématique qu'il était finalement difficile de me faire apprécier et, pourtant, c'est une réussite. Il y a les auteurs que j'aime et il y a les auteurs que j'adore, Brite me laisse ébahie à chaque fois par l'efficacité d'une plume ultra maîtrisée. Il y a de ces sujets casse gueule où si on ne manie pas la plume avec virtuosité, on est sûr de tomber dans des écueils évidents. Ici, l'auteur les évite tous, plus fort, il arrive même à nous dresser un portrait ravagé d'une Amérique qui laisse pour compte ceux qui ont l'audace d'être différents et de l'affirmer, les condamnant ainsi à mourir dans d'atroces souffrances dans les bas fonds de ce soit disant rêve américain. C'est un roman de l'horreur avec tellement de trigger warning que je ne peux pas le conseiller à tout le monde mais, pour ceux qui ont le coeur bien accroché, c'est vraiment un roman à lire et un auteur à découvrir si ce n'est pas déjà fait…

Ma notation est un coup de coeur bien sûr !
Lien : https://labougiedevinayaka.w..
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[...] Sombre et d'une extrême violence, ce roman de Poppy Z. Brite ne laisse pas indifférent. Génial et culte pour certains, insupportable pour d'autres, le Corps exquis est un thriller gore d'une indéniable originalité, sur la forme comme sur le fond, qui détonne face à de nombreux romans policiers souvent trop calibrés.

Sur la forme d'abord, les mots sont crus, les descriptions, très réalistes, de relations sexuelles, de consommation de drogues et de meurtres n'évitent aucun détail créant une atmosphère lourde, glauque et un sentiment de malaise constant. Sur le fond ensuite, cette histoire d'amour, ou cette confrontation, entre deux tueurs en série, l'un nécrophile, l'autre cannibale, est dérangeante et éprouvante. [...]

Mais à travers leurs actes odieux, on découvre la déliquescence des relations humaines, la solitude affective et la maladie qui ronge les corps. [...] J'ai été marqué par ce roman au contenu dense et aux thématiques très fortes même si j'ai regretté quelques enchaînements dramatiques un peu faciles.

C'est à n'en pas douter un grand roman, toutefois, à ne pas mettre entre toutes les mains.
Lien : http://lionelfour.wordpress...
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J'ai dévoré ce livre, j'ai adoré cet atmosphère charnel, sensuel, effrayant et si diabolique. Derrière la chair et le sang, la cruauté et la perversité se trouvent deux fous qui se trouvent, une passion destructrice qui m'a terriblement plût.
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LE CORPS EXQUIS

de POPPY Z.BRITE

292 pages / Éditions au diable vauvert

Incontestablement, le livre le plus gore et le plus dérangeant qu'il m'ait été donné de lire.

Une des fictions les plus noires et poétique jamais écrite sur les serial killers.

Un roman ambitieux, une troublante histoire d'amour.

Oeuvre peut être assez déroutante pour certains, les thèmes abordés étant le cannibalisme et la nécrophilie.

L'auteure fait preuve de grande inventivité et de surenchère dans les descriptions des nombreuses tortures et relations sadiques perpétrées par ses deux cruels protagonistes principaux.

Un style cru et saignant.

Clairement un livre qui nous retourne l'estomac et nous emporte dans une dans macabre.

Des psychopathes dans leur perpétuelle recherche de victimes pour satisfaire leur appétit.

Un livre au ton particulier, un choix narratif classique, sophistiqué et dans la réflexion.

Un énorme coup de poing à la lecture.
Un énorme coup de pied dans la scène littéraire.

Un récit plein de fluides, d'odeurs, de sensations, une écriture extrêmement physique de deux hommes pris dans un enfer, une boucherie à ciel ouvert.

C'est cruel, dérangeant, obsédant.

Voilà le genre de roman dont on se souvient assurément.

Quelle claque !

Époustouflant, sidérant

Bravo.

Merci.

⚠️ATTENTION, pour un public très averti ⚠️
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On suit les destins croisés de 4 homos à la Nouvelle-Orléans. Tout d'abord le narrateur, Andrew, serial killer Anglais, puis Jay, héritier richissime, serial killer également, nécrophile et cannibale de surcroît. Tran, jeune et bel éphèbe d'origine vietnamienne qui est irrésistiblement attiré par Jay (dont il ignore tout des activités criminelles). Tran est également l'ancien amant du 4e personnage principal du roman, Luke dit Lush Rimbaud, écrivain et animateur d'une radio-pirate, qui se meurt du sida.
Andrew, dit l'hôte éternel par les médias britanniques, purge une peine de prison à vie pour les meurtres de vingt-trois jeunes hommes. Grâce au contrôle total de son corps et les techniques des fakirs, il parvient à simuler sa mort et s'évade de façon spectaculaire lors de son autopsie. Exquisite corpse, titre original qu'il aurait mieux valu traduire par Cadavre exquis, comme le jeu littéraire des Surréalistes, met en scène des personnages déjà morts qui se rencontrent et s'assemblent au gré du hasard, tels des mots étrangers, pour former la phrase macabre du destin.
De son vivant, Andrew devait tuer et vivre avec des cadavres pour se sentir pleinement exister. Sa simulation de la mort, sa séropositivité, puis sa rencontre "amoureuse" avec Jay le font entrer pleinement dans la dimension mortuaire, avec point d'orgue le cannibalisme. de même, Jay n'est lui-même qu'au contact de cadavres qu'il assimile sexuellement et gastromiquement. Ainsi se laissera-t-il volontairement contaminer par le HIV (virus de l'immunodéficience humaine). Tran l'ignore, mais son attirance pour Jay l'a condamné à mort. Il finira atrocement assassiné par le couple de prédateurs et rien ne pourra le sauver, pas même l'intervention de Luke. Lui aussi atteint du sida, Luke est en bout de course. Écrivain qui ne parvient plus à écrire, malade, sentimentalement mort depuis sa rupture avec Jay, son chant du cygne, à la radio, n'est plus qu'une invective haineuse à l'encontre de la vie ; les femmes enceintes étant particulièrement sa cible.
Ce Cadavre exquis nous fait donc entrer pleinement dans l'univers mortuaire, dans la fascination pour des corps en décomposition, pour la destruction, une sexualité déviante qui ne débouche pas sur la procréation et la vie, mais l'horreur et la mort. Avec comme cadre une Nouvelle-Orléans underground qui sent le bayou, les marais, le foutre et le sang, les larmes et la souffrance. Car on suit principalement les affres des héros. Tran rejeté par sa famille, SDF gothique, en quête d'un amour qui débouchera sur son horrible trépas. Luke, malade, seul, drogué, n'est plus qu'un cri de désespoir. Andrew et Jay, amants fortunés, beaux et brillants, qui auraient tout pour être accomplir des vies magnifiques, ne peuvent jouir et être eux-mêmes que dans la destruction, la torture, la nécrophilie et le cannibalisme.
Poppy Z. Brite nous fait entrer dans la tête, l'âme, la folie et le désespoir de ses personnages grâce à une écriture sans concession. Ses descriptions, son art de la mise en scène permettent une visualisation de l'action comme si on était présent. Réalistes, crues, poétiques et macabres, elles soulèvent le coeur. Voici un exemple dès les premières pages du livre où Andrew se livre au lecteur : « J'ai tué la plupart de mes vingt-trois garçons à l'arme blanche. En tranchant leurs artères principales au couteau ou au rasoir une fois qu'ils étaient assommés par l'alcool. Ce n'est pas par lâcheté ni pour éviter qu'ils se débattent que je procédais ainsi ; quoique je ne sois pas un athlète, j'aurais sans peine terrassé ces enfançons affamés et défoncés dans un combat loyal. Si je les ai tués de cette manière, c'est parce que j'appréciais la beauté qui parait alors leurs corps, les étincelants rubans de sang courant sur leur peau de velours, leurs muscles qui s'ouvraient en frémissant comme du beurre doux. J'en ai noyé deux dans ma baignoire, j'en ai étranglé un avec les lacets de ses propres Doc Martens tandis qu'il cuvait son alcool. Mais je les tuais surtout à coups de couteau. (...) J'aimais mes garçons tels qu'ils étaient, de grands poupons morts pourvus d'une ou de deux bouches supplémentaires à la salive cramoisie. Je les conservais auprès de moi pendant une bonne semaine, jusqu'à ce que l'odeur devienne trop perceptible. le parfum de la mort ne me déplaisait pas. Il m'évoquait des fleurs coupées ayant trop longtemps séjourné dans une eau stagnante, une senteur lourde et maladive qui colle aux cloisons nasales et s'insinue au fond de la gorge à chaque souffle. »
Poppy Z. Brite nous livre donc un Cadavre exquis particulièrement réussi, en mettant à nu la barbarie et l'horreur, cette dérive des corps qui n'ont plus aucune once d'humanité, de raison et de vie. Et où l'amour n'est qu'un prétexte à massacrer et détruire. Andrew et Jay sont des virus qui miment la vie pour mieux la capturer et la réduire au néant.
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