Le docteur Nina Scott travaille pour une compagnie pharmaceutique : elle cueille de végétaux en pleine jungle vénézuélienne .
Elle fait ça depuis 5 ans, autant dire toute sa vie d'adulte.C'est la façon qu'elle a trouvé de fuir sa famille (c'est à dire : son père), le monde en général, et elle : « Huit mois sur douze entre Caracas et la forêt, de rares relations avec les chefs et, surtout, des milliers de kilomètres entre son père et elle, c'est la situation idéale » (p.13). Entre son père et elle, il y a une maladresse, une incompréhension : il est persuadé que tout est conditionné par le manque de la mère.
Nina est têtue, une vraie gamine pourrie gâtée. le personnage m'a un peu exaspéré.
Son père, « écrivain surdoué et contestataire » internationalement connu pour ses héros aventuriers et rebelles, est en fait assez pantouflard, version hôtel de luxe confortable. Et sa fille est sa raison de vivre. Il l'a élevé seul après le décès de sa mère, et a tendance a être un peu étouffant et infantilisant.
Nina, elle, blessée par l'absence de cette mère, a vécu avec un vide immense et des angoisses paralysantes. Bourrée de cachets, elle picole sec : « Plutôt que de jouir du présent, Nina a choisi de craindre le futur et d'avaler ses pilules de diazépam quand elle va mal ».
Cela fait d'elle un personnage dans lequel j'ai eu du mal à me projeter : je l'ai trouvé faible et geignarde dans les ¾ du roman, capricieuse aussi. C'est elle qui met ses amis et son père dans des situations dramatiques, par insouciance et manque de maturité.
Quand elle se transforme enfin (trop tard malheureusement pour certains dégâts collatéraux), j'ai eu du mal à la voir comme une femme : c'est une ado malgré son âge, ses épreuves ; elle refuse d'avancer sans béquilles et a besoin d'être bercée.
Même quand elle s'émancipe enfin de l'image maternelle, elle se réfugie chez une autre femme pour se « reconstruire » et attend que l'homme qu'elle aime vienne l'emporter sur son cheval blanc...
Pour l'intrigue, c'est plutôt sympa, rien à reprocher. Et puis le décor de l'action est vraiment génial, ce mystérieux tepui, cadre parfait pour des explorateurs et aventuriers !
L'autre narrateur est un homme qui a perdu sa femme et son fils pendant la seconde guerre mondiale. Il est invité à participer à une expédition dans la jungle sud amazonienne pour étudier des singes au comportement étrange.Le va-et-vient entre présent et passé sur le tepui, avec la première équipe de chercheur, est intéressant : les événements se croisent, les indices émergent peu à peu sur ce qui est arrivé à ces hommes qui étudiaient les singes muets et leur glande pinéale hors norme. Par contre, ce qui est arrivé à l'auteur du journal, narrateur à la personnalité exécrable lui aussi, je l'avais deviné rapidement...Dommage !
Plein de bons éléments mais je n'ai pas été très très emballée. C'est un bon roman d'aventure, plus qu'un polar d'après moi. Il y a bien enquête, entendons-nous bien. J'ai traversé ce roman avec plaisir, et hâte de savoir le dénouement, mais sans véritable coup de coeur, et je ne sais pas précisément pourquoi. Peut-être parce qu'il a fait écho à ma lecture de Malhorne de
Jérôme Camut, dont le début m'avait tant emballé et que j'ai abandonnée, déçue, au bout d'une centaine de pages.
Peut-être les dialogues un peu caricaturaux, les personnages sont misogynes à fond ou inquiets à 100 % , ou rebelles à l'extrême.
Par exemple, p. 162 : « -Bien, apprécie Augusto. A partir de maintenant, vous n'allez plus raconter votre petite histoire à des inconnus ! Vous restez avec moi et tout ce passera bien. Ici, on est pas au pays de Mickey ! On ne sort pas sa carte bleue pour montrer qu'on est quelqu'un. Ici, tout se règle à coups de 9 mm, un point c'est tout. Entendes ? ». Il aurait pu faire plus court : "toi stupide américain friqué, moi ta seule chance de survie »... Ça manque un peu de finesse, mais même là je ne peux pas le reprocher aux auteurs parce que les personnages sont nombreux et qu'il fallait se dépatouiller d'un tel casting.
Mais ça m'a laissé un goût d'inachevé.
Peut-être que l'évocation des nazis et de la seconde guerre commence aussi à me lasser, parce que ça ne surprend plus qu'un scientifique fou à la solde d'Hitler soit passé par là... Et puis la mort du père, elle était inutile, le roman devient bancal, ça m'a contrarié, parce que je voyais plus Nina victime d'un de ces coups de tête, et son père et Hélène continuant à s'aimer...Zut...
J'ai beaucoup apprécié le clin d'oeil final, l'explication du titre, que l'on a à la dernière phrase du roman.
J'ai retrouvé à la fois
Amazonia de
James Rollins (en moins délirant) et
Lontano et
Congo Requiem de
Jean-Christophe Grangé (en moins sombre). Si vous avez aimé ces romans, peut-être celui-ci saura-t-il vous plaire également.