2032, la peste a éradiqué la majeure partie de la population. Ève, 18 ans, fait partie des survivants. Sa mère est morte quand elle avait 5 ans, depuis elle vit recluse dans une École, avec d'autres jeunes filles, où elle reçoit une éducation orientée : le monde extérieur est hostile, plein de bêtes sauvages et de dangers, et surtout d'hommes, ces êtres manipulateurs, dégoûtants et violents qui représentent la plus grande menace, pour des femmes comme elle. Seule exception à cette règle, le Roi qui gouverne la Nouvelle Amérique pour reconstruire la société.
En attendant de recevoir sa Médaille de la Réussite, à l'issue de son cursus, Ève rêve de son avenir qu'on lui a promis doré. Mais soudain, elle aperçoit l'une de ses camarades, Arden, traverser le lac pour rejoindre le bâtiment des Diplômées. Curieuse et soupçonneuse, Ève se glisse sur ses traces, discrètement, croyant surprendre sa camarade en pleine préparation d'une farce mais ce qu'elle découvre alors va dépasser tout ce qu'elle aurait pu imaginer ... Les filles qu'elle admirait tant, ses aînées toutes promises à ce bel avenir dont elle rêve, sont sanglées sur des lits, en piteuse état, toutes ont le ventre rebondi marquant l'avancée de leur grossesse. Ève ne comprend pas, lui aurait-on menti ? Perdue, déçue et brisée, la jeune fille décide de reprendre le contrôle de son destin, en s'enfuyant, malgré la somme de dangers qui l'attend ... Survivra-t-elle dans la Zone, ce monde redoutable et redouté ? Parviendra-t-elle à comprendre ce qui se passe dans cette nouvelle société ? Ève ne le sait pas mais elle est prête à relever ce défi ...
En refermant ce premier tome de la Vie rêvée d'Ève, La Fuite, d'
Anna Carey, je reste mitigée par rapport à cette dystopie romantique.
Certes, ce premier volume recèle de bonnes choses telles que des personnages creusés et des situations fortes mais il présente aussi de nombreux défauts : style simpliste à l'excès, manque d'originalité, lourdeurs et répétitions ...
Comme son nom l'indique, La Fuite relate la fugue d'Ève, cette élève modèle qui se rend compte qu'elle a été flouée par le système en lequel elle croyait dur comme fer.
Après ses premiers balbutiements de survie dans la Zone, la jeune fille se rend vite compte qu'elle ne s'en sortira pas, seule. Et miraculeusement, elle tombe sur son ancienne camarade, Arden, personnage fort et aguerri aux duretés de la vie. Puis les filles rencontrent Caleb, un jeune homme compatissant et protecteur qui va les accueillir dans sa tanière, son abri, qu'il partage avec d'autres jeunes garçons. Grâce à lui, le lecteur apprend ce qu'il advient aux jeunes mâles dans cette société renaissante. Et, contrairement aux filles à qui l'on offre une "éducation", les garçons, eux, sont exploités comme esclaves dans des mines ou chargés de construire les futurs édifices. Caleb et sa "bande" s'en sont échappés pour mener cette existence difficile, en pleine nature sauvage, se cachant des patrouilles militaires qui traquent sans cesse les "déserteurs".
La suite de l'histoire oscille entre survie et romance, entre raison et sentiments. Ève, malgré son éducation, tombe amoureuse de son sauveur, Caleb, et est prête à renoncer à tout pour vivre avec lui. Mais la jeune fille est promise à quelqu'un d'autre ...
Traquée par les militaires, trahie par les garçons, Ève doit effectuer des choix, établir des priorités, tout en commettant des erreurs qui coûteront la vie à ceux qui tenteront de l'aider.
Personnellement, j'ai apprécié globalement le scénario : la fuite naïve, l'histoire d'amour semée d'embûches, l'initiation d'Ève au monde extérieur ... J'ai cependant regretté que le récit ne dévoile rien de cette société basée sur des mensonges mais qui, pourtant, opprime chacun des personnages sans que l'on sache vraiment pourquoi. J'aurai apprécié qu'il y ait davantage de révélations, davantage de rébellion de la part de l'héroïne qui se laisse complètement porter par les autres et leurs objectifs sans jamais affirmer ses propres volontés. Pourtant, le personnage d'Ève évolue, tout au long de l'histoire, devenant plus autonome, plus battante, moins crédule, mais elle ne parvient pas complètement à s'affranchir ni de ce qu'elle a vécu ni de ce que lui raconte ses nouveaux amis. Elle se contente de suivre une route qu'Arden avait tracé pour elle-même.
Ainsi, je perçois La Fuite comme une oeuvre au potentiel important qui n'a pas été correctement exploité. J'espère que la suite apportera cette profondeur que j'attends en lisant ce genre d'ouvrages.