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sur 2416 notes
Ce poète anticonformiste a tout d'un Don Quichotte moderne : attachant, loufoque ; toute sa vie est rythmée par les coups qu'il reçoit et les quêtes désespérées dans lesquelles il se lance à corps perdu...
La vie de Limonov est passionnante, car elle est remplie de paradoxes. En effet, on comprend la difficulté d'Emmanuel Carrère à brosser le portrait d'un chien fou qui fait l'amalgame entre Jim Morrison et Staline, l'underground punk et la littérature réactionnaire...

L'histoire d'Edouard Veniaminovitch Savenko, c'est surtout l'amertume de la perestroïka, des migrations à l'Ouest et du renouveau intellectuel de la Russie… Car, Limonov est le porte étendard de la génération qui a subit la période de transition soviétique. Un fasciste dans un corps de poulet sans tête, fascinant au demeurant…
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Alors là ça décoiffe ! Et ce n'est pas étonnant vues les qualités d'écrivain d'Emmanuel Carrère.
Revenant de Russie je me suis dit que j'aurai dû lire «Limonov», biographie romancée qui est plutôt une oeuvre d'un genre atypique entre le roman et l'essai, avant de partir. Parce que l'auteur m'a embarquée dans une aventure sans ménagement et j'ai beaucoup aimé. Il faut dire qu'Emmanuel Carrère nous livre un roman sur 50 ans de l'histoire récente de la Russie et s'interroge aussi sur son histoire personnelle. Pas étonnant qu'il ait reçu le prix Renaudot en 2011.
Limonov n'est pas un personnage de fiction. Emmanuel Carrère l'a rencontré et a décidé d'en faire le personnage principal de son roman.
Cet homme est né dans les années 40 et sa vie est pour le moins tumultueuse. Après avoir été une sorte de petite frappe durant sa jeunesse en Ukraine, il a fait partie de "l'underground" soviétique à l'époque de Brejnev. Voyant qu'il n'avait pas de perspective en URSS, de la façon dont il l'entendait, il a choisi de tenter sa chance aux Etats-Unis où il a touché le fond, multipliant les aventures en tous genres, y compris sexuelles, avant de remonter la pente avec toute l'énergie dont il est capable. Il s'est mis à écrire des poèmes et a eu un peu de succès. Il a continué son chemin en France avec sa deuxième femme. A Paris, il a fréquenté une certaine faune intellectuelle, notamment Jean-Edern Allier. Il gagnait sa vie modestement en publiant des récits autobiographiques. Mais bien vite, il s'est ennuyé et s'est retrouvé en pleine guerre des Balkans aux cotés des Serbes, puis leader du Parti National Bolchevique en Russie, ce qui le mènera directement à la case prison d'où il a pu sortir contrairement à toute attente.
Ce qui est certain, c'est que Limonov est un être difficile à cerner, capable du meilleur comme du pire. On peut l'admirer à certains moments, le détester à d'autres mais le moins que l'on puisse dire c'est que sa vie n'est pas banale.
Ce qui est intéressant également dans ce livre, c'est le mélange des genres. Roman d'aventure et d'histoire c'est aussi le regard autobiographique d'Emmanuel Carrère sur un pays, la Russie.

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Emmanuel Carrère s'intéresse à Limonov et on comprend pourquoi : personnage ambiguë, complexe et charismatique. On s'interroge beaucoup sur cet homme, tout comme l'auteur. Il est intéressant de voir que ce n'est pas qu'une biographie, certes la vie de Limonov est racontée, mais l'auteur explique sa démarche, donne ses avis et ses ressentis.
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Quel est le genre de ce livre : esssai, biographie, autofiction? en tous cas il n'a rien de littéraire. Son intérêt est pour moi documentaire : histoire de la Russie, celle qui est restée secrète et celle qu'on a oubliée, la vie trépidante et sordide de l'exilé en Amérique, l'agitation des petits mondes d'intellos politicos français, le pouvoir des mafias et la naïveté des peuples.
La présence de l'auteur/narrateur m'a de plus en plus gênée : l'écrivain intègre et talentueux face au méchant Limonov?
Conclusion : je n'ai, en refermant le livre, ni envie de lire Limonov ni envie de lire Carrère.
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Entre reportage et roman, Emmanuel Carrère retrace la vie d'Édouard Savenko, dit Édouard Limonov. 
Poète d'avant-garde sous Brejnev, il émigre à New York en 1979, s'installe à Paris dans les années 80, retourne en URSS en 1989 où il assiste à la chute du communisme et au rétablissement de la Russie. Chef du parti néo-bolchevik-nationaliste (les nasbols), il prend parti du côté des Serbes dans le conflit serbo-croate, mais soutient aussi la journaliste Poliktovskaïa, puis fait de la prison pour ses positions anti-Poutine.

Avec un ton juste, Carrère retrace dans le détail la dissidence des années 70 en Union Soviétique, la dèche à New York où Lemotov finit par atteindre une certaine notoriété par ses livres : on y croise Noureev, Warhol, Soljenitsyne, Sakharov. Puis à Paris, Jean-Edern Hallier, qui lui ouvre les pages de sa revue, L'Idiot international, Sollers ... et tout le milieu intellectuel des ces années-là. L'expérience de la glastnost de Gorbachev le pousse à retourner dans son pays natal où la déception vient bien vite remplacer l'enthousiasme né de l'écroulement du système soviétique. Carrère montre bien que ce que les Occidentaux prennent pour une libération est très vite vécu par les Russes comme une humiliation de leur pays. L'arrivée de Poutine au pouvoir .... 


Le propos c'est bien sûr de montrer l'engagement ininterrompu de Limonov dans son temps. Ce livre laisse le lecteur à la fois fasciné, admiratif, mais aussi critique dans certaines des prises de positions d'Edouard, car L Histoire n'est jamais écrite d'avance. 
S'il restitue très bien les événements marquants en Europe ces 50 dernières années, l'auteur nous fait également réfléchir sur ce qu'est l'engagement. 


Cette biographie d'un aventurier contemporain est très bien écrite et on sent le sentiment ambigu- fait d'admiration et de répulsion- qu'éprouve l'auteur pour son héros. Un personnage intéressant mais cette histoire aurait gagné à être plus concise,à mon goût, d'autant qu'elle ne se dévore pas…
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Emmanuel Carrère retrace dans ce roman - le premier que je lis de l'auteur - la vie d'Édouard Limonov, poète russe dont la vie témoigne à elle seule de cette période 1943-2003, où l'URSS s'est transformé en Russie et où Staline à fait place à Poutine (pour abréger).

Carrère retranscrit donc la vie de Limonov de son enfance à ces vieux jours, tout en intercalant des récits de sa propre vie et des rencontres qu'il a fait avec ce personnage. le tout sur un fond historique et documentaire relevant presque de l'essai sur la Russie/URSS et les différents mouvements révolutionnaires qui ont jalonné son histoire.

Ce roman m'a dans l'ensemble plutôt plu, mais j'y mettrai tout de même quelques bémols. tout d'abord, l'écriture manque un peu d'entrain, reste assez plate tout au long des 500 pages ; d'ailleurs, l'auteur a une manière particulière - et un peu bancale - de formuler ses phrases, ce qui fait qu'on perd facilement le fil et le sens de celles-ci. le roman comporte également des longueurs à certains passages - notamment quand Carrère décide de nous faire des pages et des pages de sociologie sur la Russie sans même découpé son texte en paragraphe pour l'aérer un peu -, qui m'ont fait sortir du récit.

Peut-être que je parais très négatif mais ce que j'ai écris au dessus ne sont que les points négatifs et j'ai quand même beaucoup apprécié ce roman et la manière dont l'auteur parvient à faire vivre son personnage et toute cette période (je suis d'ailleurs admiratif de tout le travail de recherches et de lectures qu'il a mené pour parvenir à cela). Bref, je garde un bon souvenir de "Limonov" et ai hâte de lire d'autre roman d'Emmanuel Carrère !
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En racontant l'histoire de Limonov, Emmanuel Carrère brosse un portrait psychologique et romanesque d'un homme qui a touché et goûté à presque tout: misère, prison, politique, guerre, gloire, sexe avec femmes et hommes, sagesse et mystère du tréfonds de l'âme humaine. le livre se dévore comme un thriller et, pour une fois, Carrère ne parle pas trop de lui-même ce qui rend cette lecture plutôt agréable dans un tumulte de faits qui emportent le lecteur dans des moments très intenses.
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Si Limonov ne fera pas partie de mes romans favoris, il reste néanmoins un véritable choc. Je suis née après la chute de l'URSS et je connais l'Histoire russe de manière très très superficielle, mais j'ai été véritablement happée par ce voyage dans la Russie (et les Etats-Unis) vue par Limonov et Carrère, même si j'ai été parfois un peu perdue par tous les noms et les événements historiques. Cependant, l'élément le plus extraordinaire du livre est le personnage de Limonov lui-même. Il y avait bien longtemps que je n'avais pas croisé un personnage aussi marquant et complexe. On ne peut ni l'aimer ni le détester. On ne peut s'empêcher de fronçant les sourcils en découvrant certaines de ses prises de positions et actes, notamment à Sarajevo (ce qui avait déjà scandalisé à l'époque). Limonov est également sûr de lui et peut paraître parfois antipathique. Pourtant, Carrère qui semble lui aussi partagé à certains moments sur son ressentiment pour le dissident nous donne envie de le suivre, de la comprendre. On finit par avoir envie qu'il réussisse et quoiqu'il en soit sur ce qu'on pense de lui à la fin du roman, on ne peut que avoir été marqué profondément par cette homme à la personnalité et à l'engagement très forts. Quant au style de l'auteur, Carrère utilise une écriture parfois documentaire et didactique, mais pourtant très agréable. N'hésitant pas non plus à donner son avis et des indications sur son propre parcours, il réussit le pari de cette biographie qui semble toujours être entre fiction et réalité, tout en rajoutant parfois de l'humour noir ou cynique qui apporte aussi beaucoup, notamment au personnage principal. Un roman très marquant et très intéressant à lire qui a eu le prix Renaudot en 2011 et qui le mérite !
Lien : http://papierencre.wordpress..
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Edouard Limonov n'est pas très sympathique : prétentieux, provocateur, cynique, mauvais fils, narcissique,… pourtant la puissance de l'écriture d'Emmanuel Carrère opère. Et, Limonov finit par nous donner des leçons de vie et de courage. Carrère dit lui-même "Ce mélange de mépris et d'envie ne rend pas mon héros très sympathique (...) Arrogant, mais d'une loyauté à toute épreuve. Dépourvu d'indulgence, mais attentif, curieux et même secourable". Cet homme promis à rien, né dans la grisaille soviétique, fils d'un d'un militaire tchékiste de l'ex.URSS va très tôt être sûr de son talent, sûr de ne pas vouloir vivre la vie de ses parents et sûr de vouloir changer le monde. C'est ainsi qu'il va devenir, sans le chercher vraiment, tour à tour voyou, poète de l'underground soviétique, tailleur, SDF à New york, valet de milliardaire, mercenaire pendant la guerre du Kosovo, chef de parti politique en Russie, prisonnier, écrivain adulé et… prix Renaudot ! Je ne suis pas sûre de sa lucidité à son égard, en revanche il sait voir chez les hommes qu'il croise les lâchetés et les hypocrisies qui les constituent. Sa constance à être lui-même, sa bravoure à rester fidèle à ses idéaux même les plus… cons et les plus réactionnaires sont un presque un enseignement de moralité. Tout le grandit. On l'enferme dans une sombre prison russe, dans une cellule trop petite pour des prisonniers en surnombre, il n'a donc pas de lit. Que fait-il ? il déplie, sans état d'âme, une couverture sur le sol parce qu'il trouve normal que dernier arrivé, il couche parterre. Il ne va jamais regarder la télévision – perte de temps – jamais jouer aux cartes avec les autres prisonniers –perte de temps – jamais dormir plus que nécessaire – perte de temps, et il écrit ce que Carrère considère comme son plus beau roman : le livre des eaux. Dans une prison de solides gaillards russes, lui le poète filiforme va finir par être respecté. Voilà un homme que la vie écrase et qui s'en sert pour vivre des expériences uniques. Il est de corvée de nettoyage, il en profite pour pratiquer la méditation et va vivre une expérience unique de nirvana. SDF à New York et il vit des expériences homosexuelles dans des bacs à sable avec d'autres plus paumés que lui, et il en tire un livre que son éditeur français intitulera « le poète russe préfère les grands nègres ». Les exemples sont à l'avenant, il en a à toutes les pages. Rien ne fait fléchir Limonov il recycle tout en littérature et poésie, en aventures et expériences de vie. Ce type rend possible la construction d'une vie tellement singulière qu'il semble s'être engendré lui-même. Malgré ses choix politiques malsains et trop provocateurs, malgré son goût suspect pour la guerre ou son attirance pour des fascistes, Limonov de et par Carrère mérite d'être connu parce que rien ne peut le résumer ou le réduire et c'est assez rare pour être intéressant. Carrère n'est pas pour autant complaisant avec son sujet, on sent que plusieurs fois il a du mal à avancer dans la noirceur du personnage. C'est à ces occasions qu'il parle de lui et ces moments de portraits croisés éclairent un peu plus l'originalité d'un Limonov. Face au rebelle, licencieux et assoiffé d'expériences, Carrère se dépeint au presque même âge en jeune bourgeois parisien, un peu falot, grandissant sans mérite dans une famille d'intellectuels respectés et dont les origines russes vont le guider naturellement vers ce pays. C'est tout le génie de Carrère de choisir -au milieu de ce très grand terrain de sujets en tout genre qu'est la Russie post-soviétique - Limonov et, à travers lui, de nous parler d'un quart de siècle d'histoire et de vie d'homme.
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Je n'avais jamais entendu parler d'Édouard Veniaminovitch Savenko auparavant. Quel personnage haut en couleurs ! Baroudeur, poète, soldat, clochard, hétéro, homo, les deux à la fois, … Limonov semble avoir eu plusieurs vies et être passés par tous les états. La plume, parfois acerbe, d'Emmanuel Carrère brosse un portrait qui se veut objectif du personnage et d'une Russie dont l'histoire est aussi riche et dure que celle du protagoniste du roman. S'il y a quelques longueurs, Limonov se lit aussi comme un livre d'histoire qui m'a fait découvrir des pans inconnus de l'histoire de ce pays que j'aimerais tant visiter.
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