AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782752909701
250 pages
Phébus (09/01/2014)
3.75/5   4 notes
Résumé :
Un des textes fondateurs d’une littérature en pleine renaissance à l’orée du XXe siècle, Solitude de Víctor Català dessine le portrait de Mila, sensible et ardente, qui, mariée à un bon à rien, va peu à peu perdre ses rêves et tenter de conquérir sa liberté au cœur des paysages grandioses, âpres et sauvages des Pyrénées catalanes.
Publié en 1905, Solitude a la saveur et la puissance, la rudesse et la sombre sensualité d’un roman de Giono, et traduit avec une ... >Voir plus
Que lire après SolitudeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
"Avant la brusque entrée en scène de cet écrivain jusqu'alors inconnu des cercles barcelonais, le roman catalan, épigone abâtardi du naturalisme, ne visait qu'à faire ressortir l'élément typique, stéréotypé pour mieux dire, l'âme populaire, le pittoresque superficiel des coutumes et de la vie paysanne."
(Préface de la première traduction, Marcel Robin, 1938)

La grande modestie de cet écrivain, Victor Catala qui est en réalité une écrivaine est un "dépaysement" en soi.
La lecture en fin d'ouvrage de sa préface nous éclaire sur le caractère et la sensibilité de l'auteure, ce dont "Solitude" est un magnifique témoignage mais l'on comprend aussi bien pour quelles raisons son éditeur refusa un aussi peu flatteur préambule...

le dépaysement est effectivement complet tant sur le plan littéraire que moral.
On atteint cet état de l'âme qui ne sait plus discerner la joie de la tristesse, ne sait plus si elle a mal ou entre en ravissement
Cela parce que la terre, la pierre, l'eau ; enfin, tout l'élémental jusqu'à la flamme, au brasier sont convoqués pour ce qu'ils sont, avant d'être aux mains de l'homme, avant le monde des "images" ; c'est-à-dire des forces inaliénables, de vie et de destruction, de poésie aussi
On n'entre pas en carte postale ; sur la route, dès l'incipit, on entre plutôt "dans le dur", dans l'inhospitalier de la nature

le titre (mon premier motif de lecture) est une annonce, une promesse tenue de complexité.
Mila, personnage principal, a toutes sortes de "révélations" au cours de son ermitage mais aucun simplisme, aucun schéma directeur n'est immédiatement lisible ; il échappe aux lecteurs comme à elle, comme à nous-mêmes le fil d'une destinée auquel nous croyons peut-être, au cours de la vie
Néanmoins, tout au long, elle est entièrement seule ; seule en couple ; seule avec le pâtre, si peu terrestre ; seule, définitivement.

C'est probablement cette nature si rigoureuse, si religieuse ; celle dans laquelle l'ermitane évolue ; également celle de l'auteure qui m'a laissé un peu à l'écart de son oeuvre, à l'extérieur malgré l'émotion et la littérature.
(Comme les très grandes prévenances ont l'effet de rebuter un peu son destinataire..)
Commenter  J’apprécie          203
Première entrée pour moi dans la "grande littérature" catalane avec ce livre de Caterina Albert i Paradís (Víctor Català est un pseudonyme), lu en catalan. Je conseille d'ailleurs aux lecteurs qui le peuvent de le lire en catalan plutôt que dans cette traduction française: la langue y est très différente, très orale, très rythmée et humble, alors que la traduction française fait tout de suite très ampoulée et prétentieuse. L'héroïne Mila, suite à son mariage, emménage dans un ermitage en montagne. L'écrivaine décrit avec une grande précisions les sentiments successifs de la jeune femme qui oscillent entre rejet, fascination, sentiment d'appartenance, désillusion. J'ai beaucoup aimé en particulier les chapitres qui amènent Mila à s'approprier sa nouvelle vie comme le font souvent les femmes: en faisant le ménage, en aménageant, pour qu'un lieu étranger devienne un chez soi au début du roman, et ensuite en arpentant les paysages et la montagne environnante. le récit est très construit avec un point d'orgue que constitue l'ascension du sommet sur trois chapitre et qui font passer Mila par toutes les étapes successives de ses propres sentiments. La fin du roman est plus rapide et moins contemplative et spirituelle, mais l'intrigue est captivante.
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
[...] et, dans la salle comme dans la grande chambre, la bamboche continua, sous la surveillance du pâtre qui, renfrogné et sourcilleux, regardait avec mépris ces animaux soi-disant supérieurs brailler et se contorsionner, soûls de joie, de victuailles mal digérées, d'attouchements et aussi d'une bonne quantité de vin : toutes choses dont ne s'enivrent pas les autres bêtes, dites inférieures.
Commenter  J’apprécie          113
Il était immobile, comme aveuglé par la contemplation de cette grande féerie de lumière. Et, dans le recueillement de cet obscur endroit, en sentant le long de son bras la chaleur tiède du corps de l'homme, en contemplant l'expression extatique de ce visage glabre et la blancheur dorée de son front, gonflé par de longues méditations rêveuses, Mila comprit une nouvelle fois qu'il était loin, bien loin, infiniment loin d'elle... en de mystérieux parages.
Commenter  J’apprécie          50
Alors oui, Mila les ferma bien vite, de nouveau éblouie par un fulgurant et subit scintillement de miroir. Qu'était-ce que ce rai de lumière, long et blessant, qui séparait si nettement ciel et terre en deux parties ? Le pâtre le lui dit d'un seul mot, d'un mot magique :
- La mer !
Commenter  J’apprécie          70
Callà. De cua d'ull la Mila el veié restar immòbil, com encegat; guaitant la gran lluminària del fons; i ella en el recolliment d'aquell racó fosc, bo i sentint al llarg de son braç dret l'escalfor suau del cos de l'home, bo i contemplant l'expressió exctàtica d'aquella cara barbameca i la blancor daurada del front, inflat per llargues meditacions somnioses, comprengué altra volta que el tenia lluny, lluny, infinitament lluny de si... en apartats paratges misteriosos.
I aleshores la indiferència que havia enrondat sempre la vida de la dona, mateix que un mur llarg, seguit i sense cap mena de relleu, començà aclivellar-se, filtrant-se per les escletxes, com sigil·losos esperits de la muntanya, malèfiques i torbadores sencasions desconegudes.
Commenter  J’apprécie          10
Con vegi un paratge nou de la muntanya, m'assegui tot solic i me'l miri bé una bella estona; i mirant-me'l, senti una escalfor en la boca del cor, i de mica en mica aqueia escalfor me se'n pugi en amunt com una fumera, i m'ompli el cap i me fa rumiar, rumiar... I com si una veu me les anés dient, me vénen totes les coses que hi deuen havere passades en aqueis paratges... I per això jo digui que me le conti Nostro Senyor, perquè, digueu: pot éssere atra que la veu de Nostro Senyor aquesta que un hom se sent ací dedins con rumia?
I en els ulls serens del creador hi resplendí la fermesa d'una santa convicció enterament innocent de presumpcions, mentre la Mila sentia que, davant l'altesa de l'elet, ella s'huliava fins a la pols de la terra.
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : catalogneVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Lecteurs (21) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelques Femmes ...

La première femme élue à L'Académie Française est ...

Marguerite Yourcenar
Marguerite Duras
Marguerite de Navarre

13 questions
209 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture généraleCréer un quiz sur ce livre

{* *}