J'adore lorsque la plume du capitaine Hastings s'empare des affaires de son illustre ami Poirot car il agrémente les différents succès de ce dernier d'innombrables réflexions sur ses petites manies, ses étonnantes habitudes et son ahurissante vanité. Dans ce registre de succès, additionnés tout de même d'un échec cuisant, chacune des affaires traitées présente une courte introduction qui nous convie efficacement auprès de nos compagnons, parfois au beau milieu du salon d'Hercule Poirot, avec un breuvage chocolaté bien épais ou une tasse de thé « votre pisse d'âne nationale » dirait le détective !
On y trouvera un Poirot, persuadé avec sa grande modestie légendaire, que les criminels anglais ont peur de lui vu qu'aucune affaire digne d'intérêt et à la hauteur de ses remarquables talents de déduction ne se présente pour l'occuper un peu. Hastings, tantôt exaspéré, tantôt hilare, lui fait comprendre que bon nombre d'anglais ignorent encore son existence ! Mais avec l'arrivée d'une véritable ou fausse aristocrate, Poirot est assez fin pour faire mentir une telle remarque complètement déplacée de la part de son ami.
Dans des soupirs poussés par Hastings face à son compte à découvert, Poirot se targuera d'avoir toujours un solde positif en jouant la prudence dans ses investissements. Il a cependant des titres donnés par la Société des Mines de Birmanie qui nous valent une de ses petites aventures un brin opiacée.
On se délectera aussi d'une petite recherche doublement sympathique, concoctée par un oncle rusé pour mettre au défit sa nièce préférant faire des études qu'hériter de ce parent obtus en matière d'éducation féminine.
Et bien sûr, il faut s'arrêter sur la déconfiture du détective, presque unique dans les annales ! Laissant de côté, l'espace d'un bref instant, sa vantardise, il fait confidence à son bon ami d'un de ses échecs où il s'est ridiculisé. Il avait tout de même noté l'indice mais, allez savoir pourquoi, ses cellules n'ont pas fonctionné correctement cette fois-ci. Une affaire de chocolats avec une conclusion et une petite leçon qui sont excellentes.
Dans tous ces petits comptes rendus narrés par Hastings,
Agatha Christie ne ménage pas du tout le pauvre capitaine. Poirot ne manque pas de lui dire que sa « matière grise est dans un état déplorable » et lorsqu'il lui adresse un compliment c'est toujours sous couvert ironique. Souvent vexé, Hastings n'en demeure pas moins désireux et curieux de comprendre les méthodes du détective et finit immanquablement par s'extasier de ses prouesses d'analyse. Malheureusement, le capitaine néglige immanquablement les éléments importants comme ceux entrant en compte dans la disparition d'un banquier que Poirot résout, affichant son sourire radieux, sans bouger de son fauteuil, juste en travaillant «de l'intérieur».
Lorsqu'il s'agit d'éviter une catastrophe nationale, Hastings ne peut que louer la merveilleuse intelligence de son ami et lui pardonne alors ses quelques moments de vanité. Heureusement que le petit Belge vante tout de même le coeur généreux de son bon ami. Moi, j'admire particulièrement sa façon de se contenir superbement, en bon gentleman anglais qui se respecte !
On passe allégrement d'un vol ingénieux à une substitution, d'un meurtre à une assurance vie cruellement tentatrice et on baigne même dans un semblant de superstition avec l'ouverture d'un tombeau de pharaon menant à quelques décès, sur fond de malédictions venues de l'Égypte ancienne.
Et, à côté de l'exaspération d'Hastings, on bouchera nos oreilles pour ne pas entendre une trente-six millième fois la recommandation du grand Poirot « de la rigueur » !
Registre des succès « Poirotesques », humoristiquement tenu par ce cher capitaine Hastings, à lire pour égayer les petites pauses sous le parasol, ou bien sous le parapluie, selon la météo du moment !