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Isabelle Delord-Philippe (Traducteur)
EAN : 9782253112839
1149 pages
Le Livre de Poche (21/02/2008)
3.61/5   639 notes
Résumé :
Il y a des siècles de cela, du temps où la magie existait encore en Angleterre, le plus grand magicien de tous était le roi Corbeau. Enfant d’homme élevé par des fées, le roi Corbeau mêla sagesse féerique et humaine raison pour fonder la magie anglaise. En 1806, année où commence le roman, il n’est plus guère qu’une légende. L’Angleterre est gouvernée par un roi fou, Lord Byron bouleverse les mœurs autant qu’il révolutionne la poésie, les guerres napoléoniennes rava... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (121) Voir plus Ajouter une critique
3,61

sur 639 notes
Ça m'a pris un mois et demi pour venir à bout de ce pavé de plus de mille pages – non pas parce que c'était ennuyeux ou pénible, au contraire : je trouvais ce roman tellement bon que j'ai préféré le savourer par petits bouts plutôt que de dévorer trop vite des kilomètres de pages, au risque de développer une indigestion.

Nous sommes au début du 19è siècle, dans une Angleterre uchronique où la magie, après un âge d'or médiéval, n'est aujourd'hui plus qu'un objet d'études pour les théoriciens. Jusqu'à ce qu'arrive Mr. Norrell, vieil homme misanthrope qui déclare pratiquer la magie et veut l'utiliser pour aider le gouvernement englué dans les guerres napoléoniennes. Or, ses méthodes pour « restaurer la magie en Angleterre » sont assez déconcertantes… C'est là qu'apparaît un autre magicien, le jeune et brillant Jonathan Strange, que Mr. Norrell prend aussitôt pour élève.

J'avais presque oublié, avant de m'attaquer à ce roman, à quel point j'aime les narrateurs omniscients bien utilisés. Ce que l'on perd en proximité avec les personnages, on le regagne en verve, avec une plume qui rappelle un peu les canons du 19e siècle sans y perdre en fluidité, un regard tendrement railleur sur les personnages et un humour sous-jacent présent à chaque page et à chaque note de page. Car oui, le roman est truffé de très longues notes de bas de page qui font partie intégrante de la narration et se révèlent aussi divertissantes qu'instructives.

Plutôt que l'histoire de la rivalité entre deux magiciens, ce roman se présente comme un portrait fluctuant de la magie anglaise, de sa disparition progressive et de sa réapparition tonitruante. Aussi ne faut-il pas avoir peur de se perdre dans les apparentes digressions qui, en fait, ne font qu'enrichir la mythologie de l'histoire. On peut également s'amuser à repérer les multiples références historiques et la manière dont celles-ci s'entrelacent avec l'aspect fantasy du roman. L'autrice joue aussi beaucoup sur l'ironie dramatique (le fait que le lecteur sache des choses que les personnages ne savent pas, du moins pour certains d'entre eux), un procédé également au coeur de Piranèse, son autre roman.

Un long et excellent moment de lecture!
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Well, well, well… L'année commence bien. Après avoir été bluffée par L'ombre du Vent en Décembre, je suis époustouflée par Jonathan Strange et Mr Norrell en cette fin de Janvier. J'ai bien envie de dire qu'il mérite une place dans mon top 10, mais comme je l'ai dit il y a moins d'un mois pour un autre livre, vous allez penser que je suis trop influençable et change bien trop souvent les livres de mon top 10. Non, non, que nenni (comme dirait Jonathan Strange, mais je vous en reparlerai plus tard). Je suis juste très chanceuse ! J'ai découvert de très grands livres ces deux derniers mois.

A tous ceux qui sont encore hésitants à se lancer dans la lecture de ce pavé de plus de 1000 pages, voici ma recommandation : lisez-le, les pages se tournent à une vitesse folle. le style recherché et so british est un vrai plaisir et on ne sent pas une seule fois de moments de creux. L'intrigue est menée de main de maitre. 10 ans à bosser dessus et ça se ressent !

A tous ceux qui hésitent car ça parle de magie et les histoires de fantasy avec des magiciens, depuis l'ère Harry Potter, on en a marre : lisez-le. La magie est bien sûr au centre de cette histoire mais est bien plus subtile que dans de nombreux autres livres fantastiques, et j'ose le dire, plus réelle et palpable. On y croirait presque.

A tous ceux qui aiment Jane Austen, Oscar Wilde et Lord Byron : lisez-le. le style est un concentré des deux premiers, mixés avec ingéniosité. On y retrouve même leur humour subtil. Quant au dernier, le cher poète anglais fait une apparition hilarante, tout comme Lord Wellington et George III d'Angleterre.

L'histoire se déroule en Angleterre à l'époque Georgienne, c'est-à-dire au temps de Jane Austen et Lord Byron (ce qui explique certaines particularités du livre énoncées plus tôt…). La magie a désertée l'Angleterre depuis plus de 200 ans. le livre conte les aventures des 2 derniers magiciens anglais : Mr Norrell et Jonathan Strange, vous vous en doutez. Ils oeuvrent pour redonner à la magie anglaise toute sa grandeur d'autrefois. Alors que le vieux et ennuyeux Mr. Norrell est plutôt un homme d'étude frileux, le jeune et affable Jonathan Strange, son élève, est beaucoup plus aventureux. Peut-être même un peu trop. Et malgré les mises en garde de Mr Norrell, il s'aventurera sur un chemin où le lien entre magie blanche et noire est bien mince. Ce qu'il ne sait pas c'est que ce chemin, son maitre, l'a déjà emprunté par le passé ce qui aura beaucoup plus d'impact qu'aucun des deux ne le soupçonnent…

Si ce petit résumé ne vous émeut pas plus que ça et n'éveille aucune curiosité, je n'ai pas donné mon dernier mot.

Loin d'être un roman de fantasy classique, relatant les aventures de magiciens talentueux et leur lutte contre un esprit malveillant, JS&MN dépeint un monde on ne peut plus british. Lords, gentleman, bals mondains, pot de vin et guerres napoléoniennes sont monnaie courante et peuplent l'univers de JSMN. Les apparitions de personnages réels et d'événements connus de tous (la bataille de Waterloo par exemple) font que le monde dépeint par Susanna Clarke crie de vérité. Les personnages, magiciens ou non, sont faillibles, loin des d'être des surhommes, dont les désirs, les peurs et les contraintes sont les mêmes que n'importe quelle personne de cette époque. Et le style d'écriture, se rapprochant des auteurs de l'époque ne fait que renforcer cette impression. Un vrai plaisir à lire.

Les dernières 200 pages sont justes grandioses ! Mes préférés, à n'en pas douter. Car arrive dans ces pages tout ce qu'on a espéré tout au long du roman.

Si vous n'aimez pas la fantasy, ce livre pourrait vous la faire aimer pour la simple et bonne raison qu'on n'a pas l'impression de lire de la fantasy. En un mot comme en cent : si vous aimez la bonne littérature (anglaise), plongez-vous dans cet univers.
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« Jonathan Strange et Mr Norell » est précédé d'une très bonne réputation. C'est peu de le dire. Récipiendaire de plusieurs prix prestigieux et auréolé d'un succès public et critique considérable, le roman de Susanna Clarke a fait l'unanimité, ou presque. J'ai toujours tendance à me méfier de ces phénomènes littéraires alors, même si l'argument me plaisait, j'hésitais à me lancer dans cette lecture. Et le fait qu'il s'agisse d'une brique de plus de 1000 pages ne faisait qu'accentuer ma réticence. Finalement, j'ai fini par m'y atteler. Si le roman n'est pas parfait, il s'avère une franche réussite que je ne regrette absolument pas.

Il y a bien des longueurs dans le roman de Clarke qui aurait mérité des coupes franches. le roman aurait gagné à perdre une bonne centaine de pages, voire plus. 1100 pages c'est trop et le récit n'évite pas quelques passages de ventre mou pendant lesquels j'ai trouvé le temps long. Mais, paradoxalement, ce défaut m'est apparu également comme une qualité. En effet, je trouve que trop de romans peinent à installer un univers tant ils se dépêchent d'aller dans l'action. Au contraire, l'auteure prend son temps pour donner vie à un univers riche et fouillé. le world building est vraiment le point fort du roman. Mélangeant subtilement récit historique, fantasy et roman victorien avec une touche de gothique, « Jonathan Strange et Mr Norell » offre dépaysement et émerveillement. L'écriture de Clarke est à l'avenant, fluide, élégante, la dame écrit très bien. Les personnages sont un peu moins réussis que le world building. S'ils sont bien caractérisés, crédibles et vivants, j'ai trouvé qu'ils ne parvenaient pas à susciter de l'affection. Ceci dit, cette faiblesse ne m'a pas dérangée tant j'ai été séduite par l'univers imaginé par Clarke. de plus, si le récit n'a pas un rythme trépidant et s'il prend son temps, il réserve tout de même son lot de péripéties et d'aventures, notamment en inscrivant son caractère surnaturel dans un contexte historique très plaisant et en déployant de jolies trouvailles.

« Jonathan Strange et Mr Norell » n'est pas un roman parfait mais il mérite bien le concert de louanges reçu. Si la lecture de ce pavé n'est pas toujours facile, du fait de sa longueur, ça vaut la peine de ressentir quelques petits moments d'ennui tant il est agréable de se promener dans un univers si enthousiasmant.
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J'ai ce roman dans ma pal depuis un petit moment mais j'en retardais toujours la lecture car c'est quand même un pavé de 1000p. La pioche de Flaubauski pour Juin aide un peu mais arrivé à un moment où je n'ai que des pavés, il m'a bien fallu choisir. J'ai pris le pire en espérant passer un excellent moment avec.

Je précise que je possède l'édition poche car il y a un point qui a tendance à m'énerver chez certain.e.s auteur.e.s, ce sont les notes de fin de pages surtout quand elles sont nombreuses et importantes. Là, ce n'est pas peu dire, certaines empiètent tellement sur la page qu'il n'y a que le tiers du haut pour l'histoire. D'autant plus que les notes sont pour la plupart le fruit de l'imagination de l'auteure. N'étant pas fan de ces notes, je n'en lis que la moitié et encore. Je me suis surprise au bout de 40p de lire tout en pensant à tout autre chose, chose que je ne fais jamais… En relisant le résumé et l'avis du Time Magazine, je me suis fais la réflexion que je m'étais encore trompée dans mes lectures. Je ne suis pas fan de Tolkien (n'ayant fini que Bilbo) ni de Jane Austen, donc… Bon ben c'est dommage pour moi mais je n'ai pas du tout accroché ni au style littéraire ni à l'histoire. Je pensais trouver un roman sur la magie mais je n'ai eu que des érudits qui ne parlent que pour ne rien dire. Qu'est-ce que je m'ennuyais… C'est plat et insipide. J'ai malgré tout essayé d'en lire plus en diagonale mais aucun passage n'a réussi à ressusciter mon envie de découverte pour cette histoire.

Comme vous l'aurez compris, ce roman a été une déception pour ma part et il a été abandonné au bout de 70p. J'en attendais peut-être trop ou j'avais mal lu le résumé, ça revient au même. Si vous préférez les longues descriptions aux faits, je vous conseille néanmoins de le découvrir pour vous en faire votre propre avis d'autant plus qu'il a reçu deux prix.

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Comme beaucoup de lecteurs, j'ai entendu parler de ce roman bien avant sa traduction française. Considéré comme un phénomène littéraire, traitant essentiellement de magiciens et à une époque passée, voilà qui ne pouvait que me plaire.
J'ai donc lu le roman en anglais. Enfin une moitié seulement car ma progression était des plus laborieuses et considérablement ralentie par les notes de bas de page. Je l'ai donc mis de côté en attendant patiemment la sortie française. Cette fois, lecture intégrale...

Certes, les notes de bas de page (qui occupent parfois la page en entier !) ralentissent le rythme de lecture, elles sont néanmoins intéressantes et presque indispensables au récit.

L'histoire est originale, les qualités littéraires du roman indéniables et je me suis rapidement laissée entraînée par les deux personnages clés du livre. Mr Norrell est un magicien qui souhaite rétablir la magie anglaise, Jonathan Strange, son disciple, plus ambitieux, va quelque peu chambouler les plans trop sages du vieux maître.
Je suis d'accord avec la plupart des critiques qui clament que le livre a le parfum des oeuvres de Jane Austen, que c'est également un livre d'aventures et un roman fantastique. La seule chose qui m'agace, c'est la critique du Times Magazine qui n'hésite pas à comparer l'oeuvre de Clarke avec celle de Tolkien. C'est aller un peu vite en besogne...
Certes on y parle de magiciens, du côté obscur de la Force, et même d'anneaux du pouvoir (très brièvement) mais la comparaison s'arrête là.
Le roman évoque aussi bien l'univers de Jane Austen, par la foule de détails sur la vie de la petite noblesse anglaise, que celui de Stevenson. Il y a du Dr Jekyll et Mr Hyde chez Strange et Norrell qui représentent les deux faces d'une même pièce. En revanche, je peux comprendre la déception de ceux qui pensaient lire un livre de Fantasy.
La légende du roi Corbeau qui domine jusqu'à présent est issue à la fois du folklore anglais et de la mythologie nordique, où le corbeau est le messager des morts. Pas de lutin ou de fée éthérée, pas d'elfe non plus ou de gnomes mais des serviteurs du roi corbeau semblables à des fantômes et des lieux empreints de magie noire qui donnent une atmosphère parfois lugubre au roman. Pas de duels de magiciens (enfin pour l'instant), pas de dragon à combattre...

Alors, que dire de cet événement de la littérature de fantasy. D'abord que cela reste une bonne surprise. Les personnages secondaires, je pense notamment à Childermass, Vinculus, sont pour certains très attachants alors que d'autres sont un peu sous-exploités, comme Stephen Black. J'ai bien aimé aussi la personnalité de Wellington.
Les scènes que j'ai préférées sont sans conteste lorsque Strange accompagne l'armée pour tenter de contrer l'ennemi français. La période que Strange passe à Venise est un peu longue à mon goût, ainsi que toutes les scènes relatives au château des Illusions-Perdues qui sont les moins intéressantes à mes yeux, et j'avoue avoir lu en diagonale la plupart des notes après la seconde moitié du roman. Cette seconde moitié justement est plus fertile en rebondissements et il y a nettement plus d'action. Mais c'est vrai que le lecteur doit se montrer patient car le rythme du récit est tout de même très lent.
Le fait d'avoir choisi le règne du roi Georges (celui qui est devenu fou), d'avoir pris comme principe que la magie a toujours fait partie de la vie anglaise, voilà qui ôte quand même une bonne part de merveilleux. car après tout, la vie de ces deux gentlemen est plutôt ordinaire, même si vers la fin, leurs pouvoirs sont cause de gros chamboulements.
Les deux magiciens se ressemblent finalement beaucoup. Norrell, frileux, maniaque, égoïste et conservateur est le plus antipathique. Mais Strange est tout aussi égoïste. Ambitieux en revanche, plus jeune et marié à une délicieuse épouse, ce qui probablement lui épargne de posséder les mêmes travers que Norrell. le roi Corbeau quant à lui fait une apparition éclair bienvenue mais trop courte, évidemment... J'aurai aimé plus de noirceur et de poésie, et des dragons aussi.
Je suis restée sur ma faim, avouons-le et beaucoup de choses restent en suspens à la fin du livre. Cela laisse donc supposer une suite ? Par ailleurs, sur le site de l'éditeur français, il est indiqué que les droits pour l'adaptation cinématographique ont déjà été achetés. On peut en faire un bon film sans aucun doute, à condition de ne pas avoir peur de raccourcir énormément.

En tout cas, les bonnes idées ne manquent pas dans ce roman qui a su se démarquer des habituelles histoires de magiciens. A lire pour ceux qui aiment la magie, les livres anciens, les bibliothèques cosy, l'univers de Jane Austen et Londres sous la pluie !
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Citations et extraits (49) Voir plus Ajouter une citation
Cependant, la peinture qui tira l’œil de Strange était une immense fresque murale s’étendant sur toute la longueur du mur nord. Au milieu, on voyait deux rois assis chacun sur un trone. De part et d’autre, debout ou à genoux, se pressaient chevaliers, dames, courtisans, pages, dieux et déesses. La partie gauche de la fresque était baignée de soleil. De ce côté-ci, le roi était un homme beau et robuste, présentant toute la vigueur de la jeunesse. Il portait une toge claire et avait les cheveux dorés et bouclés, le front ceint de lauriers et un sceptre à la main. Les figures des dieux qui l’entouraient étaient tous équipés de casques, de cuirasses, de lances et d’épées, l’artiste suggérant ainsi que ce monarque n’attirait dans son amitié que les plus guerriers des hommes et des divinités. Dans la partie droite du tableau, en revanche, la lumière devenait terne et crépusculaire, comme si le peintre avait voulu figurer un soir d’été. Des étoiles brillaient au-dessus des personnages et tout autour. De ce côté-là, le roi avait la peau pâle et les cheveux bruns. Il portait une toge noire, et sa physionomie était indéchiffrable. Couronné de sombres feuillages de lierre, il tenait en sa main gauche une fine baguette d’ivoire. Son entourage se composait de créatures surnaturelles : un phénix, une licorne, une mantichore, des faunes et satyres. On distinguait également quelques personnages mystérieux : une silhouette masculine en robe de moine avec le capuchon tiré sur le visage, une silhouette féminine enroulée dans une cape foncée et semée d’étoiles, le bras jeté en travers les yeux. Entre les deux trônes se dressait une jeune femme vêtue d’une tunique blanche flottane et coiffée d’un casque d’or. D’un geste protecteur le roi martial lui avait posé la main gauche sur l’épaule ; le roi ténébreux, lui, tendait la main droite vers elle, qui avait allongé la sienne, de sorte que les bous de leurs doigts se touchaient légèrement.
C’est l’œuvre d’Antonio Verrio, une gentilhomme italien, expliqua le valet. – Voici Edward III de l’Angleterre du Sad. – Il montra ensuite le roi de droite. – Et voilà le roi magicien de l’Angleterre du Nord, John Uskglass.
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Plus tard le même jour, dans une maison de Great Titchfield-street, un dîner fut donné en l'honneur de Mr Norrell, auquel Mr Drawlight et Mr Lascelles étaient aussi présents. Mr Norrell fut prié d'exprimer son avis sur le magicien du Shropshire.
- Mr Stange me semble être un gentleman charmant et un magicien très doué, qui peut représenter un inestimable apport à notre profession, laquelle s'est trouvée un tantinet démunie depuis quelques temps.
- Mr Strange paraît entretenir de très étranges notions de magie, commenta Lascelles. Il n'a pas pris la peine de nourrir des idées modernes sur le sujet - par quoij'entends, bien entendu, les idées de Mr Norrell qui ont tant étonné le monde par leur clarté et leur concision.
Mr Drawlight renouvela son opinion selon laquelle la chevelure rousse de Mr Strange était 'importable' et que la toilette de Mrs Strange, bien que pas exactement à la dernière mode, était d'une très jolie mousseline.
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"Considérez, si vous voulez bien, un homme qui se tient dans sa bibliothèque jour après jour, un être de petite taille, dépourvu de tout charme particulier. Son livre est posé sur la table, devant lui. Une provision fraîche de porte-plumes, un canif pour aiguiser les plumes neuves, de l'encre, du papier, des carnets, tout est commodément à portée de sa main. Un feu flambe toujours dans la cheminée ; notre ami ne peut s'en passer, il est frileux. La pièce chance avec les saisons, pas lui. Trois grandes croisées ouvrent sur la campagne anglaise, paisible au printemps, riante en été, mélancolique en automne et morne en hiver - exactement comme doit l'être un paysage anglais."
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Comment décrire Lord Wellington ? Comment pareil exercice peut-il être nécessaire ou même possible ? On voit sa tête partout ; une gravure bon marché au mur de l'auberge relais, une autre autre beaucoup plus élaborée, ornée de drapeaux et de tambours, en haut de l'escalier de la salle des fêtes. De nos jours, aucune demoiselle d'une sensibilité romantique moyenne n'atteint l'âge de dix-sept ans sans s'être procuré au moins un portrait de lui. Elle trouve un long nez aquilin infiniment préférable à un plus court et retroussé, et considère comme la pire infortune de son existence que monsieur le duc soit déjà marié. En compensation, elle a la ferme intention d''appeler son premier-né Arthur. Et elle n'est pas seule dans sa dévotion. Ses cadets et ses cadettes sont toutes aussi fanatiques. Le plus beau petit soldat de plomb d'une nursery anglaise s'appelle toujours Wellington et connaît plus d'aventures que le reste de la boîte réuni. Tout écolier joue à être Wellington au moins une fois par semaine, y compris ses jeunes sœurs. Wellington incarne toutes les vertus anglaises. Il est l'"anglicitude" portée à la perfection. Si les Français portent Napoléon dans leurs tripes (ce qu'ils font, apparemment), alors nous portons Wellington dans notre cœur*

*Certes, on peut objecter que Wellington était irlandais, mais une plume anglaise patriote [Susanna Clarke dans la peau de Jane Austen] ne s'abaisse pas à répondre à de telles chicaneries.
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De part et d'autre, des landes désertes couleur d'ecchymose s'étiraient jusqu'à un ciel sombre, où la neige menaçait. Des rochers gris et informes étaient éparpillés ici et là, rendant le paysage plus désolé et plus sauvage encore. De temps à autre, un rayon de soleil perçait de biais les nuages, illuminant fugitivement un torrent blanc d'écume, ou frappant une fondrière pleine d'eau, qui devenait soudain aussi éblouissante qu'un penny d'argent tombé d'une poche.

Ils atteignirent une croisée de chemin. Le cocher arrêta les chevaux et contempla tristement l'endroit où, à son opinion, un poteau indicateur eût dû se trouver.
-Il n'y a pas de bornes, rien pour indiquer où peuvent mener ces routes! maugréa Stephen.
-À supposer qu'elles aillent quelque part, ce dont je commence à douter, répondit le cocher, sortant une tabatière de sa poche et inhalant une bonne pincée de son contenu.
Le valet qui siégeait à côté du cocher (et qui était de loin le plus transi et le plus misérable des trois) maudit copieusement de Yorkshire, tous les habitants du Yorkshire et toutes les routes du Yorkshire.
-Nous devrions rouler vers le nord-nord-est, je pense, dit Stephen. Mais je suis un peu désorienté sur cette lande. Savez-vous où se trouve le nord?
Le cocher, à qui cette question s'adressait, répliqua que toutes les directions lui semblaient assez nordiques.
Le valet émit un petit rire sans gaieté.
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