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EAN : 9782253042792
158 pages
Le Livre de Poche (01/09/1987)
3.62/5   20 notes
Résumé :

Colette avait vingt-deux ans quand, par l'entremise d'un ami, elle fit connaissance de l'héroïne du Képi qui avait le double de son âge, Marco.

Par jeu, les trois amis répondirent à un jeune lieutenant qui cherchait une correspondante.

Par jeu encore, ils expédièrent la meilleure lettre, celle de Marco. Ainsi a commencé cette histoire d'amour qui bute sur un képi.

C'est aussi un souvenir de ce temps d'arrière... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Je ne connais pas assez Colette, ni son oeuvre, pour éclaircir le dessein de l'auteur à l'écriture de ces quelques nouvelles. Je la sais féministe, et cela se ressent, mais je l'ai trouvée également un brin moqueuse, parfois même condescendante.

Cela est flagrant dans la nouvelle le Képi : le portrait que Colette fait de Marco, amie plus âgée, est sans concession. On sent la moquerie et la pitié que ressent l'auteur pour cette amie sans le sou, tombée amoureuse d'un soldat plus jeune qu'elle, banale, ronde : "Je trouvais Marco par trop ordinaire en amante" ; "Nous sommes portés à trouver étrange, sinon comique, qu'une personne rondelette donne des signes d'épuisement, et je m'étonnais que Marco pût être ensemble rebondie et défaillante".

Dans le Tendron, un vieil ami de Colette raconte comment lui est passée l'envie des jeunes filles après sa mésaventure avec Louisette. Colette y donne à mon goût une image trop poétique d'un acte malsain (un homme de 50 ans qui tente une jeune fille de 15 ans). On trouve également quelques phrases douteuses du genre "Chez les filles des champs, il n'y a guère d'innocence physique". Mais les descriptions des paysages de Franche-Comté sont magnifiques.

J'ai beaucoup plus apprécié La Cire verte dans laquelle il est question de faits divers, de papeterie, du passage de l'adolescence à l'âge adulte et des relations de Colette avec sa mère Sido.

Mais la nouvelle que j'ai préféré est la seule qui soit une pure fiction. Dans Armande, Colette décrit un amour timide non déclaré. Puis la pudeur masculine, grâce à la chute d'un lustre, se transforme en malice amoureuse.

Même si j'ai été amenée à m'interroger sur le caractère de l'auteur (trois des quatre nouvelles étant d'apparence autobiographiques) et sur ce que celle-ci a souhaité exprimer à travers ses écrits, j'ai découvert une écriture gracieuse et juste, une écriture sensuelle (comprendre qui éveille les sens : le toucher, l'odorat, le goût...) que j'aurai plaisir à retrouver.

Challenge Multi défis 2017.
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Colette est connue pour une modeste part de son oeuvre. Nous enchante la célèbre série des Claudine, La Chatte, le Blé en herbe, Chéri, Dialogues de bêtes... Certains écrits ont été portés à l'écran avec bonheur, comme "Gigi" en 1958. Plus près de nous, le téléfilm "Colette, une femme libre" de Nadine Trintignant, joué par sa fille Marie, a ranimé la flamme mémorielle. Malgré cela, demeurent des pépites peu connues dans la production de cette grande écrivaine (substantif que l'Académie refuse encore, à ma connaissance). le Képi, recueil de quatre nouvelles, appartient à ces pépites. Compilation de mémoires mêlées de fictions, Colette nous convie à un voyage exotique dans ces temps des XIXème et début XXème siècles.

La première nouvelle, le Képi, qui donne son titre au recueil, narre l'histoire de l'amour malheureux d'une femme, Marco, pour un jeune lieutenant de l'active, cette réserve de forces militaires de l'armée française de l'époque. Dans ce contexte entre guerre et paix des années 1900, le soldat représente une figure héroïque à laquelle une femme « sur le retour » ne résiste pas. A quarante ans, Marco, divorcée d'un peintre et sans le sou, est condamnée au célibat. Colette, jeune, sensible et féministe avant l'heure, s'attache à cette femme et la défend contre les sarcasmes de son mari et de ses amis masculins. Dans cette aventure en effet, ces derniers prennent fait et cause pour le lieutenant : « le Lieutenant Trallard a été parfaitement correct. C'est Marco qui a compromis le Lieutenant Trallard ». Ainsi, ils condamnent sans appel leur amie commune, au nom d'une fraternité masculine qui ne s'est pas encore remise en question.

La seconde, le Tendron, est plus sombre encore. Dans les années 40, un vieil ami de Colette va lui raconter une de ses aventures de Don Juan scélérat. A la cinquantaine, dans les années 1920, celui-ci séduit Louisette, une toute jeune fille d'une quinzaine d'années. le récit a beau être dit en langue fleurie, les arguments présentés avec style, ça ne passe pas, ça ne passe pas non plus chez Colette, qui ne mâche pas ses mots. La réalité est sordide et le reste, d'autant que le monsieur en question, loin de battre sa coulpe, est certain de s'être conduit en parfait gentleman. Il s'estime même lésé, la fin de l'aventure, désastreuse pour lui, le poursuivant de cauchemars...

La troisième, La Cire verte, nous entraîne dans un de ces faits-divers qui faisaient le bonheur des lecteurs des gazettes du XIXème siècle. L'héroïne de la Cire verte est une de ces empoisonneuses célèbres, meurtrières, rédactrices de faux testament, qui finissent à l'asile. Les familles sont alors friandes de ces lectures qui les sortent de la vie ordinaire, et je reprends un extrait de notes de recherche d'Anne-Claude Ambroise-Rendu : "Dans le dernier tiers du XIXe siècle, les faits divers prennent leur forme définitive. La chronique est la plus lue et la mieux mémorisée. Elle ouvre des horizons sur la manière dont sont compris et interprétés les dérèglements de l'existence et témoigne d'un état des consciences et des sensibilités".

La quatrième, Armande, finit le recueil sur une note plus optimiste, jolie histoire entre deux jeunes gens qui s'aiment, n'osent se l'avouer, et découvrent leurs sentiments par la grâce d'un accident, un lustre ayant l'idée opportune de se décrocher sur la tête de l'amoureux transi avant son départ. Toute la partie du texte où, perdant la tête, l'amoureuse se débat pour secourir son ami et où le lecteur est invité dans l'esprit de Maxime qui feint l'inconscience et épie le désarroi d'Armande, est un régal de lecture. Petite histoire tendre entre deux guerres, celle de 14 et celle de 40 déjà en germe, le lecteur est touché par la grâce.

Colette est un des meilleurs passeurs d'histoires et de l'Histoire.

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Je n'ai pas beaucoup lu de Collette dans ma vie... à dire, qu'un seul et je n'avais pas spécialement accroché. Il faut dire que ce livre-là, je l'ai choisi beaucoup plus pour l'objet en K que par envie de le lire. Et bien, malgré tout, j'ai trouvé la lecture plutôt agréable. Une Collette qui n'a pas beaucoup de compassion pour Marco, femme ronde, banale, sans le sous, tombée amoureuse d'un soldat plus jeune qu'elle. Un texte qui se laisse lire tout seul.
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Colette et l'amour...Colette compose des bouquets éternels avec les couleurs de nos âmes, le parfum de nos âges, la lumière de nos coeurs. le Képi, recueil de quatre nouvelles ( le képi, le tendron, la cire verte, Armande ) nous donne , une fois encore, l'occasion d'emprunter les sentiers déliés de Colette à travers un jardin de portraits toujours finement dessinés. Amoureux de tout âge, amoureux étonnés, transis, déçus, amoureux désirés, intéressés, déclarés, inavoués. La palette est grande, la toile est dépliée, l'artiste caresse nos pensées. Dieu que ce jardin est vaste ! et ses mots ne nous quitteront jamais.
Il n'y a pas de "bon" Colette, il n'y a qu'une grande et immense auteure. A ce képi j'adresse mon chapeau !
Astrid Shriqui Garain
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paru en 1943

Dans l'édition du "Livre de poche", "Le Képi" est suivi des nouvelles "Le Tendron", "La Cire vert" et "Armande". Colette nous rapporte une rencontre qu'elle fit jeune femme du temps de Willy (fiction? réalité?) mélange des deux?). Elle nous raconte l'aventure édifiante que vécut Mme Marco. Il faut bien entendu oublier notre époque actuelle et se replonger dans une période différente tant sur le plan de la société que sur le plan des moeurs. Il y a cependant encore des leçons à tirer de cette histoire d'amour triste entre une femme mûre, un joli lieutenant et ce maudit képi, cause de tous les tourments qui mettront fin à cette relation. Les autres nouvelles : dixit Colette : "Le goût des jeunes filles" et... leurs pièges qui mettront en péril un Don Juan quelque peu fané dans "Le Tendron" mettront en garde les séducteurs aux tempes grises. "La cire verte" nous replonge dans l'univers familial de Colette, la convoitise d'un bâton vénéneux et tentant pour la jeune Gabri et l'évocation d'une de ces histoires secrètes et malsaines de village resserré sur lui-même. La morale bien terrienne de la tutélaire Sido aura rassuré sa famille comme elle nous rassure encore. "Armande" est une de ces histoires d'amour d'un autre temps où l'on palpite, émus devant la pudeur masculine et l'extrême timidité. Quatre nouvelles, quatre battements de coeur différents, quatre émotions, quatre plaisirs d'écriture...

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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
"Je n'irai pas dire au revoir à Armande" décida Maxime Degouthe. D'abord, on déjeune toujours en retard chez Jeanne ; ensuite, j'ai mon colis de pharmacie à compléter en dernière heure, et si je veux avoir le temps de manger un morceau avant le train, il m'est impossible, oui, matériellement impossible..."
A quatre heures, il ouvrait la grille, foulait le gravier du jardin Fauconnier, gravissait le perron et sonnait.

Armande.
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A toutes parures, je préférai mes vieilles chaussures lacées, mes anciens tabliers d'école et leurs poches pleines de noisettes, de ficelles et de chocolat. Les sentiers bordés de ronces, les massettes de roseaux, les lacets de souliers en pâte de réglisse, les chats - bref tout ce que j'aime encore aujourd'hui me redevint cher. Il n'est pas de mot pour chanter, de souvenirs précis pour illustrer de telles périodes, que de loin, je ne puis comparer qu'à des abîmes de sommeil heureux. Une odeur de fenaison me les rappelle parfois, peut-être parce que soumise aux fatigues de la croissance je m'endormais sans rêve, pendant une heure, dans les foins neufs.
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Mais Sido hâtait sa vive allure, m'entraînait quand nous passions à hauteur de l'aquarium où baignait la dame qui n'était pas sortie depuis vingt-deux ans. Derrière sa vitre claire, la prisonnière souriait, coiffée d'un bonnet de linge. Parfois sa petite main jaune tenait une tasse. Un sûr instinct de ce qui est horrible et interdit détournait Sido de cette fenêtre au rez-de-chaussée, de cette tête flottante. Mais le sadisme de l'enfance lui posait par ma bouche vingt questions :
"Quel âge est-ce que tu crois qu'elle a, Mme Sibile ? Est-ce qu'elle dort près de la fenêtre la nuit dans son fauteuil ? Est-ce qu'on la déshabille ? Est-ce qu'on la lave ? Et comment est-ce qu'elle va aux cabinets ?"
Sido sursautait comme sous une piqûre :
"Tais-toi : Je te défends de penser à ces choses-là".

La Cire verte.
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Un sous-main de buvard vierge, une règle en bois d’ébène, un, deux, quatre, six crayons, taillés au canif et de couleurs variées ; plumes de ronde et de bâtarde, plumes sergent-major, plumes à dessin pas plus grosses qu’une penne de merle […]
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Elle éclata d'un rire inattendu :
"Ma dignité ! Ah, vous me faites bien rire ! Ma dignité ! Ah ces jeunes femmes..."
Son rire et son regard me furent insupportables. "Mais, Marco, vous me demandez conseil, je vous réponds selon mon cœur..."
Elle riait toujours et haussait les épaules. Tout en riant, elle ouvrit cavalièrement la porte devant moi. Je croyais qu'elle allait m'embrasser, que nous nous donnerions rendez-vous, mais j'étais à peine dehors qu'elle refermait sa porte sans m'avoir dit un autre mot que :
"Ma dignité ! Ah ! non, c'est trop comique"

Le Képi.
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