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Nicolas Richard (Traducteur)
EAN : 9782070420537
386 pages
Gallimard (05/07/2001)
3.62/5   118 notes
Résumé :
Et c'est reparti pour C.W. Sughrue, l'inoubliable privé déjà croisé dans Le dernier baiser, roman tout aussi mythique de Crumley. On n'oublie pas la ville de Meriwether, Montana, après avoir accompagné ses personnages. Sughrue, cette fois, est chargé par une paire de jumeaux géants de récupérer des poissons tropicaux rares auprès d'un mauvais payeur connu de tous pour avoir, un jour, mâché le nez d'un flic avant de l'avaler.

Un gentil petit gars ce N... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Moi, j'ai pas fait le Vietnam !
Les vétérans de cette guerre napalmée mériteraient une liste sur Babelio. Elle doit exister. le casting est toujours le même. Des héros inadaptés à la vie civile, objecteurs de mauvaises consciences, insomniaques, sapés comme des serpillères, détectives privés alcooliques (pléonasme) aux douleurs anonymes, fans de poudreuse et de neiges artificielles, avec pou seules béquilles des amitiés viriles bien hirsutes, des amours éphémères oubliables et une certaine propension stallonienne à la violence. Des auteurs et des personnages qui biberonnent aussi à la testostérone. le détox, c'est de l'intox.
En résumé, les enquêtes des anti-héros de James Crumley ne sont pas faites pour les réformés P4 ou les pacifistes déconstruits.
James Crumley est considéré comme une des plus grands auteurs de polars et je ne suis pas loin de penser la même chose depuis la lecture du « dernier baiser », qui mettait déjà en scène son détective C.W.Sughrue, détective marginal miteux au nom de meuble scandinave, clébard renifleur de disparus volontaires.
Sughrue est chargé ici par des jumeaux obèses, collectionneurs d'armes de guerre, de récupérer… des poissons tropicaux rares volés par le chef d'une bande de bikers surnommé Norman l'Anormal. Pas de foulure de l'hippocampe en vue pour comprendre l'intrigue. Un QI de poisson rouge suffit pour surnager. Rien à voir donc avec le titre trompeur du livre qui fait référence à des magrets mal élevés.
Tout se complique dans le bocal quand le détective est débauché par le kidnappeur d'écailles pour retrouver sa pov'moman disparue. Cette dernière, d'origine mexicaine, est mariée à un politicien aussi véreux que raté, qui arrive à perdre les élections qu'il achète et qui fricote avec des trafiquants de drogue.
Aidé par d'anciens vétérans sortis d'une cour des miracles revenus de l'enfer en treillis, avec un avocat unijambiste, un flic cancéreux et un postier hargneux comme un téquel de grand-mère, Sughrue se lance dans une croisade qui ne va pas s'attaquer aux infidèles mais à des narcos infréquentables.
Chez Crumley, comme ses personnages, on ne dessaoule jamais vraiment en s'abreuvant de cette prose jamais sevrée d'ironie. C'est le meilleur moyen d'éviter la gueule de bois. Il n'a pas la plume pâteuse du lendemain mais ses polars ancrés dans l'Amérique profonde avec une ambiance de bar poisseux dans lesquels il est plus facile de déclencher des bagarres générales que des ateliers philosophiques, placébos des blessures de l'âme, est à conseiller aux mauvais esprits.
Par contre, la sécurité routière ne prescrira pas la lecture des romans de James Crumley pendant les grandes transhumances. Circulez, y'a rien à boire. Sughrue assume sa dépendance à la picole et aux drogues. Ordonnances contre son désenchantement du monde.
Moins abouti que « le dernier baiser », je me suis perdu un peu dans le dernier tiers de roman dans lequel les expéditions punitives se succèdent de façon un peu confuse et où il devient difficile de distinguer les méchants des très méchants. Peu importe, je me suis laissé porter par le souffle alcoolisé de ces personnages déjantés et par le style de James Crumley, dieu du Montana.
A lire cul sec.
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C'est ma première incursion dans l'univers de James Crumley pour découvrir le très iconoclaste détective privé C.W. Sughrue, ici dans sa deuxième enquête. Ça démarre en mode amuse-bouche avec une mission farfelue : Sughrue doit récupérer des poissons tropicaux d'une grande valeur auprès d'un malfrat dingue à la tête d'un gang bikers. Et une fois que c'est plié, il se voit confier par ce même malfrat la tâche de retrouver sa maman qu'il n'a jamais connue ( et qui vient d'être kidnappée ! ).

Fichtre, dès les premières pages, tu sens bien que ce ne sera pas une enquête comme les autres. Rien de policé la-dedans, rien de politiquement correct, rien de traditionnel dans la façon dont l'intrigue avance en mode chaotique. Je me suis souvent perdue dans ce road-trip du Montant au Nouveau-Mexique qui carbure à l'alcool, aux rails de coke et autres délires névrotiques des personnages.

Mais au final, malgré la faiblesse de l'intrigue à proprement parler, ce côté joyeusement foutraque ne m'a pas dérangée. J'ai pris du plaisir ailleurs que dans une enquête ultra calibrée où chaque étape a du sens et s'imbrique dans la suivante jusqu'à un dénouement impeccable d'horloger ! Mais c'est évident que ce style de narration pourra décontenancer certains voire complètement rebuter.

Là, t'es clairement pas chez les Suisses, hein, mais dans l'Amérique des oubliés, des hors pistes du rêve américain, des vétérans du Vietnam encore hantés ( c'est le cas de Sughrue et de ses potes qui l'aident dans son enquête ). Et c'est dans ces portraits de rafistolés que l'auteur excelle. La galerie de personnages proposée est truculente entre l'ex-flic de Denver cancereux en phase terminale, le facteur alcoolique, la femme fatale qui nourrit son bébé son sein en planquant dans son sac à langer un flingue end co !

Voici comment l'auteur décrit Norman l'Anormal, celui qui veut retrouver sa Môman : «  En plus d'avoir l'air encore plus fou qu'il ne l'était, Norman semblait être le seul survivant d'un cataclysme génétique, un homme fait de morceaux, et dont tous les morceaux provenaient de gens très différents sans aucun lien entre eux. Ses cheveux ternes et graisseux drapaient un visage long et pâle aux yeux gris clair, avec une moustache fine d'allure quasi orientale. Ses longs bras maigres s'achevaient sur des mains minuscules. Ses jambes courtaudes peinaient à charrier le torse d'un homme de grande taille sur des pieds si petits qu'un prince chinois eût pu les vénérer. Et puis bien sûr il y avait l'oeil, éternellement fixé avec grand intérêt sur un point situé juste un peu au-dessus de votre épaule, perdu dans un monde parallèle où règne la folie. Et l'odeur, mélange d'urine rance, dents pourries, de marijuana et aussi sans doute de pluies acides et de muqueuses mycosées, qui s'accrochait à lui comme un mauvais karma. »

Bref, j'ai beaucoup ri dans ce détonnant roman noir bien barré, portrait peu flatteur d'une Amérique décadente.
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Ce bouquin est au polar ce que l'asperge botoxée d'Andalousie est à notre Asparagus acutifolius des garrigues : une version XXXL à la forte odeur de souffre. Lecteur, ta miction, si tu l'acceptes, contiendra des quantités impensables d'alcool, de drogues diverses et autres poudres explosives. En ce qui concerne la libido, les comportements décrits, et peu de chuchotements, sont très au-dessus des normes généralement compatibles pour envisager une sociabilité apaisée. « Le Canard Siffleur Mexicain » est donc clairement un roman de gringos et de déglingos où planent en permanence les nuages de la guerre du Vietnam. Confirmation que ce conflit, outre-atlantique, continue d'entretenir des mémoires diverses et contradictoires.
Après un début brillant qui rappelle une scène d'anthologie d'un « Poisson nommé Wanda », ce « road tripes » se conclut sur un final réussi où l'on comprend l'importance de l'anatidé qui donne son nom au livre. Jusque là, en dehors d'être un des rares personnages sobres du livre, il n'était pas évident de trouver un quelconque intérêt à ce volatile.
Un tiers Tarantino, un tiers Frères Coen, un tiers Brian de Palma et surtout un tiers Denis Hopper pour ce qui est de l'ambiance, ce cocktail est savoureux même si, parfois, les conséquences désastreuses de certains paradis artificiels semblent contagieux. Est-ce la fragilité de mon foie ? L'effet ventre mou et gueule de bois de mesquite ? Entre le premier tiers du livre et l'épilogue, je n'ai pas toujours saisi toutes les subtilités des alliances et des trahisons de tous ces personnages et j'ai eu le sentiment de me perdre sur ces routes nord-américaines.
Heureusement, le roman regorge de descriptions de personnages bien barrés ou de petites phrases à l'humour décapant qui vous empêchent de décrocher complètement. Un exemple ?
« J'aime pas dire du mal de ma mère, mais la vérité, c'est qu'il lui manquait bien deux trois canettes pour faire un pack de six ».
Vous voyez le genre ? Allez, une autre pour la road…
« Ne prenez jamais de profonde inspiration au-dessus d'un vivarium à tortues. Nourrissez-vous de têtes de poissons et de riz, suçotez une chaussette de pochtron, faites-vous des crêpes aux oeufs pourris, mais ne prenez jamais de profonde respiration au-dessus d'un vivarium à tortues. »
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Poursuivant avec Jacques Mailhos son travail de réédition et de retraduction de l'oeuvre de James Crumley, Gallmeister propose en cet automne lugubre le canard siffleur mexicain, titre qui à lui seul suffit à susciter l'intérêt de tout polardeux qui se respecte.

Pas de bla-bla : du résultat ! En moins de dix pages, voilà le lecteur replongé direct dans l'univers de Crumley : le Montana, Meriwether, C.W. Sughrue -le privé au nom le plus imprononçable du monde-, du shit, de la meth, un rail de coke, un shot de whiskey et deux bières bien fraîches pour faire descendre, tout y est !

Sans oublier bien entendu l'intrigue déjantée qui débute par une mission de sauvetage de poissons de luxe retenus en otage par un baronet local mal embouché, avant de se poursuivre par une chasse à la femme sous forme de road movie surarmé, de la frontière nord à celle du sud des États-Unis.

Une intrigue barrée un brin faiblarde, sentiment vite effacé par l'intérêt qu'apporte cet opus à une exploration plus poussée de la personnalité de Sughrue, à travers quelques flashs de jeunesse ou son passé au Vietnam. Un Sughrue plus attachant et plus humain que jamais, en décalage avec l'image de « Monsieur invincible » laissée par ses fusillades récurrentes.

Quant à l'écriture de Crumley, c'est toujours un délice : imagée, fine, drôle, rythmée. Next one please !
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Un léger vent de folie souffle sur le début de cette histoire : un juke box explosé par un train, des personnages particulièrement pittoresques, une mission pour le moins originale pour le privé C.W. Sughrue...

La suite ? Ça vire a l'histoire un brin foutraque, pleine de déplacements, de flingues (donc de fusillades) et de drogues. Pas forcément très facile à suivre... d'ailleurs, je crois n'avoir pas tout compris. Et pire, je pense que je m'en fiche un peu, en fait...

Une lecture laborieuse donc, et forcément, un avis plus que mitigé sur cette nouvelle aventure du privé imaginé par James Crumley. Tant pis...
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
En plus d’avoir l’air encore plus fou qu’il ne l’était , Norman semblait être le seul survivant d’un cataclysme génétique, un homme fait de morceaux, et dont tous les morceaux provenaient de gens différents sans aucun lien entre eux. Ses cheveux ternes et graisseux drapaient un visage long et pâle aux yeux gris clair, avec une moustache fine d’allure quasi orientale. Ses longs bras maigres s’achevaient sur des mains minuscules. Ses jambes courtaudes peinaient à charrier le torse d’un homme de grande taille sur des pieds si petits qu’un prince chinois aurait pu les vénérer. Et puis bien sûr il y avait l’œil, éternellement fixé avec grand intérêt sur un point situé juste un peu au-dessus de votre épaule, perdu dans un monde parallèle où règne la folie. Et l’odeur, mélange d’urine rance, de dents pourries, de marijuana et aussi sans doute de pluies acides et de muqueuses mycosées, qui s’accrochait à lui comme un mauvais karma.
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Pour le jeune homme, la guerre est un jeu, mais pour le vieil homme ce n'est qu'un souvenir. Rentrez dans le Montana, reprenez votre place au bar, côté client, côté patron, comme vous voudrez, mais rentrez chez vous et profitez de votre âge mûr...
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Ça me faisait du bien de marcher comme ça, sur le trottoir miteux et encombré côté texan, dans l’adorable puanteur des tamales. De toute façon, j’avais laissé ma voiture de location dans un parking couvert, et une fois franchies les eaux boueuses qui s’écoulaient entre les parois de béton, les clôtures en grillage et les rouleaux de barbelés, la promenade côté Mexique me parut encore meilleure. J’en profitai un peu, pissai dans un urinoir rempli de glaçons, puis dans un autre rempli d’algues. Envies purement nerveuses, alors je pris un taxi pour parcourir le bloc et demi qui me séparait d’un bar dont on m’avait parlé, le Kentucky Club, pour y boire des margaritas et siroter de la nostalgie.
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Douces volutes de marijuana s’enroulant dans les airs, rails de cocaïne sniffés par-ci par-là, bière mexicaine fraîche ; bonne bouffe, conversation formidable et joyeux éclats de rire : ce n’était pas une soirée qu’un républicain pouvait comprendre – mais un universitaire parisien déconstructionniste aurait pu y trouver le summum de ce que l’on est en droit d’attendre de l’Amérique en matière de civilisation.
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Quelque part en chemin, soutenait il, les Américains avaient oublié de s’amuser. Au nom de la santé, du goût et de ce qu’il est politiquement correct de dire et de penser d’un bout à l’autre du spectre, on nous apprenait à bien nous tenir. L’Amérique était en train de devenir un parc à thème, et ce parc n’était pas un parc de loisirs – plutôt un Disneyland fasciste.
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Vidéo de James Crumley
À l'occasion de l'annonce du Grand prix de littérature américaine et des élections de mi-mandat aux Etats-Unis, le Book Club s'intéresse aux livres qui nous aident à comprendre l'Amérique d'aujourd'hui. Pour en parler, nous recevons Francis Geffard, éditeur chez Albin Michel et créateur du Grand prix de littérature américaine ainsi que Nicolas Richard, auteur et traducteur. Il a notamment traduit Hunter S. Thompson, Thomas Pynchon, Woody Allen, James Crumley, Stephen Dixon ou encore Quentin Tarantino.
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