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EAN : 9782755608533
254 pages
JBZ & cie (01/09/2011)
3/5   4 notes
Résumé :
Chronique des années de guerre, entre enfance et adolescence, le narrateur, vieux et malade, se souvient de ces années en galoches à narguer le fridolin, en tentant de percer le secret de ces fillettes devenues femmes en quelques mois. La guerre au quotidien dans une petite ville de Corrèze
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Un ouvrage à la couverture explicite et engageante, cela donne toujours envie de se ruer dans sa lecture. Pour celui-ci, j'ai tout de suite capté le message de la Seconde Guerre mondiale, et la première citation de la quatrième de couverture m'a engagé à le découvrir.

Nous sommes en 1992. L'auteur, Henri Cueco, a soixante-trois ans et se souvient de ses années de guerre à Uzerche, son village natal, au centre de la France, en Corrèze. Loin de Paris et des départements du nord-est, les habitants continuent leur vie normalement, en côtoyant néanmoins les maquisards.
En 1939, Henri Cueco a dix ans. Il en a quinze à la libération. La période de guerre a coïncidé avec les bouleversements du début de l'adolescence. Et pendant la première moitié du livre, ce n'est pas vraiment une « chronique des années de guerre » qui est livrée au lecteur. Plutôt un état des lieux de ses changements corporels et psychologiques qui entraînent des questions fondamentales sur la sexualité et l'amour chez les pré-adolescents. C'est avec nostalgie et tendresse que l'auteur se rappelle ses premiers émois, ses stratagèmes pour observer les jeunes filles et les femmes mais aussi de tout ce qu'adultes et plus vieux adolescents lui racontaient pour l'effrayer à ce sujet.
Cette première partie ne m'a pas vraiment plu car je ne m'attendais pas du tout à ce genre de récit. C'est intéressant, certes, et l'on a l'impression d'être dans un film tel que « La guerre des boutons ». Mais cela ne correspond pas à des chroniques de guerre comme on peut se l'imaginer. D'autant que j'ai trouvé les idées parfois désorganisées, à la manière de bribes de souvenirs arrivant en masse dans la mémoire du narrateur, sans ordre précis.

Dès la seconde moitié du roman néanmoins, le lecteur plonge vraiment dans la vie de l'auteur et des habitants d'Uzerche durant cette guerre. Les patrouilles allemandes, les couvres-feu, le maquis, les arrestations de juifs, la peur, les fusillades. Une atmosphère lourde et terrifiante, vécue à travers les yeux d'un enfant, pas encore assez mature pour comprendre tous les aboutissants de ce conflit.
Henri Cueco arrive parfaitement à rendre compte de cette situation ambigüe où on cachait les amis juifs mais où l'on ne croyait pas aux camps de concentration et où l'on pensait que seul les hommes seraient arrêtés par les SS. Dans la logique de ces citoyens, en quoi les femmes et les enfants représentaient un quelconque intérêt ? Et pourtant, le narrateur se souvient encore de cette petite fille, Sarah, qui un jour disparaîtra à l'arrière d'un fourgon allemand pour ne jamais réapparaître.
Cette seconde partie du roman m'a beaucoup plu. J'ai trouvé le narrateur vrai, attachant ; et l'histoire correspond davantage à ce à quoi le lecteur s'attend.

En plus de ces souvenirs, à chaque début de chapitre Henri Cueco réserve un paragraphe sur sa vie actuelle. Père et grand-père, il évoque ses petits-enfants qui sont maintenant sa vie, paisible. Mais il décrit parfois aussi la vie du village, les ragots entre voisins, tout ce qui fait vivre au quotidien ; un quotidien de paix.
J'ai beaucoup aimé ce parti pris de l'auteur de nous confronter à l'enfance puis à la vieillesse. Une enfance de résistance face à un long vieillissement sans héroïsme : « Il va falloir apprendre à mourir de maladie et de vieillesse. [...] J'ai raté ma guerre. J'étais trop jeune pour être un héros. » Un paragraphe magnifique, qui prend aux tripes, qui nous fait vaciller et réfléchir.

Un livre qui a tout à fait répondu à mes attentes dans sa seconde partie. Une déception sur la première partie.
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Pour moi, le postulat de départ était une chronique des années de guerre comme je viens de l'écrire plus haut. Or, là, je me trouve essentiellement dans une chronique d'un vieil homme se souvenant avec une grande nostalgie de la découverte de son corps et de celui des filles changeants à l'adolescence. Rien de particulièrement choquant, certes, mais un peu répétitif et une espèce de libidinerie permanente, compréhensible à cet âge-là mais un tantinet agaçante pour le lecteur quarantenaire que je suis. Peut-être suis-je traumatisé par ma propre adolescence, Freud pourrait sans doute nous en dire plus, mais j'ai perdu son numéro pour la consultation ? Peut-être suis-je devenu cul-pincé avec l'âge (je ne vous cache pas que cette option n'a pas ma faveur) ? Ou peut-être ne suis-je pas adepte de ceux qui ne parlent que de "ça" (ouh la Yv, ce diminutif entre guillemets est bien la preuve de ton cul-pincé !), tout simplement ? C'est effectivement le propos principal du bouquin, mais le souci c'est que moi je n'ai pas accepté ce partenariat éditeur/Les Agents Littéraires pour lire un tel livre.
C'est d'ailleurs dommage, parce que lorsque que Henri Cueco sort des pelotages, des baisers et des histoires de vestiaires ou de toilettes de cour d'école, il écrit des choses formidables
Et puis, et puis, il y a la formidable idée qu'a eue l'auteur d'écrire en en-tête de ses chapitres, des textes, plus ou moins longs sur sa vie actuelle, sur ses amis, ses petits-enfants, ses voisins, la vie de son village et parfois des souvenirs de cette guerre. Alors là, je dis bravo. Je dis même mieux, je dis qu'il eût mieux valu mettre ces textes en valeur pour l'accroche du bouquin, parce qu'ils sont excellents, comme de toutes petites nouvelles à suivre ou pas. Une écriture simple, directe, poétique parfois. En fait, pour moi, ils sauvent le bouquin d'un ennui menaçant. Pour être moins négatif (que voulez-vous, je suis un éternel optimiste, on ne se refait pas), je dirais même que ce sont ces passages et l'écriture générale de Henri Cueco qui sauvent ce roman. Ses phrases sont triturées, très ponctuées, elles alternent du vocabulaire simple, parfois un peu plus élaboré, voire inventé, des néologismes quoi (voyez-là mon admirable mansuétude -le mot de la langue française préféré de Claude Hagège ; eh, c'est pas la classe de citer un linguiste dans un billet qui ne se rapporte pas à lui ?- qui utilise un mots savant en en donnant la définition tout de suite accolée) avec des mots grossiers, des "gros mots" comme on disait, petits.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ils ont souillé, humilié des enfants... Pourquoi ai-je si mal ? Petit enfant juif je suis ? Abandonné. Plus jamais torché, souillé, petit humilié, moi aussi, humilié petit. Tu ne comprends pas, petit ? Ta merde et ta faim t'ont fait bête. Ma cigarette tremble un peu. Milicien je suis. Juste le temps de souffrir, petit, ta casquette est trop grande, tes yeux s'agrandissent encore. La morve te coule sous le nez, tu dégoûtes, la pitié s'enfuit à ton odeur. Tes yeux grandiront encore à la découverte de ce qui t'attend. La faim, la douleur, l'abandon, la peur, la solitude, la mort d'étouffement dans les bras de la première mère qui se trouvera près de toi. Je suis si enfant. Tiens-moi, madame. Un parfum de tétée flotte alentour de tes seins nus, je te serre comme une amante-mère. Maman, j'étouffe. (p153)
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En ce temps-là, les jambes, les cuisses, les bottes, les lacets d'espadrilles, les reins, les hanches, la pâleur, tout était dans l'ombre. Les filles demeuraient à l'ombre des couloirs, dans le noir. [...] Nous, on avait des sortes de courts-jus dans les veines, du sang courant, des poussées vers on ne savait quoi, des surtensions à péter les lampes, les envies de sauter jusqu'au ciel, d'annuler le poids du corps. (p.87)
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J'ai quinze ans à la fin de la guerre. L'aventure de la mort héroïque est terminée. Il va falloir apprendre à mourir de maladie et de vieillesse. C'est jeune pour mourir vieux.(p.11)
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