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Dominique Blanc (IV) (Traducteur)
EAN : 9782864322269
92 pages
Verdier (01/11/1998)
3.88/5   8 notes
Résumé :
Dans une taverne où il est entré par hasard, un petit employé de banque rencontre un homme étrange qu'intuitivement il sent lié à son passé.
Dès lors cette sensation ne le quitte plus. Tandis que sa vie devient un enfer, son entourage juge ses désordres de plus en plus inquiétants. De surprise en révélation, sa quête effrénée d'une nouvelle rencontre avec le personnage de la taverne l'entraînera jusqu'en France, à Pau, où sa famille a vécu bien des années aup... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Il y a les auteurs espagnols que j'adore, ceux que j'aime moins et ceux que je ne connais pas. Delibes appartient à cette troisième catégorie.

Je me suis lancée dès lors dans un court opus. Plus qu'une nouvelle, mais assez court pour être sûre d'arrivée au bout.

Et bien, cela n'a pas été évident, car la première moitié de cette centaine de pages me faisait clairement penser à "Un bourgeois tout petit petit de Cerami, qui m'avait fort ennuyée. Un employé de banque dont la femme est enceinte semble 'disjoncter' en se focalisant, véritable idée fixe, sur un homme à l'apparence vague vu dans un bar un soir.

Mais la fin sauve le début. L'auteur boucle sa boucle et on sort de cette lecture avec l'impression quand même d'un aboutissement. Ceci dit, je réfléchirai à deux fois avant de me relancer dans une autre lecture, sauf s'il est proclamé chef-d'oeuvre par les amis de Babelio.
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Davantage nouvelle que roman, cette histoire d'obsession bien écrite, originale, aux confins de la normalité, emporte le lecteur dans l' aventure intérieure du personnage principal. Est-il fou? Sûrement pas, perturbé probablement. La qualité de l'écriture sauve largement le fond du récit lui-même.
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L'auteur parvient efficacement à semer le trouble sur la santé mentale du narrateur tant le sujet de l'obsession irrationnelle est ici creusée. Mais plus on avance dans ce récit et plus, bienheureusement, le non sens (autrement dit la facilité) s'écarte pour laisser place à un scénario qui surprend et donc, ravi.
Lien : http://news-nouvelles-fant.m..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Mon petit David, s’il te plaît, mets-toi à ma place. Une impulsion, un pressentiment… Rien de plus, c’est la vérité. Et ma femme contre moi, et ma santé contre moi, et tout contre moi, et moi ferme sur mes positions. Sanchez, mon collègue du service, s’est rendu compte lui aussi de ma contrariété, et un jour il m’a dit : « Attention, Lenoir. Ne te laisse pas obséder par une idée fixe, une idée fixe dans la cervelle sans avoir l’estomac plein peut te conduire jusqu’à l’asile. » Moi j’ai eu un peu peur, mon petit David, car réellement mon excitation était très grande ; mais, finalement, mon obsession a pris de nouveau le dessus sur ma frayeur et je me suis promis de ne pas me reposer avant d’avoir retrouvé Robinet.

Et, sans rien dire à Aurita, tous les soirs, en sortant du bureau, je parcourais les ruelles proches de la taverne du jeune gominé. À Aurita je disais que nous avions trouvé une différence dans les comptes, c’est quelque chose qui en vérité arrive fréquemment et nous occupe beaucoup. Un de ces soirs, fatigué de faire des recherches de manière aussi candide et aussi vaine, j’ai poussé la porte de la taverne et je suis entré.

— Bonjour, j’ai dit au garçon gominé.

— Bonjour, il a dit.

— Et Robinet ?

— Pourquoi cet acharnement à voir Robinet ?
Moi, mon petit David, j’étais disposé à payer ses services et je lui ai glissé un douro dans la main. Son rire strident et saccadé et sa manière de brandir le douro au-dessus de sa tête m’ont fait mal. Il a hurlé, tout à coup :

— Si vous voulez coincer Robinet, cherchez-le ; moi, il ne m’a rien fait de mal.

Et quand j’ai cru qu’il allait céder, il m’a jeté le billet au visage, tout humide et tout collant. Moi je me suis armé de patience et je suis ressorti, et à mon arrivée à la maison, Aurita m’a arraché violemment à mes cogitations :

— D’où tu viens, dis ? elle m’a dit.

— Du bureau, j’ai dit. Nous avons trouvé une différence.

— Ce n’est pas vrai ! elle a crié.

Et je me suis aperçu que dans mon foyer il existait un malentendu depuis l’apparition de Robinet. Aurita avait des doutes sur ma fidélité.

— Je t’ai appelé du magasin, elle a ajouté. On m’a dit qu’il y avait une heure et demie que tu étais parti.

J’ai sursauté, mon petit David, comme toujours quand je suis pris la main dans le sac.

— Bon, j’ai dit pour finir. Je cherche Robinet.

— Encore cet homme ? a dit Aurita, énervée.

— Ce sont des choses contre lesquelles on ne peut rien, j’ai ajouté, pendant que j’enlevais mon pardessus.

À ce moment-là, mon petit David, j’ai eu envie de ma femme, et de ses épaules, et de sa gorge, et je me suis assis sur le bras du fauteuil qu’elle occupait et je lui ai passé la main autour de la taille et j’ai senti le tressaillement électrique de son corps sous ma paume. Elle me laissait faire passivement et ça m’excitait plus encore. Elle m’a regardé dans les yeux, tout à coup.

— Dis-moi que tu ne penseras plus à Robinet, elle a dit, sinon, non !

Et je le lui ai promis comme je lui aurais promis à cet instant de me jeter dans un puits la tête la première. Alors moi je te demande « Mon petit David : tu la crois valable, toi, une promesse faite dans des moments pareils ? »
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Il arrive parfois, mon petit David, que des impressions et des scènes enfouies en toi pendant un certain temps, affleurent à cause d'une écaillure dans le mur, d'une odeur, ou d'un mot, ou d'un regard, ou d'une chanson. Alors, à sa requête, tu évoques un épisode entier de ton passé, enseveli sous une avalanche d'événements postérieurs. Il est certain, mon petit David, qu'une quantité importante de ces souvenirs sera emportée avec nous dans la tombe, parce qu'il nous a manqué dans le cours de notre vie cette chanson, ce regard, ce mot, cette odeur pour les stimuler et les réveiller ; il leur a manqué le ressort pour les raviver au moment propice. Ce sont des souvenirs qui ont cessé d'être des souvenirs, mais qui grâce à une impulsion cachée pourraient, au bon moment, redevenir des souvenirs.
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Je ne sais pas si je parviendrai à t'exposer mon état d'esprit en ces jours-là, mon petit David. Je suppose que tu dois t'être trouvé plus d'une fois devant des mots croisés dont tu as trouvé toutes les solutions sauf une, et de ce mot tu as plusieurs lettres et, de plus, ce mot te dit quelque chose ou tu entrevoies [sic] en lui quelque chose de familier, quelque chose qui te dit que c'est un mot courant et que toi-même, sans chercher plus loin, tu l'emploies plusieurs fois par jour. Et tu te tortures et tu le retournes mille fois et tu essaies différentes lettres dans les cases vides et tu les prononces à voix haute pour voir si un son proche te donnerait sa forme exacte. Et parfois il te semble que tu t'en rapproches et d'autres fois qu'il s'éloigne, s'éloigne, et c'est comme si quelqu'un te soufflait à l'oreille « Chaud, chaud » ou « Froid, froid » , et dans tous les cas tu es irrité, soit par la proximité, soit par l'éloignement, car ni dans un cas ni dans l'autre tu ne parviens à le trouver.
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Je ne comprends pas bien ces choses-là, mon petit David ; en tout cas, moi, je ne me sentais pas bien, que ce soit l'appréhension, la fièvre ou simplement parce que j'étais malade ; mais ce que je comprends, c'est que la différence est si vague qu'il revient au même de suivre un traitement pour une appréhension, une fièvre ou une maladie.
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Nous sommes le prolongement d'autres êtres, mon petit David, et rien de ce que nous croyons nôtre n'est né en nous par génération spontanée.
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