Je viens de boucler un ebook qui j'avais depuis un petit moment, et je regrette aujourd'hui de ne pas l'avoir lu plus tôt !
Une nuit au funérarium, de
Daryl Delight, est un recueil de cinq nouvelles, reliées entre elles par un narrateur qui visite un funerarium. Jasper, le croque-mort, lui conte les histoires des macchabées qu'il tente de rendre présentables.
C'est un truc que j'aime : les nouvelles reliées par un fil conducteur de la sorte. D'autant plus que certaines nouvelles se font des clins d'oeil.
J'ai adoré. Vraiment ! J'avais déjà lu la dernière grâce à une publication de l'auteur, et j'avais apprécié, mais le recueil entier est une pépite du genre !
On a donc cinq nouvelles très différentes, traitant de plusieurs thématiques.
La première traite de la "folie", Billy et Sid raconte l'histoire de Billy, employé architecte qui dégringole suite à un malentendu. L'intérêt de l'histoire porte sur son "copain" qu'il voit et entend depuis son enfance, qui l'influence très très fort, au point de partir en vrille.
J'ai tellement été happée que la fin m'a dégoutée, j'en voulais encore ! Et c'est signe que la nouvelle fut bonne non ?
L'auteur a su traiter du sujet sans trop en faire, sans surjouer l'état malade dans lequel se trouve Billy, faisant intervenir d'autres personnages qui se trouveront confrontés à Sid, le pendant noir de Billy. Je kiffe ce genre de sujet.
La seconde parle d'agoraphobie, mais ça va au delà de ça. Mia a subi une agression sexuelle, ce qui la rend fragile, apeurée du monde, au point de se réfugier dans la technologie pour avoir un semblant de vie sociale. Et tout part en vrille. Harcèlement, pression, peur, plein de choses mises en avant.
En dehors de la sollicitude de l'auteur devant ce sujet grave, il y a une forme de respect émanant de Agoraphobe. Mia a subit, Mia a mal, mais elle trouvera une force pour ne plus sombrer. C'est dur, ça casse les dents, c'est cru même, mais c'est fort ! J'ai aimé l'aspect fragile, réel du personnage. Sans tomber dans la mièvrerie, ni sensationnalisme, ce texte m'a paru authentique de part les pensées et actes du personnage. Bien joué m'sieur Daryl !
Un pari risqué est sans doute celle qui m'a un peu embêtée au début. le personnage est un parieur invétéré, il ne vit que de ça. Paris sportifs, hippiques et poker, les termes étaient à mon goût trop nombreux et techniques. Mais fallait bien passer par là pour comprendre l'engrenage dans lequel Casey se trouve avant d'accepter l'ultime partie à laquelle il est invité !
Et c'est là que j'ai enfin accroché ! Un mélange de Hostel et Saw (je dirais, de part le volontariat forcé - appât du gain...), les scènes s'enchainent avec une horreur allant croissant. Génial !
Une qui ne plairait pas à grand monde (brrrr) et celle sur les araignées ! Bestioles indésirables m'a foutu des frissons de fou. Paul tue une araignée énorme. Puis une autre. Puis encore une autre après avoir subi une morsure. Et la suite est tout autant grouillante et dégueulasse. J'ai réussi à la finir, mais je songerai désormais à laisser ces bestioles tranquilles.
Un petit message au travers cette histoire : les araignées ne sont pas vos ennemies (juste les miennes), clairement, on sait tous qu'elles sont utiles, mais quand même, avouons qu'elles ont un aspect dégueulasse non ?
Et enfin, sans doute ma préférée : Balance ton humoriste. Surfant sur la vague actuelle et hélas réelle de la Justice 2.0, elle raconte l'histoire de Wayne Bracco, humoriste vendu sur le net pour une photo envoyée à une nana (avec son accord) qui déforme tout. Vous connaissez Twitter : ça s'enflamme, ça gueule, ça hurle au machisme et à la pédophilie au moindre accroc, sans jamais chercher les sources ni même attendre que la personne concernée ne se défende un peu.
C'est ce qui arrive à Wayne après son spectacle.
Une horde de femmes et d'hommes qui pensent qu'il faut lécher le derche des femmes, s'amasse dans la ville et le prend en chasse.
C'est pas joli, c'est haletant, horrible.
J'aime particulièrement cette histoire par l'aspect réaliste qu'elle apporte. On sait tous ce que les justice warriors du net font. Se pensant légitimes derrière leur écran, ils se permettent des mises à mort de n'importe quel artiste ou personne lambda, juste pour une phrase sortie de son contexte. Un acte malheureux qui va être pour certains le dernier de leur vie. le harcèlement est mis en avant égalemment, et la façon dont tout est écrit est flippante.
Internet a de beaux jours devant lui.
Et enfin, entre chaque nouvelle on retourne au funerarium où Jasper nous raconte son boulot (j'ai appris quelques trucs d'ailleurs !) et ces petits moments permettent de souffler un peu entre deux nouvelles.
Vous l'aurez compris, j'ai adoré ce recueil ! L'auteur a une réelle maîtrise des codes horrifiques, il sait mener son public doucement, en faisant monter de plus en plus la pression.
Le plus original avec ce recueil, et c'est pas du spoil, c'est qu'on sait direct en commençant, que les persos sont morts. (quant à savoir lesquels, il suffit de le lire !). Lire une histoire avec le "happy end" au début est destabilisant ! Et ça change.
Et la couverture est sublime !