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EAN : 9782707154507
512 pages
La Découverte (30/09/2010)
3/5   1 notes
Résumé :
Les recherches sur le genre ont toujours été été en dialogue constant avec les grands cadres théoriques, les courants de pensée et les « écoles » des sciences sociales. Partant de ces acquis, cet ouvrage se propose de relire l'œuvre de philosophes (T. W. Adorno, J. Habermas, M. Foucault), d'anthropologues (M. Godelier, C. Lévi-Strauss), de sociologues (M. Weber, E. Goffman, H. Becker, H. Garfinkel) et d'historiens (C. Ginzburg, P. Ariès, E. P. Thompson) dans la pers... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Contre les sciences normâles, la voie de la bandita productive et imaginative

« Pour se faire une place dans leurs disciplines académiques, les études féministes et, plus généralement, les recherches sur les femmes, les rôles de sexe, les identités sexuelles, les rapports sociaux de sexe ou le genre ont toujours dû se positionner par rapport aux discours scientifiques dominants, et faire rupture avec des sciences sociales que l'on pourrait qualifier de « normâles » (ou « malestream ») et qui pensent au masculin sans en avoir conscience ; sans en avoir conscience et en imprégnant à des résultats ou des théories censés être « objectifs » une « neutralité » de fait marquée par son aveuglement aux inégalités entre les hommes et les femmes et, plus profondément encore, à la domination des secondes par les premiers ».

Compte tenu de la nature de l'ouvrage, je n'évoque ici que certains points traités dans l'introduction. Ses auteur-e-s (?) indiquent : « nous avons choisi un ensemble d'auteurs reconnus et enseignés dans les cursus de sciences sociales, et proposé à des spécialistes de ces auteurs de les questionner selon une grille commune afin de mettre à la portée d'un public d'étudiant-e-s et d'enseignant-e-s, voire un public plus large, un examen critique des oeuvres sous l'angle de la question du genre ».

Les auteur-e-s parlent de production d'outils d'analyse « pour sa propre sociohistoire », de corpus sociologique à la fois ouvert et limité, de marginalité des femmes, de relecture des sciences sociales écrites au masculin…

« Qu'apporte la question du genre à la relecture d'une oeuvre ? Peut-on, par exemple, déceler dans l'oeuvre un « sous-texte » sexué ou genré, un impensé genré, des présupposés, explicitent ou non, de la division sexuelle, un langage sexué/genré ? ».

Comme le soulignent les auteur-e-s, « la pensée du symbolique tend à prendre le dessus sur celle de la matérialité et de la violence réelle et physique des rapports entre les sexes ou de la division sexuelle du travail et du pouvoir » dans bien des textes étudiés. Elles et ils (?) parlent de l'absence, plus ou marquée, de « point de vue et connaissance située », du rôle des femmes dans la structuration des sociétés, des rapports politiques, « les rapports hommes-femmes sont d'abord des rapports politiques qui gèrent l'organisation des sociétés comme le font d'autres rapports de pouvoir », de la minoration et de la déqualification du travail des femmes, d'absence de pensée des hommes comme « classe de dominants »… Coercition et conflits oubliés produisent une sociologie lisse et descriptive…

Dans cette introduction, j'ai particulièrement apprécié, les paragraphes sur « Penser la modernité », « Les femmes des grands hommes » et la conclusion « la voie de la bandita ».

Le livre est divisé en six parties :

Structures, structuration, pratiques (Auguste Comte, Emile Durkheim, Marcel Mauss, Claude Lévi-Strauss, Pierre Bourdieu, Maurice Godelier, Anthony Giddens)

Acteurs, savoirs, régime d'action (Talcott Parsons, Michel Crozier, Alain Touraine, Raymond Boudon, Carlo Ginzburg, Luc Boltanski, Bruno Latour)

Interactions et production de l'ordre social (Everett Cherington Hughes, Alfred Schütz, Anselm Strauss, Harold Garfinkel, Erving Goffman, Howard S. Becker)

Classes sociales (Karl Marx, Friedrich Engels, Pierre Naville, Richard Hoggart, E. P. Thompson)

Progrès, rationalité, dynamiques de l'Occident (Max Weber, Norbert Elias, Philippe Ariès, Jürgen Habermas)

Critique de la modernité (Georg Simmel, Karl Mannheim, Theodor W. Adorno, Hannah Arendt, Michel Foucault)

Ces articles, par la diversité des points de vue, offrent des visions critiques et parfois passionnantes, des écrits de certain-e-s auteur-e-s. Cela m'a permis aussi de découvrir des analyses, des auteurs ou des éclairages nouveaux d'oeuvres lues. Sous les sciences sociales, le genre est bien souvent un non-dit, réduisant, limitant ou annulant la portée des analyses. En absence de point de vue sexué (lui même non-indépendant du point de vue de « classe » ou de « race », etc.), l'objectif se rétrécit de manière plus ou moins important au subjectif, un faux universel domine/masque les « particularismes » et dénature l'universel, sans oublier les invisibilités… Cet « oubli » ne peut plus être considéré comme « inconscient ».

La non-prise en compte du genre, aujourd'hui, par certains (économistes, sociologues, « politologues », historiens, etc…) disqualifie, à mes yeux, une bonne partie de leurs analyses.

Et dans cet ouvrage même, il est dommage que les auteur-e-s n'indiquent pas toujours, de manière explicite, leur « propre » intégration du « prisme du genre » aux études. Reste que « le genre » peut-être abordé de multiples façons, et qu'universitairement il est souvent dépolitisé…

Le genre sous les sciences sociales certes, mais quant-est-il des sciences sociales ou des « scientifiques » au crible des lectures féministes ?


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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Pour se faire une place dans leurs disciplines académiques, les études féministes et, plus généralement, les recherches sur les femmes, les rôles de sexe, les identités sexuelles, les rapports sociaux de sexe ou le genre ont toujours dû se positionner par rapport aux discours scientifiques dominants, et faire rupture avec des sciences sociales que l’on pourrait qualifier de « normâles » (ou « malestream ») et qui pensent au masculin sans en avoir conscience ; sans en avoir conscience et en imprégnant à des résultats ou des théories censés être « objectifs » une « neutralité » de fait marquée par son aveuglement aux inégalités entre les hommes et les femmes et, plus profondément encore, à la domination des secondes par les premiers
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Qu’apporte la question du genre à la relecture d’une œuvre ? Peut-on, par exemple, déceler dans l’œuvre un « sous-texte » sexué ou genré, un impensé genré, des présupposés, explicitent ou non, de la division sexuelle, un langage sexué/genré ?
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nous avons choisi un ensemble d’auteurs reconnus et enseignés dans les cursus de sciences sociales, et proposé à des spécialistes de ces auteurs de les questionner selon une grille commune afin de mettre à la portée d’un public d’étudiant-e-s et d’enseignant-e-s, voire un public plus large, un examen critique des œuvres sous l’angle de la question du genre
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les rapports hommes-femmes sont d’abord des rapports politiques qui gèrent l’organisation des sociétés comme le font d’autres rapports de pouvoir
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