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Gabrielle Danoux (Traducteur)
EAN : 9782322460397
136 pages
Books on Demand (16/10/2022)
4.5/5   3 notes
Résumé :
Remède pour la mort, comme le dit Gabriel DINU, un tel livre au titre relevant de l'Histoire, écrit en cours de route, à la hâte, à l'amour, à l'aveugle, devant la glace, constitue un témoignage digne de confiance, c'est-à-dire un livre dont les sources sont intimement liées à l'être des deux poètes. La source quotidienne est leur propre vie. Les trois poèmes en ouverture de la partie de Marius CONU, intitulée Ukraïna mir, sont un préambule à ce qui suivra après ce ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Deux auteurs, deux styles, mais un même combat. Gabriel Dinu et Marius Conu sont tous deux roumains. L'un s'exprime par fulgurances et suggestions imagées, l'autre dans une langue plus directe, plus concrète, plus accessible aussi. Ils ont choisi l'arme des mots et de la poésie pour s'insurger contre la guerre en Ukraine. Leur texte engagé résonne en écho aux bombardements et aux frappes qui sèment la mort, pointant, au travers de la désolation, les grises ombres du pouvoir et leurs manoeuvres « cannibales ».


Piqués ici et là des noms de lieux qui donnent une géographie à la douleur et à la dévastation évoquées – Kiev, Marioupol, Donetsk, Boutcha, Kherson, Melitopol, Odessa… –, les vers des deux poètes s'impriment dans un mélange de tristesse et de colère, alors que, convoqué par la récurrence des mentions au Russe et au « monstre nain », le visage froid et figé de Vladimir Poutine s'impose constamment en transparence des mots, apparition menaçante venue rappeler au monde, et en particulier aux anciens pays satellites de l'URSS comme la Roumanie, la lignée des spectres soviétiques de terrifiante mémoire et « l'ombre du parti » dont on avait trop tôt enterré l'inextinguible soif de pouvoir. le titre du livre est explicite : c'est aux tyrans les plus sanguinaires de l'Histoire que l'on fait référence ici...


S'élevant tour à tour, chacune en une partie distincte du recueil, les deux voix jouent une partition contrapuntique et se renforcent l'une l'autre, leurs différences de ton soulignant davantage encore leur unanimité. Et, rien n'étant plus difficile à transcrire que la poésie, l'on se prend d'admiration pour le délicat exercice de sa traduction, augmentée des quelques explications relatives aux non-reproductibles jeux de mots et aux détails culturels roumains, qui a permis la parution concomitante de cet ouvrage en Roumanie et en France.


Un grand merci à Gabrielle Danoux (Tandarica) pour son partage et pour sa contribution à la diffusion de la littérature roumaine, dont elle nous fait notamment découvrir le dynamisme volontiers avant-gardiste.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Ce recueil de poésie vient tout juste de paraître. Il représente, dans ma liste d'une trentaine de traductions déjà (mais d'envergures variables), une grande première. le contrat avec l'éditeur roumain pour la publication de l'original est seulement en cours de signature. On a donc bien devancé la publication en Roumanie. J'en suis fière, car on a ainsi démontré entre autres qu'on peut faire en sorte que la littérature roumaine parvienne en France sans attendre des années entières au risque de transposer un message déjà « périmé ». Il en va d'ailleurs de la thématique des poèmes réunis ici : la guerre en Ukraine.
Ce livre est avant tout animé par un sentiment d'urgence dans la dénonciation de l'atrocité d'une guerre et de la quête du besoin de paix.
Comme l'écrit Clelia Ifrim dans la préface : « La poésie de Marius CONU est une barrière, une frontière où la parole n'a rien à voir avec la violence. […] Sur les fronts mondiaux, à vue, ou dans les prisons off de Guantánamo ou de Sibérie, prisons sur lesquelles Gabriel DINU écrit dans le poème Vive le combat pour la paix, les militants flower power serrent la main au dieu de la Guerre. Peu importe son identité. L'argent est une source globale, solide, liquide d'entente. La diplomatie est devenue un slogan du genre, disons : C'est nous qui vous sauverons, mais pour cela il nous faut d'abord vous détruire. »

J'ai été heureuse d'aider les deux poètes à mener à terme leur projet, même si cette traduction n'a pas été aussi facile à faire qu'il paraît. Elle est certainement perfectible aux yeux de ceux notamment qui s'insurgent contre la traduction trop littérale.
Quoi qu'il en soit, nous vous donnons donc à lire essentiellement trois voix qui s'élèvent poétiquement, à l'unisson, contre la guerre !
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Nouvelle lecture que je dois à l'ami Tandarica. Un beau et convainquant plaidoyer pour la paix, par deux auteurs roumains, dont seul Gabriel Dinu m'était connu. La première partie, celle de Marius Conu à qui on doit également l'élément graphique de la couverture, semble plus difficile à appréhender aux premiers abords, mais une histoire est cependant tissée autour de l'horreur manifeste du conflit armée qui sévit en Ukraine et sur la monstruosité du dirigeant russe. Dans la seconde partie, il semble que l'espoir réussit à percer ; un poème est même intitulé « un jour la paix viendra » (p. 116). C'est ce que les deux poètes appellent en tout cas de tous leurs voeux.
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Je découvre avec grand plaisir, grâce à Tandarica, cet ouvrage qui est fort bien conçu. le mode "split album" (usité chez les amateurs de musiques alternatives) est fort bienvenu, car les deux plumes se complètent, se ressemblent et s'assemblent tout en étant distinctes. La plume de Marius Conu est marquée par une manière de marteler des images et des thèmes. Ce procédé pourrait être vu comme de la "redite" ou de l'insistance", je la vois davantage comme une manière de créer une persistance rétinienne dans notre imaginaire poétique. La construction de son recueil est d'autant plus importante, parce que les évolutions des thèmes et des expressions ressortent d'autant plus. J'avais aimé d'un bout à l'autre "D'un bout à l'autre" de Gabriel Dinu. Son IVe Reich va loin, très loin, détonne, explose et nous met face à nos contradictions sociétales, humaines et politiques. Son texte "La peur" (p93) résumé à la perfection la force tranquille de sa poésie tellement directe et simple que l'évidence nous submerge. Les critiques qu'il pose, dispose, explicite et démontre sont éloquentes. Cela crée du malaise et rassure également. La poésie n'a pas encore dit son dernier mot. Après comment chacun le prend, l'interprète, c'est le choix de chacun. Ce qui m'importe ici, c'est que la sincérité soit au rdv et c'est le cas. J'ai beaucoup aimé cet ouvrage qui va très loin. Un grand merci à Gabriel Danoux et à BoD qui permet à ce livre d'exister. Vive la poésie libre !
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Danse finale

Dévastateur !
La foule brumeuse
de souvenirs
d’hier
quand te tenant par la main
Anya, je t’ai caressée
d’un simple sourire dans le parc Gorki
Du vivant Melitopol,
tourne autour
du noyau encore brillant
de la raison…
Maintenant.
Une danse monotone et mortelle
lacérant la peau
d’asbeste et goudron
de la ville
cris
étranges abeilles brûlantes
métal liquéfié coulant
dans l’air pesant
entre les immeubles.
une pirouette tueuse, un rondo criminel…
souvenirs uniquement
sont ces sentiments
qui agenouillent
le sommeil,
m’extirpent du cauchemar
russe
dans une autre langue…
et me laisse les cicatrices
sombres des cernes
comme un anathème de
la terre
gravé sous le regard.

(Marius Conu)
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Ils m’ont demandé
Devant le peloton d’exécution
Avec des sourires métalliques
Et la rouille de la compassion :
Comment te sens-tu ?
Comment te sens-tu, m’ont ils demandé
En souriant…
J’ai regardé stupéfait
Les pluies éloignées
Et les magnolias rouges fleurir
Sur mes cuisses, épaules, poitrine
Comme des baisers immenses…
Seul !
Seul,
Leur ai-je répondu…
Seul.
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La floraison

Ils t’ont volé toutes les étoiles
et le ciel ils l’ont verrouillé
avec des oiseaux métalliques.
Ils t’ont caressé avec l’ombre…
Ils t’ont arraché les épaules avec la fuite
Ils t’ont embrassé avec la glace…
une fleur à peine éclose, désertée
flotte impeccablement
sous tes côtes
tel un grand-père perdu
implacablement,
par une matinée inutile
comme un début de mois de mars…
Seule cette ville
Est le témoin muet
De ton passage à travers l’étreinte…
seule cette ville
s’effondre
intensément, irrémédiablement dans le souvenir souffreteux
de la ville qui fut
sous le vol douloureux
et métallique des oiseaux russes.
Sais-tu que tu n’as plus de nom
ni de rêves ???
que tu es une statistique
un nombre insensible
fondant lentement
sur l’asphalte indécent
de la ville qui se meurt…
Seule une pluie salée, profonde
Caresse encore ton front
Et le mutisme de la pierre.

(Marius CONU)
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Vive le combat pour la paix !

C’est alors que j’ai souri.
– Vive le combat pour la paix !
Autant de troupes aux frontières
ou dans le pays
que de paix
et de tranquillité !
Ne vous inquiétez pas
Et les uns et les autres
ne sont que
des militants
flower power.
Riez, souriez,
mais ne rigolez pas trop.
C’est toujours :
The winner takes it all.
Et nous pouvons nous retrouver
tous
à Guantánamo
ou en Sibérie.

(p. 82, poème de Gabriel Dinu)
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La peur

Nous nous étions habitués à la peur.
Quelqu’un avait éternué en Chine,
ensuite nous avons tous éternué,
sur la planète entière.
Nous nous étions habitués à la peur,
à tout,
aux masques, aux tests PCR,
aux vaccins Pfizer,
aux doses booster,
à la mort
venue dans des sacs noirs,
à la quarantaine
à la police de proximité.
Quand soudain,
quelque part en Ukraine,
les idiots se sont rappelés
qu’ils avaient des armes.
Ensuite, en Roumanie,
nous nous sommes mis à acheter
de l’huile alimentaire et de l’essence.

(Gabriel Dinu, pp. 93-94)
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Video de Gabriel Dinu (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gabriel Dinu
Poème de Gabriel DINU traduit du roumain par Gabrielle DANOUX https://www.bod.fr/librairie/le-iv-e-reich-gabriel-dinu-9782322460397 www.thierrymoral.fr
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