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Les nuits de Strasbourg' raconte les faits et gestes, les pensées, les discussions et les amours de quatre femmes, installées à Strasbourg ou de passage, sur une période de 10 jours. Unité de temps et de lieu, mais diversité des situations et des ressentis, où se mêlent leur histoire et l'histoire. Drôle de résumé ? Oui, et ça donne un livre aussi surprenant qu'agréable.
Je ne pensais pas avoir (trop) de préjugés, mais apparemment si. En tout cas, je ne m'attendais pas à ce qu'une Algérienne, née en 1936 et membre de l'
Académie Française de surcroît, écrive un livre où l'amour charnel occupe une telle place. Ni à ce qu'elle évoque aussi justement les blessures particulières de l'Alsace dans la seconde guerre mondiale. Et pourtant, elle le fait, avec beaucoup de talent !
J'ai été déroutée aussi par le nombre d'histoires et de thèmes qui s'entremêlent : le destin hier et aujourd'hui de Thelja, l'évacuation de Strasbourg en 1939, les amours débutantes, fécondes ou désespérées, la guerre d'Algérie, Antigone, les promenades dans la ville, l'abbesse du Mont Sainte-Odile, Irma et les enfants secrets, l'amitié entre femmes... Cela participe à la richesse du livre, mais c'est un peu déroutant car on peut avoir du mal à retrouver le fil après une pause.
C'était aussi un plaisir pour moi de lire sur ma ville, à la fois de reconnaître des endroits familiers (moi aussi, comme François, je travaille au Port du Rhin... et je connais presque tous les hôtels des neuf nuits de Thelja !), d'entendre une autre voix sur l'histoire torturée de l'Alsace ou même de lire quelques mots d'alsacien...
Bref, je croyais connaître
les nuits de Strasbourg, mais celles d'
Assia Djebar ont été pour moi une belle découverte, faite dans le cadre du challenge 'Vivent nos régions' de l'Oiseau-Lyre : http://loiseaulyre.canalblog.com/archives/2013/07/08/27593518.html