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EAN : 9782742742264
416 pages
Actes Sud (28/04/2003)
3.67/5   23 notes
Résumé :

Pour retrouver François, un amant de vingt ans son aîné, Thelja quitte Paris. Les amours brèves mais fulgurantes de cette femme qu'un mari et un enfant attendent à Alger, et de ce Français veuf, tourmenté par le passé, dureront neuf nuits. Neuf nuits au cours desquelles se conjugueront leurs désirs, leurs émois, leurs plaisirs.

Au-dehors, la ville de Strasbourg se remet de son histoire récente et abrite d'autres personnages aussi troublan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
'Les nuits de Strasbourg' raconte les faits et gestes, les pensées, les discussions et les amours de quatre femmes, installées à Strasbourg ou de passage, sur une période de 10 jours. Unité de temps et de lieu, mais diversité des situations et des ressentis, où se mêlent leur histoire et l'histoire. Drôle de résumé ? Oui, et ça donne un livre aussi surprenant qu'agréable.

Je ne pensais pas avoir (trop) de préjugés, mais apparemment si. En tout cas, je ne m'attendais pas à ce qu'une Algérienne, née en 1936 et membre de l'Académie Française de surcroît, écrive un livre où l'amour charnel occupe une telle place. Ni à ce qu'elle évoque aussi justement les blessures particulières de l'Alsace dans la seconde guerre mondiale. Et pourtant, elle le fait, avec beaucoup de talent !

J'ai été déroutée aussi par le nombre d'histoires et de thèmes qui s'entremêlent : le destin hier et aujourd'hui de Thelja, l'évacuation de Strasbourg en 1939, les amours débutantes, fécondes ou désespérées, la guerre d'Algérie, Antigone, les promenades dans la ville, l'abbesse du Mont Sainte-Odile, Irma et les enfants secrets, l'amitié entre femmes... Cela participe à la richesse du livre, mais c'est un peu déroutant car on peut avoir du mal à retrouver le fil après une pause.

C'était aussi un plaisir pour moi de lire sur ma ville, à la fois de reconnaître des endroits familiers (moi aussi, comme François, je travaille au Port du Rhin... et je connais presque tous les hôtels des neuf nuits de Thelja !), d'entendre une autre voix sur l'histoire torturée de l'Alsace ou même de lire quelques mots d'alsacien...

Bref, je croyais connaître les nuits de Strasbourg, mais celles d'Assia Djebar ont été pour moi une belle découverte, faite dans le cadre du challenge 'Vivent nos régions' de l'Oiseau-Lyre : http://loiseaulyre.canalblog.com/archives/2013/07/08/27593518.html
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Alsagérie.

Neufs nuits, voici le temps que vont durer les amours de Thelja et François à Strasbourg.

Ce roman est un bijou injustement méconnu. Il s'ouvre sur l'évocation, à la fois magnifique et déchirante, de l'évacuation de Strasbourg en 1940. La ville est représentée vide, déserte, sans vie. Seul la peur et le désespoir subsistent.

L'histoire fait ensuite un bond dans le temps cinquante ans plus tard. Nous suivons Thelja, algérienne thésarde, et François, cinquantenaire veuf, pendant neuf jours et neufs nuits. D'autres personnages s'ajoutent au fur à mesure, tel Eve la meilleure amie de Thelja, aussi algérienne mais juive.

Douceur et sensualité font miroir à la solitude et à la souffrance. Alsace et Algérie sont deux terres riches mais convoitées. Exil et dépossession sont le lot de leurs populations. Alsace et Algérie semblent différentes mais sont proches par leur histoire.

La ville de Strasbourg est un personnage à part entière. Nous nous promenons dans ses rues, nous traversons ses ponts, nous dormons dans ses hôtels. Bref, nous sentons la ville vivre sous nos pas.

En conclusion, une découverte magnifique qui me marquera longtemps.
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J'aime de plus en plus la plume de Djebar. Cette fois ci dans un style différent de ce que j'ai lu d'elle.
Elle nous fait valser dans Strasbourg au rythme des amours, des ébats sensuels, des confidences et des histoires de vie d'êtres torturés, souffrant chacun d'un déracinement, une quête d'identité, un amour perdu, un amour caché ou interdit.
Des histoires de vie liées par la grande histoire celle de la guerre d'Algérie, la déportation des strasbourgeois en 1939, la 2ème guerre mondiale.
Des personnages tout aussi attachants les uns que les autres.
Thelja cette femme déchirée, qui brûle, se consume.
Elle, l'orpheline avant sa naissance, la ''theldja'' neige qui ne fait qu'embraser, telle une bougie infiniment soufflée et renflammée, se cherche au rythme de ses nuits folles, torrides. Trompée par le mari, abondant fils et foyer pour une thèse en france. Theldja se venge. Elle erre, elle la passagère dans une ville chargée historiquement. Elle s'embrase dans son exil, se laisse aller...
Affront envers un père disparu trop tot, un mariage raté, une société qui l'a blessé, humiliée.
Exorciser son corps... chercher amours auprès de François de 20 ans son aîné.
Corps enlacés... Nuits torrides... Amours... Chaleur corporelle ...Jouissance.... Extase jusqu'à l'envol...
Battement d'aile puis chute dans le vide ou plutôt vers des cieux clément, vers la liberté.

Eve son amie d'enfance, la juive qui s'abandonne à l'ennemi, l'allemand Hans.
Un amour plus fort que les principes d'une vie, un désir triomphant, un plaisir ressussitant.

Des confidences de vie bercées aux rythmes et mélodies andaloux aux senteurs de thé à la menthe.

D'autres histoires celles d'Irma la déracinée, la sans attache.
De Karl le pied noir retournant en alsace après la guerre d'Algérie, lui qui ne garde de l'algérie que le souvenir de l'odeur de paille humide.
Jaqueline, Djamila, Touma et ses enfants...

Djebar nous charme de sa plume sensible, chavire nos coeurs, nos sens et nous fait balader à travers ces histoires dans la grande histoire de cette ville '' Strasbourg'' que j'aimerai visiter.
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C'est un récit complexe et subtil que nous livre ici l'écrivaine Assia Djebar, récemment élue à l'Académie française (*) un récit qui entremêle plusieurs histoires, plusieurs vies toutes ecartelées entre deux pôles antagonistes, qu'il s'agisse de l'Algérie et de la France avec les plaies encore ouvertes qu'a laissées cette "Guerre d'Algérie" qui pendant longtemps n'a pas avoué son nom; ou qu'il s'agisse de la France et de l'Allemagne, jadis unies par le Serment de Strasbourg que s'échangèrent dans leur deux langues respectives 2 des 3 petits-fils de Charlemagne (Charles et Louis) sur le dos du 3eme (Lothaire), mais que la guerre a si souvent séparées depuis. Strasbourg est cette ville à la fois frontière mais aussi passage qui peut peut-être réconcilier les contraires. Strasbourg qui va être en neuf jours et neuf nuits le lieu hautement symbolique de ce récit.

Ces contraires on les trouve aussi au sein même des personnages comme chez Thelja, brûlante "neige" (c'est la signification de son prénom), comme chez Eve, la juive marocaine qui n'a jamais voulu mettre un pied en Allemagne mais qui va s'éprendre justement d'un allemand, et comme Jacqueline, Irma, Karl, Djamila, tous ambivalents au fond de leur être, tous cherchant sans concessions à concilier les contraires. Mais cette quête n'est-elle pas une chimère ? C'est ce que semble dire le dénouement tragique de ce magnifique roman, brûlant d'une sombre passion.

(*) Ma note de lecture a été écrite le 27 août 2005. Assia Djebar nous a malheureusement quitté le 6 février 2015.
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La mise en page aérée est trompeuse : on se dit que l'on va dévorer ce livre mais en réalité c'est un véritable supplice que d'arriver au bout de cette lecture, de ce roman sans histoire. Est-ce ainsi qu'il faut écrire pour entrer à L Académie Française ? A l'heure où Amin Maalouf, ce Mahfouz libanais, obtient enfin cette consécration, on a encore l'espoir qu'il n'en soit pas totalement ainsi. L'opposition de style est manifeste : quand Djebar se focalise constamment et de façon presque caricaturale sur la phrase et sur le mot (n'est-ce pas une adolescente un peu trop brillante et un peu trop précoce qui dépeint ces scènes d'amour charnel ?) au détriment de toute notion de rythme et de logique narrative (comme si seule la note compte et non le temps de la mesure mais aussi de toute la partition), Maalouf, lui, sous une apparente simplicité, déploie sobrement et humblement ses talents de conteur et nous transporte à chaque page au lieu de nous assommer. N'est-ce pas là le but ultime de la littérature contemporaine sous sa forme romanesque ? Djebar semble l'oublier et nous impose cette écriture nombriliste et égoïste, ce style ampoulé et agaçant. Les seuls moments qui ravivent un peu la lecture des "Nuits de Strasbourg" sont ceux qui abordent l'Histoire de la ville et de ses immigrés algériens au lendemain de la seconde guerre, moments qui ne sont malheureusement qu'un prétexte aux divagations d'une ou de plusieurs héroïnes au demeurant peu attachantes et peu crédibles malgré ou à cause de leurs atouts trop évidents (une trop grande culture, une certaine mansuétude en même temps qu'un anachronisme et un égocentrisme affligeants). Et tant qu'à faire, Assia Djebar, en guise de conclusion ratée, nous inflige une nouvelle fois l'histoire de ce suicide manqué et inexpliqué qui aurait ponctué son adolescence... Venant d'un personnage si cultivé, si méritant et si symbolique, un texte si pompeux provoque une trop grande frustration.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
- Souvenez-vous (Irma se tourna vers Eve) combien Canetti est bouleversé quand un Juif marocain, entendant le nom d'Elias Canetti, le rendit à sa manière : le son de sa voix, la scansion de son nom... Canetti comprend que ce Juif de Marrakech lui est plus proche que tous les Anglais et les Allemands avec lesquels il partage pourtant un trésor de culture... Les aïeux de Canetti, des siècles auparavant, étaient partis d'Andalousie pour l'Europe danubienne, sous protection ottomane. Ce Marocain parlait à l'écrivain comme s'il avait été un aïeul ressuscité : le son en langue arabe, pour Canetti, avait reproduit l'exact bruit originel!...
Un silence méditatif s'empara de l'auditoire.
- C'est pour cela (Irma retrouve une voix presque sereine) que je me suis attachée aux voix - à celles qui se cherchent, à celles qui se perdent, celles qui ont brusquement un trou, comme une maille filée... L'essentiel soudain glisse, va se diluer... Peut-on réparer?... Par la voix, tout parfois remonte, même l'essentiel entendu il y a des siècles!...
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C'était l'époque où je me répétais : «il n'y a de héros que mort!»
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Videos de Assia Djebar (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Assia Djebar
L'écrivain prix Goncourt 2015 pour "Boussole (Actes Sud) Mathias Enard et l'écrivaine Kaouther Adimi ("Au vent mauvais", Seuil, 2022) rejoignent le Book Club pour parler de littérature algérienne : l'incontournable "Nedjma" de Kated Yacine, Assia Djebar, Mohammed Dib... L'occasion de partager avec les auditeurs et auditrices des lectures fondatrices de leur rapport à l'écriture et à l'Algérie.
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