Ce roman, quel chef-d'oeuvre !
150 pages de tension grandissante. Des questions redondantes.
Marguerite DURAS n'explique pas, le lecteur interprète, devine, invente, suppose, s'énerve, s'inquiète, se ronge les ongles, ou savoure puis doute ou bien il peut-être est sûr de lui, tout dépendra du lecteur.
Quelle expérience, et j'ai eu ici la même impression qu'après avoir lu
L'AMOUR de la même autrice. Une sensation de ne pas avoir tout compris évidemment, de m'être perdue entre mes suppositions et la vérité plausible, d'avoir eu par-dessus tout, un grand plaisir d'être autant dans l'expectative, de m'être laissée prendre au jeu.
Qui est donc cette Anne Desbaresdes ? Elle n'est plus que mère, assez riche, elle est perdue, et à ce moment de sa vie elle est fascinée par la mort d'une femme.
L'ivresse dûe au vin lui permet d'être au dehors d'elle-meme, de sortir de sa condition de femme issue de la bourgeoisie…
Elle est obsédée par le crimes passionnel dont a été victime une femme alors que son fils prenait sa leçon de piano.
Comment la morte a-t-elle su à ce point ce qu'elle désirait d'elle et de l'homme à qui elle demandait d'ôter la vie? Alors Anne interroge Chauvin à chaque fois qu'elle retourne au café.
Enfin, c'est ce qu'elle aime entendre se faire raconter par Chauvin, jeune homme énigmatique qu'elle rejoint au café sur le port pendant que son fils joue dans la rue après ses leçons de piano.
Est-ce que c'est ce qu'elle demande à Chauvin pour elle-même ?
Et cette professeure de piano Madame Giraud, qui crie, qui hurle, qui est autant frustrée que frustrante.
Ce jeune garçon, l'enfant, qui ne fait que réprimer son désir lui, d'arrêter le piano, mais non, il faut continuer, il faut suivre les codes de la société dans laquelle il grandit.
J'ai vraiment été très sensible à ces dialogues, cette lenteur, ces non dits, la gestuelle, les sons, le vent, la lumière.
Un coup de coeur !