[Livre reçu dans le cadre d'une opération masse critique]
N'ayant pas lu de poésie depuis longtemps, j'ai ouvert ces page sans attente particulière, sans volonté de comparer avec d'autres. Une belle surprise attend le lecteur à l'intérieur.
Joli bal entre les maximes - courtes, aérées, parfois même d'une simplicité déconcertante - et les silhouettes d'hommes et d'animaux esquissées à l'allure de gravures, répondant au contenu des mots. Certains textes donnent corps aux suivants, parfois pas du tout.
Je me suis surprise à les lire à voix haute pour mieux les assimiler. L'expérience n'en est que meilleure. On prend le temps des mots, de leurs significations, de ce qu'ils évoquent en nous. Pour une novice de la poésie telle que moi, c'est une bonne et simple façon de revenir dans ce genre sans en ressortir avec l'impression de n'avoir tout bêtement rien compris.
Une lecture douce et intéressante en compagnie de la renarde.
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[Livre reçu dans le cadre d'une opération masse critique]
"dit" (nom masculin du latin dictum, de dicere, dire) : Vieux. Mot, remarque, maxime.
Et en effet, ce petit ouvrage de moins de 150 pages, à l'écriture aérée, poétique, dessinées, ... nous dévoile de nombreuses maximes. Parfois sans logique apparente, mais doit-il y avoir de la logique en poésie ?
Les textes répondent aux images, les images répondent aux textes.
Même au niveau de l'organisation des strophes, de la mise en page, il a là une belle et douce fluidité.
Un concentré de douceur. Une lecture délicate et éthérée que ce "dit de la renarde". Un plaisir pour les yeux, un plaisir pour le coeur.
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j'ai oublié ce que j'écris
je ne parviens plus à me lire
je suis sous l'œil de ma belle renarde
j'ai perdu toutes mes eaux
parfois les langues la traversaient
c'étaient des lames de rêves
elle se levait au matin
sur un sol sans certitude
elle se tenait droite pourtant
on le lui avait assez dit petite fille
mais pourquoi, répétait-elle, pourquoi
ces chemins sans chemin
ces cônes du désir
pourquoi
l'horizon si pur
quand tout le reste s'effondre
(pp. 42-43)
la renarde dit
ils ne voient
qu'avec des mots
ou des signes
fais-les glisser
maintenant
vers le blanc
de la faille
(p. 143)
Parfois
Je voudrais me coucher comme la pluie
Et dans ma réserve d'eaux
Disperser mes vieilles blessures
Mes incrustations
mon adorée
ma toute gracieuse
je ne te dirai jamais je t'aime
parfois nous montions dans cet argent de ciel
où l'on meurt
ou bien nous nous couchions enfants
dans la chambre aux murmures
ils tendaient alentour les draps de la fête
et nous nous parlions sans fin
(p. 122)
il y aurait du plein et du vide
des territoires dans le monde
un cadastre d'œil
elle chante
elle chante
il y aurait votre iris bleu
la tache verte en son centre
et l'infini de l'eau
tout ce qu'en silence
vous regardez
(p. 108)
Elles ont accompli l’office des embaumeuses..., François Emmanuel
lu par l'auteur