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sur 1271 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce qui se perdaient dans la misère c'était aussi le désir et l'élan vers l'avenir

Entre deux expulsions, cette famille de gitans a trouvé à se fixer dans un jardin abandonné de banlieue. Quelques poules cohabitent avec les rats dans la boue, on s'entasse dans les caravanes, mais ils se tiennent les uns les autres : la matriarche, crainte et vénérée, les cinq fils, qui ferraillent vaguement pour masquer leur honteuse inutilité, les belles-filles, épouses et mères, et la troupe de marmots qui ne sait même pas qu'il existe autre chose que cette « liberté » bien chère payée. Tous analphabètes, à la fois fiers et humiliés de n'être pas insérés dans cette société qu'ils connaissent si peu et qui le leur rend bien.

Ils sont semblables à n'importe lequel des enfants qui sont ici. La seule chose qui les différencie, murmura-t-elle, c'est que leurs parents ne savent ni lire ni écrire et qu'ils n'ont pas de maison.

Et puis un beau matin, survient Esther, ses livres illustrés sous le bras main, qui va lire des histoires, ouvrir un dialogue, générer des confidences, et finalement se battre pour que, coûte que coûte, Anita aille à l'école.

Sujet à haut risque avec tout ce qu'on pouvait redouter de stéréotypes, de bons sentiments, de bien-pensance et de lacrymal.
Et bien, Alice Ferney fait très fort, elle évite tous ces écueils. Cette main tendue devient subtilement partage, mais pas miracle. Les personnages sont tout entremêlés de contradictions et de douleurs. Esther elle-même est une espèce de minéral plein de douceur. Il y a en Alice Ferney une sensibilité aux failles et fragilités d'autrui, à leurs petits bonheurs aussi, une humanité qui est à bien des moments bouleversante. Cette façon qu'on les petits de se lover autour de leur lectrice, cette adepte de la lecture à haute voix comme lien premier façon Pennac , il y a là de grands moments .

Il y avait un secret au coeur des mots. Il suffisait de lire pour entendre et voir, et l'on n'avait que du papier entre les mains. Il y avait dans les mots des images et des bruits, la place de nos peurs et de quoi nourrir nos coeurs.


Et puis il y a les mots, à la fois outils et personnages. La langue d'Alice Ferney est dense, généreuse et fouettante. C'est une langue qui fouille et qui remue, avec ces dialogues tendus imbriqués dans le texte, cette façon de passer de l'un à l'autre avec un oeil plein de compassion pas mièvre du tout, une compréhension de ces vies d'espoir et de désespoir mêlés.

Mais surtout les mots sont le fil rouge de ce récit, des mots qui apportent le réconfort , la fierté, la foi en l'autre, la consolation, la transmission. Des mots émancipateurs. Mots des livres (on se régale à identifier les extraits des lectures d'Esther), mots des dialogues et monologues, joyeux, furieux ou confidents.

Quant à la question de savoir si c'est « bien vu », « comme si on y était », je suis bien incapable d'y répondre, et peu sont à même de le faire : comment ça se passe chez les gitans, dans leurs campements, dans leurs têtes et dans leurs coeurs? Tour ce que je sais, c'est qu'Alice Ferney nous propose ici sa version, pleine d'honnêteté et de respect, qu'elle est probable, touchante, renversante.
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Une histoire simple, servie par une écriture magnifique, qui sans jamais changer de ton ni de narrateur, adopte tour à tour le point de vue et la voix des différents personnages. Et quels personnages ! Angéline, matriarche gitane, qui gouverne sa petite tribu familiale ; ses cinq fils, un peu ferrailleurs, un peu voleurs et surtout inactifs, ses quatre brus, soumises au bon vouloir de leurs hommes, mais libres d'avoir une fonction dans la famille, la bande de petits enfants... Et Esther, bibliothécaire fermement décidée à faire la lecture à ses enfants illettrés, qui s'impose tout doucement dans la vie des gitans, leur donnant le goût des histoires et de l'écrit.

Cette petite ouverture vient apporter un peu d'espoir et de changement dans le monde immobile des gitans, que le lecteur découvre peu à peu, de l'intérieur, au gré des évènements de la vie. L'intolérance et le rejet, illustrés par une femme qui accouche dans les couloirs de l'hôpital, où elle est à peine tolérée, un bébé qui n'est pas déclaré à l'état-civil, car son père n'arrive pas à trouver un prénom acceptable, une directrice d'école qui refuse des élèves... Mais aussi, de l'autre côté, des gitans qui refusent de s'adapter au monde, d'envoyer les enfants à l'école, de s'habiller comme tout le monde, d'ouvrir les courriers qu'on leur envoie... le tableau pourrait être accablant, si les personnages n'étaient si attachants, si courageux et combatifs à leur manière. Il en résulte un récit touchant d'humanité, pessimiste mais éclairé d'un rayon d'espoir.

Une lecture à recommander.

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Ce livre c'est l'histoire d'une rencontre entre une Esther et une famille de Gitans. C'est Angéline, mère de cinq grands fils et grand-mère aussi, qui domine cette grande famille qui s'est installée sur un terrain vague de la commune. Esther, elle, est une bibliothécaire, elle vient tous les mercredis pour faire la lecture aux enfants.

Bien sûr, la façon de raconter d'Alice Ferney dans des grands paragraphes où sont inclus les dialogues m'a pas un déstabilisée. J'ai eu aussi du mal à retenir qui était fils ou fille de qui mais le style plein de poésie de l'auteur et cette rencontre entre deux mondes m'a ému, m'a touché. Chaque moment raconté est une découverte ; au fil des pages, j'avais l'impression de faire partie de ce petit monde, loin de tout. La ville ne veut pas les reconnaitre en tant qu'êtres humains, ils sont à l'écart. Un bel hommage de Ferney aux Gitans ! Un livre qui j'ai fait durer pour rester le plus longtemps avec eux.
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C'est une famille de Gitans installée illégalement dans un jardin potager à l'est de la ville, regroupée autour d'Angéline, la matriarche. le dénuement est leur lot quotidien. Grand-parent, parents, enfants, tous sont analphabètes. Un beau jour, une femme arrive dans le campement : Esther, bibliothécaire gadjé, se propose de lire des livres aux enfants. Les mots du mercredi parviennent peu à peu à soulager les maux…

J'ai découvert ce livre lors d'un club de lecteurs et ce fut pour moi un véritable coup de coeur. Les personnages, hauts en couleur, sont très attachants. L'auteur nous les présente dans toutes leurs dimensions humaines, notamment leurs fragilités. C'est ainsi que nous faisons la connaissance d'Angéline la matriarche qui a perdu tout attrait physique, mais dont la personnalité reste attirante : elle montre un amour maternel sans borne pour ses fils et une certaine jalousie pour ses belles-filles. L'auteur décrit Simon, le fils aliéné ou encore Angelo, le Gitan amoureux d'une gadjé.

Les dialogues sont nombreux mais ils ne sont pas présentés selon la mise en page habituelle : ici, les échanges sont inscrits à la suite, au fil du texte, sans retour à la ligne ni tiret pour figurer chaque tirade. Cette présentation est assez spéciale mais ne complique pas la lecture, chacun des protagonistes étant bien marqué, comme dans l'extrait suivant :

J'ai rien et je veux rien, je demande plus. Ses joues luisaient tellement qu'on aurait pu les croire mouillées. On a toujours envie de quelque chose, dit Esther émue. Angéline secoua la tête : Non. Esther dit : Vous n'avez envie de rien ? L'autre secouait toujours la tête et cela ne ressemblait qu'à la vérité : ce qui se perdait dans la misère c'était aussi le désir et l'élan vers l'avenir. (p. 216)

En somme, le dénuement amène à un repli sur soi et oblitère la dimension du projet, la capacité à se projeter dans l'avenir, à s'inscrire comme un sujet désirant. Mais cela n'empêche pas l'espoir, notamment celui de la vie :

Milena, Misia, Nadia. Les trois belles-soeurs étaient enceintes. […]
Elles sont trois fruits du printemps, une réponse au sort contraire, à la folie, aux amours malheureuses, à la mort, une audace et une grâce.
p. 280-282.

L'espoir vient aussi d'Esther qui apporte les mots et le savoir et parvient même à faire scolariser une enfant. Cela n'est d'ailleurs pas sans poser problème à l'enfant mais aussi aux parents et aux autres enfants. Alice Ferney explore, outre les conditions de vie ou de survie des Gitans, la dimension de l'analphabétisme, de la scolarisation, de la médiation d'une gadjé qui ouvre les enfants à l'univers des mots, du savoir, du plaisir de lire. Les ouvrages qu'Esther lit aux enfants sont issus du patrimoine littéraire, tels ces contes de Hans Christian Andersen (La Petite Sirène, La Princesse et le petit pois, …) ou les fables de Jean de la Fontaine (Le Loup et l'Agneau, le Savetier et le Financier) ou « le Petit Prince » d'Antoine de Saint Exupéry.

D'un bout à l'autre, j'ai été captivée par ce roman qui sait camper une atmosphère, amener des changements plus ou moins importants chez les personnages, qui prend le temps de conter la vie quotidienne du camp. Il évolue selon un rythme lent, expose des tensions dramatiques, mais l'espoir reste toujours présent. Les sentiments des protagonistes sont exposés sans mièvrerie, la vie des Gitans est décrite sans larmoiement, avec une volonté de réalisme.

Je conseille vivement ce livre qu'on parcourt d'une traite sans se lasser. Un message d'une lucidité terrifiante sur les conditions de vie des Gitans mais qui sait maintenir une flamme d'espérance.
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J'ai été touchée par ce roman, par cette immersion dans le monde des gitans où la vie se passe dans un regroupement de caravanes dans une banlieue parisienne. On leur a prêté un terrain, la matriarche a regroupé ses fils et ses belles-soeurs. Partout courent les enfants pieds nus.
Une bibliothécaire décide un jour d'amener le livre vers ces enfants. Elle va attiser la curiosité des petits et des grands, peu à peu écouter et découvrir l'histoire de cette famille et nous avec elle.
Pourtant elle n'est pas le personnage principal de cette histoire et ce qu'elle essaie de faire ne fonctionnera pas toujours…
J'ai aimé la façon dont l'histoire est racontée, comme une bribe, une tranche où le poids des traditions est si fort que les mentalités ne peuvent que très lentement se modifier.
Et ce que l'on souhaiterait voir changer ne sera pas ce qui changera réellement. Un récit finalement assez réaliste, pas moralisateur selon moi.

J'ai eu les larmes aux yeux à la fin, ce récit dans sa simplicité n'avait besoin de plus pour me toucher.
Je relirai la plume d'Alice Ferney!
Merci à la personne qui a partagé ce livre en boîte à livres. Cela me permet encore de faire une belle découverte.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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un magnifique recit captivant
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Parfois, on passe devant leur campement, et inconsciemment, on serre un peu plus notre sac contre notre flanc, on accélère la cadence de la marche, on resserre notre étreinte sur la main de nos enfants... En voiture, on remonte les vitres ou on actionne le bouton de fermeture automatique des portes. On se sent un peu mal à l'aise, on a un peu peur, parfois même on est dégoûté, ou bien scandalisé. Et dans le même temps, il est difficile de ne pas ressentir ce léger sentiment de culpabilité, ce petit pincement au fond du coeur, cette interrogation : mais comment font-ils pour vivre ainsi ?

Eux, ce sont les gitans. Ces baraquements que l'on voit en périphérie de nos villes, dans des endroits souvent sordides, délabrés. Parqués sur des terrains vagues, ou sur des terrains aménagés par la commune dans le meilleur des cas, mais parqués tout de même dans leurs caravanes. Parfois, ce sont des véhicules rutilants, de véritables camions roulants dans lequel on imagine tout le confort possible, mais le plus souvent, ce sont de vieilles carcasses rouillées et sales, entourées de détritus, de déchets au milieu desquels sèche le linge, jouent les enfants...

C'est dans ce type de campement qu'Esther s'invite. Elle réussit, à force de ténacité et surtout de discrétion, à gagner la confiance du clan, et surtout celle de la vieille Angeline, la mère, celle qui impose sa loi à ses fils et ses belles-filles. Esther arrive avec des livres et ne demande rien d'autre que d'avoir le droit d'en faire la lecture aux enfants.

Suite sur Les lectures de Lili
Lien : http://liliba.canalblog.com/..
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Alice Ferney est une auteure reconnue qui publie aux éditions Actes Sud depuis son premier roman, le ventre de la fée, paru en 1993. J'ai longtemps eu un a priori négatif sur cette femme, à cause d'articles de la presse, concernant certains de ses engagements féministes, notamment lors du débat qui avait eu lieu en France sur le mariage pour tous. Je la pensais catholique coincée et ce roman montre au contraire beaucoup de sensibilité chez cette femme. Suite à une discussion que j'ai pu avoir avec une personne formidable que je ne veux pas nommer ici pour ne pas la mettre mal à l'aise, je me suis lancé dans la lecture de ce livre là car il concernait une communauté d'individus très souvent stigmatisée et surtout car il y a dedans un personnage de bibliothécaire, Esther. L'auteure fut récompensée du prix Culture et Bibliothèques pour Tous, ce qui a tout son sens car il s'agit d'un réseau de bibliothèques associatives que je connais pour avoir fait mon stage dans l'une d'elles quand j'étais en classe de troisième.

Alice Ferney nous présente dans un style limpide et de manière vraiment touchante la vie de la communauté gitane et nous montre le pouvoir que peut avoir la lecture sur des personnes a priori illettrées, et notamment sur les enfants, par le biais des contes, comment cela peut transformer l'environnement et les relations au sein d'une communauté. Les personnages de ce livre sont plutôt marquants, notamment la grand-mère, matriarche du camp, la vieille Angeline. C'est un très beau roman sur la condition féminine, la maternité, les relations complexes entre les hommes et les femmes de manière générale, encore plus au sein de cette communauté ainsi que les relations entre femmes au sein du camp. Alice Ferney pose un regard empreint d'une grande humanité sur les gitans, tout en montrant la violence qui règne dans ce monde, le fait qu'ils vivent de manière repliée. Il se dégage de certaines scènes une grande sensualité. Certains hommes du livre sont attachants, d'autres nous font de la peine. On est en empathie avec certains personnages.

Alice Ferney est une femme engagée, notamment pour l'environnement mais surtout pour la défense des femmes. C'est vraiment un très beau roman et je dois dire un coup de coeur récent qui me donne envie de lire finalement d'autres romans de cette femme.
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Par ce roman publié en 1997, l'auteure nous fait découvrir la vie d'une famille de gitans relégués sur un terrain vague, en dehors du monde civilisé. Grace à son héroïne, Esther, une "gadjé" dont on ne sait presque rien (elle aurait un mari, et les gitanes se disent qu'il doit être très beau pour qu'elle ne le montre jamais et des fils que l'on ne voit pas davantage), on pénètre avec délicatesse dans le quotidien des gitans : leur fierté, leur mise à l'écart, leur promiscuité, leur pauvreté mais leur générosité lorsqu'ils invitent des plus pauvres à partager leur noël, leurs valeurs, le rôle des femmes, celui des maris, l'importance des enfants, le respect de l'aïeule ... Lorsque naît le petit garçon de Lulu, le père n'est pas admis à l'hôpital et son épouse l'est tout juste pour accoucher ; l'enfant n'est même pas déclaré à l'état civil, Lorsqu' Esther, qu' Angélique, la matrone du camp, finira par appeler "ma fille" parvient enfin à convaincre la directrice de l'école d'y inscrire la petite Anita, une porte semble enfin s'ouvrir mais peu après, les gitans sont chassés du terrain vague où ils séjournaient, Ester les voit moins régulièrement. Or, sa venue régulière au camp était pour les enfants puis pour tous un moment précieux car chaque semaine, elle lisait aux enfants de nouveaux livres et les écoutait réagir. A travers elle, le lecteur aussi découvre la sensibilité et l'intelligence de ces enfants avides de découvrir le monde et de rêver comme tous les enfants :

"Chaque mercredi (vers onze heures) Ester les installait l'un après l'autre dans la voiture. Elle laissait tourner le moteur et mettait le chauffage au plus fort. Tu vas bouziller ta batterie, disait Sandro. Tu crois ? s'inquiétait Esther. Il hochait la tête. Je coupe ? demandait-elle. Non ! hurlaient les enfants.Ils riaient. C'était toujours le même plaisir. La petite soufflerie ronflait. Esther prenait son livre. Ils ne bougeaient plus et hormis quelques reniflements, le silence était total. Elle ignorait qui, de la chaleur ou de l'histoire, les apaisait d'un seul coup, sans qu'ils ne demandent rien? Ils ne sont pas difficiles, se disait elle. Jamais ils ne réclamaient, jamais ils n'avaient soif ou faim comme d'autres enfants qui ont sans arrêt besoin de quelque chose . Elle lisait dans le calme. On entendait juste le ronflement d'air chaud. Les enfants avaient posé leurs mains sur leurs cuisses. "Un âne comme Cadichon est un âne à part. - Bah! tous les ânes se ressemblent et ont beau faire, ils ne sont jamais que des ânes. ". Ils entraient petit à petit dans la chose du papier, ce miracle, cet entre deux-deux. "Il y a âne et âne. " Certaines tournures leur semblaient drôle. Ils riaient sans retenue. Esther ne s'arrêtait plus de lire pendant près d'une heure, et quand elle finissait, ils s'étiraient, revenant de l'autre monde, plus enveloppant, plus rond, plus chaud que celui dans lequel ils retournaient à peine sortis de la voiture et qui les mordait au visage comme un chien fou."p 110, 111, Babel, Acte Sud

En somme, un très beau roman, plein de délicatesse.
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Ils font régulièrement la une de la Presse, on les cotoie sans les connaitre, ils font un peu peur.....aprés avoir lu ce livre, on porte un autre regard sur ces "gens du voyage" que l'on découvre autour d'une cérémonie qu'une gadgé vient célébrer régulièrement pour les enfants. de trés beaux personnages attachants. A lire absolument.
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