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sur 17274 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Madame Bovary doit être bien fatiguée depuis ces décennies qu'on l'autopsie, pas toujours avec bonheur !
Mais pourquoi une telle obsession pour la vie d'une femme de province, qui l'avait d'abord rêvée dans les romans pour, finalement, épouser un homme fade : Charles ?
Dans cette existence ennuyeuse, ses joies ne sont que des spasmes : le bal du château de la Vaubyessard, ses deux amants, Rodolphe et Léon, qui s'avéreront finalement lâches à son endroit. Elle n'a pas su être une épouse, elle ne saura pas mieux être une mère.
Quelle est-elle alors, Emma ? L'incarnation d'un constat amer. Celui qui nous tenaille tandis qu'on s'est engagé dans un destin qui n'était pas, tel un vêtement mal ajusté, taillé pour nous : « Elle se demandait s'il n'y aurait pas eu moyen, par d'autres combinaisons du hasard, de rencontrer un autre homme. »
C'est l'insatisfaction qui anime Emma, et ses excès n'en sont que la conséquence : dépenses somptuaires, sexualité débridée avec ses amants (voir l'épisode d'anthologie du fiacre galopant dans les rues de Rouen, à l'intérieur duquel elle se donne sans retenue à Léon). Elle remplit un vide que ne sait combler son mari médiocre : « Quel pauvre homme ! quel pauvre homme ! disait-elle tout bas, en se mordant les lèvres. »
Lire Madame Bovary c'est aussi regarder une femme mourir lentement. La sève qui l'animait se raréfie à mesure que les désillusions s'accumulent ; elle devient un arbre mort, après avoir, par défi à l'existence sans doute, cédé aux excès, suivant une pulsion de vie, comme elle cèdera à la pulsion de mort lorsque : « sa situation, telle qu'un abîme, se représenta. »
Et le style, enfin, résultat d'années de labeur (la correspondance de Flaubert l'atteste) : quel style ! Une précision d'horloger qui donne l'envie de lire le texte à voix haute, juste pour entendre la langue française dans toute sa fluidité, avec la triste conscience qu'on n'atteindra jamais les rives d'une telle perfection.
Paraphrasant Victor Hugo, je dirai de ce roman que s'il ne devait en rester qu'un ce serait celui-là !
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Madame Bovary faisait partie de ces classiques de la littérature française que je n'avais pas lus.
J'en avais parlé à mon amoureux qui, goguenard, m'apporta un jour ce roman, trouvé dans une boîte à livres, me souhaitant « bon courage ».

J'avais une idée bien précise de Madame Bovary, une jeune femme mariée s'ennuyant ferme et finissant par se suicider. En commençant cet ouvrage, je me suis dit que j'allais donc m'ennuyer quelques soirées avec elle, presque certaine que sa lecture serait longue et fastidieuse.

Et ? Et bien contre toute attente, et à ma grande surprise surtout, ce roman m'a beaucoup plu !
Certes, il ne s'y passe pas grand chose, si vous voulez des rebondissements à gogo, passez votre chemin, mais j'ai passé, je peux le dire, un agréable moment avec Emma Bovary, principalement grâce à la plume de Flaubert que j'ai trouvée particulièrement fluide, poétique et musicale, j'ai d'ailleurs lu quelques passages à voix haute tellement je trouvais les mots bien choisis et les tournures de phrases exquises.

Madame Bovary, née Rouault, est la fille d'un riche fermier, qui attend que quelque chose se passe. Elle perçoit la vie dans les romans à l'eau de rose lus durant sa jeunesse passée au couvent, persuadée que la passion l'attend au détour du chemin. Et quelle déception quand elle se rend compte que la vie, justement, et le mariage, surtout, n'ont rien à voir avec ce qu'elle imaginait. Alors elle attend, prenant au passage ce qui se présente à elle.
Son mari, qui l'aime tendrement et sincèrement, ne fait que la décevoir. Elle ne l'aime pas ; pire, elle le méprise.
Après la naissance de son enfant, elle s'enlise dans l'ennui et le désespoir, la maternité ne lui redonnant même pas une certaine forme de joie de vivre. Elle tend à se perdre dans cette vie monotone et, après les avoir repoussées une première fois, par convenance, elle cède aux avances d'un premier amant, puis d'un second, persuadée de vivre enfin une passion. C'était sans compter l'égoïsme de ces brigands qui se lassent rapidement de celle qu'ils ont pourtant tant convoitée.

Mais ce ne serait pas lui rendre justice, ni à Flaubert, que de ne voir dans ce roman que le constat d'une femme qui se languit et rêve sa vie plutôt que de la vivre. Car, pour ma part, j'ai trouvé qu'Emma essayait, mais essayait vraiment. Elle tente de trouver une solution dans la spiritualité et dans la religion ; elle fournit des efforts pour devenir une « bonne mère » ; elle essaie même de retrouver goût à son union. Oui, à côté de ça, elle sait se montrer frivole et inconséquente mais qu'attendait-on réellement d'une bourgeoise à cette époque si ce n'est dépenser l'argent de son mari, tenir sa maison et ses domestiques ?
Quant à Flaubert, au lieu d'en faire une sotte, il tend à lui donner de l'épaisseur tout en dépeignant un tableau très réaliste de son époque, à savoir qu'une femme n'avait pour horizon que le mariage et la maternité.

En 1857, deux procès ont lieu dans le monde de la littérature à quelques mois d'intervalle : Flaubert et Charles Baudelaire comparaissent pour outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes moeurs, en face du même procureur impérial, Ernest Pinard. Flaubert sera acquitté tandis que Baudelaire sera lui condamné.
Afin de sauver son client, le conseil de Flaubert mettra en avant la moralité du roman, dans lequel l'héroïne, coupable d'infidélité, est punie pour ses fautes, point qui laissera l'auteur amer car on a laissé croire et penser que son héroïne n'était que ça, finalement : une femme de mauvaise vie.
Cependant, ce procès sera aussi la planche de salut de Flaubert, son retentissement le rendra connu du grand public.

Enfin, de Madame Bovary reste ce substantif, bovarysme, qui dépeint un état d'insatisfaction chronique, celui en étant atteint ayant tendance à fuir dans l'imaginaire et le romanesque plutôt que de tenter de trouver des solutions d'y remédier. Même si à bien des égards Emma Bovary en est atteinte, je trouve le jugement à son encontre bien sévère parfois.

Oui, j'ai aimé ce roman et même si j'ai eu plusieurs fois envie de secouer Emma comme un prunier, je l'ai surtout et avant tout plainte car elle n'a pas su saisir la pomme et croquer dans le fruit pour profiter du jour présent.

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Non, Madame Bovary n'est pas un roman que pour les filles ni que pour étudier au lycée ! Oui, on a tous un côté Madame Bovary qui sommeille plus ou moins en nous. Pour moi, ce livre est un chef d'oeuvre, LE roman de Flaubert, le roman d'une époque. On a tour à tour envie de prendre le thé avec Emma, de lui faire la leçon, de la faire sortir de son monde... Quant aux personnages masculins, c'est pareil, des sentiments très différents nous envahissent au fil de la lecture. Ici, Flaubert est à la fois romancier et peintre. Un incontournable !
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"On s'est alarmé à tort, suivant nous, de la moralité de l'oeuvre. Tout au contraire, le livre nous a paru utile, et tous, en famille, nous avons jugé que la lecture en était bonne pour les innombrables madame Bovary en herbe que des circonstances analogues font germer en province, à savoir les appétits de luxe, de fausse poésie et de fausse passion qui développent les éducations mal assorties à l'existence future, inévitable.

La leçon sera-t-elle aussi utile aux maris imbéciles, aux amants frivoles, aux bourgeois prétentieux, à toutes les caricatures provinciales si hardiment dessinées par M. Flaubert ? Hélas non ! Madame Bovary est seule intelligente au milieu de cette réunion de crétins. Elle seule eût pu se reconnaître. Les autres s'en garderont bien. On ne corrige pas ce qui ne pense pas. Il est d'ailleurs évident que le livre n'a pas été ait en vue d'une moralité quelconque"...
George Sand (Le Courrier de Paris, 8 juillet 1857)
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Quand j'ai créé mon profil sur "Babelio", j'ai donné ma liste de livres initiale, en incluant évidemment "Madame Bovary". Mais j'ai été peut-être intimidé par ce livre qui est indiscutablement LE roman, celui qu'il faut nommer en premier dans la littérature du XIXème siècle. En tout cas, jusqu'ici je n'avais pas réalisé mon projet d'écrire un commentaire sur ce livre.
D'ailleurs, que dire à ce sujet ? Les commentaires pertinents là-dessus sont innombrables. Tout le monde connait l'intrigue (qui, résumée, tient en quelques phrases), donc je n'y reviendrai pas. Mais ce qu'il faut souligner, c'est l'extrême soin de Flaubert pour décrire les personnages, les situations, les décors, les relations... Il détaille tout par le menu, avec le souci du particularisme régional, comme en témoigne: n'importe quel passage du roman (par exemple: le mariage des Bovary, vers le début). Ceci l'a conduit à écrire, par un énorme travail, un "pavé" qui exige du lecteur beaucoup de temps et d'attention. L'écriture de Flaubert - quoique déjà un peu éloignée de notre langue contemporaine - est parfaitement distillée, mot après mot, et reste facilement lisible pour les lecteurs d'aujourd'hui. Il FAUT donc le lire, non pour dire à ses amis qu'on l'a lu, mais pour l'apprécier à sa juste valeur.
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Comme j'avais admiré l'écriture de Flaubert dans ce roman, le premier que je lisais de lui ! Chaque phrase m'émerveillait, semblant toucher la perfection !
Emma, malgré tout ses défauts de femme insatiable, m'a plu. Peut-être qu'au fond, je suis comme elle, à rêver ma vie d'après les romans qui me sont tombés entre les mains...
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Lettre d'excuses.
Madame Bovary, pardonne-moi... Je t'ai tant détesté adolescente, que me voilà bien contrite d'avoir prise tant de plaisir durant ta relecture. . . Une belle leçon d'humilité. Je crois qu'outre ma vision du style de Flaubert que je trouvais trop complexe plus jeune et qui aujourd'hui me fascine, il y a dans ta vie, Mme Bovary, certaines leçons que je me serais bien passée d'entendre à 15 ans. Sans doute faut-il une certaine maturité pour comprendre ce que sont véritablement l'amour et la vie de couple sur le long terme. Je m'avoue vaincu : je dépose à tes pieds, ma mauvaise foi, ma méchanceté, ma verve acide, mes calomnies. Et j'assume enfin ce que bien d'autres ont pensé avant moi: Mme Bovary, tu es un chef-d'oeuvre; et toi Flaubert, un écrivain de talent.

PS: Gustave, merci d'arrêter de faire mourir tes héroïnes en systématique, bisous.
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Un magnifique livre sur "rien". ( Je pique à Gus' son expression ne me jetez pas les tomates) Pourtant, c'est sans doute l'un de mes plus grands chocs adolescents entre un homme qui perd tout au fil des pages, l'hypocrisie bourgeoise et Emma. Cette femme qu'on adore détester ou qu'on aime malgré tout. C'est aussi et surtout la force et la puissance des mots drôles, vifs, acérés, d'une rare intelligence. Les flots de l'écriture qui emportent tout sur leur passage la société, les hommes, les femmes, la culture, la politique, les sentiments.
Encore aujourd'hui je pense à Charles et à Emma comme à des amis de la famille, à Flaubert comme un mec ravagé mais sympa à présenter à tous les ados qui passent l'épais volume à la main, à mon exemplaire que je le jure je relirai encore et sans doute encore aussi.
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Ce n'est pas rien que de s'attaquer à ce monument de la littérature française du 19è siècle, souvent abominé lorsqu'il fut découvert trop tôt, imposé par des programmes scolaires inadaptés (que peut importer à un ado de 15 ans le désespoir languide d'une desperate housewife romantique?). Sans l'avoir jamais complètement lu, on en connaît la trame, celle de la lente chute d'une jeune provinciale que l'adultère conduit à sa perte. Mais madame Bovary, c'est bien autre chose. Et l'on y trouve matière à réflexion que l'on s'intéresse à la psychiatrie ( quel destin aurait eu Emma avec un peu de Prozac que l'indigne pharmacien Hormais se serait empressé de lui vendre, et quelques séances de thérapie comportementale contre ses tendances à l'achat compulsif?), à la sociologie, voire à l'ethnologie (Flaubert observe à la loupe ce microcosme normand prisonnier d'une époque figée dans ces principes moraux étriqués)! Que dire des pratiques médicales, bien impuissantes, et très empiriques, il faudra un siècle pour voir apparaître d'immenses progrès dans les connaissances et les traitements?
On y découvre aussi que le problème du surendettement n'est pas un apanage de n'être mode de vie contemporain et qu'il a toujours existé des usuriers véreux flairant la bonne aubaine qu'est la détresse.
Quant aux piètres amants de notre héroïne, et à sa décharge, on ne peut dire que le destin lui a facilité la tâche : pleutres, faibles ou immoraux, ils n'ont pu que hâter sa déchéance. Dépassés par l'intensité de la passion suscitée, eux qui se seraient sûrement contentés de rendez-vous galants aléatoires et sans arrière pensée d'engagements, ils apparaissent comme de grands méchants loups, avec un petit chaperon rouge qui s'est jeté dans leur bras avec une grande naïveté.
Un mot des victimes collatérales, les seules sincères et irréprochables : ce brave Bovary, qui a fait de son mieux pour cette femme qu'il continue quelques soient les circonstances, à aimer éperdument et surtout la petite Berthe, mal aimée (C'est une chose étrange, pensait Emma, comme cette enfant est laide !), ignorée, et pour finir orpheline.

Cette sombre histoire est fort bien illustrée par de magnifiques tableaux champêtres, mettant à l'honneur une nature luxuriante et généreuse " du côté de l'est, la plaine, montant doucement, va s'élargissant et étale à perte de vue ses blondes pièces de blé. L'eau qui court au bord de l'herbe sépare d'une raie blanche la couleur des prés et celle des sillons, et la campagne ainsi ressemble à un grand manteau déplié qui a un collet de velours vert, bordé d'un galon d'argent."

Il n'est pas loin d'un éventuel embarquement pour une île déserte ce roman emblématique de la littérature romantique...
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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N'aurait-on point le droit d'avertir la police, si le libraire persistait quand même dans son métier d'empoisonneur ? (138)

Moi qui n'avait point goûté la froideur des « Trois contes » et pas plus l'exubérance de « salammbô », moi qui ne m'acheminait vers cette madame Bovary que par acquis de conscience culturelle, voilà que je me suis éclatée ! Mais vraiment… ! Oh l'écriture ! Oh la justesse psychologique ! Indécision, aigreurs, frustration, vulnérabilité face aux prédateurs, la palette est si riche qu'on y trouve forcément des traits personnels, des caractères connus. La reine des illusions n'a pas pris une ride. Mal affermie dans sa vie, elle se débat avec la réalité, l'esquive, le nie, la détourne avec une énergie dont les flux sont loin d'être taris de nos jours – bien au contraire ! le réalisme cher à Gustave offre à ses personnages une existence qui pourrait être celle de mes voisins.

Une vie de lectrice recèle ceci de merveilleux qu'on peut multiplier les coups de foudre, tomber amoureuse régulièrement, voire même tous les jours, sans que cela n'entraîne le moindre désagrément, la moindre complication relationnelle. Contrairement à celle de cette pauvre Emma, de l'autre côté des pages…

Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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