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Jean-Paul Manganaro (Traducteur)
EAN : 9782021033489
312 pages
Seuil (14/04/2011)
4/5   10 notes
Résumé :

En 1889, deux orphelins, Michele Angelo et Mercede, se rencontrent, et leur premier regard est une promesse qu'ils maintiendront toute leur vie. Peu après leur mariage naissent deux jumeaux, Pietro et Paolo, puis Gavino, Luigi Ippolito, Marianna... La famille se renforce et la ville de Nuoro change : les bergers et les marchands doivent affronter un souffle de modernité qui semble tout bouleverser. Les rues s'élargissent, l'argent circule, les maisons se... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique

Sardaigne. On est en 1889 et pourtant on croirait le début du monde dans un petit village.
Michele Angelo et Mercede ne sont guère plus que des enfants quand ils se rencontrent pour la première fois, et se reconnaissent tout de suite.
Ce rapide regard qu'ils échangent est une promesse silencieuse qui les conduira au mariage.
Ils désirent une descendance qui les prolongera. Il y aura promesse d'enfants mais la vie donne et reprend. Tous ne vivront pas. Cependant la lignée des Chironi se développe tandis que Nuoro en fait de même : le simple village de bergers devient peu à peu une ville.
La famille connaît l'aisance grâce au travail acharné de Michele, habile forgeron. Avec les nouvelles maisons, les commandes affluent.
Mais le couple est victime de l'adversité et des événements les plus cruels : la mort d'enfants, la guerre, le fascisme. Il faut toutefois poursuivre la vie qui leur a été concédée. Sur fond de Sardaigne âpre et dure, faiseuse d'hommes et de femmes à la fibre forte.
Cela pourrait un roman ordinaire si ce n'était l'écriture de Marcello Fois. Il choisit la parole, la travaille, la modèle, comme son protagoniste forgeron, jusqu'à la rendre parfaite.
Il est capable de psychologie , d'entrer dans l'âme de ses personnages et de nous y faire entrer également.
Il y a dans ce roman, de la poésie, de l'amour pour son île, et une intensité, un tragique qui émeuvent profondément. On éprouve des émotions fortes qui font souffrir.
J'ai déjà lu des romans de cet auteur mais celui-ci est extrêmement prenant, poignant, et j'ai l'impression d' avoir partagé la douleur de ses personnages.
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Marcello Fois c'est l'un des noms que j'ai toujours en tête (aussi dans mes carnets à cause d'une mémoire quelquefois défaillante).
Je ne sais pas si maintenant, après tant d'années, mon nez de lecteur invétéré est devenu infaillible... le fait est que je n'ai pas été déçu non plus cette fois-ci !  Je vous conseille de vous donner la chance de lire cet auteur italien , de plus sarde, je suis certain que vous le méritez vraiment.  Et je vais vous dire pourquoi.
Marcello Fois situe généralement ses récits en Sardaigne.  Ici nous sommes à Nuoro, de la fin du XIXe siècle aux années 1950, et ses protagonistes sont les membres de la famille Chironi. C'est à la fois un roman et une saga familiale, mais attention : vous n'y trouverez rien de fictif. Fois rappelle la Sardaigne de nos arrière-grands-parents, celle attachée à la terre et au travail, celle qui a beaucoup de réticences quant à la modernité, mais aussi celle qui est exploitée par les chemises noires du fascisme. 
Les deux ancêtres de la famille Chironi sont Michele Angelo et Mercedes. Michele Angelo est un jeune forgeron, il a toujours vécu dans un orphelinat, avant d'être élevé par un homme bon nommé Giuseppe. Un jour il rencontre Mercedes, qui n'a que seize ans, il n'y a qu'un regard, mais dans ce regard il y a déjà tout : la promesse du mariage, la naissance d'enfants, le dur labeur qui les attend.
Les années passent, la famille s'agrandit : après les jumeaux Pietro et Paolo, naissent Gavino, Luigi Ippolito et Marianna. Plus Michele Angelo se blesse gravement dans l'atelier et les événements personnels se précipitent et toute une série de terribles malheurs et catastrophes frappent les Chironi. 
C'est excessivement réaliste, tant certaines pages et descriptions sont belles et en même temps déchirantes. N'oublions jamais que nous sommes dans la Sardaigne du XXe siècle, et non dans la Rome du boom économique, entre cinéma, magnificence et lumières. 
Dans  La Lignée du forgeron  il y a plus de passages où l'on s'émeut et ressent une réelle douleur physique, que de passages où l'on est insouciant, mais le talent de l'écrivain réside justement là-dedans : utiliser ces émotions fortes pour redonner, même à ceux qui ne l'ont pas vécue , cette période historique dans cette réalité précise. 
Avec La Lignée du forgeron Fois créé un monument à la mémoire au sens le plus profond du terme.
Nous suivons l'histoire des personnages et nous sommes avec eux, malgré le fait que notre condition sociale (et économique) aujourd'hui est clairement très différente de ce qu'elle était alors. Nous sommes là quand Gavino devient militant antifasciste, et quand Marianna se marie, ou quand Luigi Ippolito part au front. 

Nous participons à leurs pensées intimes, aux inquiétudes des parents, voire aux commérages des villageois, et les phrases éthérées de Foïs nous jettent dans un état d'identification totale, qui nous surprend en nous désorientant. Il n'y a plus de dimension régionale ou temporelle restreinte : le livre devient universel et s'adresse directement à notre âme.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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L'histoire se passe en Sardaigne de 1889 à 1943. le petit village de Nuoro vit tranquillement au milieu des collines et des vignes : bergers et artisans cohabitent dans le respect et les valeurs qui sont celles des habitants de cette terre hostile et ingrate.
Michele Angelo, orphelin, a été recueilli et adopté par le forgeron du village qui se retrouve seul après le décès brutal de sa femme. Il lui apprend toutes les ficelles du métier.
Alors qu'il travaille à l'église, Michele rencontre Mercede, elle aussi recueillie comme bonne à tout faire. Ils se font une promesse, celle de "s'aimer" toujours, c'est-à-dire d'être ensemble, de traverser les épreuves de la vie et de créer une lignée.
Très vite vont naître deux jumeaux, Pietro et Paolo, puis deux enfants morts-nés puis, Gavino et Luigi Ippolito et enfin, Marianna...
Un vent de modernité souffle sur la ville et lorsque les rues s'élargissent, les villageois veulent tous un balcon en fer forgé. Michele, qui est le meilleur forgeron de la région, travaille dur pour faire vivre sa famille. L'argent entre et circule. La réussite des Chironi, venus de nulle part, fait des envieux.
Mais le bonheur (première partie : le Paradis) ne dure pas. Alors que la ville est en fête les jumeaux sont retrouvés morts, sauvagement assassinés...
C'est le début d'une longue série de malheurs (deuxième partie : l'enfer) qui vont peu à peu frapper la famille... La Grande Guerre amène un des fils à s'enrôler, ils sont prêts à mutiler le second pour qu'il ne puisse pas partir, tant le désir de protéger leurs enfants est plus fort que tout.
Puis le régime fasciste atteint la petite ville et n'épargne pas le second fils, qui devra fuir le pays et ne donnera aucune nouvelle pendant des années. Seule Marianna reviendra auprès de son père lorsque, devenu veuf, il arrêtera la forge. Elle aussi a tout perdu, son mari, sa petite fille dans un tragique règlement de compte.
"In fine" dans la dernière partie (troisième partie : le purgatoire) un jeune homme inconnu redonnera espoir au forgeron...qui refera vivre la forge pour lui. Mais chut, je ne vous dirai pas qui c'est !
Il faut savoir s'ouvrir au don de la vie même si celle-ci ne nous a pas fait de cadeau...car il faut savoir accepter dans la sérénité que ce qui a été donné, doit être rendu, inévitablement. C'est le message de sagesse que nous laisse Michele dans ce roman.
Un roman magnifique écrit dans une langue poétique et minimaliste, dont l'écriture peut parfois dérouter le lecteur...
L'auteur sait maintenir une certaine distance avec les événements et avec ses personnages. Il nous place en observateur : pas d'épanchements, ni de douloureuses descriptions, le silence a plus de poids que les mots.
La simplicité de ces gens qui acceptent, sans fatalisme pour autant, le cours de leur vie et les malheurs qui leur tombent dessus, est tout à fait bouleversante.
A travers cette saga familiale, l'auteur nous décrit aussi les événements importants de l'histoire qui ont marqué la Sardaigne : la Grande Guerre, la montée du fascisme en Italie et le banditisme.
La Lignée du forgeron ( "Stirpe" en italien), est le premier roman d'une trilogie, annoncée par Marcello Fois, dont "C'est à toi" ("Nel tempo di mezzo" en italien) est le second volet qui peut être lu séparément... le troisième tome est attendu en Italie.
A noter ce roman est remarquablement bien traduit par Jean-Paul Manganaro.
Lien : https://www.bulledemanou.com..
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un livre qui évoque des sujets qui ne sont plus vraiment à l'ordre du jour:
la lignée
l'origine du monde
un monde sans histoire heurtée par l'irruption brutale de la modernité qui s'incarne dans la premiére guerre mondiale celle de 16( nous sommes en sardaigne) modernité de cette guerre qui conduit au fascisme avec les partisans socialistes de l'intervention comme mussolini et l'aspiration d'un monde qui ne connaissait que la criminalité des brigands
A- t-on mentionné l'importance de l'engendrement, de la nécessité d'une lignée?
l'auteur, conteur de grand talent ,nous dépayse nous donne un recul, nous enchante avec ces taiseux
il crée de magnifiques personnages de femmes, d'hommes du passé' broyés par une histoire que malgré tout ils essaient de dominer en donnant à tout prix un ordre, un sens.
Ce sens, il s'obtient par la narration, par une philosophie de vie modeste, ténue, bien opposée à la légereté factice de notre monde qui arrive.
Un grand plaisir de lecture car il s'agit de littérature où se melent l'intime et l'histoire.
Puissance de la littérature italienne et de ses régions et affirmation d'un romancier d'lmportance
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Au fil de l'histoire, je me suis ennuyée, je n'ai d'ailleurs pas été jusqu'au bout. Par contre, j'ai été conquise par le style très particulier de l'auteur et par les petites phrases éclatantes de vérité disséminées ici et là.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Ils savent tout de suite qu'ils ne pourront compter que l'un sur l'autre, ils n'ont pas de souche dont maintenir le renom et même leurs noms de famille sont postiches, donné par la bureaucratie. Michele Angelo s'appelle Chironi comme l'inspecteur général de l'orphelinat de Cuglieri où il a grandi, et Mercede s'appelle Lai comme la patronne qui l'a prise à son service à l'âge de sept ans.
C'est tout, on dirait le commencement du monde, parce qu'on leur a donné un prénom et un nom d'où tout peut commencer.
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Il y a toujours une constante dans ces rencontres qui semblent être marquées par le Destin, mais le Destin est quelque chose de trop sérieux. Mercede et Michele Angelo savent qu'ils se trouvent exactement où ils ont cherché à se trouver depuis toujours, obstinément, avec la force du désir le plus sourd.
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Les amours durent exactement un instant parfait, le reste n'est que réévocation, mais ce moment peut suffire pour donner un sens à plus d'une vie.
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Cet amour a fait beaucoup de chemin.
....
Ils sont allés droits sans jamais se retourner;...
ils son deux mais ils sont un ; ils ne voient ni ne savent rien. Seulement leur amour : obstiné, inébranlable, banal, aveugle. p. 19
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Il ne faut pas grand-chose pour passer de celui qui a fait face à l'ennemi avec courage, au couillon qui a combattu dans une guerre stupide et en est sorti littéralement en morceaux.
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