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EAN : 9782268092072
256 pages
Les Editions du Rocher (04/10/2017)
3.84/5   16 notes
Résumé :
« C'est sans gloire qu'au mois d'octobre 1969 je suis arrivé à Courlaoux. »
2012, un prêtre revient sur ses années passées dans un village du Jura, alors qu'il se destinait à une tout autre carrière ecclésiastique. Il est confronté à des villageois fort différents de lui, et plus particulièrement à Charlotte, que tout le monde appelle « la folle », et dont la vie pour l'essentiel se concentre sur les tombes du cimetière. Il y rencontre aussi, retiré du monde,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
J'avais sélectionné ce livre lors de l'avant dernière masse critique de Babelio pour deux raisons : la première, c'est que l'histoire se déroule à Courlaoux, petit village du Jura à moins de 10 kilomètres de chez moi et la seconde tient à la raison qui me fait participer aux masses critiques : l'envie de découvrir des livres et des auteurs que je n'aurai peut-être pas choisis sinon.

Alors, quand la découverte fait place à un réel plaisir de lecture, c'est d'autant plus jouissif, que cela tient du pur hasard. Un peu comme certaines rencontres, dans la vie...

Revenons en à "la partition intérieure". L'histoire en elle-même n'a rien d'extraordinaire : un jeune prêtre parisien se voit muter dans le Jura, au milieu de paroissiens revêches dont la foi s'étiole, comme un peu partout en France dans les années 70. Il y fait la connaissance de deux personnes hors normes :

- Charlotte, la folle du village qui passe son temps à nettoyer les tombes du cimetière ;
- Jan, compositeur néerlandais, athée et bourru, venu s'enterrer à Courlaoux pour créer l'oeuvre de sa vie et peut-être fuir le monde, une femme...

Ces trois êtres vont apprendre à se découvrir, s'aimer, se respecter et respecter la croyance, la vie, la quête ultime de chacun. Sans jugement, sans violence mais dans l'acceptation de leurs différences et de leurs silences...

Réginald Gaillard nous donne à lire des personnages forts, bruts et animés d'une force vive qui les brûle jusqu'à l'anéantissement.

Le prêtre qui nous raconte leurs histoires en sera le témoin et le légataire. Contrairement à ce que laisse transparaître leur quotidien, ces deux êtres ont en eux une fougue, une exigence sur la finalité de leurs vies, d'une intensité et d'une violence rares.

Ces destins singuliers vont aspirer la vie de cet homme d'église, empli de l'importance et de la puissance de "la Parole", pendant plus de quarante ans. L'auteur nous offre un beau personnage de prêtre, comme on en voit peu, dans la littérature actuelle. Mais pour autant, je n'ai pas eu l'impression de lire un livre dont le sujet serait le catholicisme, la religion. Ces deux laissés-pour-compte sont d'une intensité subversive, et pourtant - ou justement, ce qui est mis en lumière, c'est cette ferveur, cette foi, celle qui n'a rien à faire des dogmes, qui n'a pas forcément pour objet d'adoration un fils de Dieu ou une Vierge Marie. Non. Plutôt celle qui guide une vie, qui créé, qui élève et aide à vivre... Celle qui réunit l'athée et le curé, l'idiot et l'homme de lettres, la terre et le ciel... Appelez-là comme vous voudrez, peu importe !

L'auteur est poète, et cela s'entend. Pas seulement par le style, riche et irréprochable, mais aussi et surtout par cette attention aux choses et aux gens, par cette façon de nous ouvrir à cette nature âpre et revêche qui fait la beauté du Jura.

La partition intérieure est fait de toutes "ses promesses les plus folles, des promesses d'amour et de création, que la vie tient rarement". Réginald Gaillard, tel Charlotte, "les rend au silence de la terre et du vent, pour qu'ils chantent sa douleur".

Merci aux éditions du rocher et à Babelio pour cette belle découverte.
Lien : http://page39.eklablog.com/l..
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Un grand merci à Babelio et aux éditions du Rocher pour cette belle découverte. Un beau livre sobre en tant qu'objet, et intimiste pour le contenu.
La plume est superbe, faisant jaillir la fibre poétique de l'auteur, j'adore ce style touchant, sensible, indicible parfois, effleurer les mots sans les bousculer mais juste entendre leur écho dans le ressenti de l'histoire. Difficile d'expliquer ce genre de lecture particulière que je retrouve chez les écrivains poètes comme Delerm, Bobin, Malzieu, pour ne citer que trois auteurs masculins parmi tant d'autres et bien sûr notre chère Andrée Chedid.

Plaisir de tenir ce livre, plaisir de savourer ce nectar.

Quant à l'histoire, les personnages sont bien dessinés, trois êtres que tout oppose mais qu'un rien rapproche. le prêtre fraichement débarqué de la capitale, ne sait pas vraiment pourquoi il a été envoyé dans ce petit village perdu au milieu de nulle part ! Est-ce une punition, est-ce une épreuve ? Il s'en accommodera, s'adaptera et fera de belles rencontres dont Charlotte.

Il est sans doute le seul qui a su comprendre et apprécier Charlotte telle qu'elle est et même plus, allant jusque la qualifier de Sainte. Charlotte est dans la marge, vit dans son monde, et ressent bien avant l'heure, la main de la grande faucheuse qui s'abattra sur tel ou tel individu. On la croit folle, mais pourtant, elle est certainement la plus lucide de tous les habitants de ce village. Une certaine lucidité sans doute trop éloignée des communs des mortels.

Quant à Jan, compositeur malheureux, qui crie sa douleur sur des portées, se confiera et se liera d'amitié avec le prêtre, malgré son athéisme. C'est doute là dans cette opposition que les rencontres peuvent s'affronter puis marcher côte à côte sans jamais se heurter, ils vont chacun sur leur propre chemin, parallèle à l'infini sans jamais se croiser si ce n'est du regard.

Jan, porte une perte amoureuse qui le dévore depuis des années, une blessure à vif, béante que rien ne peut soigner si ce n'est de poser un point final à cette tragédie.

Le prêtre oeuvre entre ces deux personnages, les aidant, les soutenant, tentant de pénétrer dans leur monde, passant du baume sur leurs plaies, être à l'écoute de ses étranges personnes, tout en parcourant la campagne pour sa mission de prêtre allant jusqu'à se porter volontaire pour des fouilles.
C'est un très beau personnage, simple, généreux, qui aime l'humain, sans chercher à les bousculer, juste leur offrir un peu de chaleur, de lumière sur leur sombre chemin.

Je ne raconterai pas l'histoire, mais j'ai eu beaucoup de mal à quitter ce livre,

Très belle lecture, touchante et à la fois originale par ce récit intimiste d'un prêtre, d'un compositeur et d'une femme avec son arrosoir. Trois beaux portraits que je ne suis pas prêt d'oublier. J'aurai souhaité une fin différente, autre pour Charlotte et Jan. Seul bémol à ce récit lumineux.
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"La partition intérieure" a été choisi par la "Masse Critique". Heureux choix ! Je me suis délectée avec cette lecture. C'est l'histoire de la rencontre d'un prêtre, venu de la grande ville arrivé dans un petit village jurassien. Il y rencontre, entre autres, Charlotte, une jeune femme , appelée par les habitants "la folle", elle vit comme une ascète, passe beaucoup de temps au cimetière à arroser les fleurs et un compositeur néerlandais, Jan, venu se réfugier dans ce coin tranquille pour créer l'oeuvre de sa vie.
Les lecteurs découvriront la profondeur de ces personnages et de ce qui les lie. L'auteur nous entraîne dans le tréfonds de leurs âmes et à une autre appréciation de la foi pour Jean , le prêtre.
Réginald GAILLARD, nous fait vivre leurs tourments , leurs espoirs avec poésie. L'écriture et le style donnent encore plus de profondeur au récit.
Merci Babelio et les éditions du Rocher pour m'avoir permis découvrir cet auteur poétique et procuré le plaisir de cette lecture
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Un prêtre parisien est envoyé dans un village du Jura. Il s'adapte peu à,peu à cette condition rurale, lui qui vient de la ville et s'attache à deux personnages solitaires, comme lui : Charlotte et Jan, deux êtres quelque peu hors norme.
Beaucoup d'invocations à Dieu, de prières, de volonté d'humilité ; mais le prêtre semble plus prêter attention à ceux qui lui ressemblent (les deux personnages précités) dans leur solitude qu'au commun des habitants.
En cela je reste sur ma faim dans la mesure où l'auteur ne "descend" pas de son piédestal (?) pour aller vers les plus communs des habitants du village, ceux qui cumulent les défauts, mais aussi les éclairs, si rares fissent-ils (le style d'écriture - mais la plume est belle - me confirme dans cette impression par l'usage de termes rares ou désuets, comme matutinale ou lieu de matinale) ; ce prêtre en est d'ailleurs tout à fait conscient.
Le "Joseph" de Marie-Hélène Lafon, allait plus loin, je crois, dans l'approche de la grandeur du silence.
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Ce livre est simplement magnifique. Réginald Gaillard, qui écrit de la poésie, nous livre un premier roman d'une très grande beauté esthétique, spirituelle et humaine. Sa manière de dépeindre les trois personnages principaux, Charlotte, Jan et ce prêtre parisien muté, contre son gré, dans un village du Jura, fait totalement penser à une partition de musique ou à un poème inspiré. Tout y est délicat et pudique, bienveillant et lumineux malgré la rudesse du climat et des villageois. Je me suis laissé porter par ce chant d'extase profondément ému et ravi.
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critiques presse (1)
LaCroix
13 octobre 2017
Un prêtre relit ses quatre décennies de ministère dans un village du Jura.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
J'aime ces réveils en sa compagnie, même si sa présence, qui m'accompagne ensuite toute la journée, s'amenuise au fil des heures, et je sais qu'il est vain de chercher à la revigorer, à la vivifier - ce serait en accélérer la disparition. Toujours elle s'en retourne à la nuit à l'oubli ; toujours je la perds - mais je sais que jamais elle n'est loin. Il ne faut pas poursuivre ses fantômes, ils s'effacent à notre regard intérieur. Bien au contraire, il faut fermer les yeux, les laisser monter et apparaître en soi : ainsi vivent-ils à nos côtés.
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Je n'avais jamais annoncé à personne la disparition de l'un de ses proches. Dire la mort, l'annoncer, me parut soudain terrifiant, et je pensais aux gendarmes qui devaient prévenir la famille, parfois les parents, de la mort d'un des leurs sur la route. Il me semblait pour ma part que je n'allais pas seulement annoncer la mort, mais aussi la donner à mon tour. Dire la disparition me restaient en travers de la gorge, comme un mensonge, ou une trop pure vérité.
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J'avais écrit cette lettre alors que j'étais à l'université, l'année qui précéda mon entrée au séminaire. Elle était destinée à une femme du Nord dont le corps était habillé de brumes - elle venait de m'abandonner au silence des ténèbres et à la nuit sinistre qui était alors la mienne. Elle ne reçut jamais la lettre.
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S'il s'agissait de donner: créer doit n'être qu'une offrande, un don pur. La vie ne se révèle que dans la rencontre.

On ne choisit pas d'être hors du rang, cela s'impose à soi, et il faut vivre avec - ce qui ne se fait pas sans douleur.

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La partition intérieure, de Réginald Gaillard
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