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René-Noël Raimbault (Traducteur)Charles-P. Vorce (Traducteur)
EAN : 9782070382743
281 pages
Gallimard (12/09/1990)
4.3/5   27 notes
Résumé :
« Mais c'était cela : avant même que l'on découvrît le moyen de les écrire, des vieillards avaient fait à des jeunes gens et à des enfants des récits de guerre et de batailles : et quel rigoriste pointilleux y avait-il là, alors, pour ergoter sur le lieu ou la date ? qui se souciait de poser des questions : "Allons, vieux, dites la vérité ; avez-vous vu cela ? Y étiez-vous réellement ?" Car toutes les guerres se ressemblent : la même poudre détonante quand il y eut ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ce livre en 7 parties connu une conception étrange. En effet, les 6 premières parties ont été écrites comme des nouvelles, et publiées comme telles par The Saturday Evening Post entre 1934 et 1936. Lors de la publication en volume, Faulkner révisa ces textes auquel il en ajouta un septième.

Malgré cela L'invaincu se lisent comme un roman, le roman de formation du jeune Bayard Sartoris, le fils du légendaire John.

Il s'agit des chroniques de temps de guerre, cette fameuse guerre de Sécession dont l'ombre plane sur presque tous les livres de Faulkner. Mais cette guerre est vue ici par les yeux d'un très jeune adolescent, trop jeune pour pouvoir y prendre part. du coup ce n'est pas l'aspect héroïque ou vraiment guerrier auquel nous sommes confrontés, mais plutôt aux dommages collatéraux : la faim, les destructions matérielles, la mort d'être chers qui se passent surtout au loin et qu'on apprend bien après.

Et ce sont les femmes qui sont les personnages forts de ces récits, Drusilla, tante Louisa et surtout Rosa Millard ou Granny. Cette chronique de temps de guerre loin des champs de bataille est pourtant une subtile et impitoyable condamnation de la violence et folie des hommes indifférents à la souffrance qu'il peuvent infliger.
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Dans cette chronique de temps de guerre, celle de Sécession, William Faulkner assemble sept nouvelles : on y suit, dépeinte par son jeune narrateur, Bayard Sartoris, la vie quotidienne à l'arrière des combats dans le comté de Yoknapatawpha.

Bayard et son frère de lait noir, Ringo, traversent ainsi la guerre (l'occupation des Yankees, la libération du peuple noir, le marché noir...) et la reconstruction du pays, une fois les armes déposées (les exactions des carpetbaggers, la constitution du Ku Klux Klan...).

Récit initiatique cruel, "Les Invaincus" plonge ses jeunes héros dans un univers mortifère : il leur faudra faire l'expérience de la mort lointaine puis proche, subie puis donnée, loyale puis inique avant que Bayard, seul contre tous, ne se résolve à faire son adieu aux armes.

Mais les seules invaincues (The Unvanquished) pour Faulkner ce sont les femmes du Sud, fortes, intrépides qu'il crayonne avec ferveur. de Rosa "Granny" Millard qui camoufle ses rejetons sous ses jupes, floue les Yankees ou brave les dangers pour retrouver ses biens spoliés à Drusilla, pasionaria sudiste qui abandonne le jupon pour le pantalon, partage le quotidien des soldats, joue de la gâchette et affiche ses désirs, la femme apparaît bien comme l'avenir d'une Amérique déchirée.

"And so now (...) all the (...) men (...) and all ladies (...) were actualy ennemies for the reason that the men had given in and admitted that they belonged to the United States but the ladies had never surendered."

"Ainsi (...) tous les (...) hommes (...) et toutes les femmes (...) étaient-ils positivement ennemis, puisque les hommes avaient concédé et reconnu qu'ils appartenaient aux États-Unis, mais que les femmes ne s'étaient jamais rendues."

Truculent et saisissant.
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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L' INVAINCU de WILLIAM FAULKNER
Sept nouvelles composent ce livre qui se lit comme un vrai roman. L'action se passe pendant la guerre de Sécession et se prolonge quelques années plus tard. On suit essentiellement Bayard Sartoris, le fils de John Sartoris qui se bat durant cette guerre. Une autre figure importante est Granny, la grand mère inflexible, imperturbable qui même aux pires moments assure l'essentiel sans une plainte ou un gémissement. Car si John se bat, la survie de la famille ou ce qu'il en reste c'est à Granny qu'elle le doit . Elle n'hésitera pas à faire un incroyable et fructueux trafic de mulets qu'elle vole aux militaires, les maquille et leur revend au prix fort.
Roman peu connu et c'est bien dommage car Faulkner sait montrer l'horreur qu'a été cette guerre en pratique et surtout combien sa fin a plongé tout le Sud dans la misère et malheureusement surtout les noirs libérés de l'esclavage. En quittant le Sud les Yankees ont brûlé les maisons et les récoltes, les blancs restants ont vécu dans les cases pour noirs et les noirs se sont retrouvés avec un dollar d'argent, un beau certificat de libération et nulle part ou dormir et travailler. Un roman d'initiation avec Bayard qui apprend avec sa grand mère, qui voit passer son père de temps en temps et se retrouve bien seul pour débuter sa vie puisque John mourra assez vite.
Livre magnifique, sombre évidemment où la lumière ne fait que de rares apparitions avec l'impayable Granny. Excellent.
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Faulkner et ses épisodes du Sud... Ou comment nous faire sentir une atmosphère, une culture, un quotidien... Permettre de dépasser des préjugés. Notamment sur l'esclavage et le manichéisme à son égard. Non, les Sudistes n'étaient pas d'affreuses personnes. Pas complètement. Jamais.
Ici, une histoire de famille, en pleine guerre civile (Sécession), pouvoir s'en sortir, voler des mulets, des chevaux, construire une arnaque, tenter de se défendre, tenter de grandir, d'évoluer, de faire progresser un "pays" auquel on croit et qu'on aime, tant.
Des meurtres, de la violence, un peu d'intrigue.
Des femmes fortes aussi, jolis portraits, on sort des clichés. Ce n'est jamais cliché chez Faulkner. C'est ça qui est bien.
Toutefois, et même si la traduction semble de qualité et que l'écriture l'est aussi, je me suis un peu ennuyé à la longue, il y a un peu trop de circonvolution, une progression lente, avec des rebours. Un rien lourd. du coup, la lecture n'a pas été simple jusqu'au bout. Pourtant au démarrage, il m'avait bien eu.
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Alors qu'un récit du Sud des États-Unis, romanesque à souhait et très édulcoré, Autant en emporte le vent, rencontrait le succès et satisfaisait un public désireux d'exotisme, Faulkner montrait une image moins fascinante de la Guerre de Sécession, à travers ce faux roman, construit autour de six nouvelles, et présentant une image de l'homme et de la femme du sud - la femme y tient en effet une place prépondérante - peu héroïque et admirable. Racisme, haine, violence, bêtise, escroquerie et puritanisme, tels sont les aspects peu reluisants d'une société étouffante et mourante, mais à laquelle s'agrippaient et s'agrippent encore des âmes déchues et nostalgiques d'un passé prétendument glorieux.
Les Invaincus se présente comme un roman d'apprentissage du jeune Bayard Sartoris, fils de John Sartoris, grand propriétaire terrien esclavagiste du comté de Yoknapatawpha, témoin (Bayard) d'une époque bouleversée et qui fera lui aussi l'expérience d'un renoncement aux traditions.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Maintenant, cela pouvait commencer. Je savais que, dans un moment, j’allais le regarder et que cela commencerait. Je le regardai, et j’eus la sensation du long arrêt de mon souffle, d’une lacune, avant que cela ne commençât, tout en pensant que j’aurais dû dire : « Adieu, père. » Mais je ne le dis pas. Au lieu de cela, je traversai la pièce, j’allai près du piano et je posai dessus avec précaution les pistolets, m’efforçant toujours d’empêcher que mon halètement ne devînt trop bruyant et trop prompt. Puis je me trouvai dehors sur le perron et (je ne sais combien de temps s’était écoulé) je regardai par la fenêtre : j’aperçus Simon recroquevillé sur le tabouret à côté de lui. (…) Il leva la main et toucha le cercueil, sa main noire et raide qui avait l’air aussi fragile qu’une poignée de branchettes mortes, puis il la laissa retomber. À un moment, il tourna la tête et je vis ses yeux rouler, rouges et fixes, dans son crâne, comme ceux d’un renard acculé dans un coin. Maintenant, cela avait commencé ; je restai là, haletant, et ce n’était pas autre chose que le regret, le chagrin, le désespoir, contre lesquels se raidit l’insensible carcasse qui peut tout supporter, tout.

(p. 266-267)
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Au bout de quelque temps, les engoulevents se turent et j’entendis le premier oiseau diurne, un oiseau-moqueur. Il avait chanté toute la nuit, lui aussi, mais c’était maintenant son chant de jour, et non plus sa flûterie endormeuse et lunaire. Puis tous se mirent de la partie : les moineaux de l’étable, la grive qui habitait dans le jardin de tante Jenny, et j’entendis aussi une caille dans le pâtis, et maintenant, il y avait de la lumière dans la chambre. Mais je ne bougeai pas. Je restai encore étendu sur mon lit (je ne m’étais pas déshabillé), les mains sous ma tête, respirant l’odeur de la verveine de Drusilla qui me parvenait, atténuée, de l’endroit où mon veston était posé sur une chaise, regardant grandir le jour que le soleil teintait de rose.

(p. 267-268)
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Il y avait encore pas mal de lumière sur la pâture, mais les engoulevents avaient déjà commencé leurs rondes, et, lorsque nous arrivâmes à la maison, un oiseau-moqueur chantait dans le magnolia, sa chanson de nuit maintenant, la chanson endormeuse et lunaire, et, de nouveau, la lune fut là, comme l’empreinte d’un talon sur du sable humide. (…) Je n’avais pas regardé mon père une seconde fois. (…) Je ne le revis plus, et toutes les photographies que nous avions de lui étaient mauvaises, car une photo n’aurait pas été capable de retenir son image, maintenant qu’il était mort, pas plus que la maison ne l’avait été de garder son corps. Mais je n’avais pas besoin de le revoir, car il était là, il y serait toujours.

(p. 279-280)
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Donc, nous nous promenions à la brune, lentement, parmi les plates-bandes de tante Jenny, tandis que Drusilla (en robe maintenant, elle qui aurait encore porté continuellement un pantalon si père l’avait laissée faire) s’appuyait légèrement sur mon bras et que je respirais l’odeur de la verveine qu’elle avait dans les cheveux, comme j’avais senti la pluie sur eux et dans la barbe de père, cette nuit, il y avait de cela quatre ans, où lui, Drusilla et l’oncle Buck Mac Caslin avaient découvert Grumby, puis étaient rentrés à la maison pour nous trouver, Ringo et moi, plus que simplement endormis : réfugiés au sein de cet oubli que Dieu ou la Nature, ou tout ce qu’on voudra, nous avait présentement procuré, à nous qui avions été forcés d’accomplir plus qu’on ne devrait exiger des enfants, car il faudrait qu’il y eût une limite d’âge, la jeunesse tout au moins, au-dessous de laquelle on ne devrait pas tuer.

(p. 245)
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Je ne me rappelle pas avoir porté la main sur la porte, car la pièce était surélevée d’environ deux pieds au-dessus du sol, de sorte que je butai dans la marche et que je tombai dans, puis à travers la porte, à quatre pattes dans la pièce, regardant Granny. Une chandelle de suif continuait de brûler sur une boîte, mais ce que je sentis, plus encore que l’odeur du suif, ce fut celle de la poudre. Il me sembla, en regardant Granny, que l’odeur de la poudre m’empêchait de respirer. Vivante, elle paraissait toute petite, mais, à présent, elle avait l’air de s’être affaissée sur elle-même ; comme si elle eût été faite d’une quantité de petits bâtons minces, secs et légers, réunis ensemble et entourés d’une corde, que tous ces petits bâtons se fussent répandus sur le sol en un tas minuscule, et que quelqu’un eût étendu sur eux une robe d’indienne propre et fanée.

(p. 172-173)
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De quel écrivain génial André Malraux parlait-il quand il a dit : « C'est l'intrusion de la tragédie grecque dans le roman policier » ?
« le Bruit et la fureur » de William Faulkner, c'est à lire en poche chez Folio.
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