AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,27

sur 12365 notes
Lors de la diffusion d'un documentaire sur Emile Ajar, alias Romain Gary, j'ai découvert et apprécié ce dédoublement d'auteur , d'autant que Romain Gary a réussi a obtenir le prix Goncourt sous son nom, puis sous le nom d'Emile Ajar, avec ce livre en en 1975.
Je me suis donc dis qu'il fallait lire ces 2 romans Goncourés(!), et c'est celui là que j'ai lu en premier.

Surprise dès les premières pages : je m'attendais à un roman sérieux voire ampoulé, Goncourt oblige, et on découvre un texte écrit avec le langage oral d'un petit parisien arabe des années 70, pleins de fautes (volontaires) de syntaxe, d'orthographe et d'expressions. Une part du charme et de l'humour de ce livre tient en grande partie à cette langue. le livre s'ouvre sur "la première chose que je peux vous dire c'est qu'on habitait au sixième à pied" qui situe le style.

L'histoire tient en quelques mots : Mohammed, dit Momo, 10 ans (il apprendra plus tard qu'il en a en réalité 14), arabe, fils de pute (au sens littéral) vit avec d'autres enfants chez Mme Rosa, ancienne prostituée, juive, qui recueille et élève ces enfants que leur mère ne peut ou ne veut élever. Mais Mme Rosa est très malade et va bientôt mourir. Momo nous raconte donc, avec ses mots,sa relation avec Mme Rosa, sa perception de la vie, la vie dans le quartier avec des voisins hauts en couleurs (le docteur Katz, les frères Waloumba, la travestie Mme Lola, Monsieur Hamil, ...), la déchéance progressive de la vieille juive et son accompagnement jusqu'à sa mort dans son "trou juif".

Avec beaucoup d'humour, souvent noir, Romain Gary aborde des thèmes qui lui semblent chers : le racisme, avec en point d'orgue la scène hilarante du père arabe de Momo qui cherche à récupérer son fils, à qui Mme Rosa fait croire qu'il a été élevé comme juif, et qui en meurt; la déchéance et la vieillesse, à travers les maladies de Mme Rosa ("Son organisme ne valait plus rien, et quand ce n'était pas une chose, c'était l'autre"); le droit à mourir, avec une scène clé où Momo demande au docteur Katz d'abréger la vie de Mme Rosa ("Dites, est-ce que vous ne pourriez-pas l'avorter, docteur, entre Juifs?") au "nom du droit sacré des peuples".

La vie devant soi, Romain Gary (Emile Ajar), Folio, 2011
Commenter  J’apprécie          80
"La Vie devant soi" est un chef-d'oeuvre de la littérature française, méritant sans équivoque une note parfaite de 5 sur 5. Ce roman, qui a remporté le prix Goncourt en 1975, brille par son originalité, sa profondeur émotionnelle et sa portée universelle.

Le récit, narré par Momo, un jeune garçon musulman vivant dans un quartier pauvre de Paris, est une exploration touchante et parfois déchirante de l'amour, de l'identité, et de la condition humaine. La relation entre Momo et Madame Rosa, une ancienne prostituée juive survivante de l'Holocauste, est le coeur battant du roman. Cette relation, empreinte de tendresse, de respect mutuel et d'un amour inconditionnel, transcende les différences de culture, de religion et de génération.

L'écriture d'Ajar est remarquable. Son style, à la fois direct et poétique, capture avec une authenticité saisissante la voix de Momo, son innocence enfantine mêlée à une maturité précoce. Les dialogues sont vifs, colorés, emplis d'humour et de sagesse, reflétant parfaitement le melting-pot culturel du quartier.

La force de "La Vie devant soi" réside aussi dans sa capacité à aborder des sujets difficiles tels que la vieillesse, la maladie, la mort, l'abandon, avec une sensibilité et une humanité profondes. le roman, sans jamais sombrer dans le sentimentalisme, touche le lecteur par son honnêteté et sa justesse.

Ce qui élève véritablement ce livre au rang de classique, c'est la manière dont Ajar parvient à trouver l'universel dans le particulier. À travers l'histoire spécifique de Momo et Madame Rosa, le roman explore des thèmes qui résonnent avec chacun de nous : la recherche d'identité, le besoin d'amour et de reconnaissance, la confrontation avec la perte et la solitude.

En somme, "La Vie devant soi" est une oeuvre d'une rare beauté et d'une grande puissance émotionnelle. Ajar/Gary, avec une maîtrise narrative exceptionnelle, nous offre un roman inoubliable, une célébration de la résilience humaine et de la capacité de l'amour à transcender toutes les barrières. Ce livre est un trésor de la littérature, à lire et à relire pour saisir toute la richesse de ses couches et la profondeur de son message.
Commenter  J’apprécie          10
Ce livre est un coup de coeur. Je l'ai lu très vite il y a des années et je m'en rappelle comme ci c'était hier. Les personnages sont touchants, honnêtes.
La façon dont c'est écrit nous donne l'impression de discuter avec Momo et d'être présent dans sa vie.
Commenter  J’apprécie          20
Mohamed, dit Momo, est un garçon de 9 ans, né de parents musulmans et comme beaucoup d'autres pensionnaires de Madame Rosa, c'est un fils de pute au sens propre du terme. Pour éviter l'assistance publique, Madame Rosa, une ancienne déportée juive de 65 ans et 95kgs recueille ces jeunes enfants et les élève parmi d'autres marginaux.

A travers les yeux de ce Petit Prince de Belleville d'après la décolonisation, enfant malicieux et chapardeur, nous voyons évoluer ces marginaux, proxénètes, Arabes, émigrés africains polygames, travestis et prostituée retraitée dans un quartier de Belleville - pas le plus chic de la capitale. Avec humour et sur un ton décalé, Momo parle de son quotidien, de la vie de Madame Rosa, ses petites souffrances qui font l'objet de longues litanies et celles qui sont si profondes qu'elle n'a plus de mots pour les dire, et de la vie en général qui n'est pas toujours rose mais à qui ont peut quand même arracher quelques moments de bonheur et d'amour si on est assez chanceux.

Dans ce long fleuve pas si tranquille, Romain Gary aborde des sujets toujours d'actualité (l'immigration, le rapport des individus au passé, la parentalité, l'Etat, les communautés, les différences de classe, ...) mais aussi des sujets plus intemporels et profonds comme la vie, la mort, la maladie, l'euthanasie, la création artistique . Et il sait aussi nous réserver des retournements de situations comiques.

J'ai beaucoup aimé ce roman loin d'être conventionnel, drôle et tragique à la fois. C'est beau, émouvant, plein de vérités, très moderne pour son époque. Pas de grande destinée pour que la littérature en fasse des archétypes, mais des gens ordinaires pris dans leurs regrets et leur quotidien.
Je suis étonnée que cet ouvrage ne soit pas plus abordé en cours de français alors qu'il est bien plus abordable que certains classiques, plus travaillé stylistiquement et avec une profondeur psychologique sans commune mesure avec certains contemporains français qui ont apparemment leurs lettres de noblesse dans l'Éducation Nationale maintenant.
En bref, un roman qui se lit facilement et aussi une histoire et des personnages très touchants qui me donnent envie de découvrir davantage de romans de l'oeuvre de Romain Gary.
Commenter  J’apprécie          383
L'on suit Ici l'histoire de momo un jeu garçon qui est littéralement un fils de pu** et qui va être gardé et laisse presque à l'abandon chez une femme juive rose qui est payé pour ça il va grandir avec cette dame qui a encore des blessures/trauma de la 2nd guerre mondiale alors WoW je suis amoureuse de ce livre l'histoire est tellement captivante et chaque petit détail n'est pas laisser au hasard. Chaque revirement de situation et incroyable. La plume de romain garry et incroyable ce livre de base était une de mes lectures d'école mais a fini par devenir mon plus gros coup de coeur à la fin du livre on assiste à une scène qui est assez sordide mais qui nous laisse un tas d'émotions sincèrement je n'ai rien à redire c'est un 5/5
Commenter  J’apprécie          00
Momo a dix ans (ou plus..). Il vit à Belleville avec Madame Rosa et d' « autres fils de putes » que celle-ci élève au sixième étage d'un immeuble sans ascenseur. Elle-même, ex-prostituée juive, s'est reconvertie afin que les enfants ne soient pas embarqués par l'Assistance publique. Il faut dire qu'elle a peur de tout Madame Rosa : les services sociaux, la police. C'est que la police française l'a collée au Veld'hiv, livrée aux Allemands, puis embarquée vers Auschwitz…
Ils vivent chichement des loyers que paient parfois les mères des enfants. Et Madame Rosa avec ses mauvaises jambes, les escaliers… Et puis sa tension, son asthme, son coeur… et pour finir même sa tête qui bat la campagne.
Grâce à la solidarité des habitants de l'immeuble, du quartier, Momo s'occupe de Madame Rosa. Les hommes de la tribu des éboueurs chantent et dansent pour exorciser la vieille femme quand elle a des absences, les frères Zaoum portent le docteur Katz dans les escaliers lors de ses visites, et surtout Madame Lola ex-boxeur travestie du bois de Boulogne apporte de la nourriture, donne de l'argent…
C'est toute la communauté de ce quartier de Belleville où vivent Juifs, Arabes, Noirs, Viets que Romain Gary, par la voix et le regard de Momo nous fait découvrir.
J'ai enfin réparé une lacune dans mes lectures avec ces moments passés en compagnie de Momo, de son regard mature sur la vie. J'ai été touchée par ce gamin en quête d'amour qui tiendra coûte que coûte la promesse faite à sa mère adoptive.
Commenter  J’apprécie          410
Momo est un "fils de p***" au vrai sens du terme, il est en pension chez Madame Rosa, prostituée à la retraite, qui prend sous son aile les enfants de celles qui ne peuvent pas s'en occuper.
De mère, Momo ne connaît qu'elle mais Madame Rosa est âgée et abîmée par la vie...

Vous connaissez ce sentiment d'avoir lu une grande oeuvre ? C'est ce que je ressens avec La vie devant soi.

Tout d'abord, j'ai été déboussolée par ce style d'écriture inédit : Momo est un enfant qui mélange beaucoup de mots et fait beaucoup de digressions qui nous perdent dans la chronologie du récit.

Puis je me suis laissée complètement charmer par ce petit bonhomme et sa vision du monde. le livre est truffé de formules magnifiques, très émouvantes : "J'étais tellement heureux que je voulais mourir parce que le bonheur il faut le saisir pendant qu'il est là."

L'auteur nous offre une belle leçon de tolérance dans ce Belleville coloré des années 70 où genres, âges et religions se côtoient avec humour et bienveillance. le tout avec une grande modernité.

Le côté trivial m'a un peu plus dérangée, beaucoup trop de références au scatophiles qui cassent complètement la poésie des beaux moments ... Mais ça colle au côté enfantin du protagoniste, j'imagine !

Vous connaissez l'anecdote ? Émile Ajar était un pseudonyme de l'auteur Romain Gary, ce qui fait de lui le seul auteur à avoir reçu deux fois le prix Goncourt.
Commenter  J’apprécie          120
Un grand roman, profondément humaniste.

Madame Rosa, une vieille femme juive, ancienne déportée, garde les enfants des prostituées du quartier. Parmi eux, le petit Momo, arabe et un peu loubard fait office de pilier. Un tendre amour lie Madame Rosa à cet enfant. Et lorsque la santé de celle-ci se met à décliner de façon inquiétante, le petit Momo va redoubler d'efforts pour préserver la vieille dame qui "a arrêté de se défendre avec son cul".

La misère, la prostitution, la solitude, la mort sont autant de thèmes sensibles abordés à travers le prisme de l'enfance. Romain Gary, avec La Vie devant soi, signe une oeuvre qui touche et qui dérange. Je me souviens des controverses et du battage médiatique à la sortie de ce roman.
Le procédé narratif - utiliser Momo comme narrateur avec son vocabulaire rigolo et son incroyable débrouillardise - renforce une vision humaniste sur des sujets pourtant difficiles. le récit reste gai et sans amertume. Comme souvent avec Romain Gary.
Commenter  J’apprécie          110
Il est certains livres que l'on traine dans sa bibliothèque depuis une éternité et dont on repousse la lecture sans savoir pourquoi et surtout en ignorant qu'une pépite est à portée de main

La vie devant soi est de ceux là.

Un chef d'oeuvre !

Pour les amateurs des jeux d'écriture et des auteurs du mouvement de l'Oulipo (Ouvroir de Littérature Potentielle), l'écriture de Romain Gary (Émile Ajar) est une pure merveille !

Dans ce roman, le jeu d'écriture est prêtée à son jeune personnage et narrateur, Momo, qui nous raconte sa vie.

Momo est un jeune garçon arabe qui a été confié depuis son plus jeune âge, à Madame Rosa, une vieille juive, encore hantée par les fantôme de l'holocauste, ancienne prostituée des quartiers de Belleville à Paris, qui s'est reconvertie en "nourrice" d'enfants de prostituées en fonction.

Momo nous retrace leur vie, leur relation, la vie des habitants du quartier (prostituées, travestis, proxénètes, immigrés,...), tout cela au travers du prisme d'un enfant d'une dizaine d'année, avec des mots d'adultes interprétés, déformés, hors contexte,...

Le jeune Momo, que la vie n'a pas épargné, est très touchant... il dira de lui que quand il sera grand il sera Victor HUGO et écrira Les Misérables

Cela nous fait sourire, rire parfois, nous resserre la gorge souvent... A la fois triste et drôle mais sans jamais être pathétique.

Mais avant tout, La Vie devant Soi est une belle histoire d'amour !
Commenter  J’apprécie          140
Merveilleux.
C'est le premier mot qui me vient quand je pense à ce roman, merveilleux Momo qui durant presque 300 pages m'aura transportée d'émotion.
Maladroitement, Momo se livre. Il raconte avec ses mots de vieil enfant (ou de jeune adolescent) sa vie avec Madame Rosa qui l'élève depuis sa plus tendre enfance. Elle est « clandé pour enfant de pute » : comprendre qu'elle élève les enfants que les prostituees ne peuvent pas garder sous peine de se les faire enlever.
Ses parents ont disparu sans donner de nouvelles, alors Momo a grandit un peu tout seul. Avec les vieux du quartier qui essaie de lui expliquer la vie, avec les « proxynetes » et les « travestites », avec les arabes les noirs et les juifs.
Momo est innocent, il n'a pas beaucoup été à l'école alors il met à profit sa vivacité d'esprit pour déduire et décoder tout seul les codes du monde.
Ses réflexions sont souvent drôles, parfois ubuesques. Ses réactions sont spontanées et sincères.
Cet exercice aurait pu être terriblement lourd et caricatural. A la place, Romain Gary nous a offert un roman beau, triste, drôle et lumineux. Un cadeau sous pseudonyme qu'il faut lire, relire et partager.
Commenter  J’apprécie          90




Lecteurs (40379) Voir plus



Quiz Voir plus

Tout sur Romain Gary

Dans quelle ville est né Romain Gary ?

Kaunas
Riga
Vilnius
Odessa

12 questions
611 lecteurs ont répondu
Thème : Romain GaryCréer un quiz sur ce livre

{* *}