La colère de la vie trop chère, ça ne suffit pas.
Le chômage,
La corruption,
La fatigue de traîner sa peau en sachant que rien n'adviendra,
Ça ne suffit pas.
L'indignation face au mépris des plus riches,
La captation des richesses,
L'humiliation permanente,
Ça ne suffit pas.
Même l'immolation de Mohamed Bouazizi,
Ça ne suffit pas.
Il faut aussi l'humiliation de nos pères
Et celle de nos grands-parents.
Il faut un long temps de révolte avortée, de manifestations réprimées.
Il faut être d'une lignée de colères ravalées,
Échine pliée de père en fils, depuis des générations,
Et ce qui naît, alors, c'est ce qui nous traverse aujourd'hui,
C'est une rage plus vieille que nous.
Ce n'est pas seulement nous qui emplissons les rues de nos villes,
Ce sont les fantômes de ceux qui nous précédèrent et ne purent pas crier.
Même encore maintenant, je la sens, la joie... Même encore maintenant tandis que je suis mort, je le vois, votre sourire. J'ai vu la foule devenir peuple; la colère devenir vague. Et tant pis si je suis tombé, tant pis si je fais partie de ceux qu'on comptera parmi les victimes de ces jours de liberté. Je voudrais que vous m'enterriez comme ça, comme nous étions au milieu des rues, les bras bien tendus en l'air, souverains, joyaux. Je voudrais ne garder que cela : nos visages indolents de beauté.
Ca, on ne l'oubliera pas. On a dansé. On a crié et ça les a fait tomber. On a ri et ça les a fait fuir. Je sens encore l'air chaud, là, sur ma manque. Embrasse moi. Je veux que ce baiser sur la place fasse partie de ma vie Je sais que cet instant est ce qu'il y a de plus proche de ce que je suis vraiment. Alors viens. Nous avons gagné. Embrasse moi. Une fois au moins, une fois, j'aurais connu ça : l'air doux sur la nuque et tes lèvres sur les miennes pour célébrer nos victoires.
Ce mot que tout le peuple connaît, fait pour marquer la frontière entre ceux qui ont un pouvoir, même petit, même dérisoire, et les autres, entre ceux qui peuvent accepter, tolérer ou refuser, et ceux qui n'ont d'autres choix que de baisser la tête, ce mot tant entendu, auquel personne ne répond jamais parce qu'il n'est dit qu'à ceux qui peuvent pas répondre: Dégage"
depuis quelque temps,
Nous épousons un désir accru d'héroïsme
Et c'est dangereux.
Nous la savons.
C'est ainsi qu'on meurt.
Parce qu'on a voulu crever un peu plus les mauvais augures.
Un désir accru d'héroïsme,
Au nom de ceux qui ne sont plus.
Depuis quelque temps,
Nos manifestations sont des funérailles.
Laurent Gaude vous présente son ouvrage "Terrasses ou Notre long baiser si longtemps retardé" aux éditions Actes Sud. Entretien avec Sylvie Hazebroucq.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/3044306/laurent-gaude-terrasses-ou-notre-long-baiser-si-longtemps-retarde-recit
Note de musique : © mollat
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