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Maxime Gorki (Autre)Claude Momal (Traducteur)
EAN : 9791030412772
123 pages
Allia (20/08/2020)
4.06/5   17 notes
Résumé :
Grégoire Orlov souffre, boit, et rosse. Son mariage s’est usé en même temps que ses muscles. Martha Orlov, à côté du vide et de l’ennui de leur misérable existence, encaisse les coups du destin avec ceux de son mari.

L’air empuanti de leur immeuble couve le choléra. L’épidémie réveille bientôt chez Grégoire un instinct d’héroïsme qui va le pousser à soigner les malades. Cette vocation soudaine guérit un temps les déchirements du couple… jusqu’à ce que... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Une nouvelle âpre, très dure par son réalisme, qui m'a laissé un arrière-gout amer…

Elle s'ouvre sur le passage à tabac de Martha par son mari Grégoire Orlov, un non-événement récurrent qui s'est installé comme une routine chez ce couple. Mais un événement distrayant pour le jeune Siméon Tchijik. Dès les premiers cris, ce gamin débrouillard, « Moitié marmot, moitié adulte », qui « absorbe avidement, comme une éponge fait d'un liquide, la saleté du monde qui l'environne » - et il y en a autour de lui ! -, se rue aux premières loges en ameutant le voisinage pour regarder le spectacle. L'auteur ne s'étend pas sur les détails, il n'en a pas besoin. Ce qui rend cette scène particulièrement monstrueuse, c'est que le lecteur (moi !) y assite par l'entremise de cet attroupement à la curiosité morbide. Pas besoin de plus pour me sentir mal à l'aise…

Une nouvelle âpre donc, qui nous plonge dans des conditions de vie miséreuses, dans la crasse et la puanteur. Les époux Orlov, tous deux cordonniers, s'échinent au travail, résignés, sans perspectives, sans rien pour égayer leur vie. Grégoire se demande souvent à quoi cette vie peut bien rimer.

Rongés par l'ennui, le couple se déchire. Peut être pour se donner l'illusion d'être vivants, eux, qui vivent dans un taudis à demi enfouis sous terre, qu'ils appellent la fosse, comme s'ils étaient déjà « enterrés avant d'être morts ».

Mais une épidémie de choléra va, de manière inattendue, entrouvrir une minuscule archère dans leur tanière. Sera-t-elle suffisante pour modifier leur perception d'eux-mêmes et de la vie ?

Un certain nombre de thèmes cohabitent : la misère, l'ennui dans le couple, la violence conjugale, l'alcoolisme, l'inutilité de la vie mais c'est sans doute la dignité humaine qui est au coeur de ce récit, et elle va prendre une tournure différente selon les individus. Les conditions misérables d'une existence entrainent-elles invariablement les individus plus bas dans la déchéance ? Quels élans poussent certains à lutter tandis que d'autres baissent les bras ?

Il est un peu dommage que la fin ne soit pas à la hauteur du reste. L'apparition soudaine d'un narrateur extérieur pour introduire l'épilogue n'est d'après moi pas très heureuse.

Les personnages, en revanche, sont dépeints avec beaucoup de justesse, sans jugements, ni bons, ni méchants (quoique cela puisse se discuter), avec leurs travers, leurs doutes et leurs certitudes, juste des hommes malmenés par la vie qui cherchent une voie, qu'elle soit bonne ou mauvaise.
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Une tranche de 2 vies qui ne laisse pas de marbre..un court récit mais si bien écrit..un tsunami d'émotions et de prise de conscience provoqué par la présence du choléra et la misère qui sevissent alors.. 2 êtres qui se déchirent pour mieux renaître sans l' autre.
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La vie qu'il a, c'est pire que les convulsions du choléra, si on veut dire la vérité. Ces mots de Gorki illustrent parfaitement cette nouvelle dans laquelle Grégoire Orlov, cordonnier terré au fond d'une cave humide, noie son mal de vivre dans la violence et la vodka. le choléra étant l'adjuvant qui révélera les passions et tristesses enfouies de Grégoire et Marthe, Gorki nous fait témoins de cette rencontre à la fois forte et pathétique.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
- Alors ?
- Il est assis à califourchon sur elle et il lui tamponne la bobine contre le plancher, explosait Siméon, dont le corps se recroquevillait voluptueusement sous l’effet des impressions ressenties.
L’assistance se penchait elle aussi vers les fenêtres des Orlov, envahie par une brulante envie de voir tous les détails de la lutte ; bien qu’elle connût depuis longtemps la méthode dont usait Grégoire Orlov dans sa guerre contre sa femme, elle s’en étonnait encore.
- Ah ! La fripouille ! Il l’a démolie ?
- Elle a le nez tout en sang ; ça coule drôlement ! communiquait Siméon d’une vois haletante.
- Ah ! Seigneur mon Dieu ! s’exclamaient les femmes. Le monstre, le bourreau !
Les hommes raisonnaient plus objectivement.
- Pas d’erreur, il finira par la tuer, à force de coups, disaient-ils.
(p9)
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Le sous-sol où ils étaient logés était une grande pièce, toute en longueur, sombre, avec un plafond voûté. Tout contre la porte, un grand poêle russe faisait face à la fenêtre ; entre le poêle et le mur, un étroit passage rectangulaire éclairé par les deux fenêtres donnait sur la cour. La lumière tombait en bandes obliques et troubles, l’atmosphère était humide, lourde et figée… La vie palpitait quelque part là au-dessus, mais il n’en parvenait ici que des sons sourds, imprécis, qui tombaient en flocons incolores dans la fosse des Orlov en même temps que la poussière.
(p 18)
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C’est ça la vie, une salle vieille garce ! Et pourquoi donc m’a-t-elle été donnée ? Du travail à pelle et de l’ennui à la pelle, de l’ennui à la pelle et du travail à la pelle… […] J’ai appris un métier … mais à quoi ça m’avance ? Est-ce qu’il n’y a pas assez de cordonniers sans moi ? […] Quelle satisfaction j’en retire ? Je suis là dans la fosse et je couds…Ensuite je mourrai. […] Nous sommes comme qui dirait enterrés avant d’être morts…
(p24)
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Pierre Ivanovitch dit que tous les hommes sont égaux. Eh bien, moi, est ce que je ne suis pas un homme, comme tous les autres ? Mais pourtant le docteur Vachtchenko vaut mieux que moi, et Pierre Ivanovitch aussi, et bien d’autres… Donc ils ne sont pas mes égaux et je ne suis pas leur égal, je le sens. Ils ont guéri Michel Oussov et ils sont heureux… Et moi, je ne comprends pas ça. Et d’ailleurs quelle raison de se réjouir quand un homme retrouve la santé ? La vie qu’il a, c’est pire que les convulsions du choléra, si on veut dire la vérité. (p92)
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En ville, les lumières jaillissaient l’une après l’autre, se détachant comme des fleurs sur le fond sombre des jardins.
(p87)
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Vidéo de Maxime Gorki
Gorki et ses fils, correspondance (1901-1934) , traduit du russe et préfacé par Jean-Baptiste Godon, est paru aux éditions des Syrtes.
Près de dix mille lettres de la main de Maxime Gorki sont conservées par les archives de l'Institut de la littérature mondiale de Moscou. La présente correspondance inédite entre l'écrivain et ses fils représente 216 lettres échangées entre 1901 et 1934.
Plus d'info sur https://editions-syrtes.com/produit/gorkietsesfils/
Nos remerciements à la Bibliothèque russe Tourguenev à Paris pour avoir gracieusement accueilli le tournage.
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