Jeanne Korowa est juge d'instruction au palais de justice de Nanterre. Côté pile, une jolie rousse de 35 ans, « promise à un bel avenir professionnel » ; côté face, une femme fragile qui soigne son mal de vivre à coups de pilules, « Lexomil » and Co, et collectionne les échecs sentimentaux. Mais Jeanne cache une facette plus sombre encore : une fascination morbide, une vraie obsession pour les crimes de sang, la démence meurtrière, bref un goût du sang très prononcé.
L'histoire débute par deux événements bien distincts. Premièrement, Jeanne, parce qu'elle ne parvient pas à accepter son dernier échec amoureux, décide de mettre sur écoute le psychiatre de l'homme qui vient de l'éconduire. Parallèlement, un collègue et ami, François
Taine, l'emmène sur une scène de crime cauchemardesque. Cette dernière est l'oeuvre sanguinolente d'un tueur en série qui semble tout droit sorti de la préhistoire. le rituel qu'il reproduit sur toutes ses victimes est complexe, macabre et ressemble à une cérémonie de sacrifice humain, le cannibalisme en plus.
Jeanne est fascinée, exactement le dossier qu'elle rêve d'instruire depuis toujours.
Elle se lance alors à corps perdu dans l'enquête, suivant les traces du tueur en Amérique Latine, aux racines du mal, au coeur de
la forêt des Mânes.
JC Grangé, comme à son habitude, plante un décor riche et fouillé, parfaitement documenté. En effet, l'enquête de Jeanne la fera voyager outre-atlantique mais aussi dans le temps de la préhistoire à notre époque. L'auteur brouille les pistes, et les multiplie même. Paléoanthropologie, génétique, psychiatrie, histoire de l'Amérique Latine, les domaines évoqués sont variés. Et c'est sans doute ce que je préfère chez
Jean-Christophe Grangé : au delà du thriller lui-même, il vous emmène toujours à la découverte d'une science, d'une page d'histoire, d'un univers professionnel, d'un pays... le fruit d'une documentation poussée de la part de l'auteur. J'aime le soin avec lequel il construit ses romans. J'apprécie aussi son écriture maîtrisée, son style fluide, mais jamais simpliste, qui sait être percutant quand il le faut.
Alors voilà, cela m'embête de devoir vous avouer... j'ai malheureusement découvert qui était le tueur bien avant la fin du livre. Oups. Intuition féminine ?? En tout cas, je ne pense pas que le suspense soit totalement absent de ce roman. Il ne s'agit pas uniquement de découvrir le nom du tueur ; sa personnalité, qui se dessine au fur et à mesure, est tout à fait fascinante.
Le deuxième bémol est le personnage de la juge, ce côté super-héroïne (hollywoodienne) pendant le périple en Amérique Latine – la dernière partie du livre - désolée, mais c'est trop. Jeanne poursuit son enquête avec une pugnacité hors pair, d'accord ; avançant sans jamais rien lâcher, OK ; encaissant les coups encore et encore... si bien qu'à la fin l'aventure a un goût, à mon humble avis, de super-production américaine.
Pour conclure, même si la plume est toujours de qualité ce roman n'est définitivement pas le meilleur de
Jean-Christophe Grangé. Dommage, car j'aime toujours me plonger dans l'univers si riche de ses livres.