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EAN : 9782253032441
640 pages
Le Livre de Poche (30/11/-1)
4.19/5   63 notes
Résumé :
Un ouvrage qui révolutionne les sciences humaines.
Parallèlement à une analyse approfondie des mécanismes qui règlent la vie des sociétés, René Girard développe et commente magistralement ce qu'il estime être l'antidote contre la violence : la parole biblique.
Une lecture et une réflexion stimulantes des grands mystères de notre monde. Le système Girard ne laissera personne indifférent.

4ème de couverture de l’édition originale
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Que lire après Des choses cachées depuis la fondation du mondeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Ce livre rassemble une série d’entretiens de René Girard avec deux psychiatres. Cette forme de conversation rend la lecture plutôt agréable, et elle permet de prendre connaissance de l’ensemble de la théorie de René Girard, telle qu’il a pu la développer jusqu’en 1978.
La théorie est la suivante : Tout le monde admet que l’imitation est primordiale dans le développement de l’homme (et d’autres animaux d’ailleurs), c’est d’abord en imitant que l’homme apprend (le babillage n’est que l’imitation du langage structuré). Jusqu’ici tout va bien. Mais pour René Girard, il y a dans ce système d’imitation, la mimésis, une imitation particulière qui commence à poser problème parce qu’elle est source de conflit, c’est la mimésis d’appropriation. Pour bien comprendre le problème, il faut imaginer le phénomène très simple d’un individu tendant le bras vers un objet et d’un autre individu imitant son geste vers le même objet. C’est là que le conflit intervient, pour l’appropriation de cet objet, et ce simple phénomène peut engendrer une série de conséquences dramatiques dans une communauté. Cette théorie, se voulant une théorie de la religion et de la culture, comporte une deuxième phase que René Girard nomme la mimésis d’antagonisme, où le conflit s’exacerbe alors que l’objet à la source du conflit est oublié.
Dans la première partie du livre, en s’inscrivant dans une perspective anthropologique et ethnologique (tout en se distinguant du structuralisme de Lévi-Strauss), René Girard soumet l’hypothèse que la religion, et tout d’abord les rites primitifs, trouvent leur source dans ce conflit et sa résolution. La résolution d’un tel conflit, aux antagonismes violents mais sans plus d’objet, devenu en quelque sorte incompréhensible et impossible à résoudre, passe par le sacrifice d’une victime émissaire. On désigne arbitrairement un coupable à cette crise et on le sacrifie, ainsi toute la violence des antagonistes se reporte et s’assouvie sur la victime émissaire et la paix est rétablie au sein de la communauté. Cette victime, en même temps accusée d’être la cause de la crise et de l’avoir résolue par son sacrifice, est ensuite divinisée dans les rites, qui seraient des mises en scène pour reproduire l’ensemble de la crise mimétique, sorte de ressouvenir et de conjuration. Ainsi, toutes les religions et même toute la culture humaine auraient pour fondement la violence.
Mais le christianisme aurait une particularité. Et c’est ce qu’essaye de démontrer René Girard à travers son interprétation des textes bibliques dans la deuxième partie. Pour résumer grossièrement, René Girard propose de ne pas voir la passion du christ comme un sacrifice mais comme la monstration du mécanisme décrit plus haut. C’est la grande révélation : toutes les religions, toute la culture humaine, est un déni de la violence des hommes, de sa propre violence, et le christ montre la seule voie qui permet d’échapper à ce mécanisme, la non-violence.
Dans la troisième et dernière partie, René Girard revient rapidement sur la mimésis d’appropriation pour souligner l’importance que joue le désir. Il est donc plus précisément question de psychologie individuelle et Girard laisse davantage la parole à ses deux interlocuteurs (particulièrement Jean-Michel Oughourlian), qui expliquent l’importance que pourrait revêtir une telle théorie dans le cadre de la psychiatrie. Tout cela aboutissant sur une remise en cause de l’Œdipe freudien.
Difficile de critiquer un texte qui passe beaucoup de temps à répondre aux critiques et mêmes aux éventuelles critiques. Difficile, aussi, d’être relativiste face à la pensée de René Girard, quand lui-même prend pour cible le relativisme moderne. Mais tant pis, je le trouve intéressant et abusif, rigide et riche de réflexions, et finalement je ne le trouve pas plus convaincant que Freud. Tout ça me parait un peu forcé.
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René Girard, récemment disparu, a créé une doctrine philosophique originale fondée sur l'observation dans les textes littéraires, du désir mimétique : l'objet qu'un homme désire sera désiré par un autre, non pour ses qualités, mais parce qu'il est désiré par un autre. La concurrence ainsi générée produit à la fin une extrême violence qui se résout en l'assassinat rituel d'un bouc émissaire qui porte sur lui les péchés de la collectivité. A partir de là, Girard élabore non seulement une théorie de la société, mais aussi une théologie et une apologétique, puisque pour lui, cette logique infernale du désir et du meurtre est dévoilée par la crucifixion du Christ, qui désamorce à jamais cet enchaînement. On lira avec intérêt l'ouvrage qui expose ces vues, mais il est recommandé de s'abstenir de lire certains autres, où l'auteur s'efforce de retrouver dans les textes anciens (comme le livre de Job) des traces et des preuves de sa théorie : il force et sollicite les textes, et n'est plus du tout convainquant. Sa première étude de documents littéraires (Mensonge romantique et vérité romanesque) sera plus intéressante.
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Le genre d'essai qui vous met une véritable claque, pour peu que l'on accepte de faire table rase d'un certain nombre de nos préjugés et que l'on ai l'esprit assez alerte pour saisir au vol la puissance de la pensée de René Girard.


Je ne ferai pas ici un commentaire ou une analyse de sa théorie, car le format de la critique ne s'y prête pas. Je ne ferai qu'en donner les grands axes, à savoir que le désir, le mimétisme et les rivalités qui dérivent d'un acte violent "originel" sont la base même de la culture de notre société. S'ensuit ensuite une "étude de cas" déroutante puisqu'elle s'articule autour de la lecture judéo-chrétienne, thème trop peu souvent utilisé et rejeté d'emblée par toutes les bonnes âmes pétries de bonnes intentions, à défaut d'esprit critique.


La dernière partie de l'essai s'oriente sur un aspect plus purement psychanalytique, faisant ainsi perdre de sa substance à l'ouvrage pour le lecteur ou la lectrice non initié-e. Néanmoins, ce n'est pas suffisant pour occulter toute la puissance de la logique de René Girard. Une théorie qui vaut son pesant de cacahouètes et vous fera reconsidérer ou voir sous un autre angle un certain nombre de choses...
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Le Livre de Poche - 2015 (première édition 1978)

Argumentaire assez difficile d'accès (pour moi) visant à considérer que l'humanité est passée de la violence quasi inéluctable attachée aux grands mythes fondateurs dans lesquels la faute du mal-être de la communauté était reportée sur un bouc émissaire chargé de toutes les causes de ce mal-être et qu'il suffisait donc d'éliminer pour repousser le mal. Il s'ensuivit une divinisation de la victime ainsi lynchée, car par son sacrifice, elle avait libéré le groupe auquel elle appartenait (mais qui l'avait quand même accusée puis tuée). "La seule chose qui manque à l'animal pour devenir humain, c'est la victime émissaire".

Dans son analyse assez convaincante de l'originalité du message judéo-chrétien, rené Girard souligne le changement complet de perspective (par rapport aux mythes des autres sociétés humaines) qui consiste à se ranger du côté de la victime, à proclamer l'innocence de cette dernière et, par voie de conséquence, la culpabilité de ses meurtriers. Il souligne les errements auxquels a conduit pendant vingt siècles une lecture "sacrificielle" des Évangiles : ce serait le Père qui aurait "exigé" le sacrifice de son Fils... Selon René Girard, il n'y a rien dans les Évangiles qui autorise le postulat auquel aboutit l'Épître aux Hébreux. Ce postulat (selon lequel le Père aurait demandé non seulement une nouvelle victime, mais la plus précieuse : son fils lui-même) "a plus fait que tout autre chose pour discréditer le christianisme aux yeux des hommes de bonne volonté dans le monde moderne".
Dans un passage particulièrement bien argumenté, René Girard commente le jugement de Salomon et établit un parallèle frappant entre la conduite du Christ et celle de la bonne prostituée "celle qui était non seulement prête à abandonner à jamais son enfant à son ennemie, mais aussi à mourir pour le sauver lui-même de la mort".
Cet essai fait appel à l'anthropologie et à la psychologie. Freud et Levi-Strauss y sont désignés comme étant passés à côté de "choses cachées depuis la fondation du monde" et qui, pourtant, selon René Girard, "crèvent les yeux". Personnellement, je sors de cette lecture non pas aveuglé, mais troublé et quelque peu réconforté.

PS- Je n'ai lu que les deux premiers livres sur les trois dont l'ouvrage est constitué : j'ai décroché devant la "psychologie interdividuelle".
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« Qu'est-ce que l'Homme ? », avec un grand H comme on dit, ou plus exactement, « qu'est-ce que l'humain ? » (pourquoi bon sang la langue française n'a-t-elle pas été capable de garder la distinction du latin entre homo, l'humain, et vir, le mâle ou du grec entre anthropos et andros ?). « Depuis que l'homme se penche sur l'essence de la nature humaine, il s'affronte à son semblable. Qu'est-ce que l'homme ? Un animal politique, rationnel, social ? C'est au choix. La question divise les esprits depuis l'aube des religions et de la philosophie. » La lecture Des choses cachées depuis la fondation du monde, avec lequel j'ai découvert René Girard par hasard, il y a plus de trente d'année, lors de vacances en Lozère, a été pour moi, au sens propre, une révélation, en contre point du livre d'Edgar Morin, le paradigme perdu, la nature humaine. A travers ce long dialogue à trois, avec Jean-Michel Oughourlian et Guy Lefort, sur le processus d'hominisation, sur les mythes, sur l'anthropologie, sur l'histoire des religions, la psychologie, la psychanalyse, la sexualité, la littérature, René Girard poursuit, sa recherche du paradigme perdu. Depuis cette découverte, il n'a cessé d'alimenter ma réflexion sur l'homme, sur l'humanité, même si bien sûr il n'est pas le seul, une conception sous-jacente et nécessaire à toute philosophie de l'action.

Voir le texte complet sur mon blogue
http://www.daniel-lenoir.fr/dix-livres-qui-ont-nourri-ma-pensee-de-laction-5-des-choses-cachees-depuis-la-fondation-du-monde-ou-par-dela-la-violence-et-le-sacre-de-lhominisation-a-lhumanisation/

Lien : http://www.daniel-lenoir.fr/..
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
On ne se défait d’un puritanisme, dans le monde moderne, que pour tomber dans un autre. Ce n’est plus de la sexualité qu’on veut priver les hommes, mais de quelque chose dont ils ont plus besoin encore, le sens. L’homme ne vit pas seulement de pain et de sexualité. La pensée actuelle, c’est la castration suprême, puisque c’est la castration du signifié. Tout le monde est là à surveiller son voisin pour le surprendre en flagrant délit de croyance en quoi que ce soit ; nous n’avons lutté contre les puritanismes de nos pères que pour tomber dans un puritanisme bien pire que le leur, le puritanisme de la signification qui tue tout ce qu’il touche autour de lui ; il dessèche tous les textes, il répand partout l’ennui le plus morne au sein même de l’inouï. Derrière son apparence faussement sereine et désinvolte, c’est le désert qu’il propage autour de lui.
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Quand les hommes parlent des moyens nouveaux de destruction, ils disent « la bombe » comme s’il n’y en avait qu’une et qu’elle appartenait à tout le monde et à personne, ou plutôt comme si le monde entier lui appartenait. Et elle apparaît en effet comme la Reine de ce monde. Elle trône au-dessus d’une foule immense de prêtres et de fidèles qui n’existent, semble-t-il, que pour la servir. Les uns enfouissent dans la terre les œufs empoisonnés de l’idole, les autres les déposent au fond des mers, d’autres encore en parsèment les cieux, faisant circuler sans fin les étoiles de la mort au-dessus de l’inlassable fourmilière. Il n’est pas la moindre parcelle d’une nature nettoyée par la science de toutes les antiques projections surnaturelles qui ne soit réinvestie par la vérité de la violence. De cette puissance de destruction, on ne peut pas ignorer, cette fois, qu’elle est purement humaine, mais, sous certains rapports, elle fonctionne de façon analogue au sacré.
Les hommes ont toujours trouvé la paix à l’ombre de leur idoles, c’est-à-dire de leur propre violence sacralisée, et c’est à l’abri de la violence la plus extrême, aujourd’hui encore, qu’ils cherchent cette paix. Dans un monde toujours plus désacralisé, seule la menace permanente d’une destruction totale et immédiate empêche les hommes de s’entre-détruire. C’est toujours la violence, en somme, qui empêche la violence de se déchaîner.
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Etre fils de Satan, c’est hériter du mensonge. Quel mensonge ? Le mensonge de l’homicide lui-même. Le mensonge est doublement homicide puisque c’est toujours à nouveau sur l’homicide qu’il débouche pour dissimuler l’homicide. Etre fils de Satan, c’est la même chose qu’être le fils de ceux qui ont tué leurs prophètes depuis la fondation du monde.
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Il s'agit de mourir parce que continuer à vivre signifierait la soumission à la violence.


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En traitant des manuels de succès érotique : « Ces manuels en savent beaucoup plus que Freud sur le jeu du désir, non parce qu’ils sont écris par des auteurs plus intelligents que lui, mais parce que les choses, depuis Freud, ont évolué dans le sens d’un mimétisme toujours plus déchaîné, toujours plus visible, et c’est là ce qui leur confère leur caractère purement immonde : la dissimulation stratégique est elle-même vulgarisée. »
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Videos de René Girard (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de René Girard
Le livre est disponibles sur editions-harmattan.fr : https://www.editions-harmattan.fr/livre-qui_dit_on_que_je_suis_le_mystere_jesus_joel_hillion_stan_rougier-9782336428567-78949.html ___________________________________________________________________________
L'Apocalypse de Jean commence par ces mots : « Révélation de Jésus Christ : Dieu la lui donna pour montrer à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt. » Comment Jésus a-t-il « connu » cette révélation ? À partir de quand s'est-il lancé dans sa mission ? À quelle fin ? Pour tenter d'y voir plus clair, Joël Hillion est parti de la théorie mimétique de René Girard. L'hypothèse est simple : le christianisme est le plus grand « déconstructeur » du sacré qu'on ait connu. Qu'est-ce que Jésus apporte qu'aucun autre humain n'avait compris avant lui ? Cette compréhension du message non sacrificiel de Jésus ne va pas de soi. Après 2 000 ans, nous en sommes encore à nous interroger sur ce qu'il signifie. Conscient de l'originalité absolue de sa mission, Jésus répétait souvent : « Qui dit-on que je suis ? » C'est à nous que la question est posée.
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Bonnes lectures !
Crédit : Ariane, la prise de son, d'image et montage vidéo
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