Ainsi donc les envahisseurs d'Independence Day avaient eu des prédécesseurs. C'est
Robert A. Heinlein qui l'affirme. Et selon lui, ils étaient autrement plus vicieux et malins, et certainement moins gros bourrins.
Ils atterrissent discrètement, camouflent leurs traces et… ils vous transforment en marionnettes. Car ces bestiaux ressemblent à de grosses limaces qui s'installent le long de votre colonne vertébrale, vous piratent la conscience et dès lors vous manipulent.
Ils ont cette capacité étonnante de vous laisser vos capacités et votre personnalité, hormis qu'ils contrôlent tout derrière le rideau. Vous n'avez qu'un objectif : permettre à vos maîtres de croître à vos dépends.
Ils ne sont pas plus faciles à repérer que les Envahisseurs de David Vincent (qui les as vus). Mais ils vont tomber sur un os difficile à ronger : la Section ; une agence secrète gouvernementale qui semble regrouper les prérogatives du FBI et de la CIA. le combat va se situer sur le terrain, mais bien plus au niveau de campagnes de désinformation dès que les limaces vont avoir gagné du terrain.
Les trois personnages principaux font partie de la Section. D'abord le Vieux, le chef, extrêmement malin, charismatique, il manipule ses agents avec presque autant de cruauté que les limaces. Il est pragmatique et réaliste. Ses solutions sont souvent terribles, mais acceptables en comparaison de la mise en esclavage de l'humanité entière en cas d'échec. C'est le personnage que j'ai trouvé le plus réussi.
Puis Mary, l'éblouissante et dangereuse espionne, qui manipule son sex-appeal comme un canif, mais est surtout capable de dégainer de vraies armes d'on ne sait où. le personnage est très intéressant, surtout tant qu'elle tient la dragée haute au troisième personnage. Son histoire personnelle est un des plus étonnants ressorts de l'histoire. Malheureusement, arrive un moment où toute cette chatoyante personnalité s'écroule pour se transformer en femme énamourée murmurant des « Chéri » à tout bout de champ.
Enfin Sam, le narrateur, le meilleur des agents de la Section. Ses attitudes sont pour le moins changeantes, à la limite de la bipolarité. Il a un côté James Bond très affirmé, tombeurs de nanas, sûr de lui, courageux et pourvu de beaucoup de ressources. Mais il se comporte presque comme un gamin en face du Vieux. Il est vite déstabilisé devant Mary. On le sent clairement plus à l'aise dans l'action que face à ses partenaires. Il est plus émotif qu'il voudrait bien le montrer. Pourtant, plus tard, il va quitter ces traits de caractères pour s'affirmer en génie charismatique en un clin d'oeil. Cette bifurcation de personnalité m'a été un peu dure à avaler.
Le déroulement du récit est très accrocheur, avec des retournements de situation que je n'ai pas vus venir. La lutte est chaude et les héros passent par des moments infernaux (comme l'ensemble des Américains, du reste). Certaines scènes sont dures
je pense surtout à la visite dans la soucoupe de Pass Christian et pourtant il règne aussi une espèce d'atmosphère de légèreté du fait de parades employées par les hommes libres, qui font ressembler le récit à « mon extraterrestre chez les nudistes ».
Certains passages sont aussi un peu longuets, mais en règle générale le roman m'a bien tenu en haleine. le voyant « j'ai envie de connaître la suite » était toujours au vert, ce qui est un indicateur de qualité essentiel.
Bref toujours pas déçu par
Heinlein.