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4,12

sur 3111 notes
Je me lance, humblement, Hermann Hesse n'étant pas critiquable à mes yeux, avec
Le loup des steppes , oeuvre majeure du XXème siècle.

"Ma vie avait été pénible, incohérente et malheureuse, elle conduisait au renoncement et au reniement, elle avait le goût de l'amertume humaine, mais elle était riche, fière et riche, souveraine même dans la misère. Qu'importait que le petit bout de chemin qui restait jusqu'au crépuscule fût, lui aussi, lamentablement perdu; le noyau de cette vie était noble, elle avait de la dignité, de la race : je ne misais pas des sous, je misais des étoiles."


L'homme dans toute sa complexité est au centre de ce livre à l'instar de l'adversité qui se joue en nous tout au long d'une existence entre connaissance et plaisir. Où se situent les limites d'un tout afin de trouver l'apaisement d'un équilibre , l'origine même de ce qu'est l'homme dans tous ses paradoxes. Quel est le sens de notre existence , quel est l'orchestre qui va jouer l'air déterminant de notre caractère , quelle essence va construire la mélodie de chacun.
Parcours initiatique et cynique , c'est au-delà de nos propres murs, construits par la force de notre esprit parfois fabulateur, que la perspective d'un « moi » pluriel se dresse face à l'homme démuni, devant cette observation qui, comme un forçat, frappe la conscience et mène l'érudit face à son ignorance de l'essentiel.

Hermann Hesse s'emploie à mettre le savoir au dessus de tout , s'empare du visage terne et agressif , écorché et fuyant de l'intellectuel qui s'indigne de la superficialité du plaisir et de la nature humaine frivole , il embrasse la destinée vouée à l'échec de toute une vie, le refus du bonheur avant d'en goûter les délices.

"Je sens brûler en moi un désir sauvage d'éprouver des sentiments intenses, des sensations ; une rage contre cette existence en demi-teinte, plate, uniforme et stérile ; une envie furieuse de détruire quelque chose, un grand magasin, par exemple, une cathédrale, ou moi-même ; une envie de commettre des actes absurdes et téméraires, d'arracher leur perruque à quelques idoles vénérées, de munir deux ou trois écoliers rebelles du billet tellement désiré qui leur permettrait de partir pour Hambourg, de séduire une petite jeune fille ou de tordre le cou à quelques représentants de l'ordre bourgeois. Car rien ne m'inspire un sentiment plus vif de haine, d'horreur et d'exécration que ce contentement, cette bonne santé, ce bien-être, cet optimisme irréprochable du bourgeois, cette volonté de faire prospérer généreusement le médiocre, le normal, le passable."


C'est dans une fresque littéraire inégalable , en compagnie d'une femme , d'un alter-ego, que dans une croûte digne d'une fable expressionniste, l'écorce se fend et trouble la sève du plaisir qui se répand, possédant une âme nouvelle dans un esprit nouveau, la résilience de nos propres troubles. Et si la victoire sur la vie n'était que la conception d'une dualité, de l'altérité qui nous possède ?

Un chef-d'oeuvre.

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C'est quand j'écris un avis pour un de ces monuments de la littérature que je m'en demande l'utilité. Qui suis-je pour émettre un quelconque jugement sur une oeuvre qu'un homme ou une femme a pris le temps d'écrire en y mettant une partie de lui-même? Surtout quand mon impression est mauvaise...
Et en même temps, ce qui rend la lecture si intemporelle est la particularité de pouvoir être le lecteur. Celui qui a son propre avis et qui reste lui-même, quelque soit ce qu'il lit.

Bref, sur ces petites réflexions j'en viens à l'objet de ma bafouille. J'avais vraiment beaucoup apprécié un autre roman de l'auteur et j'arrivais à l'orée de ce livre avec un a priori positif et bienveillant. Peu est de le dire: je suis tombée de haut.
Je n'ai rien compris. Et n'ai, je crois, pas aimé du tout.

Je suis sûre que ça a dû être étudié en long et en large, qu'il y a énormément de psychologie, de philosophie et même parfois de sagesse et de vraie compréhension de la nature humaine... mais alors vraiment ce livre m'a laissée de marbre.

Tant de déchéance, tant de misère humaine, de complaisance dans le malheur et de suffisance ... Rarement un auteur ne m'a fait ressentir si peu d'empathie pour un personnage: prouesse de l'auteur? Je vois en tout cas son talent pour décrire une forme de folie mais n'étais clairement pas prête.

Entre la schizophrénie, l'apitoiement sur soi-même et le syndrôme du génie incompris, le protagoniste se veut fou? ou volontairement dépressif? Ou farouchement égocentrique? juste en attente du suicide?

Trop romantique, trop emphatique, trop déjanté, trop tout court. Effet voulu de l'auteur ? Je ne sais pas. Je suis passée à côté et contente de ne pas avoir été gagnée par le pessimisme de ces pages.
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J'avais adoré Knulp du même auteur et j'ai eu la sensation que le loup des steppes en était la suite version « je suis plus vieux, malade et ma vie est devenue triste et terne ». En effet, cette liberté de vagabonder, d'aimer pendant la jeunesse devient plus difficile l'âge venant.
C'est le roman d'un homme pétri de toutes ses contradictions qui se raconte. Il cherche l'absolu, mais celui-ci colle mal avec nos vies terrestres. Il vit en pleine dualité, le bien et le mal, le civilisé et le sauvage. En pleine dépression également, voire au bord du suicide, il retrouve le bonheur d'être avec Hermine qui lui apprend à vivre plus légèrement, avec moins de sérieux et moins de questions.
Je laisse à d'autres le soin d'analyser ce livre dans le détail, je n'en ai pas les compétences. J' ai aimé certains passages du récit, d'autres moins, certaines réflexions philosophiques m'ont peu inspiré et d'autres sont le reflet exact de mes pensées les plus profondes. Un livre exigeant à relire très certainement.
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Une oeuvre à la fois déroutante, dérangeante, mais au combien intéressante. Ecrite dans les années 20 elle ne semble avoir pris aucune ride et reste en plein dans l'actualité tant les thématiques abordées sont universelles : la schizophrénie, le suicide, l'amour, la quête de soi et de sens à sa vie. A travers le personnage de Haller, personnage hors société, c'est avant tout une plongée en nous même que nous propose Herman Hesse pour nous confronter à nos pires craintes. C'est donc forcément dérangeant. Les moments de légèreté sont rares comme la rencontre de Haller avec Hermine. Mais même cette légèreté reste fugace et illusoire. Même l'amour peut également se révéler comme l'origine de la plus intense des douleurs ; mais peut aussi pousser l'être humain aux pires comportements par amour. A ce titre je trouve la fin assez énigmatique et est sujette à l'interprétation de chacun. Ce n'est pas une oeuvre accessible, et je dois avouer que j'ai parfois du lutter pour suivre l'auteur, mais il nous pousse dans nos retranchements pour réfléchir sur le sens à donner à notre vie. C'est psychologiquement dur, mais au final Haller est-il si en dehors de la société ou avons-nous tous une partie du Loup des steppes ?
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Dans le Loup des steppes, Hermann Hesse ne se dérobe pas. Bien au contraire, il nous livre une sorte d'autobiographie romancée sur son être profond. Son héros, Harry Haller, dont les initiales sont les mêmes que l'auteur (c'est tout dire) exhibe les tourments et les difficultés de Hermann Hesse lui-même. La ressemblance est si parfaite entre lui et son héros qu'il fait écrire à ce dernier un article dans un journal, contre la guerre, qui lui vaut insultes, rejets et dénigrement de la part des nationalistes de tout poil (épisode réel vécu par Hermann Hesse en 1915).

Harry Haller est une personne éduquée, cultivée, raffinée, qui ne peut s'affranchir du « bourgeoisisme » (sic), de la classe dont il est issu et dont il possède tous les codes. Mais, dans le même temps, coexiste en lui et le ronge un être trop lucide, asociale, solitaire, désespéré, inhibé aussi, craintif et brusque tout à la fois, violent peut-être, incapable de profiter des bons moments de l'existence et qui souffre de sa vie de reclus et de son incapacité à communiquer. Cette partie de lui-même est le loup des steppes.

Très conscient de ses faiblesses et de son malheur, Harry Haller cherche. Il cherche comment sortir du puit au fond duquel il s'enterre et entrevoit très bien ce qui lui manque et ce qu'il faudrait faire pour améliorer son existence. En est-il capable ? C'est tout le sens du livre par les rencontres d'êtres différents, en particulier Hermine (une sorte de double féminin), sensible et désespérée comme lui mais qui possède cette capacité à saisir sans inhibition toutes les branches que la vie lui tend pour respirer et profiter des quelques rares instants de bonheur simple. Elle éduque notre malheureux Harry Haller, qui le souhaite sincèrement, et le pousse dans cette direction. Presque une éducation initiatique en quelque sorte pour tromper le mal insidieux, s'éloigner des ombres malsaines et de la dépression. le héros fait des efforts, surhumains pour lui. Mais en est-il vraiment capable ? Je n'en dirai pas plus.

C'est un roman d'une grande profondeur qui trouble et fascine tous ceux pour qui les difficultés d'Herman Hesse (alias Harry Haller) sont familières à un degré ou à un autre. Chef d'oeuvre peut-être, oeuvre marquante sans aucun doute, fascinante par bien des aspects, ce roman est un incontournable.
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Quel drôle de livre !
Très dérangeant et à la fois touchant, il se détache en effet en plusieurs parties qui nous décontenancent à chaque, autant par la brutalité du changement que par leur facilité d'accès. le début du livre m'a le plus perturbée, et j'ai rarement autant apprécié lire quelqu'un en qui je ne m'identifiait absolument pas. Mais c'est peut-être toute la beauté de ce livre de nous faire comprendre qu'en refusant certains aspects de cette personnalité, nous avons au final en nous tous une part de Harry Haller... Il m'est difficile de parler de ce livre sans en dévoiler un peu, alors je dirai seulement qu'il est à la fois touchant et de ceux qui vous restent comme un café en bouche, pendant longtemps ... Trouverez-vous votre loup des steppes ?
Lien : https://moreholesthaninadonu..
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Ouvrir un livre et se sentir concerné, intimement, personnellement, tout de suite. Lire Herman Hesse c'est ça. À la limite c'est un auteur intrusif, on se fiche de l'histoire. Après ce Loup des Steppes, lisez tout le reste, vous avez trouvé un compagnon qui ne vous quittera pas de si tôt.







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On ne lit pas "Le loup des steppes" pour l'intrigue du roman, c'est plutôt pour moi un roman qui fait réfléchir et qui pousse à l'introspection à travers ce personnage de Harry Haller. Beaucoup de passages sont entrés en résonance avec moi surtout dans la première partie du livre. Moi qui ai l'habitude de lire dans le métro sur le chemin du travail, j'ai eu du mal à le faire avec ce roman, car chaque paragraphe me faisait basculer dans des pensées profondes, impossible de garder un oeil sur le livre et l'autre sur mon trajet. C'est un livre qui a requis et qui a capté toute mon attention.
Lien : http://biblinua.blogspot.com..
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Je ne sais pas vraiment la manière dont va être écrite cette chronique, pas que ce livre ne m'ai pas plu, loin de là, mais je vais essayer de vous montrer la qualité d'écriture de cet auteur et de récit qu'est le Loup des steppes.

Harry est un homme de 48 ans qui a connu une vie de savoir, et qui maintenant n'a plus le goût à grand chose. Sa femme est partie et il paraît ne pas avoir un cercle d'amis proches. Bref, il se retrouve bientôt à la cinquantaine, seul, et le goût de la vie s'évapore à chaque instant. Il se croit homme et loup, deux parts de lui-même qui s'oppose sans jamais se compléter, qui se battent pour avoir le dessus sur l'autre. Les conventions sociales sont inconnus au loup, de même que les pulsions animales pour l'homme.

Harry est prêt à se suicider, il n'arrive plus à vivre avec ses deux parts contradictoires. Mais son chemin va croiser lors d'une soirée celui d'une jeune femme qui va lui apprendre que la vie n'est pas à prendre obligatoirement au sérieux, et que nous sommes constitué de plusieurs âmes, de plusieurs personnalités. Elle va lui faire découvrir le monde de la nuit festive, des amours, tout ce qu'Harry n'arrivait pas à voir quand sa perception du monde n'était pas encore entière. Il va être entraîné dans de nouvelles expériences qui va le faire renaître.

Ce duo est arrivé à point nommé dans le récit. Pendant une quarantaine de pages, nous suivons ce personnage morne et solitaire, qui a abandonné sa meute depuis longtemps. Sa rencontre avec Hermine lui ouvre des portes qu'il pensait impossible à franchir par rapport à sa personnalité. Ce voyage initiatique d'un homme sur le déclin qui découvre des aspects de la vie comme le fait ses compagnons d'une vingtaine/trentaine d'années est très intéressant à suivre. L'auteur arrive parfaitement à retranscrire ce que le personnage ressent, en comparaison des autres protagonistes. L'évolution de ses pensées, comme celle de son être.

L'écriture de l'auteur m'a parfois freiné par quelques longueurs, et m'a parfois laissé dans le flou, mais je pense que le but recherché dans certaines scènes n'est pas pour lui de tout expliquer, et pour nous de tout comprendre. Ses rêves surréalistes sont encore à des moments peu compréhensibles pour moi mais la poésie de la plume a réussi à me séduire et à vouloir continuer de découvrir Hermann Hesse dans d'autres de ses oeuvres.
Lien : http://entournantlespages.bl..
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Hermann hesse nous emmène en incursion dans les dédales de l'esprit humain, de ses contradictions, dans les rouages de ce qui fait une personnalité .
C'est un roman psychédélique, philosophique avec une critique de la société, mais aussi de l'individu d'une finesse exceptionnelle. Un foisonnement de références artistiques et une écriture magnifique.
Il faut être, je pense, un lecteur accompli pour l'aborder car il y a de la complexité, de l'exigence mais c'est un récit à lire relire et re-relire pour en saisir toute la substance. Un immense coup de coeur.
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